C’est entendu, un anniversaire comme celui-ci, c’est une aubaine pour les programmateurs et les éditeurs de disques : Beethoven est né il y a 250 ans, le 15 décembre 1770 ! Personne n’échappera à la déferlante de concerts, festivals, nouveautés, rééditions.
Beethoven 2020 a déjà commencé.. en 2019 : pour Universal The New Complete Edition
Warner fait plus restreint (80 CD) et moins cher, mais moins varié aussi !
Je me propose, quant à moi, d’emprunter des chemins de traverse pour parcourir la discographie beethovenienne et, au fil de l’année, épingler des versions, des artistes, moins exposés aux feux de la notoriété (ou du marketing !), oubliés parfois. Mes coups de coeur !
Commençons par une intégrale des symphonies, jamais citée ni référencée par la critique européenne, celle d’un très grand chef, William Steinberg (1899-1978).
Après des études musicales auprès d’Hermann Abendroth au Conservatoire de Cologne, il devient en 1924 l’assistant d’Otto Klemperer à l’Opéra de Cologne. De 1925 à 1929, il dirige l’Opéra de Prague, puis celui de Francfort de 1929 à 1933.
Démis par les nazis en raison de ses origines juives, il quitte l’Allemagne en 1936 et rejoint la Palestine, future Israël. Avec Bronisław Huberman, il fonde et dirige en 1936 l’Orchestre symphonique de Palestine (futur Orchestre philharmonique d’Israël) jusqu’en 1938, date à laquelle il rejoint les États-Unis. Arturo Toscanini, qui avait apprécié le travail de Steinberg avec l’Orchestre symphonique de Palestine, l’engage comme assistant à l’Orchestre symphonique de la NBC.
Il conduit l’Orchestre philharmonique de Buffalo de 1945 à 1953, l’Orchestre symphonique de Pittsburgh de 1952 à 1976. Il dirige également l’Orchestre philharmonique de Londres de 1958 à 1960. En 1962, pressenti pour succéder à Charles Münch à la tête du prestigieux Orchestre symphonique de Boston, c’est finalement Erich Leinsdorf qui lui est préféré. Néanmoins, Steinberg sera fréquemment invité à Boston avant de succéder finalement à Leinsdorf en 1969. Il emmène l’orchestre en tournée en Europe en 1971, mais doit abandonner son poste en 1972 pour des raisons de santé.
Il y a quelques temps, un petit label a réédité, à partir de reports des vinyles originaux, une intégrale des symphonies superbement captée en concert ou en studio au début des années 60.
Cette intégrale a également été retravaillée par l’expert canadien Yves Saint Laurent – (78experience.com) qui redonne un éclat spectaculaire aux bandes – et pas seulement aux 78 tours ! – qu’il traite. Son catalogue est déjà impressionnant et disponible en ligne.
Les affinités de Steinberg avec Beethoven sont tout aussi évidentes dans une formidable Missa Solemnis captée par la WDR à Cologne en 1970 et très bien rééditée par ICA Classics.
William Steinberg est le partenaire de Nathan Milstein dans l’une des plus éloquentes versions du Concerto pour violon
OK et c’est revenu
1/ l’intégralite, curieuse maladie évoluant par poussées évoluant parallèlement aux dates anniversaires ( autant mort que naissance d’ailleurs ) des compositeurs que nous aimons et encore, ne concernant que les plus célèbres d’entre eux et pas de fièvre concernant André Jolivet ou Henry Desmarets …
On voudrait bien connaitre le nombre de vente de ces volumineux coffrets aussi encombrants que difficile à utiliser: le Mozart 220 d’Universal aurait fait vendre 1,25 millions de disques en 2016 mais la part du numérique allant croissant le jackpot sera-t-il le même ? Et a-t-on besoin du moindre menuet écrit par un boutonneux Beethoven ?
2/ l’intégrale des symphonies; forme frustre de l’autre maladie mais beaucoup plus fréquente que la forme classique, voire épidémique et à rechutes chez certains ( Karajan a enregistré 4 intégrales et il est le chef qui a développé le moins d’immunité vis à vis de cette pathologie ) .
Quant aux années 50/60 et William Steinberg déjà beaucoup de concurrents et les symphonies de Beethoven ont fait tout de suite le succès du disque ( 1 face de vinyle pour les plus brèves et 2 pour les autres ). Par ex : C Schuricht et la première intégrale avec un orchestre français; déjà deux avec Karajan ( Phiharmonia et Berlin) ; O Klemperer et le granitique Phiharmonia ; l’oubliè P Kletzki et l’agreste philharmonie tchèque ; le sévère Leinsdorf et le lumineux symphonique de Boston et tant d’autres …
Alors pourquoi pas W Steinberg si l’on en juge par ce miraculeux couplage Beethoven-Brahms avec N Milstein ?
Bonjour,
Année Beethoven oblige, l’intégrale de William Steinberg est reparue, dans d’excellentes conditions techniques, chez Deutsche Grammophon courant mai 2020. Et il ne s’agit pas de repiquage de 33T au pressage déficient comme pour celle présentée ici, mais d’un travail à partir des bandes ayant servi pour le mixage final à époque de leur parution -les bandes-mères ont été mises au pilon par le label qui en était propriétaire, ABC records-.
A mon avis, qui n’engage que moi, c’est la meilleure intégrale enregistrée par un orchestre d’Outre-Atlantique, où furent pourtant enregistrées de bien belles versions -Szell, Reiner, Toscanini, Bernstein…-.
En cette année commémorative, le même éditeur a également republier, dans d’excellentes conditions techniques, la belle intégrale de Hans Rosbaud.