On n’oublie ni les tragédies du monde, ni les turpitudes de l’actualité, mais il faut – en tout cas moi j’en ai besoin ! – s’en délester à intervalles réguliers en riant de bon coeur aux saillies de talents aussi exceptionnels dans le sérieux que dans l’humour. J’ai déjà évoqué ici la figure de Børge Rosenbaum, plus connu sous le nom de Victor Borge (1909-2000). Depuis mon précédent billet il y a plus de cinq ans, on a vu apparaître nombre d’extraits de concerts, de « performances » d’un artiste qui semblait doté de tous les dons.
Cette interview nous en apprend beaucoup sur un destin hors norme.
Cette compilation en donne une large idée, mais comme toutes les vidéos présentes sur le Net, elles peuvent avoir une durée de vie variable…
Pure virtuosité
Une chanson de circonstance
Il faudra qu’un jour j’évoque plus longuement la figure de Robert Merrill (1917-2004), le baryton star du Met.
J’aurais pu ajouter à mes articles sur Fiedler et les Boston Pops cet extrait d’une soirée de 1986, mais c’était alors John Williams qui la dirigeait.
Je n’ai malheureusement pas trouvé beaucoup d’extraits qui témoignent de l’art du pianiste qu’était Victor Borge, en dehors de quelques séquences… acrobatiques !
Au lendemain de la tuerie de Sydney, ces pièces jouées par un artiste qui n’a jamais oublié ses origines ni les raisons de son exil aux Etats-Unis en 1940, m’emplissent d’une émotion immense
J’ai en vain cherché la trace d’un biopic annoncé en 2017 sur Victor Borge. Je serais reconnaissant à ceux qui pourraient m’en dire plus sur ce projet.
Et toujours humeurs et bonheurs du temps dans mes brèves de blog
J’ai souvent cité la collection Eloquence – dont le critique français, installé au Québec, Christophe Huss a parfaitement raconté l’histoire (lire Vingt-cinq années d’Eloquence) – et l’excellence des choix éditoriaux de son responsable Cyrus Meher-Homji. Mais les prix de ces coffrets sont exorbitants, et il faut naviguer entre les différents sites et pays pour les trouver plus raisonnables.
Coup sur coup, ce sont trois chefs d’orchestre qui sont honorés, et c’est une bonne chose que de retrouver quelques enregistrements mémorables.
Walter le Viennois
J’ai déjà écrit un article sur Walter Weller (1939-2015) au moment de son décès, et rappelé les grands disques qu’il a laissés comme chef d’orchestre.(lire Wiener Walter). Ce coffret de 20 CD rassemble tous ses enregistrements pour Decca
CD 1 BARTÓK Rhapsody Sz.27; Piano Concerto No. 1 Pascal Rogé; London Symphony Orchestra
CD 2 BARTÓK Piano Concertos Nos. 2 & 3 Pascal Rogé; London Symphony Orchestra
CD 3 BRAHMS 21 Hungarian Dances Royal Philharmonic Orchestra
CD 4 DUKAS L’Apprenti sorcier; Symphony in C major London Philharmonic Orchestra
CD 5 GRIEG Peer Gynt Royal Philharmonic Orchestra SMETANA Haakon Jarl Israel Philharmonic Orchestra
CD 9 PROKOFIEV Symphonies Nos. 1 & 7 London Symphony Orchestra
CD 10 PROKOFIEV Symphony No. 2; The Love for Three Oranges Suite London Philharmonic Orchestra
CD 11 PROKOFIEV Symphony No. 3; Scythian Suite London Philharmonic Orchestra
CD 12 PROKOFIEV Symphony No. 4; Russian Overture London Philharmonic Orchestra
CD 13 PROKOFIEV Symphony No. 5 London Symphony Orchestra
CD 14 PROKOFIEV Symphony No. 6 London Philharmonic Orchestra
CD 15 RACHMANINOFF Symphony No. 1 Orchestre de la Suisse Romande
CD 16 RACHMANINOFF Symphony No. 2 London Philharmonic Orchestra
CD 17 RACHMANINOFF Symphony No. 3; The Rock London Philharmonic Orchestra
CD 18 SHOSTAKOVICH Symphonies Nos. 1 & 9 Orchestre de la Suisse Romande
CD 19 SMETANA Má vlast Israel Philharmonic Orchestra
CD 20 Prima Donna in Vienna Pilar Lorengar; Wiener Opernorchester
Ne pas oublier le formidable Quatuor Weller, interprète particulièrement inspiré des Viennois
Frühbeck l’Espagnol
Ses parents étaient allemands, mais comme il est né à Burgos, il a tôt fait d’hispaniser son patronyme : Rafael Frühbeck de Burgos (1933-2014) est l’un de ces chefs d’orchestre qu’on voit souvent comme accompagnateur sur les pochettes de disques, et de préférence pour la musique espagnole. Image évidemment réductrice, que n’a pas eu à subir Walter Weller !
