Le paradis des Galápagos

Préambule

Les îles Galápagos sont un archipel volcanique de l’océan Pacifique. Elles sont considérées comme l’une des destinations majeures au monde pour l’observation de la faune. Province de l’Équateur, l’archipel se trouve à près de 1 000 km au large de ses côtes. Son territoire isolé abrite une faune et une flore variées, dont nombre d’espèces sont uniques. Charles Darwin s’y est rendu en 1835, et ses observations sur les espèces des Galápagos lui ont par la suite inspiré sa théorie de l’évolution.

On avait prévenu (Interruption momentanée) : une douzaine de jours partagés entre les trois grandes îles des Galápagos, sans bonne connexion internet, c’était quasi le silence sur ce blog, mais une somme d’impressions accumulées, que je peux aujourd’hui restituer, puisque revenu pour quelques heures sur le continent.

Galápagos I Santa Cruz

Pas eu le choix de passer une nuit à l’hôtel de l’aéroport à Quito. Une expérience très oubliable.

À 6H 15 on est dans le terminal départs nationaux, même si les Galapagos sont à 1100 km !  Deux heures devant nous pour accomplir les formalités d’entrée, une sorte de visa pour la vaste réserve naturelle, très protégée, que constitue l’archipel. Scan des bagages.. inutile puisqu’ils devront de nouveau passer le contrôle de sécurité. Bon petit déjeuner au lounge de l’aéroport moyennant un droit d’entrée.

Vol sur une ligne régulière des LATAM Airlines, un Airbus 319. Comme tous les avions partant de Quito, il fait d’abord étape à Guayaquil où il se recharge en carburant, puis moins de deux heures d’un vol sans encombre jusqu’à Baltra, une ancienne base militaire qui sert désormais d’aéroport pour l’île de Santa Cruz.

Accueillis à la sortie par Fernando, un guide charmant, parlant un anglais parfait, très documenté, la navette de l’aéroport nous conduit jusqu’à un ferry. Après dix minutes de traversée, nous accostons sur l’île de Santa Cruz. 

Au nord de l’île, un paysage quasi-désertique, qui va brusquement changer à mi-chemin de l’unique route toute droite qui va du nord au sud. Un arrêt sur un site très étrange, les Gemellos, deux « trous », deux effondrements volcaniques de près de 100 m chacun au milieu d’une végétation devenue luxuriante.

Encore quelques kilomètres et nous entrons dans le « ranch » El Chato, où vivent et se baladent en liberté des centaines de tortues, les mâles faisant au moins deux fois la taille des femelles. Impressionnants ces animaux préhistoriques, dont la tête a dû servir de modèle à Steven Spielberg pour son célèbre extraterrestre E.T.

Arrivée ensuite à Puerto Ayora, la ville la plus importante de l’archipel, 9000 âmes.Rien de transcendant de prime abord. On va apprendre à apprécier la quiétude d’une jolie rue principale – la Darwin avenue (toutes les rues principales de l’archipel portent le nom du naturaliste anglais – et une jolie chambre qui surplombe la mer et la terrasse en bois où les phoques viennent se prélasser. 

Galápagos II

Une journée « libre » sur notre agenda. Qui a commencé sous la pluie et la grisaille. On a beau savoir que le climat change vite ici, maintenant une température constante de jour comme de nuit – autour de 20 ° – on a le moral plutôt dans les chaussettes. Puis une timide éclaircie donne le signal de l’excursion du jour.

Destination  Tortuga bay, où l’on est censé voir les tortues pondre et se reproduire. On n’en verra aucune, ce n’est pas la saison.

En revanche, on découvrira sur le long chemin qui mène à l’océan une véritable forêt de cactus, une espèce endémique qui pousse très haut, le cactus Opuntia.

On débouche enfin sur une première plage – la Playa Brava – où la baignade est interdite. Peu d’oiseaux en dehors de pélicans bruns (endémiques), de « fregatas » sorte d’albatros noir à queue d’hirondelle.

En revanche cachés sous un arbuste plusieurs familles d’iguanes marins. Au bout de la Playa Brava, on tourne à droite et sur du sable blanc toujours aussi fin on découvre la Playa Mansa, en fait une lagune très peu profonde, protégée de la houle. Un petit coin de paradis. Première baignade du séjour.

Galapagos III

Cette fois c’est du sérieux, on embarque sur un petit yacht à moteur très bruyant, surtout pendant 1h 30, pour rejoindre l’île Pinzon, inhabitée, mais autour de laquelle  se rassemblent maintes espèces de poissons multicolores, des roses, des couleur sable à queue jaune, des requins, des tortues marines.

