Bouquet de roses

Chacun a ses souvenirs de ce que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le 10 mai 1981. Les miens n’ont pas grand intérêt.

Mais il y a une fleur symbole de cette période – la cérémonie au Panthéon, les roses déposées par le nouveau président sur les tombeaux de Jean Moulin, Jean Jaurès et Victor Schoelcher.

On sait le peu d’appétence de François Mitterrand pour la musique – il avait bien d’autres qualités, littéraires notamment !

Alors, pour illustrer cet anniversaire, je préfère un bouquet de roses…musicales !

Richard Strauss

Le sublime finale à trois, puis à deux voix, du Chevalier à la rose (Der Rosenkavalier), l’ouvrage lyrique le plus célèbre de Richard Strauss, sur un livret de Hugo von Hofmannsthal (1911) : les voix mêlées d’Elisabeth Schwarzopf (la Maréchale), Christa Ludwig (le Chevalier) et Teresa Stich Randall (Sophie), dans l’enregistrement légendaire de 1956, Herbert von Karajan dirigeant le Philharmonia.

Mais aussi ce bouquet de roses (Das Rosenband) :

Schumann : Rose, mer et soleil

Pour mes amis de Montpellier en particulier, cette mélodie au titre si évocateur de Robert Schumann :

Du même Schumann, un ouvrage aujourd’hui un peu oublié, qui faisait partie du répertoire de toute bonne chorale allemande : Der Rose Pilgerfahrt / Le pélerinage de la rose (1851) sur un livret bien sentimental du poète lui aussi oublié Moritz Horn.

La rose selon Schubert

Il eût été surprenant que la rose n’inspire pas le prolifique Schubert. Ce Heidenröslein (La petite rose des champs) est un incontournable de nombreux récitals.

Mignonne la rose

Quel écolier ne se rappellera pas le plus célèbre poème de Ronsard (1524-1585) « Mignonne allons voir si la rose« , ici mis en musique par Guillaume Costeley (1531-1606) ?

Berlioz/Gautier : Le spectre de la rose

Berlioz bien sûr, et ces poèmes de Théophile Gautier rassemblés dans le plus beau cycle de mélodies françaises, les Nuits d’été (1841)

Mais les esprits mal tournés ne manqueront pas d’y voir une allégorie de la situation actuelle du parti de la rose au poing…

Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal;
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal
Tu me pris, encore emperlée
Des pleurs d’argent, de l’arrosoir
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir

O toi qui de ma mort fus cause
Sans que tu puisses le chasser
Toutes les nuits mon spectre rose
A ton chevet viendra danser
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De profundis:
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du paradis

Mon destin fut digne d’envie:
Et pour avoir un sort si beau
Plus d’un aurait donné sa vie
Car sur ton sein j’ai mon tombeau
Et sur l’albâtre où je repose
Un poëte avec un baiser
Écrivit: Ci-git une rose
Que tous les rois vont jalouser

Sur le même ton mélancolique, cette magnifique chanson de Françoise Hardy :

Les raretés du confinement (X) : Rimbaud, Orozco, Susskind, Seefried, Lalo, Saint-Saëns etc.

#Confinement2 Une rubrique quotidienne sur Facebook qui n’est malheureusement pas près de s’éteindre… Puisqu’on évoque même, avec une sorte de gourmandise malsaine, la perspective d’un reconfinement dans certaines régions de France !

17 février : Les Illuminations de Felicity Lott

Hommage à Steuart Bedford (1939-2021) suite : un extrait de l’une des oeuvres les plus fortes de Benjamin Britten, le cycle de mélodies « Les Illuminations » (sur des poèmes de Rimbaud), une interprète d’exception de ce cycle, ma très chère Felicity Lott (lire : Dame Felicity) ici accompagnée par Steuart Bedford :

18 février : le Chopin de Rafael

Rafael Orozco (1946-1996) est un immense musicien, un pianiste majeur, un interprète d’élection des grands romantiques. Malheureusement ses disques (EMI, Philips, Valois) sont pour l’essentiel devenus introuvables, voire non édités en CD. Souhaitons que la magnifique réédition de ce double album Chopin (une première en CD pour les Préludes) par Warner soit le prélude à d’autres rééditions indispensables (excellente notice de Jean-charles Hoffelé sur les raisons d’une discographie erratique)

