Salut les artistes (suite)

Ces jours derniers encore, tristesse et bonheur mêlés. De grands musiciens qui disparaissent, la philosophe et auteure Anne Dufourmantelle  noyée sur une plage de Ramatuelle pour avoir secouru des enfants imprudents.

Ernst Ottensamer, formidable clarinette solo de l’Orchestre philharmonique de Vienne, victime d’une crise cardiaque le 22 juillet, est le père de deux clarinettistes, Andreas – soliste de l’Orchestre philharmonique de Berlin – et Daniellui aussi soliste à Vienne !

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Ce beau disque nous donne à entendre un timbre de velours, cette manière si typiquement viennoise de faire chanter l’instrument. Hommage !

Autre disparition apprise hier, le violoniste et chef suisse Thomas Füriau lendemain de son 70ème anniversaire. Avec son ensemble Camerata Bernil avait exploré, dans les années 80, tout un répertoire baroque et classique, qui ne correspond plus aux canons interprétatifs fixés par Harnoncourt ou Gardiner, mais ses disques ont eu au moins, pour moi, le mérite de la nouveauté et de la découverte.

Mais la gloire et le succès sont venus au violoniste suisse avec les disques enregistrés pour Decca avec l’ensemble I Salonisti 

 

Côté Festivalles bonheurs furent intenses et nombreux.

CC680DF/SdCard//DCIM/104LEICA/L1047802.JPGSamedi soir une Siberia d’anthologie avec une formidable équipe menée par Domingo Hindoyan, Choeur et orchestre national de Montpellier, choeur de la Radio lettone, Sonya Yoncheva, Murat Karahan, Catherine Carby, Anais Constant, Riccardo Fassi…

A réécouter ici sur Francemusique.fr.

Dimanche, certains, les plus nombreux, étaient à la plage ou à regarder l’arrivée du Tour de France, les autres ont eu droit à trois récitals de piano et un concert « révolutionnaire » avec Julien Chauvin et son Concert de la Loge.

Voilà ce qu’écrit Remy Louis sur Facebook du pianiste allemand Herbert Schuch (lire Frontières sans traité) : Formidable récital de piano de Herbert Schuch hier au Festival Radio France Occitanie Montpellier. La musique est pensée comme une architecture en mouvement; la densité expressive et l’émotion naissent de l’exigence même du geste. Le jeu très ample et très intérieur de Schuch ne fait aucune concession à l’anecdote. La sonorité est puissante, les contrastes fulgurants, parfois rugueux, mais toujours logiques. L’échelle dynamique est considérable, la gamme des couleurs aussi. L’indépendance des mains, la pédalisation subtile, la conduite magistrale des phrasés, le jeu avec les silences concourent à la force de la narration, qui envoûte pour ne plus lâcher….

714xlk6ril-_sl1500_Comment ce pianiste de 38 ans peut-il être oublié des séries symphoniques parisiennes ??  Il n’est pas le seul… Severin von Eckardstein serait une autre exemple. 

Et Florent Boffard, et Andrei Korobeinikov, parcourant l’évolution du langage pianistique de Liszt à Boulez.

Trois récitals qui seront bientôt diffusés et disponibles sur francemusique.fr

Comme le concert fleuve de Julien Chauvin et du Concert de la Loge à réécouter ici

Hier, une fois de plus, on ne savait où donner de l’oreille, entre Justin Taylor à midi, l’ensemble Contrastes à 18 h, la première des trois soirées Tohu Bohu sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Montpellier

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Et les 30 ans du Concert Spirituel célébrés par un Opéra imaginaire conçu et dirigé par Hervé Niquet – qui avaient fait l’ouverture du Festival le 10 juillet à Pibrac (Révolution). Une véritable recréation/récréation qui sera redonnée à Versailles, à Metz, à Paris… avec de fantastiques solistes qui, pour deux d’entre eux, ont le même âge que la formation d’Hervé Niquet ! Agapes hier soir…

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Hervé Niquet, Katherine Watson, Reinoud van Mechelen, Karine Deshayes

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Salut les artistes !

D’abord salut respectueux à un artiste parfait, admirable et admiré dans tout ce qu’il a joué, Claude Rich

Retour sur une première partie de Festival qui, depuis son ouverture polyphonique à Pibrac (Révolutionsemble séduire des publics de plus en plus nombreux. Et salut à tous ces amis musiciens qui, de concert en concert, enchantent nos oreilles et…frustrent le directeur que je suis et qui n’a pas le temps de suivre tous ces concerts, surtout lorsqu’ils se déroulent simultanément en plusieurs lieux du grand territoire de l’Occitanie.

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Première revue de détail non exhaustive.

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(Jean Paul Gasparian sur une place noire de monde de Saint Jean de Védas le 12 juillet)

IMG_0235(Edgar Moreau et Andris Poga avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse le 17 juillet)

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IMG_0251(Frederik Steenbrink et Isabelle Georges le 17 juillet après un bouleversant Happy End)

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Retrouvailles avec Renaud Capuçon et Emmanuel Krivine après un magnifique concert de l’Orchestre National le 19 juillet.

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Un trio de choc et de grâce avec Marc Bouchkov, Christian-Pierre La Marca et Philippe Cassard (ici un extrait du mouvement lent du 1er trio de Mendelssohn)

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(Répétition du poème symphonique (1912) Aux Heures de la nouvelle lune de Nikolai Roslavets) Alexandre Bloch  aux commandes de l’Orchestre National de Lille en grande forme dans un programme idéal pour le Festival : De Moscou à Rome

Tous les concerts du festival à écouter ou réécouter sur Francemusique.fr et toutes les vidéos du Festival à retrouver sur la chaîne Youtube #FestivalRF17

Révolution

Première soirée de festival réussie, mais on n’y est pas arrivés sans peine !

