L’imprononçable géant

Ecrivant ces lignes, je pense très fort aux présentateurs/trices de France Musique (ou de Musiq3 ou de la Radio suisse romande) qui, depuis quelques heures et dans les jours qui viennent, sont confrontés au redoutable exercice d’énonciation (Comment prononcer les noms de musiciens ?du prénom et du nom du grand chef russe qui vient de disparaître : Guennadi Rojdestvenski (ou en orthographe internationale Gennady Rozhdestvensky), né le 4 mai 1931, décédé ce samedi 16 juin 2018.

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Les premiers commentaires sur les réseaux sociaux soulignent, à juste titre, que c’est le dernier représentant d’une génération de géants de la direction d’orchestre russe qui s’efface. Après Mravinski, Svetlanov, Kondrachine, Rojdestvenski était le lien encore vivant avec tout le XXème siècle russe, Glazounov, Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke, Denisov.

Je n’ai pas le temps maintenant de décrire la singularité de l’art et de la personnalité de Rojdestvenski, j’y reviendrai demain à la lumière de la discographie considérable qu’il laisse et qui traduit bien l’incroyable versatilité de ses appétits et de ses curiosités. Le passionnant documentaire de Bruno Monsaingeon donne un subtil éclairage sur le chef disparu

https://www.youtube.com/watch?v=fuEeZsEY75Y

Le dernier souvenir que j’ai de lui n’a rien de musical. C’était dans un grand magasin parisien – Rojdestvenski et sa femme, Viktoria Postnikova résidaient depuis plusieurs années à Paris -, Monsieur accompagnait Madame à une caisse évidemment embouteillée, personne ne les avait reconnus, et je dois dire qu’ils manifestaient plus de patience que moi…

 

Le Russe oublié (suite)

J’ai plusieurs fois râlé – en vain – sur le sort discographique fait à l’un des plus grands chefs du XXème siècle, je recommence aujourd’hui, avec guère plus d’espoir de voir la situation évoluer. Kirill Kondrachine (1914-1981) est le grand oublié des rééditions/anthologies qui ont fleuri ces dernières années

Pourtant, le label « officiel » de l’ex-URSS, Melodia, a plutôt bien fait les choses pour honorer ses artistes stars : Gilels, Richter, Svetlanov. Quatre somptueux coffrets avec nombre d’inédits hors de Russie.

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Evgueni Mravinski (1903-1988) n’a pas eu droit aux mêmes égards – pour le moment – mais sa discographie a été abondamment documentée par ailleurs.

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Pour Kirill Kondrachine, qui, de mon point de vue, est au moins au même niveau que ses deux illustres collègues, on doute que le label russe lui rende pareil hommage. Même si ses quasi-intégrales Chostakovitch ou Mahler ont été assez régulièrement rééditées et distribuées. Mais Kondrachine avait fui l’URSS en décembre 1978 – Bernard Haitink l’avait immédiatement accueilli au Concertgebouw d’Amsterdam. Ça fait toujours mauvais genre dans la Russie de Poutine…

Il faut donc continuer de pister les rééditions sous diverses étiquettes, et demander à Decca de republier en coffret les précieux « live » jadis édités par Philips dans une collection « Collector » / The Kondrashin Recordings (voir détails : Le Russe oublié)

L’île mystérieuse (suite)

Il y a quatre ans, après un séjour mémorable à Saint-Pétersbourgoù j’avais bien entendu (re)visité le fabuleux musée de l’Ermitage (voir Les trésors de l’Ermitage), j’avais écrit un billet en forme d’appel à l’aide des spécialistes :  lire L’île mystérieuse

Cette île mystérieuse est la célèbre Île des morts du peintre suisse Arnold Böcklin. Qui existe en cinq versions, deux que j’avais vues à Bâle, New York. Mais nulle part n’est répertoriée la toile que j’avais vue à l’Ermitage…

Lors de mon escapade à Leipzig le 28 décembre dernier, j’ai vu la cinquième des versions répertoriées, celle de 1886 :

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Dans un magnifique musée, le vénérable Museum der bildenden Künste installé depuis 2005 dans un cube de verre et de béton au coeur de la ville.

