Le Choeur et l’Orchestre de Paris dirigés par Alain Altinoglu à la Philharmonie le 17 décembre 2025 (Photo JPR)
Il y avait d’abord… une création, la première audition publique de Semiramis, les esquisses d’une cantate que Ravel avait prévu de présenter pour le Prix de Rome en 1902. Lire la note très complète que publie le site raveledition.com.
Ici la création à New York, de la première partie – Prélude et danse
Mais le clou de cette soirée parisienne, ce fut l’intégrale de Daphnis et Chloé, une partition magistrale, essentielle, qu’on entend trop peu souvent en concert. Je lui avais consacré un billet en mars dernier (Ravel #150 : Daphnis et Chloé) en y confiant mes références, qui n’ont guère changé. Mais j’ai un peu revisité ma discothèque, où j’ai trouvé 24 versions différentes, qui ont toutes leurs mérites – il est rare qu’on se lance dans l’enregistrement d’une telle oeuvre si l’on n’a pas au moins quelques affinités avec elle ! Je ne vais pas les passer toutes en revue, mais m’arrêter seulement à celles qui, en plus des versions déjà citées comme mes références, attirent l’oreille.
Le compositeur le plus écouté au monde, grâce au concert du Nouvel an diffusé chaque année en direct de Vienne, Johann Strauss, est né le 25 octobre 1825. Après une revue de valses, qu’en est-il de ses ouvrages lyriques, de ses opérettes, qu’il n’a composées que sur le tard, après avoir vu l’incroyable succès d’Offenbach à Vienne ?
Je n’ai quasiment rien à changer à l’article que j’écrivais ici il y a une dizaine d’années : Revue de chauves-souris. Personne n’a jamais égalé la version si viennoise de Karajan en 1959
Quatre versions en DVD, à commencer par celle de Carlos Kleiber qui dispose du meilleur Orlofsky qui soit, Brigitte Fassbaender, alors que la version CD est plombée par la présence ridicule d’Ivan Rebroff !
Quant à Rosalinde travestie en fausse comtesse hongroise, on craque toujours pour Gundula Janowitz (et la version Böhm en CD et DVD)
Du Baron tzigane, c’est étrangement une version quasiment inconnue, jamais distribuée en France, qui tient le haut du pavé. Distribution parfaite, direction idéale d’un chef admirable et bien oublié, Heinrich Hollreiser (1913-2006).
Une belle alternative à cette version introuvable est celle de Willi Boskovsky, avec un cast exceptionnel :
J’ai évidemment une tendresse pour cette dernière version. J’étais dans la salle du Corum à Montpellier le 11 juillet 2004 dans le cadre du festival Radio France. Armin Jordan dirigeait l’Orchestre national de France, avec une équipe de chanteurs assez inégale, mais le chef transcendait musiciens et chanteurs.
Je renvoie à l’article – Une nuit à Venise -que j’avais consacré à cette opérette créée en 1883, l’année de la mort de Wagner… à Venise, après avoir vu un merveilleux spectacle à l’Opéra de Lyon en 2016, dirigé par un jeune chef qui débutait alors dans la maison et qui a depuis fait la carrière que l’on sait, Daniele Rustioni.
Je renvoie aussi à mon précédent article (Un bouquet de Strauss : dix valses) où j’évoque la valse de la lagune qui reprend les principaux thèmes de l’opérette, et en particulier ce merveilleux air de ténor :
Et encore cet extrait qui donnera raison à ceux qui ne supportent pas l’extrême sophistication que met Elisabeth Schwarzkopf dans un rôle de…poissonnière !
Pour une fois, c’est une valse qui donne naissance à une opérette : Wiener Blut (que j’aurais pu placer parmi mes dix valses favorites) est une pièce composée en 1873, et ce sera une opérette reconstituée par Adolf Müller à partir de partitions de Johann Strauss, créée à Vienne quatre mois après la disparition du compositeur, le 26 octobre 1899.
Ici aucune contestation possible quant à « la » version de référence.
J’ai déjà raconté ici (France Musique, fortes têtes), lorsque j’ai appris le décès de Jean-Michel Damian, ce moment inoubliable de radio que fut la journée du 23 décembre 1995 pour les 80 ans d’Elisabeth Schwarzkopf : la cantatrice avait avoué devant une salle comble (le studio 104 ancienne manière de Radio France) que son enregistrement préféré était justement ce Wiener Blut, et ce duo avec Nicolai Gedda (fait en une seule prise miraculeuse). Frissons garantis à 1’17 »
On retrouve le même fabuleux Nicolai Gedda une vingtaine d’années plus tard dans l’équipe rassemblée par Willi Boskovsky
(Ackermann 1953, Bibl, Boskovsky 1975)
On conseille vivement un coffret de belle qualité :
Voix du printemps
Comme on le précisait dans le premier volet de cette série (Dix valses), beaucoup des valses de Johann Strauss étaient destinées à être chantées soit par un choeur, soit par une chanteuse en vue. Nulle n’a mieux incarné l’esprit viennois qu’ Hilde Gueden (1917-1988)
Même si ce n’est pas de Johann, mais de Josef Strauss, on ne résiste pas à ces Hirondelles d’Autriche
On ne peut en dire autant du seul concert de Nouvel an que dirigea Karajan, le 1er janvier 1987.