Ce coffret de 11 CD permet d’élargir notre connaissance de l’art du chef espagnol, avec plusieurs inédits en CD.
CD 1 MENDELSSOHN A Midsummer Night’s Dream: Overture, Op. 21 & Incidental Music, Op. 61 Hanneke van Bork; Alfreda Hodgson Ambrosian Singers; New Philharmonia Orchestra FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD
CD 2 MENDELSSOHN A Midsummer Night’s Dream Overture, Op. 21 SCHUMANN Symphony No. 3 ‘Rhenish’ London Symphony Orchestra FIRST RELEASE ON CD
CD 3 MENDELSSOHN Violin Concerto in E minor BRUCH Violin Concerto No. 1 Ion Voicu; London Symphony Orchestra
CD 4 FALLA El amor brujo GRANADOS Intermezzo (Goyescas) RAVEL Pavane pour une infante défunte; Alborada del gracioso Nati Mistral; New Philharmonia Orchestra
CD 5 ALBÉNIZ (orch. Frühbeck de Burgos) Suite española No. 1; Cordoba New Philharmonia Orchestra
CD 6 KHACHATURIAN Piano Concerto FRANCK Variations symphoniques FAURÉ Fantaisie for Piano and Orchestra Alicia de Larrocha; London Philharmonic Orchestra
CD 7 MONTSALVATGE Concerto breve SURIÑACH Piano Concerto Alicia de Larrocha; Royal Philharmonic Orchestra
CD 8 FALLA Noches en los jardines de España ALBÉNIZ Rapsodia española TURINA Rapsodia sinfonica Alicia de Larrocha; London Philharmonic Orchestra
CD 9 RODRIGO Fantasía para un gentilhombre OHANA Tres gráficos Narciso Yepes; Orquesta Nacional de España FIRST RELEASE ON CD
CD 10 BACARISSE Guitar Concertino TORROBA Homenaje a la Seguidilla Narciso Yepes; Orquesta Nacional de España FIRST RELEASE ON CD
CD 11 OHANA Tres gráficos RUIZ-PIPO Tablas Narciso Yepes; Orquesta Nacional de España
J’avais acquis une intégrale des symphonies de Beethoven captée au Danemark, le chef étant déjà marqué par la maladie, mais délivrant une interprétation tout à fait remarquable
J’ai aussi une série de CD « live » captés avec l’orchestre philharmonique de Dresde, avec Bruckner, Richard Strauss… et rien d’espagnol !
Mais on écoute et réécoute souvent par exemple la suite d’orchestre qu’il a tirée d’Iberia d’Albeniz
et de précieux disques d’extraits de zarzuelas… qu’on ne trouve qu’en Espagne !
