Surprises et déceptions

Si je voulais résumer cette semaine en partie parisienne, je le ferais d’une formule : deux concerts, deux expositions, une déception.

Mercredi ce fut d’abord balade dans Paris sous le premier soleil de printemps. Un régal (voir l’album Paris 2 avril 2025). Et le soir au théâtre des Champs-Elysées un grand moment de musique avec deux frères hollandais repérés lors d’un 1er janvier à La Haye et invités à jouer à la Salle Philharmonique de Liège à l’automne 2009, Arthur et Lucas Jussen. Jeanine Roze leur avait fait faire leurs débuts parisiens en mars 2023, près de quinze ans après leur premier récital hors des Pays-Bas. Du piano 5 étoiles comme je l’ai écrit pour Bachtrack: Le sacre des frères Jussen au théâtre des Champs-Elysées

C’est le bis qu’ils ont joué après l’ovation monstre qui a salué leur Sacre du printemps.

Léger & Co.

L’après-midi même j’avais visité l’exposition qui vaut mieux que son titre jeu de mots, au musée du Luxembourg, rue de Vaugirard.

Je ne suis pas fou de ce genre d’expo-concept, mais je dois reconnaître que j’ignorais les fils qui reliaient Fernand Léger à certains de ses contemporains ou de ses successeurs (si tant est que le concept de successeur ait une quelconque validité s’agissant d’artistes peintres). Par exemple entre ce tableau de Fernand Léger et cette sculpture d’Yves Klein : le bleu sans doute !

Quelques autres photos à voir dans l’album Expo Léger /Musée du Luxembourg.

Disco no disco

En revanche, la déception est venue de l’expo Disco, organisée à grand renfort de communication – visites impossibles le week-end en raison de l’affluence ! – à la Philharmonie de Paris.

On a eu pitié du personnel de surveillance qui doit se taper une ambiance boîte de nuit autour d’une fausse piste de danse. Pour le reste, peu de documents vraiment informatifs ou exclusifs, des photos, des vidéos vues cent fois dans des documentaires ou sur les réseaux sociaux. Rien ou presque du règne du disco en France (une série de photos, cf. ci-dessus, prises au Palace). Quelques tenues de scène de Sheila, Dalida ou Patrick Juvet. Rien sur les boîtes de nuit à la mode à la fin des années 70/80 telles que je les ai connues (lire Mes années disco). On peut voir quelques photos sur mon album Expo Disco / Philharmonie.

Si la situation prêtait à sourire, je me suis demandé en voyant deux ou trois photos d’eux dans l’expo si le président américain – que je me refuse à citer – savait que ce sont deux Français Henri Belolo et Jacques Morali qui ont créé, en 1978, son groupe fétiche les Village People

En sortant de la Philharmonie, le contraste avec cet enclos était saisissant.

Ce jeudi soir, j’étais de retour cette fois dans la salle de concert de la Cité de la Musique.

Je suis en train de terminer mon papier pour Bachtrack, mais puisque le concert a été filmé (et diffusé en direct par France Musique), je le livre ici sans commentaire. Mais je peux déjà dire que je ne suis pas sorti indemne de cette Voix humaine.

Et toujours au jour le jour : brevesdeblog

Un vrai festival

Qu’est-ce que ça fait du bien d’assister à un vrai festival, de partager débats, discussions, moments de musique et d’amitié qui réchauffent le coeur autant que les oreilles ! C’est ce qui m’est arrivé le week-end dernier au Printemps des Arts de Monte-Carlo, et dont j’ai essayé de rendre compte pour Bachtrack.:

Le Bruckner « objectif » de Jukka Pekka Saraste

Venise et Vienne à Monte Carlo

« Un mot d’abord d’un festival qui porte bien et haut son nom, qui n’est pas juste une addition de grands noms et de tubes du classique, qui rempliraient à coup sûr le Forum Grimaldi ou l’Auditorium Rainier III, mais un patchwork astucieux de rencontres d’avant (les before) ou d’après (les after) concert, de soirées de musique de chambre, de récitals, de concerts symphoniques, et à l’intérieur de ces formats habituels, des surprises, des aventures, et toujours ce lien entre un directeur artistique, le compositeur Bruno Mantovani, aussi savant que pédagogue, et le public qui boit ses paroles introductives, rit à ses souvenirs croustillants ou admire sa capacité d’expliquer simplement des concepts bien complexes. » (Extrait de Venise et Vienne au Printemps des Arts de Monte Carlo @JPR)

Ne pas prendre le public pour des c…

En réalité, il n’y a pas de mystère. Un bon festival, une bonne saison de concerts (ou d’opéra) c’est d’abord un(e) bon(ne) « patron(ne)  » qui a des envies, des idées, des intuitions, si possible une grande culture, et qui n’oublie pas qu’il fait partie lui aussi, lui d’abord, du public auquel il s’adresse.

