#JohannStrauss200
Troisième et dernier volet de cette série consacrée à Johann Strauss, né le 25 octobre 1825 (lire Dix valses, Sang viennois) : il n’y a pas que des valses et des opérettes dans le corpus de près de 500 oeuvres qu’il a laissées.
Strauss l’influenceur
Aujourd’hui Johann Strauss pourrait être qualifié d’influenceur, au XIXe siècle il imitait un Franz Liszt qui, à son clavier, propageait, diffusait les oeuvres de ses contemporains (Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Wagner, Bellini, etc.). Avec son orchestre il arrangeait les thèmes à la mode, surtout des opéras : à son actif plus de 80 quadrilles. Je renvoie à l’article Le filon Strauss que j’avais consacré à cette part étonnante de l’oeuvre de Strauss.
Claudio Abbado, en 1988 à Vienne, avait déjà révélé ce quadrille sur des thèmes du Bal masqué de Verdi.
En marches
Le fils n’arrivera jamais à concurrencer le père Johann Strauss et sa célébrissime Marche de Radetzky. En revanche, certaines de ses marches sont plus exotiques que martiales
Sa Marche égyptienne est créée à Pavlovsk mais fait référence au creusement du canal de Suez en 1869 et sollicite doublement les musiciens de l’orchestre.
Créée elle aussi à Pavlovsk, la Marche persane exploite un exotisme de pacotille qui plaisait au public européen.
Auf’s Korn est la dernière composition de Johann Strauss pour le choeur d’hommes de Vienne (cf. Dix valses) à l’occasion d’un concours de tir fédéral (1898)
On ne l’entendra qu’une seule fois, en 2006, lors d’un concert de Nouvel an, sous la direction de Mariss Jansons… mais sans choeur !
Le mauvais Napoleon
En 1854, Johann Strauss écrit sa Napoleon Marsch. Mais rien à voir avec Napoleon Ier. L’oeuvre est dédiée à Napoleon III, dans le contexte de la guerre de Crimée imminente. Une seule prestation au concert de Nouvel an, en 2008, où Georges Prêtre court la poste. On en reste à l’unique version gravée par Karajan en 1981 ou à Boskovsky. YouTube devrait vraiment réviser ses illustrations de cette marche, qui montrent systématiquement des portraits de Napoleon Ier !
En 1853, avec sa Kaiser-Franz-Joseph-I.-Rettungs-Jubel-Marsch Strauss rend hommage à l’empereur François-Joseph qui a réchappé de peu à un coup de couteau asséné par un activiste hongrois le 18 février.
Nikolas Harnoncourt s’en donne à pleins tambours, le 1er janvier 2003
Polkas, csardas et galops
Champion toutes catégories pour les polkas de Johann Strauss (et celles de ses frères Josef et Eduard), Carlos Kleiber écrase le match en 1989 et 1992. En particulier dans ces polkas rapides, ce n’est pas le tempo qui compte, c’est le sentiment de vitesse et d’étourdissement que doit produire cette musique, et donc c’est au chef et à lui seul de le susciter.
Je n’ai pas beaucoup aimé l’unique concert de Nouvel an dirigé par Christian Thielemann en 2019, mais c’est le seul qui dans cette polka dont le titre est explicite – Im Sturmschritt / À toute allure – donne ce sentiment d’urgence
Une nouvelle fois, Claudio Abbado est l’homme de la situation dans cette furieuse Furioso Polka
Les galops étaient plutôt la spécialité de Johann Strauss père. Le fils en a laissé quelques-uns, le plus souvent tirés de ses opérettes :
Ballets et autres arrangements
Un seul ballet est à mettre à l’actif de Johann Strauss, et encore a-t-il été achevé et en grande partie orchestré par Josef Bayer : Aschenbrödel / Cendrillon. Honnêtement ce n’est pas un chef-d’oeuvre inoubliable, mais on pouvait se douter que le grand spécialiste du ballet, Richard Bonynge, en donnerait une version hautement recommandable.
On écoute aussi le ballet tiré de l’unique opéra de Johann Strauss, Le Chevalier Pázmán / Ritter Pázmán, qui n’est pas vraiment resté à la postérité.
Et puis il y a les arrangements de quelques chefs d’orchestre (comme la très célèbre Gaîté Parisienne composée par Manuel Rosenthal à partir d’airs plus ou moins connus d’Offenbach).
Ainsi Antal Doráti réalise-t-il pour un ballet de David Lichine et Alexandre Benois – Graduation Ball – un arrangement très réussi de thèmes piochés chez Johann Strauss. Il n’y a pas quantité de versions : Dorati bien sûr, Boskovsky, Fistoulari et…l’Australien Charles Mackerras tout à son affaire pour un ballet créé à Sydney en 1940.
Une dernière mention pour un ballet dont j’ai déjà parlé ici (Le Beau Danube parisien). C’est un autre Strauss, sans aucun rapport avec la dynastie viennoise, Paul Strauss, directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Liège de 1967 à 1977 qui a laissé un disque de référence de ces « arrangements »
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