Encore du piano

Mes billets se suivent et se ressemblent : après Latino et Les amis de Martha, je vais encore parler piano.

D’abord pour signaler un coffret d’hommage à Radu Lupu, ce bon géant du piano disparu la veille de la mort de son cadet Nicholas Angelich (lire Le piano était en noir) en avril 2022 !

« Ce coffret de 6 CD, autorisé par ses ayants droit, constitue une découverte fascinante, d’autant plus que le répertoire lui-même n’avait jamais été publié officiellement par Lupu, sous quelque forme que ce soit.

Le coffret est divisé en deux parties thématiques : des enregistrements studio Decca (deux CD) et des enregistrements radiophoniques en direct réalisés par la BBC, la radio néerlandaise et la SWR. Les deux disques studio Decca sont superbes, et l’on s’étonne encore de leur parution tardive. Les deux Quatuors pour piano de Mozart, interprétés avec le Quatuor à cordes de Tel Aviv en 1976, figurent parmi les plus belles interprétations actuellement disponibles. Elles s’inscrivent dans la lignée stylistique de Curzon, Rubinstein et (un peu plus tard) Ax, sans recourir aux approches plus récentes de l’interprétation sur période. Écoutez par exemple le jeu remarquable de Lupu dans les développements des premiers mouvements (CD 1, piste 1 à 6’34” et piste 4 à 6’06”), ou encore le phrasé chaleureux de l’ensemble dans les deux mouvements lents.

Le second enregistrement studio Decca appartient à la série des Sonates pour piano de Schubert dirigées par Lupu. L’enregistrement numérique paru précédemment (1991) contenait des interprétations mémorables des D. 664 et D. 960 ; celui-ci propose les D. 840 (« Reliquie ») et D. 850 (« Gasteiner »). Les mouvements lents révèlent Lupu à son apogée : une profondeur discrète, une expressivité intense et une apparente simplicité.

La découverte majeure est le CD 3, qui comprend un récital Haydn donné en 1988 au Wigmore Hall de Londres. On y perçoit une prudence légèrement supérieure à celle de ses enregistrements en studio, et quelques fausses notes, mais le jeu et la profondeur d’interprétation sont remarquables. La maîtrise technique de Lupu est manifeste dans le dernier mouvement de la Sonate en do mineur (CD 3, piste 7), interprété à un tempo plus rapide que d’habitude.

Ce même disque contient également un enregistrement de la Sonate « facile » de Mozart, K. 545, capté à Aldeburgh en 1970, peu après la victoire de Lupu au Concours de Leeds. Il y apparaît déjà comme un musicien accompli, malgré un bref trou de mémoire dans le deuxième mouvement, qu’il surmonte avec brio. Les Études symphoniques de Schumann, enregistrées en public en 1991, témoignent de la virtuosité de Lupu, qui relève avec brio les défis techniques de l’œuvre tout en en restituant le caractère romantique et sombre.

Le CD 5 réunit des enregistrements en direct du Concertgebouw du Carnaval de Vienne de Schumann (1983) et des Tableaux d’une exposition de Moussorgski (1984). Ces deux œuvres confirment le charisme de Lupu et son talent exceptionnel pour la mise en valeur de son jeu. On notera la fantaisie des Tuileries et la majesté de la Grande Porte de Kiev. Il interprète ces œuvres en respectant scrupuleusement la partition originale et, hormis l’ajout d’octaves plus graves dans les passages les plus forts, évite les réinterprétations parfois hasardeuses d’autres pianistes.

Un autre point d’intérêt réside dans les premiers enregistrements d’œuvres du XXe siècle que Lupu a par la suite abandonnées à son répertoire. En plein air de Bartók révèle une fougue absente de ses interprétations ultérieures, et la Sonate pour piano de Copland est fascinante à écouter avec le timbre si caractéristique de Lupu, même s’il ne semble pas toujours totalement à l’aise avec cette pièce. Le dernier disque propose une interprétation captivante du Concerto pour piano n° 18 de Mozart, avec un deuxième mouvement particulièrement émouvant. Les enregistrements de 1970 à Leeds de trois œuvres de Chopin — le premier Scherzo et les deux Nocturnes op. 27 — souffrent d’une prise de son médiocre, et Lupu fait de son mieux avec un instrument manifestement problématique (Extraits de The Classical Review)

Indispensable évidemment !

Claviers inconnus

Mercredi soir j’ai été invité à la Seine Musicale au premier volet d’une série de concerts/enregistrements qui vont y prendre place durant trois saisons. Je connaissais le nom du chef et de son orchestre – Mathieu Herzog et Appassionato – mais pas celui du soliste, le pianiste d’origine russe Nikita Mndoyants.

Mathieu Herzog et son ensemble Appassionato m’avaient soufflé avec leur version exceptionnelle de la Nuit transfigurée de Schoenberg, captée « live » ici même il y a trois ans. C’est dire si leur projet d’intégrale Rachmaninov – symphonique et concertante – me met en appétit. Mercredi, c’était la 1e symphonie et le 3e concerto pour piano. Je redoutais un peu ce tube de tous les concours sous les doigts d’un inconnu (de moi) : j’ai été d’un bout à l’autre scotché par un piano d’une densité et d’une palette de couleurs exceptionnelles, par la tenue presque aristocratique du soliste et sa technique superlative, qui ne montre jamais ni les muscles ni les coutures. Hâte d’entendre les autres concertos sous ses doigts.

