Chansons tristes

Les lieux que j’ai traversés ces derniers jours, Nîmes auprès de ma mère, Poitiers sur les traces de mon enfance, et de façon plus générale les villes, les paysages, les pays que je visite, sont toujours associés à des chansons, beaucoup plus qu’à de la musique classique. Le plus souvent sur le mode nostalgique. Mais les chansons tristes sont, dans mon cas, souvent bienfaisantes, régénérantes. J’ai besoin, à intervalles réguliers, de les entendre, de les retrouver, a fortiori lorsque les circonstances les font resurgir.

Je les jette ici, sans ordre ni préférence. Je les aime toutes, j’ai besoin de toutes.

Que sont mes amis devenus ? (Pauvre Rutebeuf)

Joan Baez

Nana Mouskouri

Autumn leaves

La javanaise

Marlene Dietrich : Where are all the flowers gone ?

Les enfants de Zorba

Suzanne (Leonard Cohen)

Mon père, qui était professeur d’anglais, fut l’un des premiers à faire découvrir Leonard Cohen à ses élèves…

Et Maurane que j’avais de si près connue…

Blowing’ in the wind (Bob Dylan)

J’aime le poète mais pas le chanteur Bob Dylan. Les femmes le chantent mieux que lui…

La dernière valse

Un 45 tours, le seul que j’aie jamais eu, de Mireille Mathieu, et l’émotion intacte de cette Dernière valse

Ma mère aimait bien ce que les Allemands appellent des Schlager, des « tubes » à grands renforts de violons et de mélodies entraînantes.

Jipi l’amoroso

La chanson de Dalida est liée à un souvenir très personnel. Tout comme Annie Cordy, plusieurs fois rencontrée au concert.

Bientôt de nouvelles brèves de blog : 13 novembre

Falling in Love

Le 10 février dernier, je saluais brièvement la disparition de Burt Bacharach (1928-2023) : « des mélodies légères comme des bulles de champagne, avec toujours une larme de mélancolie, des progressions harmoniques subtiles en accords de septième diminuée et de neuvième, des changements de tonalité et de métrique renversants. Insensible à la fureur du rock’n’roll, Bacharach agit sous l’influence du jazz, de la bossa-nova et de ses percussions. Ses orchestrations comprennent généralement un piano conducteur, des cordes soyeuses ou emphatiques, des cuivres chaloupés, sans oublier sa signature, le gimmick de trompette, ou plus précisément de bugle. Parfois remplacé par un sifflement désinvolte, mains dans les poches… » Lire la suite de l’article de Bruno Lesprit dans Le Monde.

En ce jour de Saint-Valentin, juste pour le plaisir, quelques-unes de ses chansons qui parlent d’amour.

Et d’abord Marlene Dietrich et la célébrissime chanson de L’Ange Bleu, Falling in Love again, dans l’arrangement qu’en avait fait Burt Bacharach.

What the world needs now is Love

Les raretés du confinement (VI) : Nouvel an, Nouveau monde

La culture et le sport restent confinés… jusqu’à nouvel ordre. C’est en substance ce qu’a annoncé le gouvernement jeudi dernier. Et pourtant on continue à y croire, on espère que, le vaccin aidant, on finira par sortir du cauchemar…

30 décembre 2020 : Dean Martin

Lorsqu’elle est morte (à 97 ans!) en mai 2019, j’avais consacré tout un billet à Doris Day, Doris Day que je qualifiais de « crooner » au féminin. Son pendant masculin, LE crooner par excellence, est pour moi Dean Martin (1917-1995), jamais égalé, une voix inimitable de charme, de chaleur et de velours. Il passait pour être ivre en permanence sur scène, dans cet extrait de 1965 il en plaisante lui-même. Il chante Everybody Loves Somebody Sometime, une chanson de 1953, gravée sur sa tombe. On ne disait pas alors « chanson à message » et pourtant…

31 décembre 2020 : Armin Jordan à Liège

De 2001 à 2006 (trois mois avant sa mort), le grand chef suisse Armin Jordan (lire Etat de grâce) vint chaque année diriger l’ Orchestre Philharmonique Royal de Liège, souvent deux programmes différents (avec des solistes comme Emmanuel Pahud, Sophie Karthäuser, Martha Argerich…).En 2005 il dirigeait le rare ballet de Paul Dukas (1865-1935), La Péri (1910) dont on ne connaît le plus souvent que la fanfare introductive. Armin Jordan a enregistré La Péri avec l’ OSR – Orchestre de la Suisse Romande pour Erato – Warner Classics France.

