Soleils d’hiver au musée

Retour au Louvre

Aller au musée du Louvre, juste pour le plaisir, sans projet préconçu, ni pour un vernissage, ni pour un concert, cela ne m’était pas arrivé depuis des lustres.

Je me suis mis dans la peau d’un touriste, réservant mon billet et mon horaire à l’avance, un jour de semaine ordinaire. J’ai commencé par des salles que je sais moins fréquentées que d’autres, et puis j’ai suivi le parcours obligé : la Joconde, la Victoire de Samothrace, et puis les autres devant lesquels la foule qui se prenait en selfie devant la Joconde, passait indifférente…

Les mêmes qui se pressent devant la Joconde ignorent superbement ces deux autres célèbres toiles de Leonard de Vinci ou de son atelier: La belle ferronnière et un Saint Jean-Baptiste (attribué à Francesco Melzi) devenu Bacchus !

Le même Jean-Baptiste, au désert cette fois, dû à Raphaël, est à quelques mètres :

Quand la sculpture exalte le corps : ci-dessus à gauche Psyché ranimée par le baiser de l’Amour d’Antonio Canova, à droite le Mercure volant de Jean de Bologne.

Ci-dessous à gauche L’esclave rebelle de Michel-Ange, à droite le sublime Gladiateur Borghese chef d’oeuvre de l’Antiquité grecque.

Quant à La Victoire de Samothrace, elle est de nouveau installée dans toute sa splendeur, après une complète restauration entre 2013 et 2015.

Les soleils de Marmottan

Il y a dans Paris quantité de musées, modestes par la taille (en comparaison du Louvre ou d’Orsay !), mais tellement riches et attachants. Du temps où je travaillais dans la Maison ronde, j’aimais m’arrêter au Musée Marmottan Monet, tout près des portes de La Muette ou de Passy.

En ce moment une exposition particulièrement bienvenue à cette période de l’année : Face au soleil, un astre dans les arts.

On est accueilli, cueilli devrais-je dire, par cet éblouissant Le soleil inonde ma toile (1966) de Gérard Fromanger (1939-2021)

On aperçoit vite la toile sans doute la plus célèbre de Monet Impression, Soleil levant, la plus célèbre de la collection permanente du musée Marmottan (on y reviendra) aussi.

Claude Monet, Impression Soleil levant, 1874

L’exposition n’est pas immense, mais ne propose que des chefs-d’oeuvre. Petite sélection :

Deux Caspar David Friedrich (1774-1840) à gauche La croix dans les bois (1812), à droite Le matin de Pâques (1828).

Ci-dessous, à gauche André Derain (1880-1954) Big Ben, Londres, à droite Paul Signac (1865-1956) Le port au soleil couchant (Saint-Tropez)

Ci-dessus à gauche Charles-Marie Dulac (1866-1898) Soleil levant à Assise (1897), à droite Maurice Denis (1870-1945) Saint-François d’Assise recevant les stigmates (1904)

C-dessous à gauche Otto Dix (1891-1969) Soleil levant (1913), à droite Gérard Fromanger Impression, Soleil levant 2019

Collection permanente

C’est aussi pour Monet qu’on vient et revient au musée Marmottan qui raconte ainsi l’origine de la présence d’une aussi importante collection de toiles du peintre de Giverny (lire Un dimanche d’automne à Giverny) :

En 1966, un événement majeur marque la vie des collections. Le musée devient le légataire universel de Claude Monet par l’intermédiaire de son fils, Michel. Il hérite ainsi de la maison de Giverny et des œuvres restées dans la famille. Plus de cent peintures retraçant la carrière du chef de file de l’impressionnisme intègrent le musée. Outre les chefs-d’œuvre de jeunesse et de la maturité (Le Train dans la neige. La locomotive ; En promenade près d’Argenteuil ; Le Pont de l’Europe, gare Saint-Lazare ; Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise…), l’ensemble se distingue par des tableaux monumentaux représentant les Nymphéas et le jardin de Giverny. Ces œuvres inédites du vivant de l’artiste sont présentées au public pour la première fois à leur arrivée au musée. Seul lieu à conserver les ultimes Pont japonais et Maison vue de l’allée aux roses, le musée Marmottan Monet offre par le nombre et la rareté de ses toiles une visite sans équivalent du premier fonds mondial d’œuvres de l’artiste (Source : Musée Marmottan Monet)

Claude Monet, Nymphéas, 1919

Mais l’ancien hôtel particulier de Paul Marmottan vaut aussi pour le mobilier, les objets d’art rassemblés par ce passionné du Premier Empire, le premier fonds mondial de l’oeuvre de Berthe Morisot, et la vingtaine d’épées d’académiciens exposées ici depuis 2018 à la demande du directeur du musée depuis 2013, l’ex-PDG de France Télévisions Patrick de Carolis.

