Chansons tristes

Les lieux que j’ai traversés ces derniers jours, Nîmes auprès de ma mère, Poitiers sur les traces de mon enfance, et de façon plus générale les villes, les paysages, les pays que je visite, sont toujours associés à des chansons, beaucoup plus qu’à de la musique classique. Le plus souvent sur le mode nostalgique. Mais les chansons tristes sont, dans mon cas, souvent bienfaisantes, régénérantes. J’ai besoin, à intervalles réguliers, de les entendre, de les retrouver, a fortiori lorsque les circonstances les font resurgir.

Je les jette ici, sans ordre ni préférence. Je les aime toutes, j’ai besoin de toutes.

Que sont mes amis devenus ? (Pauvre Rutebeuf)

Joan Baez

Nana Mouskouri

Autumn leaves

La javanaise

Marlene Dietrich : Where are all the flowers gone ?

Les enfants de Zorba

Suzanne (Leonard Cohen)

Mon père, qui était professeur d’anglais, fut l’un des premiers à faire découvrir Leonard Cohen à ses élèves…

Et Maurane que j’avais de si près connue…

Blowing’ in the wind (Bob Dylan)

J’aime le poète mais pas le chanteur Bob Dylan. Les femmes le chantent mieux que lui…

La dernière valse

Un 45 tours, le seul que j’aie jamais eu, de Mireille Mathieu, et l’émotion intacte de cette Dernière valse

Ma mère aimait bien ce que les Allemands appellent des Schlager, des « tubes » à grands renforts de violons et de mélodies entraînantes.

Jipi l’amoroso

La chanson de Dalida est liée à un souvenir très personnel. Tout comme Annie Cordy, plusieurs fois rencontrée au concert.

Bientôt de nouvelles brèves de blog : 13 novembre

Un bouquet de Strauss (III) : entrez dans la danse !

#JohannStrauss200

Troisième et dernier volet de cette série consacrée à Johann Strauss, né le 25 octobre 1825 (lire Dix valses, Sang viennois) : il n’y a pas que des valses et des opérettes dans le corpus de près de 500 oeuvres qu’il a laissées.

Strauss l’influenceur

Aujourd’hui Johann Strauss pourrait être qualifié d’influenceur, au XIXe siècle il imitait un Franz Liszt qui, à son clavier, propageait, diffusait les oeuvres de ses contemporains (Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Wagner, Bellini, etc.). Avec son orchestre il arrangeait les thèmes à la mode, surtout des opéras : à son actif plus de 80 quadrilles. Je renvoie à l’article Le filon Strauss que j’avais consacré à cette part étonnante de l’oeuvre de Strauss.

Claudio Abbado, en 1988 à Vienne, avait déjà révélé ce quadrille sur des thèmes du Bal masqué de Verdi.

En marches

Le fils n’arrivera jamais à concurrencer le père Johann Strauss et sa célébrissime Marche de Radetzky. En revanche, certaines de ses marches sont plus exotiques que martiales

Sa Marche égyptienne est créée à Pavlovsk mais fait référence au creusement du canal de Suez en 1869 et sollicite doublement les musiciens de l’orchestre.

Créée elle aussi à Pavlovsk, la Marche persane exploite un exotisme de pacotille qui plaisait au public européen.

Auf’s Korn est la dernière composition de Johann Strauss pour le choeur d’hommes de Vienne (cf. Dix valses) à l’occasion d’un concours de tir fédéral (1898)

On ne l’entendra qu’une seule fois, en 2006, lors d’un concert de Nouvel an, sous la direction de Mariss Jansons… mais sans choeur !

Le mauvais Napoleon

En 1854, Johann Strauss écrit sa Napoleon Marsch. Mais rien à voir avec Napoleon Ier. L’oeuvre est dédiée à Napoleon III, dans le contexte de la guerre de Crimée imminente. Une seule prestation au concert de Nouvel an, en 2008, où Georges Prêtre court la poste. On en reste à l’unique version gravée par Karajan en 1981 ou à Boskovsky. YouTube devrait vraiment réviser ses illustrations de cette marche, qui montrent systématiquement des portraits de Napoleon Ier !

En 1853, avec sa Kaiser-Franz-Joseph-I.-Rettungs-Jubel-Marsch Strauss rend hommage à l’empereur François-Joseph qui a réchappé de peu à un coup de couteau asséné par un activiste hongrois le 18 février.

