Questions diverses

« Questions diverses » c’est la mention qu’on trouve en fin d’ordre du jour d’une assemblée, d’une réunion, quand on ne souhaite pas s’appesantir sur tel sujet, ou l’aborder rapidement sans creuser le raisonnement. C’est ce que je vais faire avec ce qui suit.

Réac ?

Pasolini et son sulfureux Salo dans la Tosca que j’ai vue à Montpellier le 11 mai dernier ? Je n’avais rien compris au propos du metteur en scène Rafael Villalobos, et je n’étais visiblement pas le seul. Forumopera se fait l’écho du clash survenu du fait du refus de Roberto Alagna et Alexandra Kurzak de participer aux représentations du Liceu à Barcelone : Passe d’armes entre Peter de Caluwe et Roberto Alagna autour de la Tosca pasolinienne .

Forumopera toujours – une mine d’informations ! – n’y va pas de main morte pour dézinguer La Forza del destino présentée à Francfort : Déconstruction à marche forcée.

J’avoue que je me range sans vergogne du côté des réacs, si respecter une oeuvre, la servir plutôt que s’en servir, respecter un auteur, un compositeur – ce que je considère comme une valeur cardinale pour ceux qui prétendent faire oeuvre de culture – doit vous placer dans ce camp.

Un Tarfuffe à Montpellier

Toujours à Montpellier la semaine dernière, je ne voulais pas manquer le début du Printemps des comédiens, qui de l’avis général est devenu le grand frère du Festival d’Avignon sous la conduite de Jean Varela.

A Paris, je ne réussis pratiquement jamais à avoir des places à la Comédie française, soit à cause de la complexité du système de réservation, soit parce que certains spectacles sont vite complets. C’est bien sûr le cas des Molière programmés pour les 400 ans de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin. C’est donc à l’Amphithéâtre du Domaine d’O que j’ai pu voir Tartuffe ou l’hypocrite mis en scène par Ivo Van Hove. La critique du Monde, Fabienne Darge, qui, elle, ne passe pas pour une réac, dit pourtant clair et net que : En ouverture de la saison Molière, le Belge Ivo van Hove s’empare de la version non censurée de la pièce dans une mise en scène efficace mais sans mystère à force d’effets faciles. « Un Tartuffe plus choc et chic que moderne ».

Je n’étais donc pas le seul, là encore, à ne pas bien comprendre pourquoi ce Tartuffe s’ouvre une scène d’effeuillage d’un joli garçon à qui l’on fait prendre un bain, pourquoi la superbe Dominique Blanc est distribuée en Dorine, accoutrée en surveillante générale d’un pensionnat de jeunes filles (le « cachez ce sein que je ne saurais voir » fait flop puisque de poitrine il n’y a pas, et qu’elle est soigneusement cachée !), pourquoi, à l’inverse, Marina Hands (Elmire) et Christophe Montenez (Tartuffe) nous font du porno soft, comme si nous n’avions pas compris le sujet de la pièce !

Je ne déteste pas Ivo Van Hove, loin de là. Mais Molière lui résiste. Il a résisté à tout, même au passage du temps. C’est pour cela qu’il se suffit à lui-même.

No foot

Je n’ai pas de honte à l’avouer : j’ai dû assister quatre ou cinq fois dans ma vie à un match de football dans un stade, parce que j’y étais invité. J’ai, un peu plus souvent, regardé quelques grands matchs à la télévision. Ce ne sont pas les incidents de samedi soir au Stade de France – dont on parle toujours trois jours après – ni tous ceux qu’on nous relate à longueur de journaux télévisés, ce ne sont pas les montants faramineux payés aux stars si bien pensantes (on l’aime bien Kylian Mbappé, mais à ce prix-là il peut l’aimer la France et le PSG !), rien de tout cela ne va me convaincre de changer d’avis. Encore moins la coupe du monde au Qatar, dans des stades climatisés au moment où la planète est en péril. Plus personne ne proteste, plus un seul politique pour dénoncer cette absurdité. C’est le foot…

