Retour de Zermatt

J’y suis arrivé sous la pluie (lire Là-haut sur la montagne), j’en suis reparti hier sous la pluie. Et au milieu je me suis gorgé d’images du Cervin et de tous ces sommets alpins qu’on voit, tout proches, sur l’arrête du Gornergrat. J’ai bien fait de suivre le conseil du concierge de l’hôtel qui me disait vendredi matin : allez-y aujourd’hui ! Ici on ne sait jamais comment le temps tourne.

J’étais donc à Zermatt pour suivre les premiers concerts de la Zermatt Music Festival & Academy. J’ai eu vraiment autant de plaisir à découvrir la station du Haut-Valais et son environnement majestueux qu’à entendre d’excellents musiciens, de très bons programmes de concert, dans un festival qui ne se sent pas obligé d’aligner les stars. Un festival comme je les aime…

Je renvoie donc aux comptes-rendus que j’en ai faits pour Bachtrack :

Le Quatuor Chiaroscuro attaque Beethoven par la face Nord ou une relative déception à l’égard d’un ensemble qu’on aime beaucoup dans Mozart

Depuis ce disque, le quatuor a changé de second violon.

Vendredi soir, après le soleil des sommets, on saluait l’originalité d’un programme Brahms, avec le 2e sextuor et la 1ere symphonie : Julian Rachlin et le Scharoun Ensemble éclairent Brahms

Les deux sextuors de Brahms par les formidables musiciens rassemblés par Yehudi Menuhin au festival de Bath au début des années 60 restent ma référence discographique.

Je ne connaissais le violoniste Julian Rachlin, bientôt quinquagénaire, que par ses disques, j’ai été très agréablement surpris de le découvrir comme soliste, chef et leader du sextuor. Une Première symphonie de Brahms allante et allègre, qui laissait bien augurer de la soirée du lendemain, dévolue à Mendelssohn : Julian Rachlin et les couleurs de l’Ecosse.

Sur YouTube je trouve ce témoignage émouvant du tout jeune homme jouant le concerto de Mendelssohn aux côtés de Wolfgang Sawallisch

Les Anglais de Zermatt

Quand on arrive à Zermatt, on entend parler beaucoup de langues, avec une légère dominante anglaise, Le premier soir on repère pour dîner une adresse située dans le « Englischer Viertel » et on a rendez-vous pour le premier concert à l’église anglaise.

On trouve vite l’explication de cette présence britannique sur le site même de la cité : Première ascension du Cervin en 1865.

En contournant l’église Saint-Maurice au centre du village, on découvre un cimetière qui témoigne du triste record que détient le Cervin. Comme l’écrivait le 1er septembre Grégoire Baur dans Le Temps : « Il est des montagnes plus mythiques que les autres. Elles ne sont pas les plus hautes, ni les plus difficiles à gravir, mais elles ont une aura qui les rend singulières. Uniques. Et s’il est bien un sommet qui matérialise cela, c’est le Cervin. Sa face pyramidale quasi parfaite, que l’on admire depuis Zermatt, le rend iconique. Avec ses 4478 mètres, il symbolise la Suisse et incarne les Alpes. Au point d’attirer de nombreux curieux, venus parfois de loin, pour l’admirer ou l’accrocher à leur tableau de chasse. Mais certains d’entre eux n’en redescendent jamais. Le Cervin est le sommet suisse – et l’un des principaux d’Europe – sur lequel le plus d’alpinistes perdent la vie. Depuis sa première ascension, il y a 159 ans – le 14 juillet 1865, le Cervin a été le dernier grand sommet des Alpes à être vaincu –, quelque 600 personnes y sont décédées, certaines d’entre elles n’ayant jamais été retrouvées« 



Il y a tant de morts qu’on n’a jamais retrouvés, que la commune de Zermatt a décidé, en 2015, d’ériger une stèle à la mémoire de « l’alpiniste inconnu »

Un été Bernstein (I) : Mendelssohn

Leonard Bernstein est né le 25 août 1918. Le centenaire de sa naissance est abondamment et justement célébré (lire La fête à Lenny).

J’ai choisi, pendant ce mois de vacances, de distinguer quelques pépites – et quelques ratages ! – dans l’abondante discographie du chef-pianiste-compositeur-pédagogue (voir Bernstein Centenary)

Commençons par Mendelssohnun compositeur et une oeuvre auxquels on n’associe pas d’emblée le chef américain. Alors que Bernstein est, sans doute, de tous les chefs prestigieux qui ont dirigé et enregistré  Mendelssohn celui qui en a le mieux compris et restitué le romantisme fiévreux, dramatique, inquiet, celui des Troisième (l’Ecossaise) et Cinquième (la Réformation) symphonies et d’ouvertures comme Ruy Blas – phénoménale ! – ou Les Hébrides

Ce n’est pas un hasard si Ruy Blas fait partie du « best of » symphonique concocté par Diapason pour honorer Leonard Bernstein chef d’orchestre

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Pour ces ouvertures, comme pour les symphonies 3 et 5, on préfère les premières versions gravées à New York pour CBS/Sony, aujourd’hui quasi introuvables en éditions séparées

https://www.youtube.com/watch?v=NZgjk5fUQHU

Pour la 4ème symphonie « Italienne », la version gravée avec l’Orchestre philharmonique d’Israël (Deutsche Grammophon) semble plus solaire, plus fluide, élégante que son aînée new-yorkaise.

Toute la discographie Bernstein à retrouver ici : Bernstein Centenary