Vendredi dernier, j’étais au Théâtre des Champs-Elysées pour applaudir surtout Joyce DiDonato, comme je l’ai écrit pour Bachtrack (Joyce DiDonato rehausse le concert du National). J’avais tenté le titre : Joyce DiDonato sur le pont pour Alma Mahler, pour souligner le fait que la vraie réussite de ce concert était l’interprétation par la chanteuse américaine d’un bouquet de mélodies d’Alma Mahler, et accessoirement que le pont… de l’Alma est voisin de la salle de l’avenue Montaigne.
Dans mon article, je n’ai pas pu reproduire tous les extraits d’une lettre que cite Hélène Cao dans son texte de présentation. C’est le 19 décembre 1901, deux mois avant leur mariage, que Gustav Mahler envoie ceci à Alma : « Tu n’as désormais qu’une seule profession – me rendre heureux ! Je sais bien que tu dois être heureuse (grâce à moi !) pour me rendre heureux. Mais les rôles dans ce spectacle qui pourrait devenir une comédie aussi bien qu’une tragédie (ni l’un ni l’autre ne serait juste) doivent être bien distribués. Et celui du « compositeur », de celui qui « travaille », m’incombe. Le tien est celui du compagnon aimant, du camarade compréhensif » . Sacré macho le père Gustav ! On comprend mieux pourquoi le compositeur n’a pas fait grand chose pour soutenir et diffuser les oeuvres de sa jeune épouse. C’est en 2003 seulement que Jorma Panula orchestre les Lieder qu’on a entendus vendredi soir… et c’est du pur Mahler !
J’avais depuis longtemps un autre disque, que je n’avais écouté que distraitement… à tort !
Une musique à écouter assurément !
Hommage
Je viens d’apprendre le décès à 80 ans d’un personnage – André Piguet – que j’ai connu il y a une trentaine d’années comme un membre très actif des Amis de l’Orchestre de la Suisse romande, et retrouvé, toujours aussi pointu et amical, lorsque j’ai fait une brève mission auprès de l’OSR il y a neuf ans (lire Nouveaux publics).
Il était rugueux, détonnant dans le milieu genevois si policé, et passionné. Je découvre, à l’occasion de son décès, qu’il est l’auteur d’un ouvrage que je vais m’empresser d’acheter. La présentation qu’il en fait lui-même dit assez la force de son caractère. Hommage !
« Des milliers de concerts à son actif, un public fervent, une riche discographie, une large reconnaissance internationale, un partenariat organique avec le Grand Théâtre, des appuis convergents confirmés dans le temps : l’OSR peut paraître inébranlable. Pour beaucoup, il fait partie du paysage culturel, tout comme le Cervin est inscrit dans le ciel de Zermatt.Le mélomane ne saurait céder à l’endormissement, dans la confortable certitude de sa pérennité. La lucidité commande de le considérer comme un miracle permanent…«
André Piguet et moi – et nous n’étions pas les seuls dans ce cas ! – partagions une passion jamais émoussée pour notre cher Armin Jordan
Dans mes prochaines brèves de blog humeurs et impressions après les récentes séquences politiques.
Je pense qu’elle détient le record des occurrences sur ce blog. Pas moins de 66 articles où elle est citée, et une bonne moitié qui lui est consacrée : Martha Argerich habite ce blog comme elle habite ma vie.
C’est dire si la une du numéro de septembre de Diapason, l’annonce d’une « interview exclusive », avaient de quoi m’allécher. Le terme « interview » est déjà impropre, puisqu’il s’agit plutôt d’une conversation enregistrée telle quelle, ce qui est sympathique et restitue assez bien ce qui se passe lorsqu’on a la chance de partager un moment avec la pianiste. Mais vraiment, est-il encore nécessaire d’aligner les clichés qui s’attachent depuis toujours à cette grande musicienne (« la lionne », la « reine », etc.) ? À 84 ans, Martha Argerich est toujours dans une forme époustouflante. On ne peut que lui/nous souhaiter que cela dure..