Ce qui reste d’une vie

On l’avait constaté à la mort d’Annie Cordy, une vie d’artiste se résume trop souvent à un seul aspect, quelques titres de chansons, dans la mémoire collective

Patrick Davin

Tous les témoignages qui ont afflué depuis jeudi et la mort soudaine de Patrick Davin (Un ami disparaît) démontrent, au contraire, que le chef disparu laisse à tous ceux qui le pleurent une multiplicité d’impressions, de souvenirs, d’expériences vécues. L’homme prend le pas sur le musicien, ou plus exactement chacun se rappelle l’humilité, la simplicité, la bienveillance, la bonne humeur, l’humour distancié, de l’artiste au travail ou en représentation.

L’Orchestre Philharmonique Royal de Liège a publié sur son site (http://www.oprl.be) ce que Patrick Davin avait écrit pour le Blog des 50 ans de l’orchestre, à l’occasion des concerts qu’il avait dirigés en avril 2011 (Carmina Burana de Carl Orff et Shaker Loops de John Adams), vingt ans exactement après son premier engagement à la tête de l’orchestre.

20 ans après!!!

La seule et principale difficulté pour un aspirant chef d’orchestre est de naître (appelons cela: débuter…).

 Après une petite vingtaine d’années de cours, d’étude, de rêves, de stages, de concours, de minuscules prestations, d’examens, d’assistanat, de mois vides, de soirées de découragement, de moments d’exaltation, de certitude et de doute, j’ai vécu cette semaine (car pour les musiciens un concert c’est aussi et parfois surtout la semaine de répétitions qui précède) sans vraiment  en remarquer la visibilité exceptionnelle et franchement disproportionnée (le public, la presse, la télévision…) L’orchestre qui jusque là (lors des concours du conservatoire) m’était tout acquis, a montré son vrai visage, celui de professionnels qu’il faut conquérir, convaincre et emmener avec soi, sous peine de succomber sous son corps glorieux .

Débuter (appelons cela naître…) c’est se dire qu’il reste alors toute une possible vie pour prolonger ces moments, pour conquérir, convaincre et surtout se montrer digne d’être là, en porte-parole pourtant dérisoire des compositeurs (vivants ou morts) et se préparer, jours et nuits après jours et nuits à étudier, rêver, se décourager, s’exalter, douter, conquérir, convaincre partager, donner, brûler et emmener avec soi cette petite flamme, cette bonne étoile, qui nous guide et nous dépasse.

Et tout le reste est carrière, succès, échecs et vanité….qu’il faut traîner aussi comme un fardeau maudit, mais sans grande importance… 

 Patrick Davin

Christian Merlin dans Le Figaro, Pierre Gervasoni dans Le Monde, Camille de Rijck dans Demandez le programme sur Musiq3 avec ses invités, anciens et actuels directeurs des opéras de Bruxelles et Liège, ont tous dit peu ou prou la même chose.

Au micro de France Musique c’est le Patrick Davin que j’ai connu « de l’intérieur » que j’ai essayé d’évoquer : Patrick Davin était un guide fantastique pour les musiciens

En regard de la variété et du nombre de productions lyriques que Patrick Davin a conduites, sa discographie reste relativement modeste, comme on l’a écrit sur Forumopera : Le legs lyrique de Patrick Davin.

Diana Rigg / Emma Peel

Jeudi aussi, c’est la grande actrice britannique, Diana Rigg, qui disparaissait à 82 ans.

Quelle qu’ait été sa carrière au théâtre ou au cinéma, Diana Rigg est, pour l’éternité, la partenaire (voire plus si affinités ?) de John Steed, alias Patrick MacNee, l’énigmatiquement belle et sensuelle Emma Peel de cette monumentale série qu’on n’eût manquée pour rien au monde : Chapeau melon et bottes de cuir et qu’on se repasse régulièrement !