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IMG_3708(Caspar David Friedrich, Les âges de la vie, 1834)

IMG_3711(Gustave Loiseau, Le pont de Saint-Ouen, Pontoise sous la neige)

IMG_3713(Monet, Bâteaux sur la plage d’Etretat, 1883)

IMG_3726(Böcklin, Flora, 1905)

IMG_3728(Böcklin, Hymne au printemps, 1885)

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Dans ce musée, une salle est incontournable, celle qui contient cette monumentale et délirante statue de Beethoven, due à Max Klinger (1985-1920), et quelques autres toiles monumentales du même acabit !

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IMG_3737(Rüdiger Berlit (Leipzig 1883-1939)Femme, enfant et paysage, 1924)

IMG_3732(Fritz Winkler, (Dresde 1894-1964)Rue et église, , 1927-30)

Pour en revenir à Böcklin et à son Île des morts, je renvoie à mon billet d’il y a quatre ans (L’île mystérieuseà propos des oeuvres musicales qu’elle a inspirées : Rachmaninov bien sûr et les moins connus Quqtre poèmes symphoniques d’après Böcklin de Max Reger

Le point sur quelques bonnes versions récentes :

On conseille vivement le coffret Brilliant Classics publié à l’occasion du centenaire de la mort de Reger en 2016 qui contient l’essentiel de l’oeuvre symphonique du compositeur allemand dans des versions idiomatiques, captées à DresdeLeipzig ou Berlin dans l’ex-RDA

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Pour Rachmaninov, la discographie n’a pas fondamentalement évolué par rapport à mon billet cité plus haut.

Enfin, en ce 7 janvier, comment ne pas se remémorer la tragédie du 7 janvier 2015Le silence des larmes…

 

Le génie de Genia (II)

Quatre mois après un premier coffret paré d’argent, paraît la suite, tant attendue, du projet discographique sans doute le plus considérable de l’histoire du disque : une anthologie quasi exhaustive de la musique symphonique russe par un géant de la direction d’orchestre, Evgueni Svetlanov (lire Le génie de Genia).

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Le premier coffret couvrait tous les compositeurs du XIXème siècle de Glinka à Liapounov et comportait relativement peu d’inédits, la plupart de ces enregistrements avaient été édités en CD, sous différentes étiquettes ou labels.

On retrouve ici des Rachmaninov, Scriabine d’anthologie, portés par un souffle immense, une intégrale d’un compositeur certes prolifique et inégal, mais bien négligé en Occident, Glazounov (mort à Neuilly en 1936 !).

Mais ce second coffret révèle bien des surprises : trois CD consacrés au très médiocre mais inamovible secrétaire de l’Union des compositeurs soviétiques (de 1948 à 1991 !) Tikhon Khrennikovtrois au contestable et pas toujours inspiré Rodion Chtchedrine (six lettres en russe, Щедрин, onze en français !), époux à la ville de la célèbre danseuse Maia Plisstetskaia, disparue en 2015. Mais de grands absents, quasiment rien de Prokofiev, Khatchaturian, Weinberg ou Glière, quelques symphonies de Chostakovitch, rien de Schnittke, Gubaidulina, Denisov, en revanche une superbe anthologie, très remarquée à sa sortie, des symphonies de MiaskovskiIncompréhensible l’absence des propres compositions orchestrales de Svetlanov, qui, pour n’être pas touchées par le génie, ne sont pas inécoutables, loin de là. Pudeur de l’éditeur, des proches du chef ?

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https://www.youtube.com/watch?v=x0cgYLI1obk

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Evidemment, ce coffret comme le premier (ou ceux que Melodia a consacrés à Richter et Gilels) n’est pas bon marché, mais les différences de prix entre les pays sont incompréhensibles : 455 € sur le site français d’Amazon315 € lorsque je l’ai commandé, maintenant à 345 € (110 € de moins !) sur le site italien du même distributeur.

Détails du coffret sur bestofclassic.skynetblogs.be

On consacrera ultérieurement des chroniques à certains des compositeurs, connus ou inconnus, à certains des solistes aussi, présents dans ce coffret (comme le tout jeune Vadim Repin, interprète de luxe des concertos de Khrennikov !)