Cela me rappelle un heureux et cruel souvenir, que j’avais déjà raconté dans une précédente édition de ce blog. En 1987 (lire Martha Argerich à Tokyo), j’ai la chance d’accompagner l’Orchestre de la Suisse romande dans une grande tournée au Japon et en Californie. Les solistes en sont Martha Argerich et Gidon Kremer, excusez du peu. La Radio suisse romande me demande de faire régulièrement le point sur cette tournée dans les émissions d’Espace 2. On m’a dit avant de partir que Martha n’accepte aucune interview, mais n’étant pas journaliste, je me dis que je n’ai rien à risquer à lui demander si elle accepterait de me dire quelques mots, au moins pour illustrer mes billets. Elle accepte, sans hésiter, un soir de relâche, de me consacrer du temps. Elle me donne rendez-vous à minuit dans le hall de l’hôtel à Tokyo, de retour d’un dîner auquel elle doit assister. A minuit, je suis en place avec mon « nagra », je vois défiler quantité de musiciens de l’OSR, surpris de me voir là à cette heure tardive : je leur dis attendre Martha pour une interview… Je ne compte pas les sourires narquois et les allusions parfois douteuses qui me répondent… Vingt bonnes minutes plus tard, c’est Gidon Kremer qui s’avance vers moi : « Je sais que vous attendez Martha, ne vous inquiétez pas, elle arrive, nous rentrons juste de dîner ».
En effet, fraîche comme une rose, elle se pose quelques minutes plus tard de l’autre côté de la table basse. Je m’assure qu’elle accepte bien d’être enregistrée, et pour ma première interview, je me lance et lui pose toutes les questions qui me viennent à l’esprit. A 2h30, je suis obligé de mettre fin à la conversation, je n’ai plus de bande… Deux heures d’interview exclusive avec Martha Argerich, je ne suis pas peu fier de l’exploit. Le lendemain, je m’assure, avec les responsables de l’orchestre, que la bande peut être envoyée par avion à Genève, où la radio pourra choisir un extrait pour ses bulletins d’information et la matinale d’Espace 2, en attendant le traitement et le montage pour une diffusion intégrale de l’interview à mon retour de tournée. En effet, radio et télé suisses donnent un large écho à la tournée, à l’OSR et à Martha, dont il n’existait jusqu’alors aucun document « audio » de sa voix. Lorsque je rentre quelques semaines plus tard, je m’enquiers de la précieuse bande et je m’entends répondre : « Merci, on a pris les extraits qui nous intéressaient pour l’info, mais on ne l’a pas gardée ni archivée ». Voici comment 2 heures exclusives d’entretien avec Martha Argerich ont fini à la poubelle…
La dernière fois que j’ai entendu Martha Argerich en concert, c’était dans le concerto de Schumann, j’en ai rendu compte pour Bachtrack : « Devant une Philharmonie archi-comble, la légendaire pianiste s’avance à pas précautionneux, cherchant le bras du chef Antonio Pappano, adapte la hauteur de son siège. Les mains noueuses trahissent l’âge de l’interprète, on perçoit d’abord comme une hésitation devant le clavier. Et soudain le miracle opère : la pianiste argentine semble littéralement réinventer cette œuvre qu’elle fréquente pourtant depuis si longtemps, ces très subtils rubatos, cet art d’énoncer un thème, une mélodie, avec la simplicité, l’évidence qui n’est qu’aux grands. Le fabuleux équilibre des deux mains, cette manière unique de faire sonner les lignes intermédiaires, avec par-ci par-là un coup de griffe, un accent inattendu, c’est la marque Argerich.«
Paui Lecocq et Clara Haskil
Je n’avais jamais entendu parler du concours Clara Haskil dans les journaux de France Inter, mais il a suffi qu’un Français, le jeune Paul Lecocq, soit choisi comme le lauréat de la 31e édition, pour que les médias « généralistes » l’évoquent, avec les approximations d’usage- on ne remporte pas un concours grâce à un concerto (Paul Lecocq aurait gagné son prix avec le 3e concerto de Beethoven !). Peu importe,
Je ne connais pas ce garçon, mais ce que j’entends dans ce concerto de Beethoven, qui est loin d’être le plus évident pour ses interprètes, chef comme soliste, me donne envie d’en entendre plus. Parce que l’histoire du concours Clara Haskil atteste que les jurys successifs de cette compétition ont toujours privilégié les musiciens aux broyeurs d’ivoire. La liste des lauréats depuis 1963 est éclairante. Quatre Français parmi eux, Michel Dalberto (1975), Delphine Bardin (1997), Adam Laloum (2009) et maintenant Paul Lecocq au même âge (20 ans) que Michel Dalberto, cinquante ans après lui.