Quant à Mathieu Herzog, il empoigne cette 1e symphonie avec une énergie tranquille qu’il diffuse à ses jeunes troupes au risque parfois de quelques sorties de route, mais quel feu, quelle flamme, qui pourraient encore être plus majestueux notamment dans le dernier mouvement qui paie un large tribut à l’éternelle grande Russie.

L’autre découverte, c’est toujours chez Rachmaninov un pianiste français dont je connaissais le nom – Jean-Baptiste Fonlupt – mais que je n’avais encore jamais entendu en concert ou au disque. Et voici que son dernier disque – les Préludes de Rachmaninov – glane éloges et récompenses de la part de critiques qui ne sont pas toujours d’accord – un Diapason d’Or dans le numéro de décembre (Bertrand Boissard) et Jean-Charles Hoffelé sur Artamag.

Humeurs et bonheurs du jour à lire sur mes brèves de blog

Paris passé présent avenir

L’Orchestre de Paris est dans l’actualité (on ne parle pas d’un orchestre qui n’existe pas, sauf pour le Nouvel Obs, le « Philharmonique de Paris, cf. ma brève de blog) : son chef actuel, le futur comme le passé.

La rentrée de Klaus M.

Après avoir couvert le premier concert des Prem’s (lire Des Prom’s aux Prem’s) pour Bachtrack, j’assiste ce soir au dernier de la série, avec, comme il se doit, l’Orchestre de Paris et son chef actuel, Klaus Mäkelä.

Un programme « signature » – comme il y a des plats « signature » chez les grands chefs… de cuisine ! – : Copland, Gershwin, Varèse et deux créations.

L’après Mäkelä

C’est donc un compatriote de Mäkelä qui a été choisi pour lui succéder à la tête de l’Orchestre de Paris en 2027, puisqu’on sait depuis qu’il a été annoncé à Amsterdam puis à Chicago que le jeune Finlandais ne resterait pas à Paris. Le contraste générationnel est patent : Esa-Pekka Salonen aura 69 ans lorsqu’il prendra ses fonctions de « chef principal » (la nuance est d’importance, la charge est a priori moins lourde que celle de « directeur musical »).

C’est sans doute un très bon choix, je n’ai toujours eu que des éloges à faire lorsque j’ai entendu Salonen, récemment (Les tableaux symphoniques de Salonen), ou il y a quelques années (Salonen fait un Mahler).

Je me suis replongé cet été dans le coffret publié par Sony à l’occasion de son 60e anniversaire (voir le détail ici : Salonen le maître du XXe siècle)

J’y ai redécouvert un disque vraiment singulier, qui m’avait échappé, une version pour ténor et baryton du Chant de la Terre de Mahler. Et pas n’importe quels chanteurs : je connaissais l’incroyable immensité du répertoire de Placido Domingo au moins au disque, mais je me rappelais pas qu’il s’était aventuré dans Mahler. Ce n’est sans doute ma version de référence, mais cela mérite au moins d’être écouté !

Hommage à Christoph von Dohnányi

Tout a été dit et écrit – pour une fois sans erreur ni approximation – dans les médias sur la disparition du chef Christoph von Dohnányi à la veille de son 96e anniversaire. Decca annonce la parution prochaine d’un coffret des enregistrements du chef allemand avec les Viennois, après ceux de Cleveland (voir Authentiques)

Il a été rappelé que le chef allemand a été de 1998 à 2000 « conseiller musical » de l’Orchestre de Paris. Il reste quelques précieux témoignages de sa présence à Paris, en particulier le tout dernier concert qu’il y dirigea le 23 octobre 2019. que la Philharmonie a republié sur son site : https://philharmoniedeparis.fr/fr/live/concert/1104230-orchestre-de-paris-christoph-von-dohnanyi

Ici un extrait de répétition de la 3e symphonie de Brahms, avec le très regretté Philippe Aïche au premier violon.

L’année précédente c’était un programme Ligeti-Beethoven-Wagner que dirigeait le chef.

Happy Birthday

Ce matin je n’ai pas été réveillé par le coup de fil matinal qui me rappelait ma naissance un 26 décembre dans une clinique de Niort. Pas plus que l’an dernier. Je ne suis ni le premier ni le dernier à éprouver l’inexorable éloignement de celle qui m’a donné le jour et qui désormais me reconnait à peine, quand elle ne me confond pas avec un fantôme du passé…Puisse-t-elle être bientôt délivrée ! C’est le seul voeu que je puisse désormais formuler pour elle…

Mais ce Noël a été joyeux, familial, et les souhaits qui m’ont été adressés ce jeudi m’ont fait plaisir.