Lors d’une de mes premières présentations de saison à Liège, j’avais eu cette formule, qui avait surpris la presse : « Je ne programme que ce que j’ai envie d’entendre » Au-delà de la formule elliptique, je voulais évidemment dire qu’on ne peut rien faire sans la passion, le désir de convaincre, mais surtout cette irrépressible envie de partager avec le plus grand nombre les merveilles – artistes et/ou partitions – qu’on aime, qu’on a découverts.

Quand j’évoquais avec Bruno Mantovani sa programmation à Monte Carlo, en louant son audace, son courage même, sa réplique a fusé : « Il faut arrêter de prendre le public pour des cons« . Du Mantovani tout craché, tel que je l’aime et le pratique (pas assez souvent à mon gré) depuis des années. J’ai ici même théorisé – ou plus modestement rapporté mon expérience personnelle – sur « le grand public« . Je n’ai pas une ligne à changer à cet article d’il y a bientôt dix ans. J’ajoute, dans le cas de l’ami Mantovani, une sorte de gourmandise (pas seulement celle du gastronome !), d’exubérance absolument contagieuses, que ses origines catalanes n’expliquent pas totalement.

Porter la musique partout où elle peut aller

Lorsque j’ai dû composer ma première édition en 2015 comme directeur du festival de Radio France, fondé il y quarante ans par Georges Frêche (maire de Montpellier), Jean-Noël Jeanneney (PDG de Radio France) et René Koering, j’ai immédiatement pensé célébrer « 30 ans d’amour« , d’audace, de premières, de découvertes d’un festival unique en son genre. Et c’est la même idée qui a présidé à toutes les éditions qui ont suivi jusqu’en 2022. Comme l’attestent ces quelques bandes-annonces

En 2021, après l’épreuve du COVID, nous avions affirmé : Chaque concert est une fête

En réalité, ce n’est pas seulement le slogan d’un festival. C’est l’essence même du concert.

Heureusement, il y a plein de festivals en France qui se sont régénérés ces dernières années, grâce à des musiciens et des animateurs gourmands, créatifs, attentifs précisément à offrir au public l’aventure de la découverte, je pense – liste absolument pas exhaustive – à Colmar, Beaune, La Chaise-Dieu

Pour les à-côté de mon séjour à Monaco : brevesdeblog

Ravel #150 : L’enfant et l’heure espagnole

Suite et fin (provisoire) de cette mini-série consacrée au sesquicentenaire de Ravel : Ravel #150

Sofia Gubaidulina (1931-2025)

Mais impossible de ne pas évoquer la figure de la grande compositrice russe, qui vivait en Allemagne depuis 1991, Sofia Gubaidulina disparue ce 13 mars: lire l’excellent article que lui consacre Diapason.

Quelques souvenirs de concert me reviennent, dont un qui avait marqué le public de Liège, pour qui le nom même de la compositrice était inconnu et qui avait pourtant rempli la Salle philharmonique en 2005. Mais c’était une star du violon – Vadim Repin – qui jouait ce soir-là Offertorium, demeurée l’oeuvre concertante la plus célèbre de son auteur.

Ravel à Monte Carlo : un centenaire

Je suis ce week-end à Monte-Carlo pour « couvrir » plusieurs concerts du Printemps des Arts pour Bachtrack. Mon ami Jean-Louis Grinda, authentique Monégasque, qui, après l’Opéra royal de Wallonie à Liège, a dirigé de 2007 à 2023 l’Opéra de Monte-Carlo, y met en scène le spectacle qui réunira fin mars les deux ouvrages lyriques de Ravel : L’enfant et les sortilèges et L’heure espagnole

C’est en effet il y a quasiment un siècle, le 21 mars 1925, que la fantaisie lyrique composée par Ravel et Colette, fut créée ici même, à l’Opéra de Monte Carlo, alors dirigé par l’indétrônable Raoul Gunsbourg.

Au disque, j’ai toujours les mêmes (p)références : Lorin Maazel et Armin Jordan

Mais qu’il s’agisse de l’une ou l’autre oeuvre, il faut les voir sur scène, pour les goûter pleinement.
J’ai deux souvenirs récents et lumineux dont j’ai rendu compte pour Bachtrack :le très poétique spectacle de l’Opéra Garnier à Paris, en novembre 2023 – Un Ravel de féérie à l’Opéra de Paris,

et L’Heure espagnole délurée de Louis Langrée et Guillaume Gallienne à l’Opéra Comique en mars 2024.

Et toujours le petit frère de ce blog brevesdeblog et le dernier article Retour à Monte Carlo

Centième

J’ai signé aujourd’hui ma centième critique sur le site de Bachtrack : Du Tombeau au Technicolor. A propos des concerts de l’Orchestre de Paris et de Klaus Mäkelä, associant Ravel et Stravinsky

L’occasion de faire le point sur la discographie – plus exactement mes choix – des trois oeuvres que j’ai entendues

Le Tombeau de Couperin

Je rappelle dans l’article les circonstances de l’écriture de cette oeuvre, d’abord pour le piano ensuite pour l’orchestre. Ce Tombeau de Couperin fait partie des oeuvres de Ravel que j’écoute le moins. Je l’admire certes, mais ne l’aime pas.