Je resterai sur le bateau à observer la mer translucide, à voir passer des bancs de poissons, trois tortues marines s’en donner à cœur joie et même une otarie à la parade. Plus tard l’équipage nous fera une démonstration de pêche : une seule prise, un thon multicolore.

Et on abordera une plage à la nage, cette fois je me jetterai à l’eau, pour ne pas finir idiot de cette journée en mer (le lecteur remarquera que j’aurais pu frimer en racontant mes exploits de snorkeling mais la mer était vraiment froide et même (ou à cause) revêtu d’une combinaison de plongée je ne me sentais pas d’y passer une heure sans être équipé de surcroît d’un appareil photo sous-marin !).

Retour sur le port de Santa Cruz et ses habitués :

A côté de l’hôtel, un mural comme il y en a beaucoup ici :

Exemplarité

Il faut préciser ici que les Galapagos constituent un Parc national, avec des règles très précises, auxquelles le touriste, le visiteur, doit souscrire avant d’être autorisé à embarquer pour Santa Cruz ou San Cristobal. Mais le plus surprenant pour un Européen, habitué aux plages souillées, aux bords de routes et autoroutes jonchés de bouteilles plastiques et autres canettes, c’est l’extrême propreté de tous les lieux, en pleine nature, au bord de la mer ou en coeur de ville. Une attitude qui est une habitude pour les habitants.

Le touriste qui vient jusqu’aux Galapagos se sent investi de ce respect intime et permanent pour la faune et la flore. On ne gaspille rien, ni l’eau, ni l’électricité. On ne mange que ce qui est produit sur place – l’Équateur est en auto-suffisance alimentaire, l’agriculture est la deuxième ressource du pays après le pétrole – pas de conserves, pas de surgelés, des jus de fruits nature, sans sucre ajouté. Les végétariens sont à la fête, tous les restaurants, petits ou grands, proposent d’excellentes préparations à base de légumes locaux, notamment purée ou délicieuses frites de banane plantain.

(Carpaccio de poulpe à l’huile parfumée au jus de mangue)

Galapagos IV

Réédition de l’expédition de Galapagos II, cette fois sous un soleil plus franc. Une belle marche à pied, deux heures aller et retour. Une eau verte, des iguanes se laissant porter par les vagues, un pélican joueur, des oiseaux familiers.

Le soir sur le port de Puerto Aroya, dernière soirée sur l’île de Santa Cruz

Galapagos V / La Isabela

On était prévenus, de Santa Cruz à Isabela – la plus grande île des Galapagos – c’était transfert par bateau. Ni paquebot, ni yacht certes, mais deux heures de tape-cul ininterrompues, on a quand même connu traversées plus agréables. Arrivée au point du jour dans le joli port de Puerto Villamil… le chef-lieu de l’île. 

On précise – ça vaudra pour la suite – que les bateaux qu’on voit amarrés dans chaque île n’ont rien de yachts luxueux, ni de bateaux de croisière (la côte équatorienne est à plus de 1000 km). Ce sont des embarcations plutôt rudimentaires, destinées au trafic inter-îles. L’île Isabela est la plus grande des Galapagos, son « chef-lieu » Puerto Villamil est le moins bien équipé de ses homologues des îles voisines. Ni pavés ni goudron dans les rues, du sable qui, le soir, pourrait presque être confondu avec de la neige quand le vent se lève et que la température fraîchit ! Mais une île riche en belles balades, une faune dominée par les iguanes marins.

Galapagos VI

Re-tour en bateau – toujours aussi peu confortable, mais on est nettement moins nombreux – pour aller voir Los Tuneles, ces sortes de tunnels et d’arches formés par la lave au contact de la mer. Beaucoup d’oiseaux, notamment des fous à pattes bleues. Vraiment bleues.

Un pingouin – espèce endémique – des Galapagos.
Le fou à pattes bleues est une espèce d’oiseau marin qu’on trouve pour l’essentiel aux Galapagos.
(Los Tuneles)
Un passereau jaune vif peu craintif qu’on trouve à peu près dans tous les arbustes.
Un héron majestueux endémique.
Le temps n’est pas au grand beau ce jour-là et l’île semble déserte.
Le soir à la recherche d’une « bonne adresse » introuvable, on s’attablera à une échoppe toute simple où poissons, crevettes, poulet sont grillés à la demande, où l’on peut déguster une savoureuse bière locale, le tout pour moins de 10 dollars.

Galapagos VII / La Isabela

On a oublié de dire que l’une des caractéristiques de ces îles du Pacifique est à la fois la permanence de la température diurne et nocturne et des ciels très changeants : on passe en quelques minutes d’une bruine venteuse à un azur presque sans nuages. Prévoir quand on fait une longue balade à vélo et/ou à pied de passer de la pointe bretonne à la Côte d’Azur !

