Pouvait-on imaginer 48 heures plus denses et plus contrastées ? Réunies par une seule cause : la mort de deux célébrités.
Pour moi le 6 décembre est, depuis 45 ans, un tournant très intime de ma vie (Dernière demeure).
C’est maintenant, si l’on se fie à l’avalanche, au torrent de commentaires qui se sont déversés à flots continus depuis les petites heures du jour ce mercredi, sur tous les médias, la date de la disparition de l’idole absolue, obligée, universelle, transgénérationnelle, Johnny Hallyday. Moi aussi j’aimais bien certaines de ses chansons, et je reconnais ses qualités de showman, une voix, une présence. Pour le reste rien à ajouter à ceci, paru au lendemain de la mort de David Bowie : La dictature de l’émotion.
La Garde Républicaine qui se produisait hier soir, dans toutes ses formations musicales, à la maison de l’UNESCO à Paris, a fait la surprise en fin de concert
Quant à Jean d’Ormesson, mort le même jour que Mozart, je n’ai pas une ligne à changer à ce que j’écrivais il y a presque deux ans : Le vieillard qui ne radote pas.
Relire Aragon que l’académicien aimait à citer :
C’est une chose étrange à la fin que le monde;
un jour je m’en irai sans en avoir tout dit:
ces moments de bonheur, ces midis d’incendie,
la nuit immense et noire aux déchirures blondes.
Rien n’est si précieux peut_être qu’on le croît.
D’autres viennent, ils ont le coeur que j’ai moi_même;
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime,
et rêver dans le soir, où s’éteignent des voix.
D’autres qui referont comme moi le voyage,
D’autres qui souriront, d’un enfant rencontré,
Qui se retourneront pour leur nom murmuré;
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages.
Il y aura toujours un couple frémissant
pour qui ce matin-là sera l’aube première;
Il y aura toujours, l’eau le vent la lumière;
Rien ne passe après tout, si ce n’est le passant!
C’est une chose au fond, que je ne puis comprendre:
cette peur de mourir que les gens ont en eux comme si ce n’était pas assez merveilleux,
que le ciel un moment, nous ait paru si tendre…
Malgré les jours maudits, qui sont des puits sans fond,
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine,
Malgré les compagnons de chaîne,
Mon Dieu, mon Dieu, qui ne savent pas ce qu’ils font…
Cet enfer, malgré tout cauchemar et blessures,
les séparations, les deuils,les camouflets,
et tout ce qu’on voulait, pourtant ce qu’on voulait
de toute sa croyance imbécile à l’azur,
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle,
qu’à qui voudra m’entendre, à qui je parle ici
n’ayant plus sur la lèvre, un seul mot que :merci,
je dirai malgré tout, que cette vie fut belle..