Ici les mêmes que mardi, dans une captation de 2020 :

Karajan n’a enregistré l’oeuvre qu’une fois, et c’était dans la brève période où il fut « conseiller musical » de l’Orchestre de Paris après la mort de Charles Munch.

Pierre Boulez manque un peu de poésie et de souplesse, même en concert avec Berlin

On ne m’en voudra pas de revenir à Armin Jordan, qui avait une manière assez incroyable de laisser venir cette musique, d’un geste, d’un regard, que les orchestres comprenaient immédiatement

Ma Mère l’Oye

On peut difficilement louper la suite de Ma Mère l’Oye, les bonnes versions sont légion.

Giulini y est la poésie même. Son « jardin féerique » ! inégalé

Dans le gros coffret TIlson Thomas Sony, il y a ce bel exemple de l’art de MTT

Petrouchka

L’Orchestre de Paris et son chef donnaient en septembre dernier leur version de Petrouchka aux Prom’s de Londres

Ni la conception ni le jeu d’ensemble n’ont foncièrement changé depuis cette soirée londonienne.

Comme je l’écris, c’est une version plus symphonique que chorégraphique.

On a la chance d’avoir d’excellentes versions du créateur de l’oeuvre, Pierre Monteux, et du compagnon de route des Ballets russes, longtemps ami de Stravinsky, Ernest Ansermet. Les comparaisons sont édifiantes.

On notera à quel point les orchestres ont techniquement progressé en un demi-siècle !

Je garde une préférence pour la version sensationnelle d’Antal Dorati

Lire mes brevesdeblog

Leur Mozart

La mort d’Edith Mathis avant-hier nous a rappelé quelle merveilleuse mozartienne elle fut. Elle est de pratiquement tous les enregistrements d’opéra ou de messes de Mozart pour Deutsche Grammophon, sous la baguette de Böhm, Karajan, Marriner, Hager, etc.

Y a-t-il merveille plus émouvante que ce duo entre Gundula Janowitz et Edith Mathis dans Les Noces de Figaro ? Moment d’éternité…

Dans les disques achetés ou remarqués ces dernières semaines, là aussi des merveilles.

Julien Chauvin

J’avais adoré le Don Giovanni que dirigeait Julien Chauvin en novembre dernier, et je l’avais même écrit pour Bachtrack : L’implacable et génial Don Giovanni de Julien Chauvin. Je savais déjà quel mozartien est le violoniste/chef du Concert de la Loge. Mais je n’avais pas prêté attention à ce disque original associant le Requiem de Mozart à la Messe pour le sacre de Napoléon de Paisiello.

Pour les habitués aux versions traditionnelles, ce qui saute aux oreilles c’est la prononciation « à la française » du latin de la messe des morts. C’est devenu fréquent ces dernières années et j’ai trouvé dans ce texte une explication lumineuse : Pourquoi prononcer le latin à la française ?

Pierre Génisson

Autre interprète ami dont je sais depuis longtemps les affinités mozartiennes, le clarinettiste Pierre Génisson.

Quelle idée intelligente que d’assembler le fameux concerto pour clarinette, l’un des derniers chefs-d’oeuvre de Mozart, écrit quelques mois avant sa mort en décembre 1791, et de fameux airs d’opéra !

Pierre Génisson se substitue aux chanteuses pour les plus beaux airs des Noces, de Cosi fan tutte, ou de la Clémence de Titus, dans les arrangements si subtils du formidable Bruno Fontaine !

Reinhoud van Mechelen

J’ai tant aimé accueillir à Montpellier Reinhoud van Mechelen dans diverses formations, dont celle qu’il a créée et anime avec un bonheur contagieux, A nocte temporis. Reinhoud s’est lancé dans un disque qui me fait infiniment plaisir, d’abord parce qu’il met en valeur de purs chefs-d’oeuvre de Mozart, qui sont rarement en lumière, encore plus rarement programmés au concert, des airs pour ténor qui me bouleversent à chaque écoute.

La prise de son est plutôt étrange, la réverbération excessive, mais quelle beauté !

Indispensable dans toute discothèque !

Comme l’est ce pilier de ma discothèque, le disque par lequel j’ai découvert ce pan de l’oeuvre de Mozart, l’immense ténor hongrois József Réti né il y a tout juste 100 ans, disparu trop tôt en 1973.

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La messe est dite

La fin de la presse musicale ?