Happy Birthday

Je ne publierai pas ici les messages joués et chantés que j’ai reçus. En revanche, c’est devenu une tradition très répandue que d’interrompre une répétition ou un concert. Pour prolonger le billet que j’avais déjà consacré au sujet (La musique pour rire : Happy Birthday), ces quelques perles récentes sur YouTube m’ont mis de bonne humeur

Dans un autre billet, j’évoquais la personnalité fascinante de Victor Borge, né Børge Rosenbaum. J’ai retrouvé ce document, le concert que le Danemark lui a offert pour son 80e anniversaire.

Cadeaux

Il paraît qu’il a tout juste eu le temps de mettre la dernière main à sa contribution à cet ouvrage collectif, avant de disparaître brutalement le 3 octobre dernier: je suis heureux de retrouver Michel Blanc dans ce beau livre de photos et de souvenirs, que j’ai trouvé sous le sapin.

Lui je l’écoute, en cuisinant, tous les dimanches matin sur France Inter : François-Régis Gaudry sait aussi écrire, c’est réjouissant non ?

Je me suis aussi fait quelques cadeaux en commandant quelques-unes des parutions récentes de la collection Lost Recordings, entre autres ce « live » berlinois de Stan Getz et Astrud Gilberto… qui me donne de furieuses envies de soleil et de Brésil…

MTT le chef sans âge

On a bien cru qu’il n’atteindrait pas son 80e anniversaire le 21 décembre prochain. Les nouvelles qu’on lit dans le dernier numéro de BBC Music Magazine, sur Radio Classique récemment, et surtout cette vidéo datant d’il y a quelques semaines montrent que le chef américain Michael Tilson Thomas qui souffre d’un cancer du cerveau depuis trois ans semble bénéficier d’une rémission que nous espérions tous.

Je n’ai jamais évoqué longuement sur ce blog la figure, la personnalité, la carrière de l’un des seuls chefs « natifs » des Etats-Unis à avoir, avec son contemporain James Levine (1943-2021), atteint une célébrité internationale.

Pourtant nombre de ses disques, les premiers pour Deutsche Grammophon, puis tous les suivants pour CBS, Sony ou RCA, ont été les premiers à figurer dans la discothèque que je me constituais adolescent.

Mon premier Carmina Burana, partagé avec deux ou trois copains dans ma petite chambre d’étudiant, c’était lui

Mon premier Sacre du printemps c’était lui, et c’était aussi un de ses tout premiers disques avec Boston !

Mes premiers Debussy à l’orchestre c’était lui :

Et puis il y aura la 1ere symphonie de Tchaikovski, et tant d’autres…

J’ai eu une seule fois le bonheur de le voir diriger à Paris, à moins que j’aie enfoui des souvenirs antérieurs (à Pleyel ?), j’en ai gardé le même souvenir qu’Alain Lompech (Les débuts souverains de TIlson-Thomas à l’Orchestre de Paris).

Ses éditeurs historiques ont eu la bonne idée de rééditer la presque intégralité de son legs discographique.

CD 1
TCHAIKOVSKY Symphony No. 1
Boston Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 2
GRIEG · SCHUMANN Piano Concertos
Jean-Marc Luisada; London Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 3
DEBUSSY Images; Prélude à l’après-midi d’un faune
Boston Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 4
DEBUSSY Violin Sonata; Cello Sonata; Sonata for Flute, Viola and Harp; Syrinx 
Boston Symphony Chamber Players; Michael Tilson Thomas, piano

CD 5
IVES Three Places in New England
RUGGLES Sun-treader
Boston Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 6
STRAVINSKY Le Roi des étoiles; Le Sacre du printemps
Boston Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 7
PISTON Symphony No. 2
WILLIAM SCHUMAN Violin Concerto
Paul Zukofsky, violin; Boston Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 8
SHOSTAKOVICH Cello Concertos Nos. 1 & 2
Mischa Maisky, cello; London Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 9
BERNSTEIN On the Town
Frederica von Stade; Tyne Daly; Marie Mclaughlin; Thomas Hampson & supporting cast
London Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 10
BERNSTEIN Arias and Barcarolles; A Quiet Place; Symphonic Dances from West Side Story
Frederica von Stade; Thomas Hampson
London Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 11
ELVIS COSTELLO Il sogno
London Symphony Orchestra / Michael Tilson Thomas

CD 12
TANGAZO – MUSIC OF LATIN AMERICA
Chávez; Copland; Roldán; Revueltas; Caturla; Piazzolla; Ginastera
New World Symphony / Michael Tilson Thomas

CD 13
INGOLF DAHL Concerto for Alto Saxophone; Hymn; Music for Brass Instruments; The Tower of Saint Barbara
John Harle; New World Brass; Ertan Torgul; Gregory Miller; Tisha Murvihill
New World Symphony / Michael Tilson Thomas

CD 14
MORTON FELDMAN Piano and Orchestra; Cello and Orchestra; Coptic Light
Alan Feinberg; Robert Cohen
New World Symphony / Michael Tilson Thomas

Le coffret Sony est évidemment beaucoup plus important : 80 CD pour 80 ans.

(Tracklist à consulter sur Amazon.it)

Mais, il y a un gros mais, comment a-t-on pu « oublier » une magnifique intégrale de Casse-Noisette, gravée avec le Philharmonie de Londres, tout comme Le Lac des cygnes qui lui est bien dans le coffret ! Il semblerait que cet « oubli » résulte d’une question de droits… qui n’est explicitée que dans le livret en anglais inséré dans le coffret !

