Quand les sondages ont tort

Les soirées électorales se suivent… et se ressemblent.

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À entendre la grande majorité des intervenants sur les plateaux de télévision, c’est toujours la même musique : les électeurs ont quand même un culot incroyable, puisqu’ils démentent les sondages !

Et toutes les analyses de se faire non pas à partir de la réalité sortie des urnes, mais en rapport avec les sondages. On parle ainsi de victoire « inespérée », « inattendue » des Verts – mais par rapport à quoi? à ce qu’annonçaient les fameux sondages ! -, d’effondrement des Républicains – mais, pire encore, par rapport aux espérances trompettées par les soutiens de M. Bellamy, avec le soutien de médias importants !

Et puis bien sûr le « triomphe » de Marine Le Pen, « l’échec » d’Emmanuel Macron, etc. Résultat final, l’écart entre les deux listes n’est que de 0,9 % !

En politique, il vaut mieux éviter d’avoir la mémoire courte. La comparaison des résultats de 2014 et 2019 est édifiante et devrait inciter les responsables politiques et ceux qui font profession de journalisme à un peu plus d’exigence et de rigueur :

2014 :
François Hollande est président de la République
Abstention 57,57 %
Votants 42,43%

Front National 24,86%  24 sièges
UMP 20,81    20
Union de la Gauche 13,98  13
Union du Centre 9,94 7
Europe Écologie – Les Verts 8,95 6
Front de Gauche 6,33 3
Divers gauche 3,18 1
Total sièges 74

2019
Abstention 49,27 %
Votants 50,73

Rassemblement national 23,31% 23 sièges
La République en marche, Modem  22,41 23
Europe Écologie – Les Verts 13,47 13
Les Républicains (LR) 8,48 8
La France Insoumise (LFI) 6,31 6
Parti socialiste 6,19 6
Total sièges 79 (après que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne !)

De même, lorsqu’on voit la composition du prochain parlement européen, il y a de quoi se réjouir que, dans la plupart des pays européens, les électeurs aient déjoué les prévisions des sondages… Les pro-européens ont gagné cette élection, les extrêmes sont loin de triompher !

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Il y a cinq ans, j’écrivais ceci : Changer

Je n’ai pas reconnu ma France hier soir.

Mais je ne me sens pas le droit d’insulter ces compatriotes qui ont mis beaucoup d’ombre sur le bleu de notre drapeau tricolore. Ni d’insulter qui que ce soit d’autre d’ailleurs. À un choc pareil, très largement irrationnel, dé-raisonnable, on n’oppose pas l’invective ou le mépris. On essaie de comprendre, et je ne suis pas loin de penser, comme plusieurs analystes l’ont fait remarquer hier soir, que depuis le 21 avril 2002 – pour rappel, l’élimination du candidat socialiste Lionel Jospin au 1er tour de l’élection présidentielle, et la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen face au président sortant Jacques Chirac –  on n’a tiré aucun enseignement, on n’a rien changé au logiciel politique français. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, comment s’étonner que triomphe la seule parole qui s’adresse à ces millions d’électeurs déboussolés, désarçonnés, révoltés, en leur promettant des lendemains qui chantent ? L’invocation de l’Histoire, la mémoire de ses horreurs, n’ont aucun poids, quand on n’a pour horizon que son malheur quotidien.

La parole publique doit changer, les hommes et les femmes de culture doivent changer, les politiques doivent  changer. Sortir de leur entre-soi, de leurs conventions, de leurs lamentations.

Il y a bientôt 25 ans, tous nos frères d’Europe orientale ont cru de toutes leurs forces que la liberté était possible, pour peu qu’on la veuille, que le changement était possible, pour peu qu’on le veuille. A-t-on déjà oublié la dernière Révolution du siècle passé ? (26 mai 2014)

Le seul changement intervenu depuis cinq ans, c’est effectivement l’éparpillement façon puzzle – pour paraphraser Michel Audiard dans Les Tontons flingueurs – qu’a provoqué l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Mais les raisons du succès de l’extrême droite, elles, n’ont pas changé…

 

 

 

Quand on s’promène au bord de l’eau

Dans La belle équipe (1936), Jean Gabin se promène le dimanche au bord de la Marne du côté de Nogent.

C’est pourtant un autre paysage qu’enfant il a fréquenté, les rives de l’Oise, à Mériel. Aussi sympathiques que soient les méandres de la Marne, je préfère le cours paisible de l’Oise qui, de L’Isle-Adam à Pontoise, offre au promeneur pédestre ou cycliste d’admirables points de vue. Certes les crues de la rivière peuvent être ravageuses et les anciens prenaient bien garde de ne rien construire sur les berges, hors des cabanes de pêche…

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Je ne pouvais pas, me promenant ce dimanche au bord de l’Oise, ne pas penser à la célèbre scène, et à la tout aussi célèbre chanson, du film de Duvivier. Hier soir entrant dans l’appartement où était prévue une soirée d’anniversaire – les enfants de Patrice G. nous avaient demandé de garder le secret et d’arriver à l’avance – je salue des amis de toujours, plus vus depuis un certain temps, et je leur raconte que j’arrive de ma maison située à cent mètres de celle de la jeune Yvonne Printemps et à trois cents de celle où Jean Moncorgé dit Gabin passa son enfance et son adolescence au 34 de la Grand Rue de Mériel.

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J’avais à peine terminé mon propos que se tourne vers notre groupe un homme de belle prestance, qui ressemble tellement à Jean Gabin que c’en est saisissant !… C’est bien Mathias Moncorgé, l’aîné des trois enfants de l’acteur décédé en 1976. Il sera bientôt rejoint par son fils, Alexis, qui a embrassé la vocation de son grand-père au théâtre.

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Le fils de Jean Gabin préside la Société des amis du Musée de Mériel et m’annonce sa prochaine extension au rez-de-chaussée d’un bâtiment municipal où seul le premier étage était consacré à celui qui incarna, entre autres, le commissaire Maigret cher à Simenon. Non seulement la ressemblance physique est saisissante, mais le timbre de voix, l’élocution sont ceux du père.

Mathias Moncorgé se plaignant de l’absence de bonnes tables dans la commune même de Mériel, je lui conseille, soutenu par Jacques S. à qui on ne la fait pas (en cette matière comme en d’autres), l’Auberge Ravoux à Auvers-sur-Oise où j’ai mes habitudes et dont la table et la cave sont plus qu’à la hauteur de la réputation historique de l’établissement (c’est là que Vincent Van Gogh vécut les derniers mois de sa brève existence et y rendit son dernier soupir).

La conversation roule sur la filmographie de Jean Gabin, que le fils connaît par coeur, dans tous ses détails. Jacques S. lui aussi, mais il cale sur le nom d’une actrice qui joue dans un film de Gilles Grangier de 1969, Sous le signe du taureau (« pas un des meilleurs » selon Mathias Moncorgé) : Colette Deréal. Je ne crois pas avoir déjà vu le film. Même moyen, avec Gabin, et un dialogue signé Audiard, c’est à voir…

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