Hier c’est le rédacteur en chef de Diapason qui signait ces lignes :

« La nouvelle est tombée comme un couperet : le numéro de mars de Classica, a-t-on appris de plusieurs sources internes, devrait être le dernier, comme cela a été annoncé hier par leur direction aux salariés du titre, qui devraient donc être licenciés. Classica est publié depuis 2019 par les éditions Premières Loges, filiale du groupe Humensis spécialisé dans l’édition de livres (en particulier de manuels scolaires et universitaires). En difficultés, Humensis a été cédé il y a peu à Albin Michel, qui n’a pas souhaité poursuivre l’activité presse musicale. Outre Classica, le magazine Pianiste devrait lui aussi cesser de paraître, tout comme la revue L’Avant-scène opéra, joyau chéri par tous les lyricomanes – ces deux titres dépendant eux aussi des éditions Premières Loges. »

Depuis cette annonce, les témoignages de soutien et d’amitié fleurissent (Forumopera)

Je relève celui-ci, de Tristan Labouret, le jeune rédacteur en chef de l’édition française de Bachtrack : « Terrible nouvelle, terrible perte que ce magazine, pour lequel j’avais eu l’honneur d’écrire auprès de Philippe Venturini qui était un modèle de rédacteur en chef, et que je continuais à lire consciencieusement tous les mois. La disparition de Pianiste et de L’Avant-Scène Opéra est tout autant un drame, ces deux magazines étant des références inestimables dans leurs domaines. Tout le monde est concerné, tout le monde y perd aujourd’hui, journalistes, critiques, lecteurs, artistes, musicologues, organisateurs de concerts et j’en passe. En pensée avec toutes les équipes, les salariés et les pigistes, qui ont contribué à faire de ces magazines des oasis salutaires dans un milieu de la musique classique décidément de plus en plus aride. »

La rumeur courait depuis plusieurs mois à propos de Classica, mais on avait naguère entendu les mêmes à propos du concurrent (et ami) Diapason, lorsque le magazine avait changé de propriétaire. Quant à l’Avant-scène opéra, je me rappelle l’insistance que mettait son fondateur, Michel Pazdro, à nouer un partenariat avec France Musique il y a trente ans, parce que, me disait-il, déjà à l’époque le modèle économique d’une revue aussi spécialisée était d’une extrême fragilité.

Tout le monde y va de son analyse sur les causes d’une telle situation.

Je ne prétends pas ajouter la mienne, ni reprendre l’antienne du « c’était mieux avant ». Les regrets n’ont jamais servi à rien, encore moins à résoudre une difficulté.

Mais les constats sont là : pour des magazines spécialisés dans le disque classique, c’est la matière première qui, depuis une vingtaine d’années, vient à manquer. Les « majors » (Deutsche Grammophon, Decca, Warner, Sony) ont considérablement ralenti l’allure, les « nouveautés » se comptent sur les doigts des deux mains en année pleine. Ces nouveautés que les discophiles comme moi attendaient impatiemment de voir chroniquées dans leurs magazines favoris avant de se décider à acheter ou non, comparées avec les « références » précédentes.

Ces critiques étaient d’autant plus attendues, et lues, que c’était (en dehors des émissions de radio d’écoute comparée) souvent le seul moyen pour le modeste lecteur/discophile de se faire une opinion. Aujourd’hui, même pour celui qui persiste à acheter un support physique – CD, DVD ou vinyle – tous les moyens existent d’écouter, de comparer sur internet.

Face à cette paupérisation de la matière discographique, les grands magazines spécialisés (cela vaut aussi pour les très britanniques Gramophone ou BBC Music Magazine) se sont efforcés de diversifier leurs contenus, de créer de nouvelles rubriques, de capter peut-être ainsi de nouveaux lecteurs.

La vraie question – et je l’ai souvent développée ici (Le grand public)- est celle du public auquel s’adressent ces magazines spécialisés, comme d’ailleurs les sites en ligne.

Reste à souhaiter à celles et ceux qui se sont vu brutalement notifier la fin de l’aventure que d’autres supports, d’autres moyens d’expression leur soient offerts.

La messe à Notre Dame

J’avais eu la chance de chroniquer le premier concert donné à Notre Dame après sa réouverture le 17 décembre dernier (lire sur Bachtrack : La Maîtrise Notre Dame retrouve sa cathédrale.

J’y suis retourné mardi dernier pour un programme qui réunissait les deux Maîtrises de Notre Dame et de Radio France, avec leurs deux chefs respectifs, Henri Chalet et Sofi Jeannin : Deux Maîtrises pour Notre Dame.

Frustration de n’avoir entendu que la si brève Chanson à bouche fermée de Jehan Alain (1911-1940)


Je reconnais que je connais mal le frère aîné de Marie-Claire Alain. Il va falloir que je comble mes lacunes.

Bonheur d’entendre Frank Martin (1890-1974) et sa Messe pour double choeur a cappella, qui convient idéalement à l’acoustique de Notre Dame.

Plus grand monde ne sait qui est le compositeur suisse Frank Martin (lire Les sept instruments), on joue encore parfois ses deux pièces concertantes (la Petite symphonie concertante et le Concerto pour 7 instruments à vent et timbales). Alors que c’est l’une des personnalités les plus originales du XXe siècle. A recommander (et écouter) sans limite !