Pour ceux qui comme moi pensaient posséder à peu près toute la discographie de MTT, le coffret Sony réserve pas mal de surprises, soit des disques qu’on avait oubliés (suites de Tchaikovski), soit des compositeurs américains, peu ou jamais distribués en Europe (une « intégrale » Ruggles)

Si je devais caractériser d’un mot l’art de ce très grand chef – gageure impossible ! – ce serait l’absence de poids de traditions européennes qu’assumaient, chacun avec leur génie propre, tous les grands chefs du XXe siècle qui ont fait la réputation des grands orchestres américains, la très grande majorité nés sur le continent européen. Même Bernstein en était tributaire. J’ai toujours eu l’impression que MTT se réappropriait le répertoire classique (une intégrale des symphonies de Beethoven, bien oubliée voire méprisée, alors qu’elle renonçait au grand orchestre) ou romantique, voire Debussy, Stravinsky, avec une sorte de fraîcheur, de naturel bienfaisants.

Je découvre sur YouTube, avec une vive émotion, ces captations très récentes de Michael Tilson Thomas avec l’orchestre de jeunes – le New World Symphony, basé en Floride, qu’il a fondé en 1997 et dont il a cédé la direction musicale en 2002 à Stéphane Denève. Dans un répertoire que le chef n’a jamais abordé au disque.

Heureux finalement de pouvoir dire notre admiration et à notre gratitude de manière anthume à celui que nous continuerons de nommer par ces trois lettres MTT !

PS Je signale que le coffret Sony est en France vendu à plus de 200 €, en Italie il est à 159 €… Vive l’Europe !

Sir Neville #100

Sir Neville #100

Il est né le 15 avril 1924, il y a cent ans, il est mort le 1er octobre 2016, à l’âge respectable de 92 ans : Neville Marriner est sans doute le chef anglais qui détient le record des disques enregistrés. J’avais déjà presque tout dit dans cet article : Sir Neville.

A l’occasion de ce centenaire, ses éditeurs – il en fallut plusieurs et pas des moindres pour étancher la soif enregistreuse du chef – ont plutôt bien fait les choses, même si une intégrale semble hors de portée et pas forcément indispensable.

On avait déjà brièvement évoqué le coffret Warner de 80 CD :

La critique a souvent traité Marriner avec une certaine condescendance, notamment dans le répertoire baroque et classique, où il ne devait pas être assez radical, audacieux, au goût de certains. Les messes de Haydn, les symphonies de Mozart de ce coffret sont, au contraire, des leçons de style, de goût, d’élégance, vertus dont le chef a fait preuve jusqu’au bout, comme l’illustre cette vidéo captée pour son 90e anniversaire :

Comme souvent dans ce genre de sommes, ce sont les raretés qui sont intéressantes : les ouvertures de Cherubini, les musiques légères de Wolf-Ferrari

quelques pépites un peu oubliées comme ces Illuminations de Britten avec la merveilleuse Heather Harper (1930-2019)

Decca publie, dans la collection Eloquence – à des prix beaucoup trop élevés pour des rééditions ! – des. coffrets thématiques qui ne contiennent rien d’inédit.

Mises en boîtes : Copland, Mendelssohn

Le CD est mort, paraît-il, mais les éditeurs continuent de mettre en boîtes leurs fonds d’archives, parfois récentes. Et c’est une opération bien pratique pour qui a des rayons encombrés de trop de galettes individuelles.

Pour une fois, il n’y a pas eu besoin d’anniversaire prétexte pour sortir deux coffrets remarquables.

Copland by Copland

Aaron Copland (1900-1990), mort quelques semaines après son cadet Leonard Bernstein (lire Bernstein ou le génie à vif), est l’archétype du compositeur américain, l’inventeur d’une musique qui plonge toutes ses racines dans la terre américaine. Il est l’un des seuls à avoir bénéficié d’une notoriété mondiale, à défaut d’une vraie célébrité. Même si on connaît mal son oeuvre, on connaît son nom.

J’avais déjà dans ma discothèque plusieurs des CD où le compositeur dirige ses propres oeuvres, le plus souvent à la tête d’orchestres londoniens ! Sony vient de rééditer l’intégrale de ce précieux legs en 20 CD et à petit prix, il faut le relever puisque cela n’a pas toujours été le cas naguère.

C’est évidemment une somme inestimable, qui donne à connaître un créateur plus complexe que ne le laissent deviner ses oeuvres les plus connues (Appalachian Spring, Billy the Kid, Rodeo…) qui sont évidemment les plus descriptives, les plus « natives » !

Quelle chance ont eue les enfants qui, ce jour-là, assistaient à l’un des Young People Concerts animés et présentés par Leonard Bernstein, lorsqu’ils ont découvert le compositeur Aaron Copland jouant son propre concerto pour piano !

A Liège, après la restauration en 2005 de l’orgue Schyven de la Salle philharmonique, j’aurais souhaité programmer la symphonie avec orgue de Copland. Je n’y suis jamais parvenu, et mes successeurs non plus jusqu’à présent !