Ce matin-là la météo était avec nous, sur la piste de plus de 6 km qui mène au « mur des larmes » et au piton qui domine toute l’île Isabela.

L’île où les iguanes marins, de la couleur de la roche basaltique, sont rois.

Sur le bien nommé « chemin des tortues »

L’île Isabela n’a pas toujours été un paradis pour touristes. De 1944 à 1959 elle hébergea un pénitencier, où l’on « s’amusait » à faire édifier par les prisonniers cette puissante muraille… qui ne sert à rien : le Mur des Larmes. L’ouvrage a été conservé pour ne pas oublier cette sinistre époque.

A 150 mètres au-dessus de ce mur se dresse un promontoire d’où l’on a vue sur toute l’île, où les Américains avaient installé un puissant radar pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces installations ont été demantelées au début des années 60 et ont, en partie, servi à l’édification de l’église Saint-François de Puerto Villamil. Mais des vestiges du radar demeurent sur le piton. Avis aux amateurs !

La végétation change du tout au tout qu’on regarde vers l’ouest (comme ici) ou l’est.
Au retour on longe une lagune d’eau saumâtre.
Un tunnel de lave jusqu’à la mer.
Encore des iguanes…
Quoi de plus doux que de lézarder sur le dos d’un iguane !
Nuit de pleine lune aux Galapagos !

Galapagos VIII / Les flamants roses d’Isabela et le départ pour San Cristobal

Dernière balade au milieu des lagons salins avant de prendre un vol pour la dernière des îles visitées, San Cristobal.

Une légende dit que les Equatoriens ne sont jamais à l’heure, on pense donc qu’ils sont toujours en retard. En réalité, nous avons la preuve… qu’ils sont toujours en avance sur l’horaire annoncé. Ainsi pour rejoindre l’aéroport – l’aérodrome plutôt – d’Isabela, nous y sommes conduits une bonne heure avant le départ du vol. Dans un bâtiment fantôme…

où le contrôle des bagages et des passeports a dû prendre 2 minutes à tout casser !
7 personnes, pilote compris, dans un minuscule appareil. Mais appréhension surmontée, 45 minutes d’un vol calme, avant d’atteindre l’aéroport de plus grand gabarit de San Cristobal.

(Je précise que j’étais l’un des seuls à porter le masque dans un espace des plus réduits. Surprenant quand on voit tous les Equatoriens du continent se conformer très strictement au port du masque, à l’extérieur comme à l’intérieur)

Galapagos IX / San Cristobal

On remarque immédiatement que San Cristobal est la capitale administrative des Galapagos. Des rues goudronnées ou pavées, un bord de mer très joliment agencé, une vie plus dense, autochtones, touristes en plus grand nombre. On ne tardera pas à se rendre compte de l’omniprésence des otaries, souvent très expressives jusqu’à une heure avancée de la nuit !

Le port de San Cristobal est très familier au pélican roux, une espèce endémique des Galapagos.

Galapagos IX et X / San Cristobal

On aura mesuré les deux derniers jours à San Cristobal combien, sur la même île, le climat peut varier à un degré invraisemblable. De Puerto Baquerizo Moreno, au sud-ouest de l’île, au climat plutôt ensoleillé, malgré quelques passages venteux et nuageux, on prend la seule route de l’île vers le nord-est et on arrive soudain au milieu de brumes épaisses qui font penser à l’Ecosse – au point qu’on renoncera à faire le tour d’un cratère volcanique, totalement invisible ! On poussera jusqu’à Puerto Chino, censé être la plus belle plage de l’île, on y restera une vingtaine de minutes sous la bruine… Non sans nous être arrêtés à une réserve de tortues, où les adultes peuvent évoluer librement, tandis que les bébés sont soigneusement surveillés, numérotés, à l’abri de prédateurs éventuels.

Le « matazarno » est un arbre qui ne pousse que dans les zones sèches de San Cristobal et Santa Cruz, son bois est tellement dur et résistant qu’il a servi et sert à nombre de constructions de maisons, de ponts.

Dur, dur, même pour une tortue expérimentée de descendre un escalier !

On devra bientôt quitter à regret ces paysages, ces bien nommées « réserves naturelles », les pélicans, les crabes rouges et jaunes, les frégates, les oiseaux moqueurs, même nos amies bruyantes les otaries.

PS. Ceux qui souhaiteraient plus d’informations sur l’hôtellerie, la restauration ou quelques bonnes idées dans les Galapagos peuvent me solliciter (en postant un commentaire).