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Pour être complet voici l’échange paru sur Linkedin :

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Yves Riesel • 1stYVES RIESEL CONSEIL / Formerly : Qobuz founder / Concerts de Monsieur Croche / Abeille Musique / Naxos / Disques Concord / Média 7 / Les Musiciens Amoureux

Les bras m’en tombent
Je te cite : « Mais les constats sont là : pour des magazines spécialisés dans le disque classique, c’est la matière première qui, depuis une vingtaine d’années, vient à manquer. Les « majors » (Deutsche Grammophon, Decca, Warner, Sony) ont considérablement ralenti l’allure, les « nouveautés » se comptent sur les doigts des deux mains en année pleine. Ces nouveautés que les discophiles comme moi attendaient impatiemment de voir chroniquées dans leurs magazines favoris avant de se décider à acheter ou non, comparées avec les « références » précédentes. »
Il t’a echappé a l’évidence que depuis 40 ans la créativité discographique se passe chez les indépendants. Rester scotché sur une époque révolue, c’est une bonne partie du problème.

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Jean-Pierre RousseauAuthorEx Directeur Festival Radio France Occitanie Montpellier / FROM (2014-2022)

Yves Riesel ne fais pas semblant de ne pas m’avoir bien lu ! Evidemment que je sais et que je me réjouis de l’essor des éditeurs indépendants et des merveilles qu’ils publient ! Je voulais simplement relever que les « majors » ont cessé d’être des soutiens de la presse musicale (je me rappelle avoir entendu il y a longtemps de la part de la directrice marketing d’un célèbre magazine que l’attribution des récompenses dépendait du montant des pubs achetées par les éditeurs de disques et c’était avoué sans complexe !). Tu sais aussi bien que moi qu’aujourd’hui ce sont les artistes eux-mêmes qui financent leurs disques, que les éditeurs, petits ou grands, font le service minimum en terme de promotion.
Ces magazines étaient prescripteurs pour les apprentis discophiles que nous étions. Aujourd’hui 80 % des disques chroniques relèvent d’un répertoire de niche, qui intéresse évidemment les mélomanes curieux, mais qui n’attire pas un large lectorat.

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Jean-Pierre RousseauAuthorEx Directeur Festival Radio France Occitanie Montpellier / FROM (2014-2022)

Je n’ai pas pris pour moi le reproche de « rester scotché à une époque révolue », comme je pense l’avoir démontré depuis longtemps : https://jeanpierrerousseaublog.com/2015/09/29/le-grand-public/


Toute la musique qu’on aime

Je mesure chaque jour la chance que j’ai de faire partie de l’équipe de Bachtrack et de partager un peu de la passion qui anime ses fondateurs et ses responsables par pays, à commencer par le rédacteur en chef de l’édition française ! Bachtrack est une référence dans le paysage européen de la musique classique.

Bilans

Preuve en est le formidable bilan de l’année musicale 2024 dressé par le site, à partir évidemment de ses propres statistiques et observations. Bilan repris à son compte et commenté par Diapason !

J’invite à découvrir ce riche bilan, traduit de l’anglais et commenté in fine par Tristan Labouret :

Des chiffres et des notes : les statistiques Bachtrack 2024 de la musique classique

A propos de bilan, tout le monde s’accorde à dire que celui de Jean-Philippe Thiellay, président jusqu’au 31 janvier du Centre national de la Musique, est bon, voire très bon. Surtout quand on songe qu’il a été en première ligne lors de la période COVID ! J’en sais quelque chose, comme responsable d’un des grands festivals de musique à l’époque. S’il n’y avait pas eu quelques têtes bien faites comme lui (que j’avais connu quand il était directeur adjoint de l’Opéra de Paris) pour obtenir des décisions du ministère de la Culture qui nageait en plein brouillard (lire Même pas drôle), je ne sais pas ce que mes camarades d’Avignon, Aix, Orange ou La Roque d’Anthéron auraient pu sauver, sans parler de tous les autres festivals de France et de Navarre.

J’ignore pourquoi Thiellay n’a pas été reconduit. Il a dû déplaire. Il aura au moins la fierté du devoir accompli.

Dolly au Lido

Dans mon papier pour Bachtrack sur l’opéra de Haendel, Orlando, qui est actuellement donné au Châtelet, j’écrivais : « Depuis la période Lissner-Brossmann, on avait perdu l’habitude du lyrique, a fortiori du baroque, dans ce qui est redevenu le temple de la comédie musicale et de l’opérette. » C’est un constat, et sûrement pas un regret. J’ai ici même assez souvent cité et loué Jean-Luc Choplin qui, contre vents et tempêtes de la bien-pensance, avait ressuscité l’histoire des lieux, avec une provocation réjouissante – son premier spectacle était Le chanteur de Mexico !. Choplin est ensuite parti à Marigny, et lorsque le théâtre a changé de propriétaire, il est parti quelques centaines de mètres plus loin, redonner une nouvelle vie à un lieu mythique de la nuit parisienne, le Lido.

Jusqu’à hier soir, je n’avais jamais mis les pieds au Lido, le cabaret. Je me rappelle juste un magasin de disques qui le jouxtait, où les prix étaient plus élevés qu’ailleurs, mais on m’avait répondu une fois que l’adresse (les Champs-Elysées) se payait !