Mendelssohn sur les ailes du chant

C’est devenu une habitude chez Warner Classics de consacrer de forts coffrets à des compositeurs, certes les plus souvent à l’occasion d’un anniversaire. Dans le cas de Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847), aucun prétexte particulier, sauf pour réunir en 40 CD des versions déjà connues, publiées par les différents labels qui font partie aujourd’hui du groupe Warner : EMI, Electrola, Teldec, Erato, etc.

Les pièces pour piano – pour l’essentiel les cycles de Romances sans paroles – sont dues Daniel Adni avec quelques raretés bienvenues, des Etudes et caprices joués par Annie d’Arco et surtout une Première sonate avec la pianiste argentine Silvia Kersenbaum (grâce à qui j’avais découvert le 2e concerto pour piano de Tchaikovski).

C’est Marie-Claire Alain qui avait jadis gravé une part malheureusement peu connue de la production de Mendelssohn, son oeuvre pour orgue

Pour la musique de chambre, Warner n’a pas eu de mal à trouver les meilleures versions : Frédéric Lodéon (violoncelle), Maxim Vengerov (violon), le trio Fontenay, l’élégant sextuor avec piano capté lors d’un festival Argerich à Lugano, les quatuors sont partagés entre les Berg, Artemis et Cherubini.

Les concertos pour piano sont ceux de Cyprien Katsaris et Kurt Masur, une version plusieurs fois couronnée, celle que nous avions retenue, il y a bien longtemps, dans l’émission Disques en Lice (lire Une naissance) :

Sans surprise, le corpus des « grandes » symphonies est confié à Kurt Masur et à « son » Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (qui donnent aussi un magnifique Songe d’une nuit d’été) les symphonies de jeunesse étant dévolues au Concerto Köln.

Deux absolues raretés, deux brefs ouvrages lyriques – Die beiden Pädagogen et Die Heimkehr aus der Fremde – dirigées par Heinz Wallberg avec des stars de l’époque, Peter Schreier, Dietrich Fischer-Dieskau… tout un bouquet de mélodies composite, et tout un récital du grand Fischer-Dieskau accompagné par Sawallisch au piano. L’oeuvre chorale est dévolue à Michel Corboz.

Seul regret, pour les deux grands oratorios, Paulus et Elias, il y a mieux que les honnêtes Conlon et Frühbeck de Burgos proposés ici.

La somme est admirable, ce coffret unique, donc hautement recommandé !

New York – Cincinnati : sur les ailes de la musique

Me voici rentré d’un mini-périple américain, dont le fil rouge était évidemment la musique. D’abord New York, comme je l’ai déjà évoqué dans mon précédent article – New York toujours -.

Le miracle Trifonov

Mon compte-rendu vient de paraître sur Bachtrack : Daniil Trifonov réinvente le concerto de Schumann à New York. Extrait :

«  Le pianiste russe semble réinventer l’œuvre parce qu’il la joue comme une symphonie concertante, dans une optique chambriste/…/La palette de couleurs que Trifonov tire de son clavier est proprement inouïe« 

Une décennie à Cincinnati

Au lendemain de ce concert, je prenais l’avion pour Cincinnati.

Je peux dire que j’ai atterri vendredi dans un état proche de l’Ohio – clin d’oeil à Gainsbourg et à son interprète Isabelle Adjani ! – puisque l’aéroport est situé dans le Kentucky, de l’autre côté de…l’Ohio.

C’est un chauffeur de luxe qui m’attendait à la sortie et qui m’a fait découvrir le plus ancien et le plus rapide moyen de traverser la rivière, l’Anderson Ferry, en activité depuis 1817 !

Je m’étais promis de retourner à Cincinnati – c’est que j’écrivais il y a 4 ans déjà – et il était temps parce que c’est la dernière saison de Louis Langrée comme directeur musical de l’un des plus anciens orchestres américains.

Le portrait de Louis Langrée figure désormais dans la galerie de bustes et tableaux représentant ses prédécesseurs, comme Eugène Ysaye, le célèbre violoniste, pédagogue et compositeur belge, chef permanent à Cincinnati de 1919 à 1922.

à gauche le buste de Cincinnati, à droite celui de Liège installé sur le boulevard Piercot face à la Salle Philharmonique.

Ce week-end Louis Langrée dirigeait son premier programme de sa dernière saison, un programme tout américain. Qu’on peut intégralement voir et écouter dans la vidéo ci-dessous.

Un programme qui reprenait en partie celui que l’orchestre et le chef avaient donné il y a six ans à la Seine Musicale (lire La fête de l’orchestre), Bernstein, l’ouverture de Candide, la suite tirée de la musique du film d’Elia Kazan, On the Waterfront. Une oeuvre que je n’avais entendue que distraitement au disque, la 1ère symphonie de la compositrice Florence Price (1887-1953), la première Afro-Américaine à avoir été jouée par de grands orchestres américains. L’oeuvre n’est pas d’une modernité effarouchante, mais les deux mouvements centraux fleurent bon les mélodies et les rythmes natifs. L’attraction de la soirée, surtout pour un public très majoritairement âgé, c’était la présence de George Takei, un des héros de la série originale de Star Trek, comme récitant d’une oeuvre de Copland – Lincoln Portrait – créée par l’orchestre de Cincinnati le 14 mai 1942.