Atherton : Londres-Vienne
C’est un disque que j’ai de toute éternité dans ma discothèque
avec une oeuvre que je m’amusais toujours à diffuser pour piéger mes amis et/ou mes auditeurs
Cette pochade de Schoenberg – La brigade de fer -écrite au milieu de la Première guerre mondiale – révèle un aspect nettement moins sérieux et austère d’un compositeur qui continue à effrayer certains publics.
Mais jusqu’à la parution de ce nouveau coffret, je dois bien avouer que, en dehors des Schoenberg, j’ignorais la plupart des enregistrements réalisés par David Atherton et le London Sinfonietta
CD 1 MOZART Serenade K. 361 ‘Gran Partita’ FIRST RELEASE ON CD
CD 2 MOZART Serenades K. 375 & 388 Antony Pay FIRST RELEASE ON CD
CD 3 SPOHR Clarinet Concertos Nos. 1 & 2 Antony Pay FIRST RELEASE ON CD
CD 4 SCHUBERT Mass No. 4 Wind Octet D.72* Eine kleine Trauermusik Gesang der Geister über den Wassern Phyllis Bryn-Julson; Jan DeGaetani Anthony Rolfe Johnson; Malcolm King London Sinfonietta Chorus *FIRST RELEASE ON CD
CD 5 SCHOENBERG Verklärte Nacht* Serenade Op. 24 John Shirley-Quirk *FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD
CD 6 SCHOENBERG Chamber Symphony No. 1* Pierrot Lunaire Ein Stelldichein* Herzgewächse* Three Pieces for Chamber Orchestra* Nachtwandler (Brettl-Lieder)* Mary Thomas; June Barton
CD 7 SCHOENBERG Wind Quintet Der Wunsch des Liebhabers* Der neue Klassizimus* Lied der Waldtaube (Gurrelieder)* Die eiserne Brigade Weihnachtsmusik* Anna Reynolds London Sinfonietta Chorus *FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD
CD 8 SCHOENBERG Suite Op. 29 Ode to Napoleon Buonaparte Phantasy for Violin and Piano* Gerald English Nona Liddell; John Constable *FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD
CD 9 STRAVINSKY Agon* BERG Chamber Concerto György Pauk; Paul Crossley *FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD
CD 10 GERHARD Libra; Gemini; Leo FIRST RELEASE ON CD
CDs 11–12 WEILL Kleine Dreigroschenmusik Mahagonny Songspiel; Violin Concerto Happy End; Das Berliner Requiem Pantomime I; Vom Tod im Wald Mary Thomas; Meriel Dickinson Philip Langridge; Ian Partridge Benjamin Luxon; Michael Rippon Nona Liddell
CD 13 LIGETI Melodien for Orchestra Double Concerto Chamber Concerto Aurèle Nicolet; Heinz Holliger
C’est vraiment avec ce genre de publications que la collection Eloquence prouve son utilité. Grâce en soit rendue à Cyrus Meher-Homji !
Ce matin je n’ai pas été réveillé par le coup de fil matinal qui me rappelait ma naissance un 26 décembre dans une clinique de Niort. Pas plus que l’an dernier. Je ne suis ni le premier ni le dernier à éprouver l’inexorable éloignement de celle qui m’a donné le jour et qui désormais me reconnait à peine, quand elle ne me confond pas avec un fantôme du passé…Puisse-t-elle être bientôt délivrée ! C’est le seul voeu que je puisse désormais formuler pour elle…
Mais ce Noël a été joyeux, familial, et les souhaits qui m’ont été adressés ce jeudi m’ont fait plaisir.
Happy Birthday
Je ne publierai pas ici les messages joués et chantés que j’ai reçus. En revanche, c’est devenu une tradition très répandue que d’interrompre une répétition ou un concert. Pour prolonger le billet que j’avais déjà consacré au sujet (La musique pour rire : Happy Birthday), ces quelques perles récentes sur YouTube m’ont mis de bonne humeur
Dans un autre billet, j’évoquais la personnalité fascinante de Victor Borge, né Børge Rosenbaum. J’ai retrouvé ce document, le concert que le Danemark lui a offert pour son 80e anniversaire.