J’ai passé une excellente soirée, non sans avoir relevé – on n’oublie pas son passé professionnel – la qualité de l’accueil, des vigiles dans le couloir d’entrée ou dans la salle, à tout un personnel très paritaire, jeune, souriant et diligent. Seul bémol qu’on a déjà dû signaler maintes fois au maître des lieux : le sous-dimensionnement évident des toilettes !

Un bravo particulier aux excellents musiciens qu’on ne voit pas ici sur ce teaser mais qui sont bien placés en surplomb de la scène.

Rappel : je rappelle que j’ai, parallèlement à ce blog, une sorte de « diary », de journal où je consigne humeurs, réactions, séquences de vie : brevesdeblog

La mort de JFK, Orlando au musée

Retour sur ce jeudi 23 janvier (lire brevesdeblog)

Le JFK français

J’ai quelquefois brièvement approché et salué Jean-François Kahn, disparu hier. La dernière fois c’était pour célébrer les 25 ans de l’émission de Benoît Duteurtre Etonnez-moi Benoît à Radio France. Je l’avais trouvé physiquement fatigué, mais dès qu’un micro s’ouvrait, le visage, la parole s’animaient comme je les avais toujours connues.

Dans tous les articles qu’on lui a consacrés, on évoque sa passion pour la chanson française, mais JFK avait une connaissance encyclopédique de la musique, et pas seulement de la chanson.

Réécouter absolument cette émission de France Musique du 19 juin 2021 : Jean-François Kahn et Benoît Duteurtre

On veut imaginer que ces deux-là qui s’aimaient se retrouvent maintenant là où ils sont pour poursuivre une complicité que la mort ne peut éteindre.

L’un des très beaux hommages rendus à notre JFK français, est de la plume de l’ami Joseph Macé-Scaron

« Généreux dans tous les domaines, il ne se contentait pas de prodiguer des conseils. D’ailleurs, l’âge venant, il aimait répéter la phrase de Vauvenargues : «Les conseils de la vieillesse éclairent sans réchauffer comme le soleil d’hiver». Il aura influencé tant de journalistes qu’il est impossible de tous les citer (Franz-Olivier Giesbert, Éric Zemmour, Laurent Joffrin, Elisabeth Lévy, Natacha Polony…). Avec bon nombre d’entre eux, il se sera fâché, puis réconcilié, avant de s’engueuler à nouveau. Encore et toujours frotter sa cervelle à celle des autres, sa passion constante« 

J’ai beaucoup lu les essais de Jean-François Kahn, j’ai lu et me suis même abonné à L’événement du jeudi, puis à Marianne, lorsqu’il en était le directeur. Le premier a disparu, le second a mal tourné.

Dois-je verser dans une pré-nostalgie ? Ceux qui comme moi pleurent aujourd’hui Jean-François Kahn ont naguère pleuré celle de Jean-François Revel, et doivent bien constater que lorsque les octogénaires Philippe Labro, Alain Duhamel, Catherine Nay ou Michèle Cotta, et le guère plus jeune Franz-Olivier Giesbert auront disparu (et comme le disait le général de Gaulle lors de l’une de ses célèbres conférences de presse « ça ne manquera pas d’arriver » !), notre paysage culturel, intellectuel, et journalistique, sera bien dépeuplé.

Les nus de Suzanne

J’ai eu la chance de visiter l’exposition que propose le Centre Pompidou, l’une des dernières avant sa fermeture pour (longs) travaux en septembre), autour de la figure de Suzanne Valadon (1865-1938). Je dois bien avouer que l’artiste ne m’avait intéressé qu’occasionnellement et que je n’y avais porté qu’une attention distraite à l’occasion de mes visites de musée. La rétrospective qui est proposée à Beaubourg a, sinon changé ma perception de son oeuvre, du moins actualisé ma connaissance d’une personnalité finalement assez singulière.

Suzanne Valadon : La chambre bleue (1923)

Valadon : Autoportrait

Suzanne Valadon consacré plusieurs toiles à sa famille, sa mère, mais aussi son amant André Uttar, son fils Maurice Utrillo (1883-1955)

Deux toiles à consonance musicale, dont le célèbre portrait d’Erik Satie (1893), avec qui Valadon entretint une brève et tumultueuse liaison, qui laissa le compositeur dévasté et lui fit écrire ses extraordinaires Vexations… qui furent l’une des attractions du festival Radio France en 1995, comme le relate un article du New York Times (on trouve vraiment de tout sur la Toile !)

Suzanne Valadon doit aussi sa réputation et son originalité au nombre de nus féminins qu’elle a peints, des nus éloignés de toute préoccupation esthétique, qui parfois se rapprochent de ceux de Degas ou Toulouse-Lautrec. Seule exception, dans cette exposition, à la profusion de nudité féminine, cette grande toile qui représente le même personnage, en l’occurrence le compagnon de Valadon, André Utter, dans trois postures différentes. On nous dit que la peintre, craignant d’être refusée à un salon, a pudiquement masqué le sexe de son amant derrière le filet de pêche !