19 février : L’Empereur Rafael

#RafaelOrozco Pour prolonger mon billet d’hier sur le pianiste Rafael Orozco (1946-1996) – lire Le Chopin de Rafael – cette captation très émouvante d’un concert à Londres, probablement en 1995, un splendide « Empereur » de Beethoven, où Rafael Orozco retrouve Neville Marriner (1924-2016)

20 février : Un premier disque pour l’éternel second

Ce disque a vingt ans et une histoire. J’avais découvert et aussitôt aimé passionnément la bien trop méconnue Symphonie en sol mineur d’Edouard Lalo grâce à la version impérissable de Thomas Beecham. Je ne l’avais jamais entendue en concert et jusqu’à ma nomination à la direction générale de l’ Orchestre Philharmonique Royal de Liège, je n’étais jamais parvenu à la programmer (lire L’éternel second). Dès la saison 2000/2001 je la confiai au jeune chef belge Jean-Pierre Haeck et dans la foulée proposai au label Cypres un disque tout Lalo, avec la Symphonie en sol mineur (1886), contemporaine de la 3ème symphonie de Saint-Saëns et de la symphonie cévenole de D’Indy.

21 février : Claude Carrière et le Duke

Pour rendre hommage à notre cher Claude Carrière disparu samedi (lire La belle carrière de Claude) et à sa passion pour Duke Ellington, cette soirée du 28 juillet 1965 au festival de Tanglewood où le génial pianiste et compositeur de jazz partageait la scène avec Arthur Fiedler et ses Boston Pops

22 février : Céleste duo

Peut-être pas « historiquement informé », mais depuis longtemps un trésor de ma discothèque. Une bonne dose de jubilation, si nécessaire en cette période.La voix plus « céleste » que jamais de Teresa Stich-Randall mariée à celle de Dagmar Hermann sous la direction de Felix Prohaska (1960)

23 février : Les enfants de Jonas K.

Une des grandes soirées du Festival Radio France Occitanie Montpellier, le 27 juillet 2005, l’opéra d’Engelbert Humperdinck, Les enfants du Roi / Die Köningskinder, un ténor de 36 ans qui n’est pas encore la star qu’il est devenu, Jonas Kaufmann, un merveilleux chef qui dirigeait pour la dernière fois à Montpellier, Armin Jordan

24 février : les Cent de Saint-Saëns

#SaintSaens100 #FestivalRF21 Saint-Saëns (1835-1921) va être à l’honneur toute cette année, centenaire de sa mort oblige, et ce n’est que justice. J’ai découvert le plus connu de ses cinq concertos pour piano, le Deuxième, grâce à Artur Rubinstein, et à sa première version stéréo en 1958, sous la direction d’Alfred Wallenstein (lire : La découverte de la musique)

25 février : Cheffe d’orchestre

On parle et on entend – heureusement – de plus en plus des cheffes d’orchestre. Dans une collection « super-économique » j’ai retrouvé dans ma discothèque un disque magnifique de l’une de ces cheffes pionnières, la Française Claire Gibault – organisatrice du concours La Maestra, fondatrice du Paris Mozart Orchestra – Claire Gibault – un disque gravé au milieu des années 80, à Londres, avec le Royal Philharmonic Orchestra. Sur ce disque une splendide 5ème symphonie de Beethoven, et surtout l’une des versions les plus vivantes, joyeuses, allantes (aux antipodes des accents wagnériens qu’y mettent beaucoup de chefs) de la symphonie n°8 dite « Inachevée » de Schubert.

26 février : Vivement l’été

Un très beau disque, un peu passé inaperçu à sa sortie en 2011, dont je suis fier. De beaux artistes, Anne-Catherine Gillet, le chef Paul Daniel, mon cher Orchestre Philharmonique Royal de Liège, et un programme original et sans concurrence discographique !Envie, en ces temps de morosité, de fatigue morale, de penser à l’été, avec ce titre si évocateur de Samuel Barber (1910-1981) : Knoxville : Summer of 1915 est une « rhapsodie lyrique » qui évoque un soir d’été à Knoxville dans le Tennessee sur un texte de James Agee. L’oeuvre a été créée en 1948 par Eleanor Steber et le Boston Symphony Orchestra dirigé par Serge Koussevitzky

27 février : Walter le Tchèque

Un grand chef d’origine tchèque, Walter Susskind (1913-1980), une discographie remarquable mais disparate (lire : Les sans-grade: Walter Susskind) Ici un extrait des Spirituals de Morton Gould, qui doit rappeler des souvenirs aux plus âgés des téléspectateurs français.

