Pendant ce temps…

La vie politique française est, ce mercredi, assez justement résumée dans cette une du Canard enchaîné :

Je ne pensais pas tirer sur une ambulance en écrivant ma brève de blog dimanche soir (Rien compris).

Attendons la suite, les suites même..

Pendant ce temps, la (vraie) vie continue..

Antigone et Dusapin

Je l’avais noté de longue date sur mon agenda : c’était ce mardi soir la création du dernier opus de Pascal Dusapin, Antigone, que le compositeur lui-même définit comme un « oratoriopéra ».

J’avais couvert pour Bachtrack la reprise en mars dernier à l’Opéra de Paris de Il Viaggio, Dante, créé au festival d’Aix-en-Provence (L’épure de Dusapin face aux visions de Claus Guth) et, en novembre 2023, à l’Opéra Comique, un spectacle qui m’avait enthousiasmé, Macbeth Underworld, mis en scène par Thomas Jolly (Un opéra pour notre temps).

Une heure et quarante minutes d’une partition puissante, comme toujours d’une richesse orchestrale sidérante, un plateau vocal exceptionnel, et en maître d’oeuvre Klaus Mäkelä à la tête d’un Orchestre de Paris superlatif. J’attends avec impatience les comptes-rendus qu’en feront mes camarades de la presse, de Bachtrack en particulier !

Laurence B. la radio-active

Bien trouvé ce titre pour des mémoires qui ne disent pas leur nom.

Laurence Bloch n’est pas ce que j’appellerais une amie – le mot est tellement galvaudé dans le microcosme médiatique ! – mais ce fut une collègue que j’ai côtoyée à deux reprises, et pour qui j’ai de l’admiration et une réelle affection. Lorsque j’arrive, en 1993, à la direction de France Musique, Laurence est directrice-adjointe de France Culture depuis 1989. Elle restera à ce poste auprès des directeurs successifs de la chaîne, Jean-Marie Borzeix, Patrice Gélinet et Laure Adler. Je la retrouverai au printemps 2014, lorsque je reviendrai à Radio France, appelé par Mathieu Gallet à la Direction de la Musique. Dans la vague de nominations à laquelle procède le nouveau PDG, Laurence Bloch devient directrice de France Inter. Elle le restera jusqu’en 2022, mais ne quitte pas pour autant Radio France, puisque, durant deux ans, elle supervise les antennes auprès de la présidente Sibyle Veil. Et comme elle l’écrit dans les premières pages de ce bouquin attachant – parce que la langue de bois n’est pas vraiment sa spécialité ! – elle a repris du service à la demande de la ministre de la Culture, Rachida Dati, pour travailler au projet de fusion des entités radio et télévision du service public. Pas sûr qu’elle ait fait le bon choix pour cette dernière mission… impossible !

Le crépuscule

On peut difficilement contredire Alain Duhamel dans son jugement sur Emmanuel Macron. En juin 2024, j’écrivais un billet tristement prémonitoire : Le choc de juin.

A l’heure où j’écris ces lignes, on n’en sait toujours pas plus sur ce qui peut, ce qui va se passer dans les prochaines semaines.

Je conseille ce bouquin d’un jeune journaliste, dont les analyses et la plume me paraissent particulièrement affûtées :

« Les fins de règne des présidents ont toujours été douloureuses. Celle d’Emmanuel Macron l’est plus encore, car c’est lui qui a précipité son crépuscule par la dissolution de 2024. Avec cet acte incompréhensible, le chef de l’État a tué sa majorité, interrompu ses réformes, saccagé son propre camp. Et sa politique de la terre brûlée ne semble pas connaître de limites, alors que s’ouvre une guerre de succession entre des prétendants qu’il n’aime pas. Édouard Philippe, Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, François Bayrou, Michel Barnier, Bruno Le Maire… tous se sont confiés sur leurs rapports ambigus avec le président et leurs ambitions pour la suite. À travers des scènes inédites et une cinquantaine de témoignages, ce livre dévoile les coulisses d’un pouvoir à l’agonie et dessine les contours de l’après. Il révèle qu’en miroir de cette comédie politique se joue aussi une tragédie : celle d’un président qui, jusqu’au bout, veut rester seul en scène. » (Présentation de l’éditeur)

Je vais attendre quelques heures avant de publier de nouvelles brèves de blog !

Revoir Virginie, Irène, Alain, Jean-Luc

Je ne sais plus quand j’étais entré la dernière fois dans une salle de cinéma… Une opportunité hier et une séance choisie au débotté.

Je viens de lire les critiques parues sur ce film d’Alice Winocour. Rarement vu pareille unanimité.

La performance n’est pas mince : réussir à traiter des suites d’un attentat (l’allusion au 13 novembre 2015Le chagrin et la raison – est transparente) avec une telle pudeur, une telle délicatesse, chapeau à la réalisatrice. Mais le film tient beaucoup à ses interprètes, et en tout premier lieu à Virginie Efira présente à chaque plan.

Je ne dirai absolument rien d’original en avouant mon admiration pour cette actrice, qui, film après film, ne cesse de me surprendre. Plus d’une fois en la regardant je pense à Romy Schneider, beauté formelle d’un visage où se lisent toutes les variations de l’âme.

Un mot encore sur le film sans en dévoiler les détours : pudique et juste.

Carnet de deuil : Alain Tanner, Jean-Luc Godard, Irène Pappas

Ils avaient le même âge, mais la mort de l’un – Godard – a éclipsé celle de l’autre, le Suisse Alain Tanner, disparu le 11 septembre. L’oeuvre de ce dernier n’est pourtant pas moindre, mais sans doute seuls les cinéphiles se rappellent-ils La Salamandre (1971) avec la lumineuse Bulle Ogier

ou Les années lumière (1981) Grand Prix du Festival de Cannes

Le monument Godard

Ce n’est pas surprenant, mais ça reste agaçant : Jean-Luc Godard meurt et tous les médias, sans exception, balancent les mêmes titres, les mêmes clichés, que tout le monde reprend sur les réseaux sociaux. Pour ne pas être pris au dépourvu, on cite les trois ou quatre films qu’on se doit d’avoir vus : A bout de souffle, Pierrot le fou, Le Mépris (ah les fesses de Bardot !), Détective (pour et parce ce que Johnny). On évoque sa personnalité, ses écrits, bref un monument qu’on est prié d’admirer.

L’ami Joseph Macé-Scaron avouait sur Facebook : « Je ne suis jamais parvenu à voir un film de Godard jusqu’au bout. Ceci n’est pas un jugement de valeur mais un constat personnel. Son univers m’ennuie terriblement, profondément… » J’ai fait l’effort, quant à moi, pour les quatre films cités plus haut, et même quelques autres (La Chinoise, Prénom Carmen…). Vaines tentatives.

Irène la Grecque

J’ai d’abord cru à une erreur, je pensais qu’elle était morte depuis longtemps. Irène Papas avait le même âge que la reine Elizabeth et s’est éteinte une semaine après elle. Peut-on imaginer plus lumineuse incarnation de la beauté grecque ?

Inoubliable présence dans Zorba le Grec et les tragédies grecques Antigone, Electre, Iphigénie, Les Troyennes

Une voix aussi unique pour interpréter Theodorakis ou Vangelis et tant d’autres…