Un très bel orchestre dans une très belle salle, un excellent chef : le public de l’Ohio est gâté !

Les raretés du confinement (X) : Rimbaud, Orozco, Susskind, Seefried, Lalo, Saint-Saëns etc.

#Confinement2 Une rubrique quotidienne sur Facebook qui n’est malheureusement pas près de s’éteindre… Puisqu’on évoque même, avec une sorte de gourmandise malsaine, la perspective d’un reconfinement dans certaines régions de France !

17 février : Les Illuminations de Felicity Lott

Hommage à Steuart Bedford (1939-2021) suite : un extrait de l’une des oeuvres les plus fortes de Benjamin Britten, le cycle de mélodies « Les Illuminations » (sur des poèmes de Rimbaud), une interprète d’exception de ce cycle, ma très chère Felicity Lott (lire : Dame Felicity) ici accompagnée par Steuart Bedford :

18 février : le Chopin de Rafael

Rafael Orozco (1946-1996) est un immense musicien, un pianiste majeur, un interprète d’élection des grands romantiques. Malheureusement ses disques (EMI, Philips, Valois) sont pour l’essentiel devenus introuvables, voire non édités en CD. Souhaitons que la magnifique réédition de ce double album Chopin (une première en CD pour les Préludes) par Warner soit le prélude à d’autres rééditions indispensables (excellente notice de Jean-charles Hoffelé sur les raisons d’une discographie erratique)

19 février : L’Empereur Rafael

#RafaelOrozco Pour prolonger mon billet d’hier sur le pianiste Rafael Orozco (1946-1996) – lire Le Chopin de Rafael – cette captation très émouvante d’un concert à Londres, probablement en 1995, un splendide « Empereur » de Beethoven, où Rafael Orozco retrouve Neville Marriner (1924-2016)

20 février : Un premier disque pour l’éternel second

Ce disque a vingt ans et une histoire. J’avais découvert et aussitôt aimé passionnément la bien trop méconnue Symphonie en sol mineur d’Edouard Lalo grâce à la version impérissable de Thomas Beecham. Je ne l’avais jamais entendue en concert et jusqu’à ma nomination à la direction générale de l’ Orchestre Philharmonique Royal de Liège, je n’étais jamais parvenu à la programmer (lire L’éternel second). Dès la saison 2000/2001 je la confiai au jeune chef belge Jean-Pierre Haeck et dans la foulée proposai au label Cypres un disque tout Lalo, avec la Symphonie en sol mineur (1886), contemporaine de la 3ème symphonie de Saint-Saëns et de la symphonie cévenole de D’Indy.

21 février : Claude Carrière et le Duke

Pour rendre hommage à notre cher Claude Carrière disparu samedi (lire La belle carrière de Claude) et à sa passion pour Duke Ellington, cette soirée du 28 juillet 1965 au festival de Tanglewood où le génial pianiste et compositeur de jazz partageait la scène avec Arthur Fiedler et ses Boston Pops

22 février : Céleste duo

Peut-être pas « historiquement informé », mais depuis longtemps un trésor de ma discothèque. Une bonne dose de jubilation, si nécessaire en cette période.La voix plus « céleste » que jamais de Teresa Stich-Randall mariée à celle de Dagmar Hermann sous la direction de Felix Prohaska (1960)

23 février : Les enfants de Jonas K.

Une des grandes soirées du Festival Radio France Occitanie Montpellier, le 27 juillet 2005, l’opéra d’Engelbert Humperdinck, Les enfants du Roi / Die Köningskinder, un ténor de 36 ans qui n’est pas encore la star qu’il est devenu, Jonas Kaufmann, un merveilleux chef qui dirigeait pour la dernière fois à Montpellier, Armin Jordan

24 février : les Cent de Saint-Saëns

#SaintSaens100 #FestivalRF21 Saint-Saëns (1835-1921) va être à l’honneur toute cette année, centenaire de sa mort oblige, et ce n’est que justice. J’ai découvert le plus connu de ses cinq concertos pour piano, le Deuxième, grâce à Artur Rubinstein, et à sa première version stéréo en 1958, sous la direction d’Alfred Wallenstein (lire : La découverte de la musique)

25 février : Cheffe d’orchestre

On parle et on entend – heureusement – de plus en plus des cheffes d’orchestre. Dans une collection « super-économique » j’ai retrouvé dans ma discothèque un disque magnifique de l’une de ces cheffes pionnières, la Française Claire Gibault – organisatrice du concours La Maestra, fondatrice du Paris Mozart Orchestra – Claire Gibault – un disque gravé au milieu des années 80, à Londres, avec le Royal Philharmonic Orchestra. Sur ce disque une splendide 5ème symphonie de Beethoven, et surtout l’une des versions les plus vivantes, joyeuses, allantes (aux antipodes des accents wagnériens qu’y mettent beaucoup de chefs) de la symphonie n°8 dite « Inachevée » de Schubert.