Le génie de Genia

Les Russes ont le génie des diminutifs. Tous les prénoms, tous les membres de la famille, père, mère, grand-mère, enfants, sont appelés par leurs diminutifs, et plus ceux-ci sont longs, plus le lien d’affection est fort. Dans le domaine musical, on connaît Slava pour (Mstislav) Rostropovitchou Petrouchka (petit Pierre), le ballet de Stravinsky.

Je fus pour le moins surpris d’entendre, lors d’un après-concert mémorable à Montpellier, le président de Radio France de l’époque, Michel Boyons’adresser au chef d’orchestre en ces termes : « Cher Genia« . Cela nous changeait du sempiternel (et ridicule) « Maestro » mais cette familiarité involontaire avec un géant de la direction d’orchestre au physique de premier secrétaire du Politburo n’était pas pour me déplaire. Evgueni Svetlanov(1928-2002) prit les compliments du PDG sans trahir la moindre émotion. Un bloc. Impressionnant.

J’eus ensuite le privilège de souper avec lui et son épouse, qui veillait à ce qu’il respecte un régime très strict. Le chef avait failli succomber quelques mois plus tôt à tous les excès dont les Russes sont coutumiers et c’est un chirurgien parisien qui l’avait « sauvé » (c’étaient ses propres termes). J’avais devant moi un monument que j’admirais depuis très longtemps – et mes premiers disques russes – que j’avais vu plusieurs fois en concert (à Colmar, à la salle Pleyel). Je voulais lui poser mille questions, mais je me retins de l’importuner.

Rodolphe Bruneau Boulmier et Emilie Munera ont consacré cette semaine sur France Musique une séquence quotidienne à Evgueni Svetlanov et au projet fou, sans équivalent discographique, qui fut le sien d’enregistrer toute la musique symphonique russe. Les collectionneurs, dont j’étais évidemment, avaient patiemment rassemblé les doubles CD que BMG en association avec Melodia avaient publiés au fil des années 80.

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Mais comme l’éditeur historique l’avait fait pour Richter (Edition limitée) et Gilels (Un jeune centenaire) Melodia a entrepris de rééditer ce patrimoine discographique considérable, avec un travail magnifique de remasteringUn premier coffret de 55 CD vient de sortir, classé par ordre chronologique (de Glinka à Liapounov)

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Un mot de la présentation, coffret cartonné (Richter était en blanc, Gilels en rouge, Svetlanov est en gris souris). Chaque CD est dans un bel étui avec mentions quadrilingues. Et surprise en ouvrant le coffret :

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Un livret un peu pauvre en iconographie, mais avec un bonus non négligeable, Svetlanov pianiste jouant MedtnerPour une entreprise de ce niveau, Melodia aurait pu se payer les services d’un traducteur compétent, la partie française du livret oscillant entre l’incompréhensible et le comique involontaire. Exemple : « La possibilité de l’enregistrement précis du folklore sonore (avec l’aide du phonographe) est devenue simultanément le précurseur de sa disparition – et voilà les artistes tâchent de reproduire sous son aspect originel ce que leurs descendants peuvent ne plus entendre en live » Le premier qui comprend cette phrase… gagne toute mon estime !

https://www.youtube.com/watch?v=6OLAxpaZTGI

On attend déjà avec impatience la suite (les compositeurs russes du XXème siècle).

Détails de ce coffret sur bestofclassic.skynetblogs.be.

*Sur l’orthographe et la prononciation du prénom de Svetlanov : le russe Евгений (Eugène) se dit Iev-gué-ni. D’où toutes sortes de transcriptions : Yewguenij, Evgeny, Ievguenyi…

Les cloches de Pâques

Qu’il croie au Ciel ou qu’il n’y croie pas, le mélomane peut difficilement échapper aux grands rituels catholiques, comme ceux de la Semaine Sainte et de Pâques (les Passions de Bach et de tous les autres, les oratorios de Handel, Telemann..). Je suggère la lecture du dernier billet de l’excellent blog de Jean-Christophe Pucek : La Passion selon Saint Jean d’Alessandro Scarlatti.