Louis Gauffier, Vue de l’Arno (1799)
Gustave Caillebotte : Rue de Paris Temps de pluie, 1877
Camille Pissarro Les boulevards extérieurs Effet de neige 1879

Parmi la vingtaine exposée ici, trois toiles de la première femme impressionniste Berthe Morisot (1841-1895)

Equateur, premières vues

C’était un rêve de longue date qui finalement se réalise. Mais jusqu’au bout on s’est demandé si le voyage nous serait autorisé.

Je n’ai même pas à me plaindre, ni des contrôles au départ, ni des deux vols qui nous ont permis d’atteindre Quito, la capitale de l’Équateur, ni des contrôles à l’arrivée – des équipes parfaitement organisées pour recueillir les documents exigés pour les mesures sanitaires, vérifier les passeports. On est même admiratif d’un peuple qui applique, partout et pour tous, le port du masque, qui se fait vacciner en masse depuis que le nouveau gouvernement équatorien, mis en place il y a quatre mois après l’élection d’un nouveau président, a décidé de faire du pays un modèle de lutte contre la pandémie en Amérique du Sud.

Ce dimanche, lors d’une fête des Indiens otavalienos, près de la ville d’Otavalo. Tous masqués.

Premier soir à Quito

La première impression saisissante est cette impavide régularité du lever et du coucher du soleil : 6 h du matin, 6 h du soir. On est à une petite vingtaine de kilomètres de la ligne de l’équateur !

Et dès que le soir tombe sur le centre historique de Quito, on déguste la beauté qui s’offre. Et on ne ressent pas (pas encore ?) l’altitude de la ville, 2800 mètres tout de même !

Un dimanche à la campagne

à quelques kilomètres avant d’arriver à Otavalo, à une petite cinquantaine au nord de Quito, on assiste par hasard à une sorte de foire, de fête, où se retrouvent essentiellement les Indiens quetschuas qui forment la majorité de la population. La photo ci-dessus figure le rituel de l’offrande au soleil.

Nature volcanique

Sur la route on a aperçu un des grands volcans équatoriens de la Cordillière, le Cayambe et son sommet enneigé culminant à 5780 m !

On parcourt une partie du sentier qui, à 3100 mètres, fait le tour du lac volcanique situé dans le parc naturel de Cotacachi Cayapas, et on est saisi par l’abondance et la variété de la flore à cette altitude.

Le soir en rentrant de cette longue excursion, je lis plusieurs messages sur Instagram, l’un du chef d’orchestre Charles Dutoit : « C’est à Quito qu’on parle le meilleur espagnol de toute l’Amérique latine« , un autre de mon ami photographe Ferrante Ferranti : « N’oublie pas de visiter le collège et l’église des Jésuites, ainsi que l’église San Francisco ». J’ai déjà fait le même constat que Charles Dutoit (pour le peu d’espagnol que je parle !), et j’ai suivi ce lundi le conseil de Ferrante. Suite au prochain épisode !

Des vagues de dunes

(Namibie II)

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Les couchers de soleil en bord de mer, en montagne, sur un lac, peuvent être exceptionnels. Sur une immensité désertique ceinte de pentes aux couleurs accordées aux nuages, c’est un spectacle unique. Celui qu’on a eu hier soir du balcon du Moon Mountain Lodge, à quelques encâblures du site de Sesriem.

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Ce mardi matin levé avant l’aurore (5 h) pour parcourir la piste qui mène à des paysages que tous les guides présentent comme uniques au monde. Surtout au lever du jour. La réalité est plus impressionnante encore que tout ce qu’on peut en voir, aucune photo, aucun film ne peut restituer l’impression physique d’immensité, d’infini, qui vous étreint sur plusieurs dizaines de kilomètres.

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L’entrée du gigantesque parc naturel répond à un cérémonial précis : une « ranger » locale, coiffée d’un bonnet péruvien, recense à la main, d’une écriture régulière et serrée, tous les éléments constitutifs de votre visite : numéro, type du véhicule, occupants, heure d’entrée, tout cela doit être signé et contresigné par les visiteurs… avant qu’ils ne soient dirigés vers un guichet plus loin pour payer leur écot. Autant le dire, on aime cette façon à l’ancienne d’accueillir le touriste. Bon, pour être complet, il faut avouer qu’on se fera gruger au bout de la piste, là où les voitures n’ont plus accès, par un chauffeur de jeep qui se propose, à un prix à la tête du client, de nous conduire et de nous ramener du point extrême du parc. Mais quand on découvre le site, les dunes immenses, les lacs salés pétrifiés, les passereaux multicolores et gourmands peuplant les rares arbres vivants…on oublie tout !

