Schubert vaut bien une messe

On n’en a jamais fini avec Schubert (lire Le retour à Schubert). Le programme que proposaient, mardi soir à la Philharmonie de Paris, l’Orchestre national d’Ile-de-France et le Choeur de Radio France, était suffisamment rare pour qu’on s’y précipite : après l’ouverture Leonore III de Beethoven, une rareté, une cantate due à la soeur de Mendelssohn, Fanny Hensel, et surtout la Messe n° 5 de Schubert.

Pas de critique à ‘rédiger ce soir, donc pas de pression. Je n’avais pas beaucoup aimé le dernier concert de Case Scaglione (voir Bachtrack), je suis d’autant plus à l’aise pour dire le bien que j’ai pensé de sa direction, surtout dans la messe de Schubert. Certes il n’était pas gâté – et nous non plus – par les stridences de la soprano soliste, mais le Choeur de Radio France était à son meilleur dans une pièce où il peut s’investir complètement.

Les six messes de Schubert

En dehors de la sixième et dernière messe de Schubert, qui a parfois les faveurs d’une programmation et de quelques disques, le répertoire sacré du compositeur viennois, mort à 31 ans (!) reste largement méconnu.

Première recommandation, cette intégrale magnifique due à Bruno Weil

Pour la 6e messe, j’ai souvent exprimé ici mon admiration pour la version d’Armin Jordan, qui comprend le plus émouvant Et incarnatus est de toute la discographie, avec les voix lumineuses et recueillies des ténors Aldo Baldin et Christoph Homberger et surtout la merveilleuse Audrey Michael

En regard de. cette version, toutes les autres me paraissent trop démonstratives, avec des solistes qui se croient plus souvent à l’opéra qu’à l’église.

Comme dans cette version de 1987 de Claudio Abbado :

Et voici que je trouve sur YouTube cet extrait d’un concert de 2012 à Salzbourg – Abbado n’a plus que quelques mois à vivre, et cet Incarnatus est, comme celui d’Armin Jordan, me trouble et me bouleverse :

S’il y a un grand chef qui a tout au long de sa carrière voué au répertoire choral de Schubert une dévotion sans faille, c’est bien Wolfgang Sawallisch (lire Les retards d’un centenaire). Des deux dernières messes, il a donné deux versions, l’une pour Philips, l’autre pour EMI.

J’ai une nette préférence pour les versions de Dresde (orchestre, choeurs, solistes superlatifs)

Karl Böhm n’a jamais enregistré de messe de Schubert, mais on trouve sur YouTube une étonnante version de concert, enregistrée en juillet 1976 dans une église de Vienne… avec les Petits Chanteurs de Vienne (Wiener Sängerknaben). Un témoignage intéressant.

Dans ma discothèque, j’ai aussi ceci, qui mérite l’écoute à défaut d’être des références pour la Messe n° 5.

Et sur l’actualité récente, toujours mes brèves de blog (14.05.2025)

Comme le chant d’un enfant

La musique n’est pas très tendre avec l’enfance, les enfants morts (Mahler, Berg) ou victimes (Britten). Et pourtant redira-t-on quel bonheur les tout petits éprouvent à écouter, pas seulement entendre, de la musique, toutes sortes de musiques, mais d’abord des musiques qui les font rêver, les éveillent, sans être nécessairement accolées à une histoire ou une comptine.

Je retrouve avec G. mes propres souvenirs d’enfant, parfois enfouis dans ma mémoire. J’ai saisi l’occasion, il y a quelque temps, de revoir Le Livre de la jungle, un des très bons Disney. Une excellente bande son. G. n’en démord plus !

71aYWo2K3bL._SL1333_

On attendra encore un peu avant Bambi, Blanche-Neige ou même Les Aristochats.

Mais on connaît Le Carnaval des animaux par coeur, le Cygne, l’Aquarium, l’Eléphant surtout et on se fait raconter des histoires de petit garçon entrant dans un magasin de violoncelles et de contrebasses…Mais il ne faut pas que le portrait du compositeur change, Saint-Saëns ce ne peut être que lui

Saintsaens Sony a eu la bonne idée d’éviter le traditionnel couplage Carnaval – Pierre et le Loup

71O1UfAnj0L._SL1500_Et une bande de joyeux drilles renouvelle l’exercice :

61mEzaC5X-L

Mais ne limitons pas l’écoute de la musique pour les petits à des oeuvres que les adultes croient écrites pour eux. Au contraire, ouvrons leur très larges les portes de toutes sortes de musiques, un chant du Moyen-Âge, une Gymnopédie de Satie, un quatuor de Haydn, des mélopées siciliennes, rien n’effraie les petites oreilles, au contraire !

Inutile d’attendre les classes primaires et les séances « pédagogiques » qu’on leur organise à profusion (sans que cela développe particulièrement leur appétence si la musique a été absente de la toute petite enfance). Beaucoup de musique à écouter, à regarder, à vivre dans le calme familial.

Puisque Noël approche, un nouveau disque plutôt bien ficelé avec les Petits Chanteurs de Vienne (Wiener Sängerknaben)

81HSBmXdfYL._SL1424_

https://www.youtube.com/watch?v=7Ii6vQNEoCY