Nikolas Harnoncourt s’en donne à pleins tambours, le 1er janvier 2003

Polkas, csardas et galops

Champion toutes catégories pour les polkas de Johann Strauss (et celles de ses frères Josef et Eduard), Carlos Kleiber écrase le match en 1989 et 1992. En particulier dans ces polkas rapides, ce n’est pas le tempo qui compte, c’est le sentiment de vitesse et d’étourdissement que doit produire cette musique, et donc c’est au chef et à lui seul de le susciter.

Je n’ai pas beaucoup aimé l’unique concert de Nouvel an dirigé par Christian Thielemann en 2019, mais c’est le seul qui dans cette polka dont le titre est explicite – Im Sturmschritt / À toute allure – donne ce sentiment d’urgence

Une nouvelle fois, Claudio Abbado est l’homme de la situation dans cette furieuse Furioso Polka

Les galops étaient plutôt la spécialité de Johann Strauss père. Le fils en a laissé quelques-uns, le plus souvent tirés de ses opérettes :

Ballets et autres arrangements

Un seul ballet est à mettre à l’actif de Johann Strauss, et encore a-t-il été achevé et en grande partie orchestré par Josef Bayer : Aschenbrödel / Cendrillon. Honnêtement ce n’est pas un chef-d’oeuvre inoubliable, mais on pouvait se douter que le grand spécialiste du ballet, Richard Bonynge, en donnerait une version hautement recommandable.

On écoute aussi le ballet tiré de l’unique opéra de Johann Strauss, Le Chevalier Pázmán / Ritter Pázmán, qui n’est pas vraiment resté à la postérité.

Et puis il y a les arrangements de quelques chefs d’orchestre (comme la très célèbre Gaîté Parisienne composée par Manuel Rosenthal à partir d’airs plus ou moins connus d’Offenbach).

Ainsi Antal Doráti réalise-t-il pour un ballet de David Lichine et Alexandre Benois – Graduation Ball – un arrangement très réussi de thèmes piochés chez Johann Strauss. Il n’y a pas quantité de versions : Dorati bien sûr, Boskovsky, Fistoulari et…l’Australien Charles Mackerras tout à son affaire pour un ballet créé à Sydney en 1940.

Une dernière mention pour un ballet dont j’ai déjà parlé ici (Le Beau Danube parisien). C’est un autre Strauss, sans aucun rapport avec la dynastie viennoise, Paul Strauss, directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Liège de 1967 à 1977 qui a laissé un disque de référence de ces « arrangements »

Pour les réactions et humeurs du jour : mes brèves de blog

Là-haut sur la montagne

À peine rentré d’Asie centrale, j’ai repris le chemin des festivals pour le compte de Bachtrack. La semaine dernière c’était à Nîmes pour des « Rencontres musicales » de premier plan : Rencontres au sommet

De gauche à droite : Shuichi Okada, Théo Fouchenneret, Liya Petrova, Grégoire Vecchioni, Aurélien Pascal (Photo JPR)

Ce week-end, c’est l’ouverture de la 20e édition du Festival et de l’Académie de Zermatt, dans le cadre somptueux de la station du Haut-Valais au pied du Cervin. Comptes-rendus à suivre bien sûr sur Bachtrack.

Découvrir Zermatt

Lorsqu’on m’a proposé de « couvrir » ce festival, j’ai sauté sur l’occasion sans réfléchir.

La Suisse, je la connais bien (lire L’été 69), j’y ai mes racines maternelles. Les dernières vacances familiales à l’été 1972, quelques mois avant la mort prématurée de mon père, c’était à quelques encablures d’ici, à Crans Montana : l’été faisait du yoyo. Le 15 août mes soeurs et moi étions allés avec mon père au cinéma voir La folie des grandeurs, en sortant il neigeait ! Le Valais donc, ce canton prospère du sud de la Suisse, bilingue franco-alémanique, je l’avais parcouru en tous sens dès l’enfance, mais jamais – pour quelle raison ? – je n’étais venu jusqu’à Zermatt.