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Sauf qu’au milieu de l’ascension de la dune la plus haute (voir photo ci-dessus) on est obligé de rebrousser chemin. Le vertige qui paralyse soudain, sans aucune raison, et qui vous laisse immobile de très longues secondes. Je pensais avoir conjuré un phénomène que je n’avais connu que tardivement, il y a une vingtaine d’années, dans une situation tout aussi banale, sur un rocher surplombant une plage de Cassis. Situation ridicule pour les autres, humiliante pour soi-même.  Les photos qui suivent ne sont pas de moi, mais d’un accompagnateur plus vaillant – et meilleur photographe – que moi : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10153348529437602.1073741878.629007601&type=1&l=a0eca59586

12401707_10153784353478194_1009146949676154720_oAu petit jour, à l’aller, une belle dizaine de zèbres du désert nous avait barré la route pour disparaître à toute allure, sans qu’on ait eu le temps de les photographier. Au retour, de majestueux oryx, solitaires, ou plus rarement groupés, arpentent fièrement leur immense territoire. Dans le lointain, des autruches, ou des émeus ?

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On atteint vite le mitan du jour, la chaleur est écrasante, parfois le vent se lève et soulève le sable en rafales. Un dernier coup d’oeil sur un canyon beaucoup moins spectaculaire que ceux qu’on a vus naguère dans l’Ouest américain. Une halte roborative au lodge local, avant de reprendre la route et de revoir à l’envers, sous le soleil au zénith, en d’infinies variations de rouge, d’ocre, d’or et d’abricot, les mêmes sommets, les mêmes courbes arrondies, et des ciels infinis.

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Namibie I

C’est presque devenu une tradition : s’échapper de Paris pendant l’entre-deux-fêtes et éviter les obligations festives du 31 décembre. En 2012, New York, neige, froid, soleil. Central Park en majesté.

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10151205833412602.461213.629007601&type=1&l=e588149486

En 2013 Saint-Petersbourg, les nuits très longues, mais ni Neva gelée, ni couches épaisses de neige sur les avenues et les trottoirs. Ceux qui ont payé à prix d’or une Saint-Sylvestre en blanc se consolent en arpentant le Jardin d’été et ses verts gazons.

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10151873520137602.1073741859.629007601&type=1&l=47f2599990.

En 2014, un déménagement à organiser de Liège vers la région parisienne. Une activité de plusieurs jours à plein temps !

Ce 26 décembre, après que mes proches ont sacrifié à la tradition (excellente) du déjeuner d’anniversaire, on attend fébrilement de prendre la direction de Roissy. En début de soirée, le terminal E est quasi désert, les touristes sont déjà partis, et les vols d’affaires sont inexistants un samedi soir de période de fêtes. Formalités d’enregistrement et de sécurité aussi légères et rapides que la nouvelle décennie qui s’est abattue sur moi…

Vol sur A 380 pour Johannesburg, classe éco, pont supérieur. Rien à dire, je réussirai même à dormir un peu. Sauf que je trouve toujours l’énorme paquebot volant pas très stable en altitude et en croisière, dès qu’un coup de vent se profile, comme il y en a souvent au-dessus de l’équateur.

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(Sublime survol de Paris au décollage)

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Deux heures et quelque à attendre la correspondance pour Windhoek dans un aéroport de Johannesburg particulièrement bien doté de jolies boutiques.IMG_1568

Et puis un vol d’une ponctualité parfaite sur South African Airways pour la Namibie, l’aéroport de la capitale étant situé sur un plateau à 40 km au sud de la ville, dès que l’avion atterrit, on a immédiatement une idée des paysages qu’on va découvrir.IMG_1570

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Comme au départ, formalités d’arrivée, temps d’attente des bagages, réduits au minimum (et pour qui m’a déjà supporté en voyage ou au restaurant, c’est une donnée importante pour l’agrément du voyage !). Jolie guesthouse dans la zone résidentielle – ça ne s’invente pas – d’Eros de Windhoek. En quête d’un établissement ouvert le dimanche soir pour dîner, on trouvera le moyen de se tromper, confondant l’ancienne et la nouvelle adresse. Pas grave, la chaleur de l’accueil compense la banalité de la carte (poulet et porc cuits ou grillés, et des sauces un peu relevées).

Ce lundi matin direction le Sud-Ouest, le désert, des cirques montagneux, les dunes multicolores, le canyon de Sesriem. On nous a prévenus, pas loin de 6 heures de route, pour l’essentiel sur des pistes. On ne demande que cela. L’aventure commence…

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