En ce dimanche pascal, j’ai en tête un ouvrage qui, en dépit de son nom, n’a rien à voir avec la fête de la Résurrection : Les Cloches de Rachmaninov. Je me demande d’ailleurs pourquoi j’associe les cloches à Pâques, j’avoue l’avoir ignoré jusqu’à ce que je découvre ce matin l’origine de cette légende sur le site… de l’Eglise catholique de France : Pourquoi parle-t-on des cloches de Pâques ?

Revenons à la Russie et à Rachmaninov. Ses Cloches sont un « poème pour orchestre symphonique, solistes et choeurs » créé en 1913, sur un poème d’Edgar Allan Poe, arrangé par Constantin Balmont (lire ici la traduction française de MallarméLes Cloches).

Je n’ai jamais compris pourquoi ce chef-d’oeuvre est longtemps resté dans l’ombre, et l’apanage de quelques versions russes historiques. La discographie s’en est heureusement enrichie spectaculairement ces dernières années.

Indépassables Svetlanov et Kondrachine, le souffle épique, la puissance inimitable des choeurs russes. Dans un coffret Decca apparemment indisponible pour le moment, ne pas oublier la somptueuse vision d’Ashkenazy avec le Concertgebouw.

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Et Previn, Rattle, Noseda, Dutoit, Pletnev, et le jeune Andris Poga

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Puisqu’on est en Russie, souvenir personnel du printemps 2011, et d’un voyage mémorable dans les villes historiques du Cercle d’Or (voir les photos : Bulbes)

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Je me trouvais à Iaroslavl le jour de la Pâque orthodoxeEt le lendemain au monastère de Sergiev PossadInoubliable !

Printemps qui commence

Je n’ai jamais su si le printemps commençait le 20 ou le 21 mars. Tout dépend de l’équinoxe, et si j’en crois les spécialistes, c’était hier aux aurores (http://www.linternaute.com/actualite/societe/1218670-equinoxe-de-printemps-pourquoi-le-printemps-2016-est-si-precoce-19-mars-2016/)

Peu importe, la musique ne s’embarrasse pas d’autant de précision. Les saisons sont un éternel sujet d’inspiration, et les plus célèbres sont connues de tous (Vivaldi, Haydn, 1ere symphonie de Schumann, etc.).

Quelques printemps moins connus que d’autres pour commencer cette dernière semaine de mars.

L’un des grands airs de l’opéra de Saint-Saëns, Samson et Dalila, est un redoutable piège pour toutes les cantatrices qui s’y frottent, puisque la principale difficulté de la langue française pour les non francophones, la prononciation des diphtongues – en/an/in -, s’y trouve concentrée dès les premiers mots : Printemps qui commence, portant l’espérance Chez beaucoup, et les plus illustres, ça donne à peu près : Prê-tâ qui com-mâce !

https://www.youtube.com/watch?v=qvBOaaFGtwU

Evidemment, c’est un reproche qu’on ne peut pas faire à la plus grande Dalila du XXème siècle, la très regrettée Rita Gorr (1926-2012)

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Glazounov, né en 1885 à Saint-Pétersbourg, et mort il y a tout juste 80 ans, le 21 mars 1936… à Neuilly sur Seine, est le type même d’excellent faiseur, qui n’atteint jamais au génie, mais dont l’oeuvre n’est pas négligeable dans l’histoire de la musique russe. Sous la baguette de Svetlanov, son Printemps évoque éloquemment l’éveil de la nature.

https://www.youtube.com/watch?v=Goick97CYIU

Le jeune Rachmaninov a lui aussi dédié au Printemps une cantate beaucoup trop méconnue

Charles Dutoit en a gravé une version de référence à Philadelphie (avec deux autres chefs-d’oeuvre trop peu joués, Les Cloches et les trois chants russes.

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Debussy a quant à lui signé un poème symphonique, Printemps, plutôt rare au concert. Hommage en passant à Pierre Boulez, disparu en ce début d’année 2016 :

https://www.youtube.com/watch?v=nZkgyIdXt44

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Edition limitée

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Je l’avais promis hier, tout cet article est consacré à la plus belle parution discographique de l’année, une édition limitée certes, qui a son prix – mais amplement justifié – le plus bel hommage qui pouvait être rendu à Sviatoslav Richter pour le centenaire de sa naissance.

Ce n’est pas une compilation de plus, comme il y en eut tant pour ce pianiste, et pas toujours des plus soignées.