1er janvier 2021 : Le Danube chanté

En attendant le tube du traditionnel concert du Nouvel an, joué une fois de plus dans sa seule version orchestrale, l’histoire vraie d’une valse d’abord conçue pour un choeur d’hommes ! Le compositeur Johann von Herbeck (directeur du prestigieux Wiener Männergesang-Verein, importante chorale masculine de Vienne d’environ 130 membres) demande vers 1865 à Johann Strauss fils (alors âgé de 42 ans) de composer une nouvelle « valse chorale vivante et joyeuse » pour leur festival d’été Sommer-Liedertafel. Cette œuvre est inspirée à Strauss par un voyage sur le Danube. L’auteur-poète-parodiste de la chorale Josef Weyl (ami d’enfance du compositeur) écrit les premières versions de paroles qui traitent par la dérision la défaite militaire historique de la Maison d’Autriche à la guerre austro-prussienne de 1866 (qui met fin à sa suprématie historique sur la confédération germanique par le traité de Prague (1866), au détriment des prémisses de l’Empire allemand de 1871 du chancelier prussien-allemand Otto von Bismarck). Les membres indignés de la chorale s’offusquent des paroles. La première représentation publique du Wiener Männergesang-Verein a lieu le 13 février 1867 à l’établissement thermal Dianabad sur le canal du Danube à Vienne, avec un important succès enthousiaste et retentissant (mais le texte de Weyl produit de vives critiques, indignations et offuscations du public viennois autrichien)L’interprétation par Strauss de la version orchestrale symphonique féerique définitive de son œuvre (sans paroles) à Paris lors de l’Exposition universelle de 1867 est un triomphe majeur international, avec plus de 20 rappels, et plus d’un million de partitions vendues dans le monde. Le texte définitif (rarement interprété depuis) est écrit en 1890 par l’auteur-compositeur Franz von Gernerth sur la thème du poème symphonique actuel « Danube si bleu, si beau et si bleu, vous tourbillonnez calmement à travers la vallée et les prairies, notre Vienne vous salue, votre ruban d’argent lie le pays à la terre, et les cœurs heureux battent sur votre belle plage… ».En 1975, Willi Boskovsky (lire Wiener Blut) dirige la version chantée, qui a été rééditée dans le coffret hommage à l’ancien Konzertmeister et chef des concerts de Nouvel an des Vienna Philharmonic / Wiener Philharmoniker.

2 janvier 2021 : Avec nos meilleurs vieux

Ces vieux qui rajeunissent… et inversement

Il y a des chefs qui ralentissent en vieillissant (cf. le concert de Nouvel an hier avec Riccardo Muti), et d’autres que le grand âge semble ragaillardir. D’autres enfin comme Otto Klemperer qui pouvait passer d’une énergie furieuse à une lenteur sépulcrale. L’enregistrement par Otto Klemperer de la Symphonie n°25 de Mozart en 1956 reste l’une des versions les plus emportées, très « Sturm und Drang » de la discographie de cette oeuvre :

3 janvier 2021 : Cavalerie légère

Contraste complet avec la version bien peu légère de Riccardo Muti, ce 1er janvier 2021, la célèbre ouverture de Franz von Suppé (1819-1895) Leichte Kavallerie / Cavalerie légère a trouvé en Georg Solti (1912-1997) son interprète le plus fougueux à la tête d’un Orchestre philharmonique de Vienne de haute école (enregistré en 1957!)

4 janvier 2021 : Richter en janvier

Tchaikovski compose une suite de douze pièces pour piano (chaque mois de l’année), Les Saisons, entre novembre 1875 et mai 1876. Sviatoslav Richter (1915-1997) est l’un des rares pianistes de son envergure à avoir souvent joué en public et enregistré ces Saisons.

5 janvier 2021 : In memoriam Pierre Boulez

Pierre Boulez cinq ans après

Pierre Boulez est mort le 5 janvier 2016. Son héritage demeure, plus vivant que jamais.J’ai redécouvert ses gravures des symphonies de Mahler. Admirables, magnifiques !

6 janvier 2021 : Pierre Monteux et Dvořák

A priori on n’imagine pas Pierre Monteux (1875-1964) – toujours les clichés – comme un interprète exceptionnel de la Septième symphonie de Dvořák. Et pourtant cet enregistrement de 1959 (Monteux a 84 ans !) est en tête de ma discographie de l’oeuvre. Une poésie, une vitalité, une jubilation magnifiques !