Les pianistes musiciens
La seule question qui vaille, on l’a déjà posée ici à maintes reprises (Le piano qu’on aime), est : pourquoi retient-on, écoute-t-on tel pianiste plutôt que tel autre? Et on ajoute, avec ce qu’il faut de nostalgie : pourquoi y a-t-il aujourd’hui si peu d’artistes, de musiciens, qui osent l’originalité, l’affirmation d’une personnalité ? C’est vrai dans toutes les disciplines. Affaire d’enseignement ? de transmission ? de temps pour se développer, apprendre, se cultiver tout simplement ?
Un exemple : j’ai cité récemment le dernier disque d’Aurélien Pontier (lire Une journée à Paris) qui regroupe des pièces que les grands pianistes du siècle passé aimaient jouer en bis, pour épater le public qui en redemandait, d’une virtuosité qui n’existe que pour être transcendée. On peut féliciter le pianiste français de son audace et de l’originalité de son programme, remarquer aussi que tout cela est bien joué, très bien joué même, mais qu’il manque ce quelque chose d’impalpable, d’ineffable qu’y mettait par exemple un Shura Cherkassky.
J’ai plusieurs fois évoqué ici un pianiste que j’ai découvert un peu par hasard et qui ne m’a plus lâché depuis que j’ai acquis tout ce que j’ai pu trouver de et sur lui, Sergio Fiorentino (1927-1998) – lire L’autre pianiste italien.
L’éditeur Brilliant Classics a eu la formidable idée de regrouper dans un coffret unique ce legs inestimable, précieux, indispensable :
Pour les acheteurs éventuels, je signale que le site anglais prestomusic propose le coffret à 71,25 € alors que la FNAC l’annonce à 91€… Mystère toujours que ces différences de prix d’un pays à l’autre (même en tenant compte des frais de port)
On ne m’en voudra pas de remettre ici la version que je chéris entre toutes de la sonate D 960 de Schubert, l’absolue perfection de ce dernier mouvement sous les doigts de Sergio Fiorentino
Et, comme toujours, humeurs et réactions à lire sur mes brèves de blog
Hollywood, Malibu, Santa Monica, Beverly Hills… des lieux mythiques, des « quartiers » de l’immense cité des anges, Los Angeles. Mais Pasadena qui connaît ? J’ai un souvenir, à l’automne 1987, d’un trajet qui me parut très long, vers cette banlieue universitaire, où l’Orchestre de la Suisse romande et Armin Jordan devaient donner un concert à l’Auditorium de la ville.
J’évoque Pasadena parce qu’un petit éditeur anglais – First Hand Records – vient de publier, à quelques semaines d’intervalle, deux précieux coffrets, disponibles – ce n’est pas négligeable – à petit prix.
Ce cher Shura
Ceux qui me suivent savent mon admiration pour ce personnage hors normes, ce pianiste inclassable, qu’était Shura Cherkassky (1909-1995). C’est dire si je me suis précipité sur les 5 CD de ce coffret :
29 APRIL 1981 CD1 [74:09] Frédéric CHOPIN (1810–1849) 1. Ballade No. 1 in G minor, Op. 23 2. Nocturne No. 2 in E flat major, Op. 9, No. 2 3. Nocturne No. 15 in F minor, Op. 55, No. 1 4–5. Andante spianato et Grande Polonaise brillante in E flat major, Op. 22 Interval 6. Fantaisie in F minor, Op. 49 7. Impromptu No. 2 in F sharp major, Op. 36 8. Fantaisie-impromptu in C sharp minor, Op. 66 9. Scherzo No. 2 in B flat minor, Op. 31 Encores: 10. Nocturne No. 3 in B major, Op. 9, No. 3 11. Waltz No. 5 in A flat major, Op. 42, ‘Grande valse’
13 JANUARY 1982 CD2 [71:06] Jean-Baptiste LULLY (1632–1687) 1–5. Suite de Pièces Felix MENDELSSOHN (1809–1847) 6. Scherzo a Capriccio in F sharp minor, Op. 5 Pyotr Il’yich TCHAIKOVSKY (1840–1893) 7–10. Grand Sonata in G major, Op. 37 Interval Frédéric CHOPIN 11. Polonaise No. 7 in A flat major, Op. 61, ‘Polonaise-fantaisie’ 12. Ballade No. 4 in F minor, Op. 52
