Les peintres de chez moi

J’ai la chance d’habiter tout près de la dernière demeure d’un peintre qui est à l’honneur d’une exposition exceptionnelle au musée d’Orsay. Exposition qui rassemble, pour la première fois, une grande partie des 80 toiles peintes par Van Gogh durant les 70 derniers jours de sa vie, à l’été 1890, à Auvers-sur-Oise (voir Van Gogh à Auvers).

Van Gogh ne fut pas le seul, même s’il est resté le plus célèbre, des peintres et artistes, originaires ou résidents d’adoption de ces rives de l’Oise, qui font aujourd’hui partie du département du Val d’Oise.

Visitant lors de mon récent séjour aux Etats-Unis, le Metropolitan Museum à New York d’une part, le Taft Museum de Cincinnati d’autre part, j’y ai vu quelques belles toiles de ces peintres « de chez moi ».

Au Metropolitan Museum de New York

Je me promène souvent à Valmondois et je passe toujours devant la petite maison qu’Honoré Daumier y acquit en 1861 et où il est mort en 1879.

Cette toile de Daumier repérée au Met ne pouvait que m’interpeller :

Honoré Daumier, Le wagon de 3e classe (1862)

Rien à voir avec ma région, mais tout avec Hergé, Tintin et le capitaine Haddock ! Tout près de ce Daumier, un tableau – de belle facture – dont le titre m’a évidemment fait sourire :

Jean-Léon Gérôme, Bachi-bouzouk, 1868

Pour en revenir à mes paysages familiers, détour par Montpellier et Aigues-Mortes où j’ai tant de souvenirs :

Frédéric Bazille, Porte de la reine à Aigues-Mortes (1867)

Argenteuil est aujourd’hui une sous-préfecture – très peuplée – du Val d’Oise. Pas sûr que Monet y trouverait aujourd’hui ces champs de coquelicots.

Claude Monet, Champ de coquelicots à Argenteuil (1875)

Vétheuil a peut-être moins changé qu’Argenteuil…

Claude Monet, L’été à Vétheuil (1880)

Camille Pissarro a vécu une quinzaine d’années à Pontoise. La nature environnante l’a inspiré :

Camille Pissarro, Peupliers à Eragny (1895)
Camille Pissarro, La côte des Grouettes près de Pontoise (1878)
Camille Pissarro, Une vachère au Valhermeil, Auvers-sur-Oise (1874)

A Cincinnati, le Taft Museum

De mon précédent séjour à Cincinnati, à l’automne 1989, à l’occasion d’une tournée de l’Orchestre de la Suisse romande, j’avais retenu deux images, l’imposant siège de Procter & Gamble, et un très joli petit musée, le Taft Museum.

Le siège de Procter & Gamble, comme un décor d’un James Bond !

Dans ce joli musée, sans commune mesure avec l’immense Met de New York, on a l’impression de visiter une belle maison d’autrefois, dont les propriétaires n’ont collectionné que des chefs-d’oeuvre.

Jacob van Ruisdael, Fermes sur la grand route (1658)
William Turner, Trout stream (1809)

Plus près de chez moi, la figure de Jules Dupré (1811-1889) s’impose : c’est à L’Isle Adam qu’il a ses racines familiales et qu’il est mort.

Jules Dupré, Paysage avec bétail (1845)
Jules Dupré, Paysage (1880)

Le nom de Camille Corot (1796-1875) n’est pas souvent associé à Auvers-sur-Oise. Il a pourtant été l’ami de Charles Daubigny (lire Les deux amis), dont il a décoré la maison-atelier

Au Taft, il y a deux Corot et trois Daubigny !

Camille Corot, Le soir, la fête de Pan (1855)
Camille Corot, Sur les hauteurs de Ville-d’Avray (1865)
Charles Daubigny, Le soir tombe sur l’Oise (1863)
Charles Daubigny, La solitude du soir (1867)
Charles Daubigny, Le village de Gloton (1857)

Je ne peux évidemment pas refermer ce chapitre, sans montrer ici les deux toiles « musicales » que renferme le musée Taft de Cincinnati.

Pieter de Hooch, Une femme à la guitare (1667)
James Whistler, Au piano (1859)

Des chevaliers, une élection

Après la réussite de samedi (https://jeanpierrerousseaublog.com/2015/12/12/vive-la-vie/), on ne pouvait pas imaginer un dimanche gâché.

On a d’abord voté, puis repris quelques habitudes dans son quartier, le café, la librairie (des cadeaux intelligents pour les tout-petits à mettre sous le sapin), le maraîcher, un déjeuner léger et bio. Et puis cap sur un centre culturel bien caché au coeur d’Argenteuil pour un rendez-vous que je ne voulais pas manquer. Une production épatante qui tourne depuis les triomphes de la création à Bordeaux en novembre dernier : Les Chevaliers de la table ronde de Louis-Auguste-Florimond Ronger, plus connu sous le pseudonyme de Hervé (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hervé_(compositeur).

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L’opérette française dans toute sa splendeur, c’est-à-dire coruscante, impertinente, débridée, comme elle était conçue et jouée du temps d’Hervé et d’Offenbach, et telle que Pierre-André Weiz l’a mise en scène. Le cast est parfait vocalement et scéniquement : rien que le très sage Rémy Mathieu (qu’on avait entendu dans Fantasio à Montpellier l’été dernier) en loulou de banlieue, chaîne et survêt (Roland), le Médor ébouriffant de Manuel Nunez Camelino, les lascifs chevaliers Théophile Alexandre et David Ghilardi, les invraisemblables caricatures de personnages féminins toutes magnifiées par Ingrid Perruche (la Duchesse), Lara Neumann (la jeune fille si nunuche), Chantal Santon Jeffery (Mélusine) Clémentine Bourgoin (Fleur-de-Neige), et tous les autres qu’il faudrait citer. Une douzaine d’excellents instrumentistes sous la houlette inspirée de Christophe Grapperon. Une salle moderne à l’acoustique excellente, remplissage moyen, mais beaucoup de rires d’enfants qui ne captaient peut-être pas tous les non-dits de la partition, mais qui marchaient à fond dans le comique des situations et des personnages.

Un spectacle à voir absolument, encore beaucoup de dates à Toulon, Nantes, Rennes, Charleroi, etc. (http://www.bru-zane.com/les-chevaliers-de-la-table-ronde/index-fr.html)

En sortant du Figuier blanc d’Argenteuil, j’avais déjà affichés sur mon smartphone les premiers résultats du second tour des élections régionales, les médias belges n’étant pas tenus à la même réserve que les français. Ils annonçaient unanimement ce qu’on pouvait raisonnablement prévoir, qu’aucune région française ne serait présidée par un représentant du Front national. Mais la soirée allait réserver son lot de suspense et de surprises.

Trois régions où le score a été particulièrement serré et incertain jusqu’au décompte final (Ile de France, Normandie, Centre), un résultat finalement équilibré entre gauche et droite républicaine.

Mais, derrière les apparences, ce constat énoncé à la une de La Croix (http://www.la-croix.com/Actualite/France/Regionales-la-defaite-pour-tous-2015-12-13-1392544)

J’avais écrit (https://jeanpierrerousseaublog.com/2015/12/07/pas-de-panique/) que les électeurs voulaient de nouvelles têtes (et il y en avait beaucoup dans les listes du Front national). Le second tour l’a confirmé : de gauche ou de droite, ceux qui incarnent la nouveauté ont été privilégiés à ceux qui représentaient la continuité.

Rien ne serait pire maintenant que d’oublier ce qui s’est passé au premier tour et ce que les électeurs ont, à leur manière, redit avec force ce dimanche…