Cadeaux
Il paraît qu’il a tout juste eu le temps de mettre la dernière main à sa contribution à cet ouvrage collectif, avant de disparaître brutalement le 3 octobre dernier: je suis heureux de retrouver Michel Blanc dans ce beau livre de photos et de souvenirs, que j’ai trouvé sous le sapin.
Lui je l’écoute, en cuisinant, tous les dimanches matin sur France Inter : François-Régis Gaudry sait aussi écrire, c’est réjouissant non ?
Je me suis aussi fait quelques cadeaux en commandant quelques-unes des parutions récentes de la collection Lost Recordings, entre autres ce « live » berlinois de Stan Getz et Astrud Gilberto… qui me donne de furieuses envies de soleil et de Brésil…
Le 25 janvier 2012 disparaissait l’un des chefs les plus étonnants du XXe siècle, le Finlandais Paavo Berglund né à Helsinki le 14 avril 1929.
C’est un chef qu’on a découvert un peu sur le tard en France mais qui m’accompagne depuis longtemps dans le répertoire dans lequel sa nationalité lui a valu d’être cantonné au disque, alors qu’au concert il dirigeait autre chose que du Sibelius !
Warner vient de publier l’intégrale de ses enregistrements réalisés pour EMI et Finlandia, ce qui nous vaut trois fois les symphonies de Sibelius !
D’abord un souvenir personnel, c’était à Londres à la fin des années 80 : Berglund dirigeait le London Symphony au Barbican Center, un programme costaud – la 6e symphonie de Sibelius, le concerto en sol de Ravel avec Cécile Ousset, et la 2e de Brahms ! – J’avais été frappé par une particularité de sa gestique : Berglund était gaucher manifestement, puisqu’il tenait sa baguette dans la main gauche et faisait donc l’inverse de ses confrères. Je l’ai revu des années plus tard à la Cité de la Musique (avant l’ouverture de la Philharmonie) à la tête de l’Orchestre de chambre d’Europe, avec lequel il venait d’enregistrer sa troisième intégrale des symphonies de Sibelius. Il avait, entre autres, dirigé les 6e et 7e symphonies, en les enchaînant sans interruption ni applaudissements, en ayant dit quelques mots auparavant pour expliquer la logique de cet enchaînement, à vrai dire très convaincant.
Sibelius, comme les autres grands symphonistes, se prête à toutes les interprétations, les uns insistant sur sa modernité – la 4e symphonie ! -, les autres sur le post-romantisme de ses premières symphonies, certains recherchant la fusion des timbres, d’autres au contraire mettant en valeur une écriture qui procède par superposition de strates sonores. Mais il est vrai que le Sibelius de Berglund a toujours figuré au coeur de ma discothèque « nordique », et qu’on n’en a jamais fini de découvrir les singularités de ses versions successives.
Mais on peut regretter la timidité ou le manque de curiosité de ses éditeurs qui ont négligé tout le répertoire non nordique que Berglund aimait diriger : pourquoi, dans ce coffret, cet oubli des symphonies de Brahms captées avec l’Orchestre de chambre d’Europe (alors que les Sibelius contemporaines y figurent) ?
En revanche, j’ignorais que le chef finnois eût enregistré la symphonie et les Variations symphoniques de César Franck, un inédit en CD !
YouTube nous permet de retrouver des documents rares, comme ce 2e concerto de Rachmaninov joué en 1986 par Jorge Bolet, Paavo Berglund dirigeant l’orchestre de la BBC écossaise.
ou encore cette 4e symphonie de Tchaikovski, captée en 1999, avec l’orchestre royal du Danemark dont il fut le directeur musical de 1992 à 1998.