28 février : Dvořák l’Américain

Un chef d’orchestre britannique, d’origine tchèque, Walter Susskind (lire Les sans-grade: Walter Susskind), une violoncelliste canadienne d’origine russe, Zara Nelsova (1918-2002), ça donne une splendide version du concerto pour violoncelle de Dvořák :

Concerto pour violoncelle (3ème mouvement)

Zara Nelsova, violoncelle

St. Louis Symphony Orchestra

dir. Walter Susskind. (Vox/Brilliant Classics)

1er mars : Respighi au couchant

Dans la discographie de la grande soprano allemande Irmgard Seefried (1919-1988) une vraie rareté : cette longue mélodie pour soprano et cordes d’Ottorino Respighi, qui date de 1914, intitulée Il Tramonto.

L’aventure France Musique (VIII) : Mémoire retrouvée

Dans le cadre de la nouvelle émission  Les Trésors de France Musique de la grille de rentrée de France Musique, proposée chaque soir de 23 h à minuit, Françoise Monteil diffusait jeudi soir des extraits d’une Mémoire retrouvée consacrée au violoniste Isaac Stern.

J’évoquais le concept des grilles d’été que j’avais involontairement introduit sur France Musique à l’été 1994 (L’aventure France Musique : la séparation).

Deux pleins mois pour permettre aux producteurs réguliers de la chaîne, d’abord de prendre leurs vacances, mais aussi d’essayer de nouvelles idées, de nouveaux formats, et bien sûr pour la direction de donner leur chance à des collaborateurs extérieurs, de tester des concepts, d’ouvrir la chaîne, etc. (c’est ainsi que l’animateur de Tour de chant, l’actuelle émission dominicale vouée à la chanson, Martin Pénetétait venu me proposer une mini-série d’été).

Parmi les projets auxquels je tenais le plus, je souhaitais constituer, ou plutôt reconstituer des archives sur les grands interprètes retirés de la vie active. Déjà à l’époque (!) on invitait les artistes au micro en fonction de leur actualité, pour faire la « promo » de leur dernier disque, du concert ou du spectacle auquel ils participaient. Mais les grands entretiens comme ceux que conduisait Claude Maupomé (Comment l’entendez-vous ?) n’existaient plus.

Je me demandais tout simplement, comme beaucoup d’auditeurs, ce qu’ils étaient devenus, tous ces artistes qui nous avaient enchantés. C’était d’ailleurs le premier titre auquel j’avais pensé : « Que sont-ils devenus? ». Finalement nous nous étions arrêtés à un titre à la fois plus neutre et plus explicite : Mémoire retrouvée.

Le principe de l’émission était d’une grande simplicité. Tous les producteurs de la chaîne étaient sollicités, ils choisissaient librement celles et ceux qu’ils allaient interviewer, et, après arbitrage de ma part, on ne fixait la durée et le nombre des émissions qu’après qu’ils eussent rencontré leurs interlocuteurs. Et surtout, l’émission devait échapper au cadre classique de l’interview, questions-réponses, et laisser seulement parler le musicien, l’inviter à se livrer en toute confiance en dehors de toute préoccupation promotionnelle.

C’est peu de dire que ni les producteurs ni les chargés de réalisation n’étaient habitués à pareille liberté (en général, la direction imposait un format, un horaire), et qu’il fallut pas mal de réglages. Mais tous eurent tôt fait de constater que c’était la bonne formule.

Je  me rappelle deux cas en particulier, où cette souplesse fut bienvenue : ce producteur qui s’était rendu au domicile, une petite maison au bord de la Marne,  d’un ténor qui eut son heure (justifiée) de gloire et qui m’avoua qu’il parviendrait avec peine à construire une heure et demie d’émission avec les propos qu’il avait enregistrés (« C‘est terrible, il n’avait rien à dire! »), et à l’inverse, cette productrice qui avait obtenu un rendez-vous avec Renata Tebaldi, en était revenue enthousiaste, avec de la matière pour faire cinq émissions. Le ténor eut ainsi droit à une heure et demie, la concurrente de Maria Callas à sept heures et demie.

Sauf erreur de ma part, cette série d’émissions estivales commença en 1994 et s’acheva en 2000.

Ces Mémoire retrouvée sont, je l’imagine, toutes archivées à l’INA. Elles ont beaucoup servi à Karine Le Bail et à son émission Les Greniers de la mémoire, mais aussi, bien sûr, à chaque fois qu’est survenu le décès de ceux que les micros de France Musique étaient allés chercher au fond de leur retraite.