Ici ce ne sont que des enregistrements de concert en Russie, pour l’essentiel à Moscou, captés par la radio d’Etat, fantastiquement retravaillés, remastérisés, par ce qui fut le label soviétique, Melodia, qu’on a bien cru voir disparaître après l’éclatement de l’URSS. Et c’est tout simplement prodigieux, exceptionnel, on est en manque de qualificatifs. Comme je l’écrivais hier, l’occasion aussi de redécouvrir, s’il en était besoin, l’un des plus grands chefs russes du XXème siècle, Kirill Kondrachine, le partenaire le plus fréquent de Richter dans les concertos, et par exemple dans le Triple de Beethoven où l’on retrouve le même trio de luxe qu’avec Karajan, Richter, Oistrakh, Rostropovitch… Revue de détail ci-dessous.

Encore un mot sur l’objet, très beau boîtier noir, pochettes cartonnées or et blanc, livret quadrilingue (russe, anglais, français, allemand) remarquablement documenté, et même un grand sac de coton blanc à l’effigie du coffret !

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CD 1 Schubert Sonate 21 D 960 / Schubert-Liszt Erlkönig / Moussorgski Tableaux (8 décembre 1949)

CD 2 Bach extr.cantate 202 / Mozart 3 mélodies / Debussy C’est l’extase langoureuse / Chausson Le colibri / Ravel Cinq mélodies grecques (répétition privée) – Mozart Komm liebe Zither, Die Alte / Liszt Vergiftet sind meine Lieder / Schumann Mit Myrten und Rosen / Weckerlin Belle Manon / Falla Seguedilla / Debussy Noël des enfants qui n’ont plus de maison (Bucarest, 24 mai 1958) + Nina Dorliac, mezzo soprano.

CD 3 Haydn Sonate 50 / Chopin Ballade 3, Scherzo 4 / Schumann Novellettes op.21 (24 septembre 1960)

CD 4 Debussy Reflets dans l’eau, Hommage à Rameau, L’Isle joyeuse, Cloches à travers les feuilles, Les collines d’Anacapri (24 septembre 1960 / Franck Quintette piano (studio 1956) + Quatuor du Bolchoi

CD 5 Brahms Concerto 2 + bis 4e mvt / Beethoven Rondo si b M (28 mai 1967) + Kondrachine*

CD 6 Beethoven Concertos 1 et 3 (8 mai 1962) + Kondrachine

CD 7 Beethoven Sonates 17,18,27,28 (10 octobre 1965, à la mémoire d’Heinrich Neuhaus)

CD 8 Prokofiev Sonate 7 / Scriabine Sonate 7 / Ravel Valses nobles et sentimentales (10 décembre 1964)

CD 9 Beethoven Sonate 31 (10 octobre 1965, à la mémoire d’Heinrich Neuhaus) / Ravel Miroirs, Jeux d’eau / Rachmaninov Etude Tableau op.39/3 / Brahms Rhapsodie op.79/2 (10 décembre 1964)

CD 10 Hindemith Sonate violon / Berg Kammerkonzert (18 mai 1976) + Kagan, vi Ens.vents Conservatoire Moscou, Nikolaievski

CD 11 Prokofiev Sonates 2,4,6 (2 mai 1966)

CD 12 Mozart sonate violon K402, Beethoven sonates violon 2,4,5 (27 octobre 1975, à la mémoire de David Oistrakh) + Kagan

CD 13 Tchaikovski Extr.Saisons, Nocturne, Valse scherzo, Humoresque, Capriccioso, Valse, Romance / Rachmaninov Etudes-Tableaux op.33/4,5,8, op.39/1,2,3,4,9 (1er juin 1983, inauguration de la salle Rachmaninov du Conservatoire de Moscou)

CD 14 Même programme que CD 12 (2 juin 1983) sauf Tchaikovski Romance, Un poco di Chopin, L’Espiègle, Rêverie du soir, Chanson triste, Menuetto scherzoso, Valse de salon, Méditation

CD 15 Schubert Sonates D 566, 625, 664 (18 octobre 1978, 150eme anniversaire de la mort de Schubert)

CD 16 Schubert Sonates D 894, 566 (2 mai 1978, à la mémoire d’Heinrich Neuhaus)