C’est avec ce même orchestre qu’il a enregistré une intégrale, qui fait toujours référence, des symphonies de Carl Nielsen :
Déjà je n’avais pas suivi, ni même compris, certaines des critiques de son film La Belle époque, sorti il y a trois ans. J’en ai fait autant pour le quatrième long-métrage de Nicolas BedosMascarade, que je sors de voir dans la même salle adamoise*.
D’accord, c’est trop long, c’est trop touffu, trop de répliques, de vacheries, de bons mots, trop de références, mais c’est du Nicolas Bedos ! Oui aucun personnage n’est sympathique, oui c’est cynique, et alors ? C’est un film, pas un reportage sur la Côte d’Azur ! Et quand même une sacrée bande de comédiens, sacrément bien servis par le réalisateur, à commencer par les femmes, Isabelle Adjani qu’on craint d’abord de voir comme une caricature d’elle même, et qui ferait oublier Gloria Swanson dans Sunset Boulevard, Marine Vacth, tout simplement exceptionnelle. Et Pierre Niney qu’on aime, comme on l’aime dans tout ce qu’il fait. On n’arrive pas à croire qu’il soit un parfait salaud. Donc ne lisez pas les critiques, profitez de ce week-end bien automnal pour aller au cinéma (les salles sont tristement vides)
Lermontov et Khatchaturian
En musique, le titre que Bedos a donné à son film évoque pour moi deux oeuvres, deux compositeurs.
Aram Khatchaturian (1903-1978) d’abord et la musique de scène qu’il compose en 1941 – à l’occasion du centenaire de la mort de l’écrivain Mikhail Lermontov, pour la pièce Mascarade. De cette musique de scène est restée une valse à flonflons qui a beaucoup fait pour la célébrité du compositeur arménien.
Une seule référence pour cette suite, Kirill Kondrachine.
L’opéra de Nielsen
Maskarade, c’est aussi un opéra du Danois Carl Nielsen (1865-1931). La langue limite évidemment la diffusion de l’oeuvre, mais la musique y est dense. Et la version récente et native de Michael Schønwandt en est la référence.
L’ouverture en est brillante et festive :
* adamois : relatif à la ville de L’Isle-Adam, charmante commune du Val d’Oise qui présente la particularité d’être administrée sans discontinuer depuis 1971 par la même famille princière, les Poniatowski, d’abord Michel, compagnon de route et ministre de Giscard, puis son fils Axel, et le petit-fils Sébastien, réélu sans difficulté en 2020.
Cela fait longtemps que j’aurais dû évoquer cet illustre pianiste, par exemple l’année dernière dans la série Beethoven 250.
Hans Richter-Haaser est l’archétype du pianiste allemand, abreuvé aux sources les plus classiques, Beethoven, Brahms, Schumann. Il naît en 1912 à Dresde et meurt en 1980 à Brunswick. Sa carrière est relativement brève et tardive – la Seconde guerre mondiale l’interrompt de longues années. Il ne fait ses débuts à New York qu’en 1959 – il a 47 ans ! – et à Salzbourg en 1963.
Sur les traces de Brahms
En 1947 Hans Richter-Haaser s’installe à Detmold, une ravissante cité de l’actuel Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, jadis chef-lieu du comté de Lippe. Où 90 ans plus tôt, Brahms a occupé, de 1857 à 1859, le poste de professeur de musique et de directeur de la société de chant de la Cour du prince Leopold III de Lippe. Une ville visitée lors de mon premier séjour en Allemagne (lire La découverte de la musique : France-Allemagne).
Dans le château de Detmold est conservé cet étrange piano ovale qui fut celui de Brahms.