La grande majorité des artistes sollicités par les producteurs de France Musique avaient répondu avec enthousiasme, souvent avec émotion. Quelques refus cependant : je me rappelle Teresa Stich Randall 

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faisant répondre qu’elle n’avait rien à dire sur sa vie d’avant (les années Aix, erc.), ou Lisa Della Casa disant que ses disques parlaient pour elle.

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Je me réjouis que Françoise Monteil pioche dans ces trésors, dans ces mémoires à jamais vivantes, pour son émission vespérale.

Parmi les extraits disponibles sur le site de l’INA

Roland Petit (1998)

Pierre Schaeffer (1994)

Régine Crespin (1995)

Le français chanté

Je n’ai pas recensé les chroniques de ce blog, où j’évoque le français, la langue française, mon amour des langues, et de cette langue en particulier. Et même si je peste contre cette  mode contemporaine des « journées », je dois reconnaître que la Journée internationale de la Francophonie ce 20 mars, couplée à une Semaine de la langue françaisea été illustrée de belle manière, en particulier par le président de la République sous la coupole de l’Académie française.

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Comme le relève ce matin un ami journaliste belge, à propos du discours d’Emmanuel Macron : Enfin un dirigeant français qui a compris ce qu’est la francophonie.

Je n’ai pas pu suivre l’allocution présidentielle. J’étais au même moment retenu au cimetière du Père-Lachaise par les obsèques d’une belle personne, la grand-mère maternelle de mes petits-enfants, née au Cambodge, victime avec sa famille des persécutions de Pol Pot, atterrie un jour de 1976 à Roissy alors qu’elle pensait rejoindre les Etats-Unis. La France devient sa nouvelle patrie, le français la langue qu’elle partagera exclusivement avec son mari et ses trois enfants, puis ses petits-enfants, la langue de l’amour familial.

Oui le discours du président dit bien la vraie puissance du français : lire  La francophonie est une sphère dont le France n’est qu’une partie.

L’édition 2018 du Festival Radio France Occitanie Montpellier (voir lefestival.eu) consacrera une large place au chant français, à la mélodie, à la chanson française, au français chanté dans tous ses éclats.

Parmi quantité de concerts où le chanté français sera mis à l’honneur, une soirée qui promet d’aussi belles émotions que ce disque, avec Marianne Crebassa et Fazil Say :

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Mais pour illustrer le propos présidentiel, faut-il rappeler que le « bien chanter » français n’est pas l’apanage des seuls artistes francophones ? Nous en avons eu encore la preuve lors de la Table d’écoute de Musiq3 du 25 février dernier consacrée aux Quatre poèmes hindous de Maurice Delage. Les deux chanteuses « vainqueuses » de l’écoute anonyme sont… Felicity Lott et Anne-Sofie von Otter !

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J’ai encore un souvenir très lumineux de la tournée qu’avait faite il y a dix ans, en août 2008, l’Orchestre philharmonique royal de Liège en Amérique du Sud, sous la direction de Pascal Rophé, avec une soliste magnifique, dans un répertoire qui n’allait pas de soi même devant les publics cultivés de Sao Paolo, Montevideo ou Buenos Aires : Susan Graham chantait les Nuits d’été de Berlioz. À la perfection, et si j’osais, mieux quant à la précision du texte, de la diction, que nombre de ses consoeurs francophones ! Car, en dehors de la scène, Susan Graham ne parlait pas un mot de français…

https://www.youtube.com/watch?v=c3aX4Wfz59g

Dans une riche discographie, où tout est à écouter, je retiens, pour les conseiller vivement, ces deux albums

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Autre preuve de la qualité du français chanté par une non-francophone, ce célèbre air de Louise de Charpentier – le plus érotique de la littérature lyrique française – chanté par celle qui fit les beaux soirs mozartiens d’Aix-en-Provence, l’inoubliable Sophie du Rosenkavalier de Karajan, l’Américaine Teresa Stich-RandallA-t-on jamais mieux évoqué l’émoi amoureux ? Et comme pour ne pas faire oublier que le français n’était pas sa langue native, l’auditeur attentif relèvera juste une coquetterie de prononciation « l’âme encore – prononcée comme Angkor – grisée »… mais combien d’illustrissimes chanteurs ont trébuchéé sur ces diphtongues qui sont l’un des charmes et des difficultés du français, les on, en, in, an…

https://www.youtube.com/watch?v=XrSX0Z3YvZ0

Cantates

Si « les cantates de Bach sont ce qu’il a composé de plus beau, …cette musique mystérieuse et invisible, pleine de vie et d’énergie qui traduit l’idée d’un monde parfait» comme l’écrit John Eliot Gardiner (lire Le mystère Jean-Sébastien Bach), j’imagine l’embarras – qui fut longtemps le mien – de celui qui aimerait s’initier à cet univers.