Certes, tous les musiciens étaient bien là, les équipes de Radio France bien installées, le ciel était clément, mais on apprenait en milieu d’après-midi qu’Orange (France Telecom) avait « oublié » de commander et donc d’installer la ligne qui seule permettrait le soir la diffusion du concert en direct de la Basilique Sainte Germaine de Pibrac sur France Musique et les radios de l’UER. Une heureuse concomitance voulait que se tienne un conseil d’administration du Festival Radio France au siège de la Région à Toulouse, et que les deux co-présidents du Festival – Mathieu Gallet et Carole Delga – apprennent la mauvaise nouvelle en même temps que nous. Un appel de la présidente de la Région Occitanie au directeur régional d’Orange et deux heures plus tard la fameuse ligne était posée… Marc Voinchet, le patron de France Musique, soulagé !

Quand on n’est pas Toulousain, on ne connaît pas le calvaire quotidien de milliers d’automobilistes qui doivent endurer, matin et soir, des bouchons infernaux. Pour rejoindre Pibrac – distant de 20 petits kilomètres du centre de Toulouse – il nous aura fallu 65 minutes, et encore, dès qu’on avait pu franchir la barrière du périphérique, la circulation était fluide… Parisiens, Franciliens, de quoi vous plaignez-vous ?

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Mais dès que chacun eut pris place dans l’étrange nef de cette étrange église, et que les huit groupes vocaux et instrumentaux du Concert Spirituel menés par Hervé Niquet eurent lancé le voyage en polyphonie promis aux spectateurs, tous les tracas du jour disparurent instantanément.

J’avais déjà vécu l’expérience à la Cité de la Musique à Paris (lire Originaux)

L’émotion, la surprise, l’émerveillement, intensément partagés par un public qui n’avait jamais entendu pareille musique, n’en furent que décuplés.

IMG_0091IMG_0088(Le maître d’oeuvre de la soirée – Hervé Niquet – et celle qui a permis à des milliers d’auditeurs de la partager – Carole Delga)

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Iconoclaste

Il y a un an, j’assistais à ce que j’avais appelé un beau tripatouillage royal dans le cadre toujours enchanteur de l’Opéra royal de Versailles.

img_2356img_2376Encore un coup d’Hervé Niquet (ci-dessus), cette résurrection d’une version que les puristes se pincent le nez pour écouter, le Persée de Lullyà la mode 1770.

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Hervé Niquet ne plaît pas à tout le monde. Tant mieux. C’est pour ça qu’on l’aime. Mais c’est d’abord pour son insatiable curiosité, l’esprit permanent de découverte qui l’anime.

Les auditeurs du Festival Radio France (#FestivalRF17) l’été prochain auront deux occasions de mesurer le chemin parcouru par le chef et son ensemble Le Concert spirituel depuis 30 ans. Un véritable voyage en polyphonie le 10 juillet :

Et, bien à la manière d’Hervé Niquet, un Opéra imaginaire le 24 juillet avec trois des plus belles voix du moment, Katherine Watson, Karine Deshayes et Reinoud van Mechelen, qui nous a offert beaucoup mieux que ce qui ressemble à une compilation d’airs de Bach, un sublime voyage intérieur.

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Originaux

Vendredi soir j’étais à la Cité de la Musique pour une expérience originale, un projet comme toujours un peu fou de l’inclassable Hervé Niquet et de son Concert spirituel : la restitution d’un office à Saint Louis des Français de Rome

« Orazio Benevolo (1605-1672) fut d’abord enfant de choeur à l’église Saint-Louis des Français de Rome, avant d’en devenir le maître de chapelle. Il est l’auteur de nombreuses messes qui tantôt se situent dans l’héritage de Palestrina, tantôt s’aventurent sur des chemins plus novateurs. Pour ce concert, le chœur est réparti dans les balcons de la salle, autour du public, en référence à l’église romaine qui a connu la création de cette œuvre majestueuse. »

Expérience fascinante sur le plan sonore, puisqu’en effet nous, public, placé au centre de la salle, étions environnés par les musiciens et chanteurs répartis en huit groupes.

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Une expérience « polyphonique » que pourra revivre le public du Festival Radio France l’été prochain (les détails de l’édition 2017 sont annoncés le 10 mars prochain).

Samedi on apprenait la disparition d’un autre original : Jean-Christophe Averty

https://www.youtube.com/watch?v=V-LG7ZPjIgY

On a peine à imaginer que grâce à des talents aussi singuliers qu’Averty, un tel vent de liberté et  d’audace ait pu souffler sur la télévision et la radio publiques.

De la même génération qu’Averty, mais pas décidé à dételer, bien au contraire, Michel Legrand confirme qu’à 85 ans, il occupe une place originale dans la vie musicale. Et que, quand il décidé d’écrire de la musique « classique », il frappe fort et juste. Pour preuve, ce nouvel enregistrement (qui sort le 10 mars) écouté de bout en bout avec gourmandise :

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Le pianiste Legrand a encore de sacrés doigts, il connaît ses classiques – Messiaen, Ravel ne sont pas loin – et il confie au violoncelle d’Henri Demarquette une superbe élégie. Faut-il ajouter qu’ils bénéficient d’un accompagnement de grand luxe ?