Brahms qui, pendant son séjour à Detmold, entreprend son 1er concerto pour piano, compose ses deux sérénades pour orchestre, des Lieder, dont Unter Blüten des Mai’s spielt’ich mit ihrer Hand. Ce lied évoque une rencontre, celle d’Agathe von Siebold. Un été, il s’adonnera à sa nouvelle passion avec tant de fougue que Clara Schumann sera vexée qu’il ait rencontré une autre femme aussi vite. Son deuxième sextuor à cordes opus 36 fait, dans la première phrase, allusion à Agathe von Siebold : il contient en effet la suite de notes : la-sol-la-si-mi (en allemand : A-G-A-H-E). Peu après leurs fiançailles, Brahms change d’avis : il se sent incapable d’avoir une liaison. Il restera célibataire le restant de ses jours…
Beethoven d’abord
Richter-Haaser se fait repérer, heureusement, par quelques grands chefs et directeurs artistiques. Ce qui nous vaut une discographie certes restreinte mais d’une exceptionnelle qualité, pour la majeure partie consacrée à Beethoven.
Première salve Beethoven chez Philips : en novembre 1955 il enregistre aux Pays-Bas les sonates 8, 14 et 23, en mars 1956 les 21 et 28, en mai 1958 la 24, et en juin 1957 à Vienne il se joint à un prestigieux plateau – Teresa Stich-Randall, Hilde Rössl-Majdan, Anton Dermota, Paul Schöffler – pour la seule version enregistrée par Karl Böhm de la Fantaisie chorale de Beethoven
Walter Legge, le célèbre producteur d’EMI, l’attire dans son écurie et, de 1959 à 1964, va lui faire enregistrer, dans les mythiques studios d’Abbey Road, les concertos 3, 4, 5 de Beethoven (avec le Philharmonia dirigé par Giulini et Kertesz), treize sonates et les variations Diabelli.
Un coffret très précieux, un indispensable de toute discothèque.
Karajan, Sanderling, Moralt
Hans Richter-Haaser laisse au disque deux magnifiques concertos de Brahms : le second avec Karajan, magnifiquement capté en stéréo à Berlin, en 1957.
Le premier concerto (celui que Brahms entama à Detmold !) est capté « live » à Copenhague avec Kurt Sanderling :
Les collectionneurs connaissent quelques rares autres disques du pianiste allemand :
Les concertos de Grieg et de Schumann, gravés pour Philips, en 1958 à Vienne : ce n’est pas faire injure à Richter-Haaser que de noter que son Grieg est bien sérieux, et que l’accompagnement de Rudolf Moralt – dont c’était le dernier enregistrement ! – est bien plan plan !
Des sonates de Schubert
Deux concertos de Mozart avec Istvan Kertesz, reparus en CD en 1991 (pour le bicentenaire de la mort du compositeur) mais devenus introuvables
Et puis à nouveau Beethoven captés en concert en 1971 et 1978 à Leipzig avec le grand chef est-allemand Herbert Kegel.
Børge Rosenbaum naît le 3 janvier 1909 à Copenhague, son père est altiste dans l’orchestre royal du Danemark, sa mère est pianiste. Le petit Børge donne son premier récital de piano à 8 ans, il se forme notamment auprès de Frederic Lamond, un élève de Liszt, et d’Egon Petri.
Sorti de l’Académie royale de musique du Danemark, il entame dès 1926 une carrière de pianiste virtuose, il épouse en 1933 une Américaine, Elsie Chilton, et inaugure la même année un type de stand upmusical qui fera sa célébrité d’abord aux Etats-Unis, où il est contraint d’émigrer, après s’être réfugié en Finlande. Le 9 avril 1940, lorsque la Wehrmacht envahit le Danemark, il est en tournée de concerts en Suède, il s’échappe en Finlande, parvient à embarquer sur l’American Legionet débarque à New York le 28 août avec 20 dollars en poche.
Il prend le nom de Victor Borge, apprend l’anglais en quelques mois, adapte ses sketches pour la radio où son humour dévastateur, ses exagérations lexicales, l’auto-dérision dont il fait preuve dans l’exécution (dans la double acception du mot) des « tubes » du répertoire pianistique, deviennent très vite un must. Il s’amuse de tout, jouissant d’une popularité qui ne faiblira pas jusqu’à son grand âge.