CD3 [72:19] Józef (Josef) HOFMANN (1876–1957) Charakterskizzen, Op. 40 (1908) 1. No. 4. Kaleidoskop Franz LISZT (1811–1886) 2. Réminiscences de Don Juan, S418 (1841) Encores: Shura CHERKASSKY (1909–1995) 3. Prélude pathétique (1922) Frédéric CHOPIN 4. Waltz No. 5 in A flat major, Op. 42, ‘Grande valse’ (1840) Recorded 18 NOVEMBER 1987 César FRANCK (1822–1890) 5–7. Prélude, Choral et Fugue, M. 21 (1884) Robert SCHUMANN (1810–1856) 8–28. Carnaval, Op. 9 (1834–35)
CD4 [53:26] Sergey RACHMANINOV (1873–1943) 1. Variations on a Theme of Corelli, Op. 42 (1931) Józef (Josef) HOFMANN Charakterskizzen, Op. 40 (1908) 2. No. 4. Kaleidoskop Frédéric CHOPIN 3. Nocturne No. 15 in F minor, Op. 55, No. 1 (1844) 4. Barcarolle in F sharp major, Op. 60 (1846) Franz LISZT 5. Valse de l’opéra Faust de Gounod, S407/R166 (1861) Encores: Isaac ALBÉNIZ (1860–1909) España, Op. 165 (1890) 6. II. Tango (arr. 1921 Leopold GODOWSKY (1870–1938)) RACHMANINOV 7. Polka de W.R. (arr. of Lachtäubchen, Scherzpolka, Op. 303 by Franz BEHR, 1837–1898) Pyotr Il’yich TCHAIKOVSKY The Seasons, Op. 37a (1876) 8. No. 10. October: Autumn Song Recorded 2 NOVEMBER 1989
CD5 [46:05] George Frideric HANDEL (1685–1759) 1. Keyboard Suite No. 5 in E Major, HWV 430 (1720): IV. Air and Variations, ‘The Harmonious Blacksmith’ Robert SCHUMANN Fantasy in C major, Op. 17 (1838) 2. III. Langsam getragen. Durchweg leise zu halten Interval Pyotr Il’yich TCHAIKOVSKY 6 Morceaux, Op. 19 (1873) 3. VI. Thème original et variations Sergey RACHMANINOV 7 Morceaux de salon, Op. 10 (1894) 4. III. Barcarolle in G minor Franz LISZT 5. Hungarian Rhapsody No. 2 in C sharp minor, S244/R106 (1847) Encores: Isaac ALBÉNIZ España, Op. 165 (1890) 6. II. Tango (arr. 1921 Leopold GODOWSKY (1870–1938))
On y entend, dans un son magnifiquement restitué, tout ce qui faisait l’art de ce pianiste : la variété du répertoire, l’originalité de l’approche, et le chic absolu de tous ses « bis », échos d’une époque définitivement révolue…
L’éditeur n’en est pas à son coup d’essai avec Shura Cherkassky, puisqu’il avait réédité ce double CD des enregistrements du pianiste pour His Master’s Voice
Claudio Arrau « live »
La plus récente parution au coeur de l’été est une formidable occasion d’entendre ce que donnait le grand pianiste chilien Claudio Arrau (1903-1991) en concert dans ses dernières années. Une fois de plus le « live » avec ses imperfections me paraît tellement plus éloquent que les disques de studio.
February 1977 CD1 [51:12] Ludwig van BEETHOVEN (1770–1827) 1–3. Piano Sonata No. 30 in E major, Op. 109 Franz LISZT (1811–1886) 4–7. Sonata in B minor, S178
CD2 [57:24] Johannes BRAHMS (1833–1897) 1–5. Piano Sonata No. 3 in F minor, Op. 5 10 February 1981 Ludwig van BEETHOVEN Piano Sonata No. 13 in E flat major, Op. 27, No. 1, ‘Quasi una fantasia’
CD3 [63:58] Robert SCHUMANN (1810–1856) 1–18. Symphonic Etudes, Op. 13 interval Claude DEBUSSY (1862–1918) 19–21. Estampes Frédéric CHOPIN (1810–1849) 22. Fantaisie in F minor, Op. 49
CD4 [71:31] Franz LISZT Années de pèlerinage, deuxième année – Italie, S161 1. Après une lecture du Dante, ‘Fantasia quasi Sonata’ 18 February 1986 Ludwig van BEETHOVEN 2–5. Piano Sonata No. 7 in D major, Op. 10, No. 3 6–8. Piano Sonata No. 23 in F minor, Op. 57, ‘Appassionata’
CD5 [45:20] 1–3. Piano Sonata No. 26 in E flat major, Op. 81a, ‘Les Adieux’ 4–6. Piano Sonata No. 21 in C major, Op. 53, ‘Waldstein’
On ne sait si c’est pour célébrer son 55e anniversaire le 10 juillet prochain ou pour clore un partenariat de plusieurs lustres* entre Decca et le ténor star Jonas Kaufmann, toujours est-il que paraît un coffret de 15 CD à prix très doux qui récapitule les grandes années du chanteur, avec quelques pépites qui méritent d’être signalées.
Je ne sais qui a choisi la photo de couverture, légèrement too much non ? Mais le fan club ne sera pas déçu !