CD 17 Schubert Scherzo 2, Andante D 604, Ländler D 366, Moments musicaux D 780/1,2,3 (2 mai 1978), Ecossaises D 774, extr.Danses allemandes D 790, Impromptu D 899/3 (18 octobre 1978), Marche D 606, Impromptus D 899/2,4 (3 mai 1978)

CD 18 Beethoven Triple concerto (20 mars 1972) + Kondrachine, Oistrakh, Rostropovitch / Dvorak Concerto (21 mai 1961) + Kondrachine

CD 19 Franck Trio piano / Ravel Trio piano (18 septembre 1983) + Kagan, Gutman

CD 20 Beethoven Sonate 1 / Schumann Carnaval de Vienne / Chopin Polonaise Fantaisie, Valses op.14/3, 70/3, Mazurkas op.63/3, 67/3, 68/3 post. (10 décembre 1976)

CD 21 Chopin Etude op.10/4, Etude op.25/7, Scherzo 4, Prélude op.28/15 / Debussy Le vent dans la plaine, Ondine, Bruyères / Rachmaninov Prélude op.32/12 (10 octobre 1976) Debussy Reflets dans l’eau, Hommage à Rameau, Mouvement, Cloches à travers les feuilles (18 septembre 1983)

CD 22 Beethoven Sonates 1, 7, 9, 12 (16 octobre 1976)

CD 23 Mozart Concerto 22 / Prokofiev Concerto 5 (12 mai 1967) + Kondrachine

CD 24 Britten Concerto (12 septembre 1967) / Scriabine Prométhée (3 avril 1972) + Svetlanov, OS URSS

CD 25 Haydn Sonate 22 / Chopin Ballade 1, Nocturnes op.62/2, 72/1 / Debussy Préludes II (26 mai 1967)

CD 26 Bartok sonate violon 1 / Prokofiev sonate violon 1 (29 mars 1972) + Oistrakh

CD 27 Brahms sonate violon 2 / Schubert Grand duo, andantino / Beethoven sonate violon 1, allegro (29 mars 1972) Franck Sonate violon (28 décembre 1968) + Oistrakh

CD 28 Brahms sonate violon 3 / Schubert Grand Duo / Beethoven Sonate violon 6, adagio, Sonate violon 5, scherzo (28 décembre 1968) + Oistrakh

CD 29 Beethoven sonates violon 1,3,10 (6 mai 1970) + Oistrakh

CD 30 Beethoven sonate violon 5 / Brahms Sonate violon 3 / Chostakovitch sonate violon (3 mai 1969) + Oistrakh

CD 31-32 Bach Clavier bien tempéré livre I (20 et 21 avril 1969)

CD 33 Schumann Bunte Blätter, Albumblätter, Novellette, Prélude, Marche, Abendmusik, Scherzo, Geschwindmarsch / Moussorgski Tableaux (15 décembre 1968)

CD 34 Beethoven Sonates 27, 28, 30,31 / Brahms intermezzo op.118/1, capriccio op.116/3, intermezzo op.116/5 (10 octobre 1971)

CD 35 Schubert Sonate D 958 / Brahms Capriccios op.116/3,7 , Intermezzi op.116/5,6 / Chopin Nocturnes op.15 (6 octobre 1971)

CD 36 Beethoven Sonates 3,4 (12 janvier 1975)

CD 37 Beethoven Sonate 32, Bagatelle op.126/1 / Chopin nocturne op.9/1 / Wagner Elégie (12 janvier 1975) Debussy Images I, Hommage à Haydn / Rachmaninov Préludes op.32/1, 23/8, 23/7 (6 octobre 1971)

CD 38 Mozart concerto 17 (22 décembre 1968) + Barchai OC Moscou / Berg Kammerkonzert (9 avril 1972) + Kagan, Barchai, OS radio Moscou

CD 39 Mozart concerto 14 / Beethoven concerto 3 (27 mai 1973) + Barchai OC Moscou

CD 40 Mozart concerto 18 (9 et 10 janvier 1977) + Kondrachine

CD 41 Miaskovski sonate 3 / Chostakovitch Préludes op.87/19,20,21,22 / Prokofiev Sonate 8 (22 décembre 1974)