26 février : Vivement l’été

Un très beau disque, un peu passé inaperçu à sa sortie en 2011, dont je suis fier. De beaux artistes, Anne-Catherine Gillet, le chef Paul Daniel, mon cher Orchestre Philharmonique Royal de Liège, et un programme original et sans concurrence discographique !Envie, en ces temps de morosité, de fatigue morale, de penser à l’été, avec ce titre si évocateur de Samuel Barber (1910-1981) : Knoxville : Summer of 1915 est une « rhapsodie lyrique » qui évoque un soir d’été à Knoxville dans le Tennessee sur un texte de James Agee. L’oeuvre a été créée en 1948 par Eleanor Steber et le Boston Symphony Orchestra dirigé par Serge Koussevitzky

27 février : Walter le Tchèque

Un grand chef d’origine tchèque, Walter Susskind (1913-1980), une discographie remarquable mais disparate (lire : Les sans-grade: Walter Susskind) Ici un extrait des Spirituals de Morton Gould, qui doit rappeler des souvenirs aux plus âgés des téléspectateurs français.

28 février : Dvořák l’Américain

Un chef d’orchestre britannique, d’origine tchèque, Walter Susskind (lire Les sans-grade: Walter Susskind), une violoncelliste canadienne d’origine russe, Zara Nelsova (1918-2002), ça donne une splendide version du concerto pour violoncelle de Dvořák :

Concerto pour violoncelle (3ème mouvement)

Zara Nelsova, violoncelle

St. Louis Symphony Orchestra

dir. Walter Susskind. (Vox/Brilliant Classics)

1er mars : Respighi au couchant

Dans la discographie de la grande soprano allemande Irmgard Seefried (1919-1988) une vraie rareté : cette longue mélodie pour soprano et cordes d’Ottorino Respighi, qui date de 1914, intitulée Il Tramonto.

La nuit américaine

L’incertitude

J’écris ce billet, au lendemain de l’élection présidentielle américaine, à une heure où les candidats eux-mêmes, les commentateurs, les « experts » se perdent en conjectures quant au résultat, au milieu de la nuit pour les Américains. Un journaliste, sur France 2, faisait remarquer ce matin que le résultat définitif de l’élection de 2000 avait été proclamé… le 14 décembre, six semaines après le vote !

Je ne vais pas me lancer à mon tour dans une analyse même sommaire, sauf à faire remarquer – comme je l’ai déjà fait pour d’autres élections (Quand les sondages ont tort) – qu’en matière électorale il vaut mieux éviter de prendre ses désirs pour des réalités. Il est entendu depuis longtemps, pour 98% des commentateurs européens, que Trump étant une nullité avérée, il ne peut, il ne doit pas être réélu. Ce sont les mêmes d’ailleurs qui affirmaient, en 2016, qu’un milliardaire menteur, vulgaire, méprisant, ne pouvait accéder à la fonction suprême.

Je n’ai pas le début d’une esquisse de sympathie pour le président américain sortant, je n’en ai pas beaucoup plus pour son concurrent qui n’a pas toujours manifesté dans le passé des positions aussi ouvertes sur bien des sujets de société que celles qu’il a timidement esquissées durant sa campagne. Et je crois moins encore que le résultat de cette élection changera profondément le comportement des Etats-Unis sur la scène mondiale. Rappelons-nous le non-interventionnisme de Barack Obama (qui certes succédait au désastreux va-t-en guerre George W. Bush), tendance que Trump n’a fait qu’accentuer.

Patriotisme musical

En revanche, ce qui peut nous frapper, nous Européens, c’est le patriotisme musical dont ont fait et font encore preuve compositeurs et interprètes. En dehors du concert du 14 juillet sous la Tour Eiffel, et des cérémonies officielles, on entend plutôt rarement La Marseillaise entonnée par des musiciens classiques ou de jazz.

Aux Etats-Unis toutes les occasions sont bonnes pour célébrer et chanter l’Amérique.

Ce matin sur France Musique, Max Dozolme racontait l’histoire rocambolesque qui était arrivée à Stravinsky lorsque celui-ci avait « arrangé » l’hymne américain :

Et en faisant un simple petit tour dans ma discothèque, j’ai retrouvé un joli bouquet de ces témoignages festifs d’attachement à la Beautiful America

Ce gala de la Richard Tucker Music Fondation en 1991 n’avait pas fait les choses à moitié

Ici Marilyn Horne chante lors d’un gala qui célèbre, en 1988, le centenaire de la naissance d’Irving Berlin (mort à 101 ans en 1989 !), auteur de ce God bless America.

Un autre compositeur américain plus connu pour ses musiques de film ou ses oeuvres « légères », Morton Gould, écrit au coeur de la Seconde Guerre mondiale cet American salute (1942)

En 2013 pour son concert inaugural de directeur musical de l’orchestre de Cincinnati, Louis Langrée invitait Maya Angelou à être la narratrice d’une oeuvre emblématique d’Aaron Copland, A Lincoln Portrait, créée en 1942 par cette phalange.

Leonard Bernstein, qui avait ses entrées à la Maison Blanche, a connu avec sa dernière comédie musicale 1600 Pennsylvania Avenue (1976) – c’est l’adresse de la Maison Blanche à Washington – le pire bide de sa carrière. Il en avait tiré une White House Cantata qui a été publiée à titre posthume en 1997.