CD 2Verismo Arias (Antonio Pappano / Accademia Nazionale di Santa Cecilia)
CD 3Romantic Arias (Marco Amiliato / Prague Philharmonic Orchestra)
CD 4-5Wagner Airs d’opéras + commentaires de J.K.
CD 6 Schubert, Die schöne Müllerin (Helmut Deutsch)
CD 7-8WeberOberon (en anglais) (John Eliot Gardiner, Orchestre révolutionnaire et romantique, Hillevi Martinpelto, Steve Davislim)
CD 9-10Beethoven Fidelio (Claudio Abbado, Lucerne Festival Orchestra, Nina Stemme)
CD 11-13HumperdinckKönigskinder (Armin Jordan, Orchestre national Montpellier)
CD 14-15VerdiRequiem (Daniel Barenboim, Scala, Anje Harteros, Elina Garanca, René Pape)
J’éprouve un attachement particulier pour le dernier enregistrement d’Armin Jordan un an avant sa mort en 2006. C’était à Montpellier, du temps où le Festival Radio France faisait, chaque année, découvrir au moins un ouvrage lyrique inconnu ou oublié. Un ténor de 35 ans, qui était encore loin d’être la star qu’il est devenu, participait à l’aventure de ces Königskinder / Les enfants du roi d’un compositeur qui n’est resté dans les mémoires que pour son « tube » Hänsel et Gretel, Engelbert Humperdinck (1854-1921).
Souvenir amusant à propos de ce « live ». En contact avec les responsables de la branche française (Accor) d’Universal – pour les disques réalisés avec l’OPRL et Louis Langrée – je leur avais suggéré, au moment où la notoriété de Kaufmann montait en puissance, de mettre en valeur la participation de ce dernier à ces Enfants du roi. Quelques mois plus tard on voyait ressortir l’enregistrement dans un nouvel habillage (lire la critique qu’en fit Forumopera). Le coffret Decca a repris la pochette d’origine.
(*lustre = période de cinq ans)
Le piano des antipodes
Je n’ai pas évoqué ici les résultats du dernier Concours Reine Elisabeth de Belgique : j’ai, en son temps, écrit tout ce que je pensais de ce concours en particulier, et plus généralement des concours pour jeunes musiciens : De l’utilité des concours. Mon ami Michel Stockhem qui ne peut pas être suspecté d’être défavorable au CMIREB (acronyme de Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique) a écrit le 1er juin sur Facebook un billet que je pourrais signer et que j’invite vivement à lire.
Jiaxin Min, éliminée du palmarès final !
Apparemment les résultats du dernier Concours Van Cliburn ont été plus convaincants. Le nom du vainqueur, Aristo Cham, me fait irrésistiblement penser aux… Aristochats et à cette séquence
Je veux évoquer ici un coffret de 11 CD proposé à moins de 50 € sur le site anglais prestomusic.com, qui dresse un passionnant panorama d’un concours de piano, qui est l’un des plus importants de l’hémisphère sud, celui de Sydney. L’édition de ce coffret est due au responsable de la collection Eloquence, lui-même australien, Cyrus Meher-Homji (lire Des chefs éloquents) La plupart des noms de lauréats me sont inconnus, et c’est justement l’occasion de sortir de « l’européocentrisme » dénoncé par Michel Stockhem, Et en regardant la liste, on a la surprise d’y retrouver le 1er prix du concours Reine Elisabeth 1999, le pianiste ukrainien Vitaly Samoshko, que j’ai eu le bonheur d’inviter plusieurs fois à Liège. Le monde est petit !
Autre coffret proposé par prestomusic.com, l’intégrale des quatuors de Beethoven par les Britanniques du quatuor Lindsay (1966-2005). Il ne va pas dépareiller ma discothèque où se trouvent déjà, sans ordre de préférence, les Amadeus, Artemis, Hongrois, Italiano, Berg, Cleveland, Emerson, Ysaye, pour ne citer que les intégrales.
Il est rare d’enchaîner deux soirées qu’on avait quelques craintes d’aborder – pour des raisons très différentes – et qui finalement vous comblent.
La Maréchale de Véronique Gens
Celle qui a si souvent chanté les tragédiennes baroques, des rôles rares dans des ouvrages méconnus – Véronique Gens était une invitée régulière du Festival Radio France à Montpellier – rêvait d’incarner la Maréchale du Chevalier à la rose de Richard Strauss. Michel Franck, pour sa dernière production comme directeur du théâtre des Champs-Elysées, lui a offert ce rôle, où elle nous a émus et éblouis tout à la fois.
Le Chevalier à la rose n’est pas l’opéra que je regarde ou écoute le plus souvent, sauf par extraits. Je n’ai pas beaucoup changé de références au fil des ans.