Un opéra au musée

Après le Centre Pompidou, direction le Châtelet pour la première d’Orlando de Haendel, dirigée par Christophe Rousset à la tête de ses Talens lyriques, dans une mise en scène de Jeanne Desoubeaux.

À lire ma critique sur Bachtrack : Orlando passe la nuit au musée au Châtelet

Monuments

J’ai déjà écrit ici, à l’occasion du décès d’une personnalité, ou d’un événement marquant, ma réticence à me mêler à l’émotion ou à l’admiration collectives et leur caractère automatique sur les réseaux sociaux (ah ces « RIP » qui nous envahissent… sans souvent que leurs auteurs sachent ce que cet acronyme signifie !)

Si je remonte le temps de ma semaine écoulée, j’ai été servi en monuments qu’il est convenu, convenable, d’admirer.

Nos meilleurs vieux : Zubin Mehta et Pinchas Zukerman

Trois semaines après le concert du Nouvel an, l’orchestre philharmonique de Vienne (183 ans d’existence) faisait halte au théâtre des Champs-Elysées avec une affiche qui ne pouvait manquer d’impressionner : le violoniste Pinchas Zukerman – 76 ans – et le chef d’orchestre Zubin Mehta – 88 ans – rescapé d’un cancer qui l’avait sévèrement secoué il y a sept ans. La critique de ce concert est parue sur Bachtrack. : Le rendez-vous de la nostalgie

Mais pour ces seules images, je devais y être

Il est tout de même rare dans un vie de mélomane de pouvoir entendre une oeuvre, la 9e symphonie de Bruckner, qu’on a découverte avec une version enregistrée par le même chef et le même orchestre… il y a 60 ans !

Le monument David Lynch

Mercredi on apprenait la mort de David Lynch… un monument du cinéma !

Oserai-je reprendre le texte que j’avais écrit à la mort de Jean-Luc Godard ? Vous remplacez Godard par Lynch… et ça marche !

« Le monument Godard

Ce n’est pas surprenant, mais ça reste agaçant : Jean-Luc Godard meurt et tous les médias, sans exception, balancent les mêmes titres, les mêmes clichés, que tout le monde reprend sur les réseaux sociaux. Pour ne pas être pris au dépourvu, on cite les trois ou quatre films qu’on se doit d’avoir vus : A bout de souffle, Pierrot le fou, Le Mépris (ah les fesses de Bardot !), Détective (pour et parce ce que Johnny). On évoque sa personnalité, ses écrits, bref un monument qu’on est prié d’admirer.

Un ami avouait sur Facebook : « Je ne suis jamais parvenu à voir un film de Godard jusqu’au bout. Ceci n’est pas un jugement de valeur mais un constat personnel. Son univers m’ennuie terriblement, profondément… » J’ai fait l’effort, quant à moi, pour les quatre films cités plus haut, et même quelques autres (La Chinoise, Prénom Carmen…). Vaines tentatives. » (JPR, 15 septembre 2022)

Pour être tout de même sur une note positive, j’ai bien aimé Lost Highway et Mulholland Drive.

Pourquoi pas une renarde en français ?

J’adore Janáček inconditionnellement. Aussi ai-je été particulièrement heureux de chroniquer la reprise à l’Opéra Bastille de La petite renarde rusée pour Bachtrack : lire Le bestiaire enchanté de Janacek.

(Photo Vincent Pontet / Opéra de Paris)

(Photo Vincent Pontet / Opéra de Paris)

Il y a l’embarras du choix pour les grandes versions. Préférence pour cette extraordinaire collection enregistrée par Charles Mackerras avec les Viennois

Mais il existe aussi des suites d’orchestre tirées des opéras de Janacek, et celle que Vaclav Neumann avait réalisée de La petite renarde est particulièrement réussie

Il y a dix ans la Philharmonie

Deux mois après celle de l’Auditorium et du studio 104 de Radio France (lire L’inauguration), c’était, le 14 janvier 2015, l’inauguration de la Philharmonie de Paris. J’y étais et je l’ai raconté : Philharmonie

(Photo JPR)

« On nous a demandé d’arriver bien à l’avance. L’inauguration de la Philharmonie de Paris doit être faite par le Président de la République et la Maire de Paris. Les alentours du grand vaisseau conçu par Jean Nouvel sur le vaste site du Parc de la Villette sont noirs de forces de l’ordre, mais personne ne songerait à s’en plaindre.

L’entrée est accessible par des escaliers mécaniques… déjà en panne ! Une joyeuse cohue est bloquée, dans le vent et la pluie qui commence à tomber, par une malheureuse employée qui tente de réguler le flot d’invités. Résistance de courte durée, un ancien ministre donne le signal de l’engouffrement, on a disposé six portiques de sécurité, pas sûr de leur efficacité.. Mais il y a peu de risques que le tout Paris qui se presse ait des intentions nuisibles.