7 janvier 2021 : L’assaut du Capitole

On reste encore abasourdi par ce qu’on a vu, suivi en direct sur franceinfo le 6 au soir :

Après ce qui s’est passé hier à Washington, ce disque, cette oeuvre s’imposent. De William Billings (1746-1800) le père de la musique chorale américaine : Be glad America. Antal Dorati dirige l’Orchestre National de Washington

8 janvier 2021 : Le Nouveau monde

La célèbre Symphonie « du Nouveau monde » est écrite par Antonín Dvořák durant son séjour à New York (1892-1896) et créée le 15 décembre 1893 au Carnegie Hall. L’un des meilleurs interprètes de ce chef-d’oeuvre est, pour moi, le chef allemand Rudolf Kempe (1910-1976) qui en a laissé plusieurs versions extraordinaires au disque, en 1957 avec Berlin (EMI), en 1972 avec le Royal Philharmonic Orchestra. Lire Le Chef du Nouveau monde. Ici un live tout aussi exceptionnel avec le BBC Symphony

9 janvier 2021 : L’Or et l’argent

Le même Rudolf Kempe a laissé les deux plus belles versions de la célèbre valse de Franz Lehar, Gold und Silber/ L’Or et l’argent. D’abord avec l’Orchestre philharmonique de Vienne – c’était, paraît-il, son enregistrement préféré ! puis avec la Staatskapelle de Dresde.

La voix de Doris Day

Plus personne, en dehors des gens de sa génération, et peut-être un peu de la mienne, ne se rappelle qui était vraiment Doris Day, l’actrice et chanteuse américaine disparue le 13 mai à l’âge respectable de 97 ans ! Même si l’AFP et Le Monde titraient : Doris Day, star hollywoodienne des années 50 et 60, est morte

Une carrière au cinéma, qui ne lui a jamais valu la reconnaissance de Hollywood justement, et qui se résume dans la mémoire collective, à un rôle et une chanson dans L’homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock

J’avoue ne m’être jamais passionné pour les comédies auxquelles la blonde Américaine s’est prêtée, sans y laisser un souvenir impérissable…

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Mais Doris Day, pour moi et depuis longtemps, c’est une voix, une grande voix, qui m’est chère et proche. Une voix large, puissante, vibrante et pourtant chargée de fêlures, de raucités, caressante sans être mièvre, Comme l’indique  la très complète notice que lui consacre Wikipediaune authentique « crooner » . La comparaison avec les « vedettes » ou supposées stars de la chanson d’aujourd’hui est cruelle…

Etablir une discographie de Doris Day relève de l’impossible. Comme pour ses confrères masculins, Sinatra, Dean Martin, Bing Crosby, c’est la grande pagaille, on trouve tout et n’importe quoi. S’en tenir à des éditeurs sérieux, et faire ses propres compilations…

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Un mois après l’incendie de Notre Dame de Paris, on ne se lasse pas de réécouter cette version – ma préférée ! – de I love Paris de Cole Porter

Génération Bernstein

C’est comme une sorte de petit frère de Leonard Bernsteingénie et notoriété en moins, mais bien des similitudes de parcours et de carrière (le piano, le jazz, la comédie musicale, la direction d’orchestre)

Je ne sais pas à quelle occasion Sony réédite le legs RCA d’André Previn

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alors que les hommages discographiques qui lui avaient été rendus pour ses 80 ans étaient passés inaperçus (voir bestofclassic : André Previn l’éclectique).

Bernstein naît en 1918 dans le Massachussets, de parents juifs ukrainiens immigrés au début du siècle aux Etats-Unis, Previn naît Andreas Ludwig Priwin en 1929 (ou 1930 ?) à Berlin, la famille, les parents Charlotte et Jack et le petit Andreas, fuient le nazisme, émigrent en 1939, s’installent à Los Angeles, où le grand oncle Charles Previn compose pour les studios Universal après avoir travaillé comme arrangeur pour près d’une centaine de productions à Broadway.

Dans cet environnement, le jeune André, naturalisé Américain en 1943, entame un parcours qui va beaucoup ressembler à celui de son aîné. Il écrit et arrange des musiques pour Hollywood, il profite de son service militaire (en 1951-52) à San Francisco pour prendre des leçons privées de direction d’orchestre auprès de Pierre Monteux, le grand chef français (lui aussi naturalisé Américain en 1942), patron de l’Orchestre symphonique de San Francisco depuis 1935.