Les deux DVD dirigés par Carlos Kleiber, dans la mise en scène archi-traditionnelle d’Otto Schenk, avec deux distributions d’exception et surtout, évidemment, la plus belle direction d’orchestre qui soit
Souvenir inoubliable des représentations données au Châtelet avec l’impériale maréchale de Felicity Lott dirigée par Armin Jordan en septembre 1993 (je venais d’arriver à la direction de France Musique.
Au disque, tout aussi impérissable, le miracle Karajan-Schwarzkopf-Ludwig-Stich Randall
Blomstedt pour l’éternité
Jeudi soir je redoutais un peu d’être le spectateur d’un vieillard jadis admiré, mais qu’on vient observer comme une curiosité, Herbert Blomstedt, 98 ans dans quelques jours ! Certes l’entrée et la sortie de scène deviennent très difficiles, mais une fois installé sur son banc de pianiste, le vieux chef suédois fait des miracles avec un Orchestre de Paris en état de grâce (voir Bachtrack: Herbert Blomstedt et l’Orchestre de Paris pour l’éternité).
Deux symphonies au programme : la Première de Brahms et en première partie la 2e symphonie de Berwald (1842). A ma connaissance, Blomstedt n’a gravé que les 1ere et 4eme symphonies à San Francisco. Les intégrales symphoniques de Berwald se limitent à quelques versions, avec une préférence pour Ulf Björlin et le Royal Philharmonic
C’est de la musique joliment troussée, qui se laisse écouter.
La Première de Brahms c’est évidemment autre chose, et les grandes versions au disque sont légion. Relire ce que j’écrivais ici à propos de l’un des plus beaux thèmes de toute la symphonie, chanté au cor dans le dernier mouvement : Le son du cor au fond de Brahms.
Il faut évidemment écouter Blomstedt dans une oeuvre dont il connaît tous les secrets
Une expo à voir et entendre
Passant par hasard devant l’hôtel de Soubise, dans le Marais à Paris – c’est le siège et le musée des Archives nationales – j’y ai découvert une belle exposition sur le thème Musique et République(voir mes brèves de blog).
Beaucoup de documents qu’on a rarement l’occasion de voir et de lire. Iconographie et muséographie de premier plan. C’est gratuit et on se précipite
On n’en a jamais fini avec Schubert (lire Le retour à Schubert). Le programme que proposaient, mardi soir à la Philharmonie de Paris, l’Orchestre national d’Ile-de-France et le Choeur de Radio France, était suffisamment rare pour qu’on s’y précipite : après l’ouverture Leonore III de Beethoven, une rareté, une cantate due à la soeur de Mendelssohn, Fanny Hensel, et surtout la Messe n° 5 de Schubert.
Pas de critique à ‘rédiger ce soir, donc pas de pression. Je n’avais pas beaucoup aimé le dernier concert de Case Scaglione (voir Bachtrack), je suis d’autant plus à l’aise pour dire le bien que j’ai pensé de sa direction, surtout dans la messe de Schubert. Certes il n’était pas gâté – et nous non plus – par les stridences de la soprano soliste, mais le Choeur de Radio France était à son meilleur dans une pièce où il peut s’investir complètement.
Les six messes de Schubert
En dehors de la sixième et dernière messe de Schubert, qui a parfois les faveurs d’une programmation et de quelques disques, le répertoire sacré du compositeur viennois, mort à 31 ans (!) reste largement méconnu.
Première recommandation, cette intégrale magnifique due à Bruno Weil
Pour la 6e messe, j’ai souvent exprimé ici mon admiration pour la version d’Armin Jordan, qui comprend le plus émouvant Et incarnatus est de toute la discographie, avec les voix lumineuses et recueillies des ténors Aldo Baldin et Christoph Homberger et surtout la merveilleuse Audrey Michael
En regard de. cette version, toutes les autres me paraissent trop démonstratives, avec des solistes qui se croient plus souvent à l’opéra qu’à l’église.
Comme dans cette version de 1987 de Claudio Abbado :
Et voici que je trouve sur YouTube cet extrait d’un concert de 2012 à Salzbourg – Abbado n’a plus que quelques mois à vivre, et cet Incarnatus est, comme celui d’Armin Jordan, me trouble et me bouleverse :
S’il y a un grand chef qui a tout au long de sa carrière voué au répertoire choral de Schubert une dévotion sans faille, c’est bien Wolfgang Sawallisch (lire Les retards d’un centenaire). Des deux dernières messes, il a donné deux versions, l’une pour Philips, l’autre pour EMI.
J’ai une nette préférence pour les versions de Dresde (orchestre, choeurs, solistes superlatifs)
Karl Böhm n’a jamais enregistré de messe de Schubert, mais on trouve sur YouTube une étonnante version de concert, enregistrée en juillet 1976 dans une église de Vienne… avec les Petits Chanteurs de Vienne (Wiener Sängerknaben). Un témoignage intéressant.