On est d’abord guidé vers la salle de répétition au niveau inférieur, où il était prévu que, faisant d’une pierre deux coups, François Hollande présente ses voeux au monde de la Culture. La cérémonie a été maintenue, mais prend évidemment un autre caractère. Beaucoup de têtes connues, de collègues, d’amis (comme ceux que Le Figaro a épinglés dans son supplément Figaroscope du jour : http://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2015/01/14/30004-20150114ARTFIG00039-les-13-figures-du-classique-a-paris.php). On nous prévient que le Président, revenant de Toulon où il a présenté ses voeux aux Armées, aura un peu de retard.

L’émotion est palpable lorsque, tour à tour, Laurent Bayle qui a porté à bout de bras et de forces cet incroyable projet, Anne Hidalgo la Maire de Paris, puis François Hollande s’expriment.

Tous disent que la Culture, et ce soir la Musique, sont la seule réponse à l’obscurantisme, au terrorisme, au fanatisme. Le Président décoche quelques traits en direction des « esprits chagrins », les mêmes qui critiquent, dénoncent, regrettent, avant de s’approprier le succès. On regrette que Jean Nouvel ait boudé cette inauguration. Eternelle question : fallait-il attendre que tout soit prêt, terminé, réglé, pour ouvrir cette salle ? C’était la même qui s’était posée pour l’inauguration de l’Auditorium de la Maison de la radio. Dans un cas comme dans l’autre, il y a encore beaucoup à faire, plusieurs mois de travaux, mais les lieux existent, enfin, et c’est heureux pour les artistes et pour le public.

Première impression visuelle, une fois qu’on est parvenu à trouver la bonne entrée, le bon étage, le bon siège (les derniers ont été installés le jour même !), c’est chaleureux, enveloppant.

Le concert commence avec une bonne demi heure de retard, et d’une manière inattendue : une longue ovation salue l’arrivée au premier rang du balcon de François Hollande et de Manuel Valls. 

L’Orchestre de Paris prend place, Paavo Järvi dirige un programme un peu hétéroclite, mais destiné à mettre en valeur les qualités acoustiques et artistiques du lieu et des interprètes. Une courte pièce de Varèse qui parodie l’accord d’un orchestre, Sur le même accord de Dutilleux – avec Renaud Capuçon -, des extraits du Requiem de Fauré qui prennent une résonance particulière une semaine après la tuerie de Charlie Hebdo (avec Mathias Goerne et Sabine Devieilhe), le concerto en sol de Ravel par Hélène Grimaud, tout de blanc vêtue. L’entracte arrive vers 22 h 30. On en profitera pour parcourir les étages supérieurs, de vastes coursives désertes, inachevées, avec vue imprenable sur le périphérique

Le concert reprend à 23 h bien sonnées, on imagine qu’une bonne partie de la salle, le Président, le Premier ministre, se sont esquivés. On a tort, ils sont tous là jusqu’au bout, à l’exception d’un ancien ministre de la Culture… La seconde partie s’ouvre par la création du Concerto pour orchestre de Thierry Escaich, qui m’a confié s’être beaucoup investi dans cette oeuvre d’une trentaine de minutes. Le public apprécie, applaudit chaleureusement compositeur et musiciens. Et, comme à Radio France le 14 novembre, la soirée s’achève avec l’incontournable 2e suite de Daphnis et Chloé de Ravel. 

On retrouve les artistes, les équipes de la Philharmonie, Laurent Bayle enfin soulagé, quelques collègues… et le Premier Ministre et son épouse pour partager un dernier verre. Les pronostics vont bon train : la nouvelle salle va attirer le public, de nouveaux publics sans doute. On le lui souhaite. D’ailleurs l’Orchestre Philharmonique de Radio France y sera le 26 janvier, pour la création du Concerto pour violon de Pascal Dusapin » (15 janvier 2015)

La Philharmonie aujourd’hui

Le public – c’était une soirée réservée aux moins de 28 ans ! – se presse vers la Philharmonie (jeudi 9 janvier 2025)

Je ne compte plus mes visites à la Philharmonie depuis dix ans. J’y serai ce mardi soir pour le concert de l’Orchestre national d’Ile-de-France (l’ONDIF comme on dit !) et son jeune chef américain, Case Scaglione, que je n’ai pas encore eu l’occasion d’entendre « live ». J’y étais jeudi dernier pour un formidable – un de plus – concert de l’Orchestre de Paris et Klaus Mäkelä. Lire mon compte-rendu cinq étoiles sur Bachtrack: Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris exaltent l’esprit français à la Philharmonie.

C’est peu dire qu’en dix ans la Philharmonie, enfantée dans la douleur, est devenue un pilier essentiel de la vie musicale nationale, complétant ô combien la Cité de la Musique inaugurée elle, il y a trente ans (pensée pour Brigitte Marger, disparue en décembre dernier, qui en fut la première directrice). Les beaux esprits pensaient impossible d’attirer le public parisien, de le renouveler, en des lieux aussi excentrés que la Philharmonie au nord-est et la Maison de la Radio au sud-ouest de Paris. Défi relevé, pari réussi !