Dans les années 50, c’est surtout le pianiste et le jazzman qui va se faire un nom, il travaille avec J.J. Johnson, Shelly Manne, Leroy Vinnegar, Benny Carter, et bien d’autres. Il enregistre Jerome Kern, Frederick Loewe, Vernon DukeHarold Arlen, 1960) accompagne Dinah Shore, Doris Day, Julie London, Jolie brochette ! Il se revendique d’Art Tatum, Hank Jones, Oscar Peterson, Horace SilverBill Evans. Mais à la même époque, fin 50, début 60, il enregistre des disques classiques, au programme parfois surprenant, qu’on redécouvre avec bonheur dans ce coffret Sony (voir détails sur bestofclassic).

Comme chef d’orchestre, André Previn prend un premier poste en 1967 à l’orchestre symphonique de Houston (où il succède à John Barbirolli), mais c’est avec l’orchestre symphonique de Londres (1969-1979) qu’il va connaître une fructueuse décennie – avec un nombre impressionnant d’enregistrements (pour EMI ou RCA). Suivront des périodes de moindre envergure à Pittsburgh, à Los Angeles, de nouveau à Londres (avec le Royal Philharmonic) 

Comme Bernstein, Previn, pendant ses années londoniennes, se fait pédagogue télévisuel. Comme Bernstein est multi-cartes, c’est un compositeur prolifique et tous terrains, mais ce n’est pas diminuer ses mérites que de reconnaître qu’aucune de ses oeuvres, que ce soit dans le classique, le jazz ou la comédie musicale, n’a jamais atteint la notoriété, ni l’originalité de celles de son aîné.

Quant au chef d’orchestre Previn, les réussites sont très inégales selon les répertoires. Dans les classiques viennois, Haydn, Beethoven on ne sort jamais d’une honnête neutralité, comme si le chef évitait de prendre un parti interprétatif. C’est plus intéressant dans Richard Strauss, où l’Américain Previn semble prendre plaisir à faire rutiler ses orchestres (notamment les Wiener Philharmoniker). Mais c’est aussi la plus calamiteuse version de La Chauve Souris de Johann Strauss, un beau ratage (la comparaison avec Carlos Kleiber est édifiante !)

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Previn est, à l’évidence, plus à l’aise dans le répertoire du XXème siècle (Holst, Prokofiev) et en particulier dans une belle intégrale des symphonies de Vaughan Williams

A propos de Bernstein, on salue le beau projet de Radio France (Bernstein Story) à retrouver bien sûr sur France MusiqueMême si on a eu confirmation hier soir que le compositeur Bernstein « sérieux » n’est pas toujours le plus captivant, ni le plus original. Même quand il est bien défendu par Kirill Gerstein, Vassily Petrenko et l’orchestre philharmonique de Radio France, interprètes virtuoses de la 2ème symphonie « The Age of anxiety »

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L’anti-déprime

Le hasard (?) avait bien fait les choses. Pas de débat Juppé-Fillon pour moi. Ce jeudi soir, j’étais au Châtelet pour le dernier spectacle proposé par l’incroyable Monsieur Choplinqui boucle une décennie prodigieuse à la tête de ce magnifique théâtre.

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Je me rappelle encore les sarcasmes qu’avait suscités sa première programmation, puis les louanges qui avaient salué Le Chanteur de Mexico en septembre 2006. Depuis, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un spectacle médiocre ou banal. Le théâtre va fermer au printemps pour travaux, et Jean-Luc Choplin en quitte la direction, officiellement pour cause de retraite, mais on le sait déjà attelé à relever un autre défi, celui du prochain complexe de l’île Seguin, la Seine musicale.

Alors cette 42ème rue ? Jean d’Ormesson aurait répondu : « Épatant » ! Tous les ingrédients d’un grand show, comme seul Broadway en a le secret, sont réunis. Le bonheur est total d’un bout à l’autre des 2h40 que dure le spectacle.

Courez-le voir, c’est le meilleur remède contre la déprime ambiante !

On peut aussi voir le film de Lloyd Bacon de 1933.

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https://www.youtube.com/watch?v=lxWRlr431Rw

Ecouter la bande originale de la création de la comédie musicale en 1980 :

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