Dans ma discothèque, j’ai aussi ceci, qui mérite l’écoute à défaut d’être des références pour la Messe n° 5.
Gabriel Fauré est né le 12 mai 1845, il y a donc 180 ans, à Pamiers (Ariège).
La statue de Gabriel Fauré, due au sculpteur Sébastien Langloÿs, inaugurée il y a six mois à Pamiers
On a beaucoup parlé de Fauré, l’an dernier (voir Le vrai Fauré), parce que c’était le centenaire de sa mort. La vie culturelle, musicale, les sorties de disques, les expositions, tout est désormais rythmé par les anniversaires (lire Du bon usage des anniversaires).
Aujourd’hui personne ne parlera de Fauré, le jour de sa naissance, puisqu’on semble avoir épuisé le sujet pour le centenaire de sa mort. Et, à vrai dire, on s’en fiche…
Je veux juste en profiter pour ressortir de ma discothèque quelques raretés, oeuvres ou interprètes.
Nathalie et Catherine
L’un des plus beaux disques de mélodies de Fauré rassemblant Nathalie Stutzmann (60 ans depuis quelques jours !) et la très regrettée Catherine Collard
Le bouquet de mélodies gravées par Victoria de Los Angeles m’émeut toujours
C’est par Yves Montand qu’adolescent j’ai découvert Les Berceaux de Fauré !
J’avais déjà écrit ici mon admiration pour le pianiste américain Grant Johannesen (1921-2005) et son interprétation de la Ballade pour piano et orchestre
J’ai consacré pas mal d’articles à l’oeuvre pour piano de Fauré.
Juste cette pépite, cet Impromptu n°2 capté au festival de Montreux en 1988. Quatre ans plus tard pour les 90 ans d’Hugues Cuénod, Nikita Magaloff qui devait disparaître quelques temps après, en donna une version inoubliable, d’une beauté crépusculaire.
Masques et bergamasques est une pièce tardive de Fauré, elle résiste aux baguettes qui n’en saisissent pas l’esprit, mais évidemment pas à Armin Jordan, qui l’a enregistrée avec l’Orchestre de chambre de Lausanne. Merci à l’OSR et à la télévision suisse de nous restituer cette vision de concert
Pénélope oubliée
On ne peut pas dire que l’unique opéra de Fauré, Pénélope, créé en 1913 à Monte Carlo, encombre les programmes d’opéra ni les discothèques.
C’est dire si la version de Charles Dutoit, avec son fabuleux cast, est précieuse.
Fauré à Bâle
Il faut saluer le travail que fait le chef britannique Ivor Bolton sur la musique française depuis qu’il préside aux destinées de l’Orchestre symphonique de Bâle (Basler Sinfonie-Orchester), avec notamment ce très beau disque :
Et toujours les échos de mon week-end à Athènes et autres impressions : brèves de blog
Mais impossible de ne pas évoquer la figure de la grande compositrice russe, qui vivait en Allemagne depuis 1991, Sofia Gubaidulina disparue ce 13 mars: lire l’excellent article que lui consacre Diapason.
Quelques souvenirs de concert me reviennent, dont un qui avait marqué le public de Liège, pour qui le nom même de la compositrice était inconnu et qui avait pourtant rempli la Salle philharmonique en 2005. Mais c’était une star du violon – Vadim Repin – qui jouait ce soir-là Offertorium, demeurée l’oeuvre concertante la plus célèbre de son auteur.
Ravel à Monte Carlo : un centenaire
Je suis ce week-end à Monte-Carlo pour « couvrir » plusieurs concerts du Printemps des Arts pour Bachtrack. Mon ami Jean-Louis Grinda, authentique Monégasque, qui, après l’Opéra royal de Wallonie à Liège, a dirigé de 2007 à 2023 l’Opéra de Monte-Carlo, y met en scène le spectacle qui réunira fin mars les deux ouvrages lyriques de Ravel : L’enfant et les sortilèges et L’heure espagnole
C’est en effet il y a quasiment un siècle, le 21 mars 1925, que la fantaisie lyrique composée par Ravel et Colette, fut créée ici même, à l’Opéra de Monte Carlo, alors dirigé par l’indétrônable Raoul Gunsbourg.
Au disque, j’ai toujours les mêmes (p)références : Lorin Maazel et Armin Jordan
Mais qu’il s’agisse de l’une ou l’autre oeuvre, il faut les voir sur scène, pour les goûter pleinement. J’ai deux souvenirs récents et lumineux dont j’ai rendu compte pour Bachtrack :le très poétique spectacle de l’Opéra Garnier à Paris, en novembre 2023 – Un Ravel de féérie à l’Opéra de Paris,