CD 42 Bach Concertos BWV 1052, 1057, 1050 (25 mars 1978) + Nikolaievski ens.ch.Conservatoire Moscou

CD 43 Mozart Concerto 27 (29 décembre 1976) + Kondrachine / Schumann Concerto (28 mars 1973) + Barchai OS URSS

CD 44 Chostakovitch Sonate alto (26 décembre 1982) + Bashmet

CD 45 Haydn Sonate 2 / Brahms Sonate violon 1 / Chostakovitch Sonate violon (13 mai 1985) + Kagan

CD 46 Beethoven Sonates 6,7,17 (21 décembre 1980)

CD 47 Beethoven Sonate 18 / Chopin Etude op.10/12 (21 décembre 1980) Schubert Sonate D 566 (28 mai 1964) Liszt Concerto pathétique (8 janvier 1959) + Ginsburg

CD 48 Brahms Sonate 2, Klavierstücke op.119 / Szymanowski Sonate 2 (8 janvier 1959)

CD 49 Schubert Klavierstücke D 946 / Mendelssohn Variations sérieuses / Brahms Ballade op.10/2, Capriccio op.76/8, Intermezzi op.116/3,5,6,7 (28 mai 1964)

CD 50 Prokofiev Sonate 9, Légende op.12/6, extr.Visions fugitives, Valse de Guerre et Paix, Cendrillon, extr. (8 juin 1979)

*Kondrachine : toujours avec l’Orchestre Philharmonique de Moscou

** Sauf mention contraire, tous ces enregistrements ont été faits dans la grande Salle du Conservatoire de Moscou.

P.S. J’ai personnellement commandé (au meilleur prix disponible) ce coffret sur http://www.amazon.it.

L’île mystérieuse

J’ai besoin de l’aide de mes lecteurs pour élucider un mystère. Oh pas l’un de ces mystères qui ferait la une des médias people, ni même un articulet dans un journal sérieux… C’est d’ailleurs bien pour cela que je ne suis pas parvenu à résoudre l’énigme !

Il s’agit d’un tableau parmi les plus célèbres qui soient :

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L’île des morts est sans doute la toile la plus connue du peintre suisse Arnold Böcklin (1827-1901) et une parfaite représentation du courant symboliste en peinture.

Selon les informations que j’ai trouvées, elle a existé en cinq versions différentes : deux datant de 1880 conservées l’une au Kunstmuseum de Bâle, l’autre au Metropolitan Museum de New York (où je l’avais déjà vue), une troisième en 1883 exposée à la Alte Nationalgalerie de Berlin, une quatrième détruite pendant le bombardement de Rotterdam en 1944, la dernière de 1886 se trouvant au Museum der bildenden Künste de Leipzig.

Et pourtant c’est bien cette même Île des morts de Böcklin que j’ai vue et photographiée à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. J’ai peine à croire qu’une oeuvre aussi connue ne soit pas répertoriée, ni mentionnée parmi les trésors du musée russe. Alors un prêt ? un achat ? un transfert ? La réponse viendra-t-elle de et sur ce blog ?

En attendant, les mélomanes savent que le chef-d’oeuvre de Böcklin en a inspiré un autre à Rachmaninov, un poème symphonique composé et créé en 1909 à Moscou. Mais pas seulement à Rachmaninov ! En 1913, Max Reger (1873-1916), compose une extraordinaire suite de Vier Tondichtungen nach Böcklin (Quatre poèmes symphoniques d’après Böcklin). L’ïle des morts en constitue le 3e mouvement. La proximité entre les oeuvres de Rachmaninov et Reger est aussi saisissante qu’inattendue !

Au disque, relativement peu de versions de ces deux chefs-d’oeuvre symbolistes, mais de premier plan.

Pour Reger, on cherchera en priorité la magnifique vision du grand Hans Schmidt-Isserstedt et de son orchestre hambourgeois, on trouvera aussi la belle version de Heinz Bongartz dans le coffret Brilliant Classics à tout petit prix.

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Pour Rachmaninov, le souffle extraordinaire de Fritz Reiner reste une référence absolue, tandis que Svetlanov et Jansons exaltent la puissance symphonique de l’oeuvre.

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