Evidemment, de Bernstein, tout le monde a en tête cet hymne à l’Amérique de West Side Story

Moins connu que Copland ou Bernstein, William Schuman (avec un seul n) – 1910-1992 n’est pas en reste de patriotisme

Les hommages à l’Amérique sont multiples – un seul article de blog n’y suffirait pas – et parfois très inattendus. Il faudra que je demande à Jean-Christophe Keck*, le grand spécialiste d’Offenbach, à quelle occasion l’auteur de La Belle Hélène a composé cette American Eagle Waltz

Si tout le monde connaît la 9ème symphonie dite du « Nouveau monde » de Dvorak, qui fut le premier directeur du Conservatoire de New York (de 1892 à 1895), il y a fort à parier que cette cantate The American flag n’est pas resté dans les mémoires.

*Offenbach en Amérique

Jean-Christophe Keck a bien voulu apporter ces précisions sur l’origine de cette American Eagle Waltz : « En 1876 ruiné par la faillite du Theatre de la Gaité, Offenbach accepte une tournée de concerts aux États Unis lors de l’Exposition universelle. Il en reviendra épuisé mais y aura écrit plusieurs pièces pour grand orchestre dont cette valse qu’il rebaptise commercialement Offenbach valse. Et surtout il y écrit un essai qui mérite d’être lu : Notes d’un musicien en voyage. L’an passé j’ai acquis le bâton avec lequel il a dirigé tous ses concerts américains. Les villes y sont notées dessus à l’encre de sa propre main. Un précieux souvenir sauvé in extremis qui faillit être mis aux ordures par les descendants du maître croyant qu’il s’agissait d’un simple bâton de cerceau, avant de découvrir fortuitement les inscriptions autographes qui y figuraient dessus...

Jean-Christophe Keck ajoute sur sa page Facebook : Page titre de l’American Eagle Waltz [pour grand orchestre] d’Offenbach, finalement rebaptisée par le compositeur Offenbach Waltz, puis Offenbach-valse (ou aussi Le Fleuve d’or) pour la commercialisation française dans sa version piano par l’éditeur Choudens. Manuscrit autographe dont je suis l’heureux propriétaire… pour le moment

Demandez le programme !

Il y a une semaine j’annonçais une surpriseElle a eu lieu, comme l’a écrit Michèle Fizaine dans Le Midi Libre

« Samedi soir, le festival de Radio France ressuscite, après la mort de 165 concerts. Le matin, toutes les réservations sont parties en quelques minutes ! »

Une heure et quart de concert où l’Orchestre national Montpellier Occitanie, dirigé par son jeune – et très talentueux – chef assistant, le Suédois Magnus Fryklund, a donné le meilleur de lui-même dans un programme adapté aux normes sanitaires. Pas de grand effectif, mais une très poétique Cinquième symphonie de Schubert, une Petite suite de Debussy dans l’orchestration si délicate d’Henri Büsser – qui a été pour beaucoup une découverte, ainsi que deux fanfares pour conclure : celle qui ouvre La Péri de Paul Dukas, et la Fanfare for the common man de Copland.

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Une semaine plus tard, nous y voilà : tout un week-end de musique « en vrai ». Les dernières autorisations sont arrivées… hier ! Mais j’expliquais, avant-hier, au micro de France Bleu Gard Lozère – à réécouter ici – que si j’avais attendu d’avoir toutes les permissions, nous n’aurions jamais imaginé le Festival Autrementces douze concerts du week-end qui vont permettre de renouer, au moins un peu, cet indispensable lien entre les musiciens et le public.

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Voilà le programme de ce week-end :

Samedi, sept concerts dans l’écrin des jardins de la Maison des Relations internationales de Montpellier

à 12h et 14h30 Made in Brass, le sextuor de cuivres de l’Orchestre national de Montpellier

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à 13h15 et 15h45 le jeune Quatuor Hanson jouant Mozart et Ravel

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à 17h et 18h15 un autre quatuor, de clarinettes, le bien nommé quatuor Anches Hantées

et à 19h30 les merveilleux Tromano

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Le samedi soir à 20h30 cap sur le parc départemental du château d’O, au nord de Montpellier. Première des deux soirées jazz de ce « Festival Autrement » avec le trio Barolo

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Suite du week-end le dimanche 19 dans les mêmes lieux – l’amphithéâtre des Micocouliers et le parvis du château d’O.

à 15h 30 Ingmar Lazar joue Haydn et Beethoven

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à 17h le violoncelliste Christian-Pierre La Marca et le pianiste Nathanaël Gouin, qui devaient initialement chacun jouer séparément, l’un à Fontfroide, l’autre à Toulouse, se retrouvent à Montpellier pour un somptueux programme.

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à 18h30 un improbable et excitant duo accordéon contrebasse avec les deux compères Félicien Brut et Edouard Macarez.

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Et pour finir sous les étoiles, un autre trio de jazz, à 20 h 30 autour de Paul Lay

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Il y aura forcément un goût de trop peu…

Tous ces concerts sont diffusés en direct sur La Radio du Festival !

Réservation obligatoire sur lefestival.eu