Par quoi commencer parmi les plus de 250 cantates répertoriées du Cantor de Leipzig ? Quels interprètes, quelles versions ?

71KCovyCQTL._SL1200_Une excellente compilation des chorals les plus célèbres extraits de cantates, des passions (St Jean et St Matthieu), de la Messe en si.

Si on ne veut/peut pas investir dans le projet grandiose entrepris par le chef anglais – l’enregistrement ou ré-enregistrement de l’oeuvre sacrée de Bach – on trouvera un panorama quasi idéal dans ce coffret à prix « budget »

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Ce coffret de 22CD réunit pour la première fois tous les enregistrements de John Eliot Gardiner d’oeuvres vocales de Bach, réalisés pour Archiv Production et Philips du début des années 1980 à 2000. Plusieurs de ces enregistrements  font office de référence : L’Oratorio de Noël, la Passion selon Saint Matthieu, la Passion selon Saint Jean et la Messeen si mineur. 12 CD sont consacrés à une large sélection de 37 cantates, odes et motets , comme Nun komm, der Heiden Heiland, Wachet auf, Herz und Mund und Tat und Leben, et Ich habe genug. On y trouve également le Magnificat et la Cantate 51 enregistrés pour Philips. Et quelle brochette de solistes ! Nancy Argenta, Olaf Bär, Barbara Bonney, Michael Chance, Bernarda Fink, Magdalena Kozená, Derek Lee Ragin, Sara Mingardo, Anne Sofie von Otter, Mark Padmore, Anthony Rolfe Johnson, Andreas Schmidt et Stephen Varcoe. La maîtrise du Monteverdi Choir et des English Baroque Soloists est comme toujours imposante. Un livret de 32 pages contient les tracklistings complets et renvoie sur un lien internet où sont disponibles textes chantés et traductions.

Et puis il y a des disques que je chéris particulièrement, même s’ils ne sont répondent pas aux critères actuels de l’interprétation « historiquement informée », parce que je les ai découverts un peu par hasard. Comme celui-ci :

91rdJb9LBcL._SL1500_Sans doute la fascination de la voix très particulière, sans aucun vibrato, de la soprano américaine Teresa Stich Randallet ce sublime duo de la cantate 78

Et malgré la direction très planplan d’un pionnier du répertoire baroque, le trop oublié Karl Ristenpart, j’ai une affection toute particulière pour la version de la même soprano de la célèbre Cantate 51 (avec le jeune Maurice André à la trompette). Bien des consoeurs de Stich Randall, et de plus célèbres qu’elle, s’y sont essayées et cassé les dents (on évitera soigneusement Mme Schwarzkopf qui y chante constamment faux et surjoué)

https://www.youtube.com/watch?v=i0NK2JzplZU

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Au plus près de la tradition du légendaire Choeur de Saint-Thomas de Leipzig, on trouvera de réelles beautés dans cette généreuse collection de cantates d’église enregistrées in situ par l’un des successeurs de Bach à la direction de cette phalange, Hans-Joachim Rotzsch

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Et, tout aussi avantageux, republié par Brilliant Classics, un coffret de cantates profanesdirigées par le grand Peter Schreier.

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Et puisque c’est la première cantate que j’ai entendue en concert, dans une modeste église de la région parisienne, j’aime toujours autant cette cantate 70 « Wachet, betet » (Veillez, priez), créée le 21 novembre 1723 à Leipzig.

Pour le reste, je renvoie aux spécialistes, aux revues comme Diapason ou Classica, ou à un site passionnant Wunderkammern.fr qui fait la part belle à Jean-Sébastien Bach et à sa discographie récente.

J’évoquais hier le pavé de John Eliot Gardiner, on peut aussi se plonger avec délice dans les ouvrages du grand spécialiste français de Bach, Gilles Cantagrelqui me précéda à la direction de France Musique, et avec qui j’ai eu le plaisir de travailler, regrettant qu’il ne fasse pas plus souvent profiter les auditeurs de la chaîne d’une science aussi vaste que gourmande.

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