La déception de l’arrivée sous un ciel humide et bas a vite laissé la place à l’émerveillement du réveil ce vendredi : le Cervin fraîchement enneigé surgissant de la nuit devant ma fenêtre d’hôtel

Le nom allemand du sommet est Matterhorn, ce qui explique le nom de la cité, comme le relate excellemment la fiche Wikipedia : « Le toponyme en allemand, Matterhorn, dérive de Matt (« pré » en suisse allemand et en langue walser – cf. le titsch de Gressoney-Saint-Jean Wisso Matto, en allemand Weissmatten, en français « Prés blancs ») ; et de Horn, c’est-à-dire « corne », le nom de la plupart des sommets des Alpes valaisannes et des Alpes valdôtaines limitrophes, situés notamment entre la vallée du Lys et le val d’Ayas (traduits en français par « Tête »). Par conséquent, la vallée de Zermatt, en allemand « Mattertal » est la « vallée des prés », et Zermatt est « le pré » (zerétant l’article contracté défini féminin avec préposition de lieu en langue walser)« 

Je suis resté longtemps saisi par une émotion indescriptible. Les souvenirs d’enfance affluaient à ma mémoire, le souvenir aussi tout récent des quelques heures passées la semaine dernière auprès de ma mère à Nîmes, de plus en plus repliée sur des bribes d’enfance et de passé révolu, le check-in à l’hôtel en schwyzerdütsch et puis ces « madeleines » comme la confiture de cerises noires au petit déjeuner, ou ce cidre brut d’une marque qu’on ne trouve qu’en Suisse, dégusté au Gornergrat.

L’excursion au Gornergrat est une figure obligée pour tout visiteur. Le spectacle au sommet est unique au monde, d’une beauté à couper le souffle. Toutes les photos sur Facebook à voir ici.

Zermatt, outre sa qualité première de village sans voiture, s’est préservée de toute construction anarchique, et prend un soin méticuleux à conserver son patrimoine bâti.

Sergio Mendes forever

Sergio Mendes est mort, et j’avais oublié de le mentionner dans mon billet de l’été 2019 : La découverte de la musique, lorsque son ami Joao Gilberto avait pris congé…

Michel Barnier et puis ?

D’un ami, ancien conseiller présidentiel, j’avais aimé cette formule sans appel : « C’est difficile de choisir un premier ministre quand on n’en a jamais eu »

Je n’ai pas été mécontent – euphémisme ! – d’être loin de France pendant toute cette séquence surréaliste. J’aurais fini par avoir honte d’être Français.

Honte d’un président de la République qui a méthodiquement détruit tous les espoirs qu’il avait pu susciter et fait le vide autour de lui. Honte d’une gauche définitivement aliénée à ses pires démons. Honte d’un personnel politique à droite comme au centre qui ne comprend plus rien à la réalité du pays. Honte aussi d’une arrogance bien française, alimentée par la plupart des médias, qui consiste à ne jamais regarder ce qui se passe autour de nous – en Allemagne, en Belgique, en Italie – où la formation d’un gouvernement, d’une coalition politique, peut prendre des semaines et des mois.

Alors Michel Barnier ? Pourquoi pas… ça n’arrive pas à tout le monde de débuter comme plus jeune député et de finir comme plus vieux Premier ministre. Faute de mieux !

Retour à Poitiers

J’ai grandi, étudié, travaillé même à Poitiers, chef-lieu du département de la Vienne. En gros mes vingt premières années. J’ai retrouvé tout récemment mon premier certificat de travail. La période « sans travail » doit correspondre à la mort de mon père. Le Conservatoire m’avait confié des cours de solfège – j’avais 16 ans – à des adultes et retraités dans une annexe de la Mairie, située dans la ZUP, comme on disait alors, des Couronneries.

Mon père, brutalement mort d’un infarctus foudroyant le 6 décembre 1972, est inhumé au cimetière de la Cueille.

Depuis que ma mère a vendu la maison familiale en 1982 (voir Les maisons de mon enfance), je suis finalement revenu très peu dans cette ville où j’ai tant de souvenirs heureux.

J’ai profité (à moins que j’en aie pris le prétexte !) d’un concert ce mardi au théâtre auditorium de Poitiers

(lire ma critique sur Bachtrack : Thibaut Garcia sauve le concert de l’OCNA) pour passer quelques heures à refaire les chemins que j’empruntais sur ma Mob pour aller au lycée, à la fac à l’autre bout de la ville ou voir mes copains. Aucune nostalgie, ni regret, plutôt une émotion joyeuse de retrouver, presque inchangées, les maisons, les rues, souvent sans grâce, où j’avais mes habitudes amicales, voire amoureuses. J’avais déjà fait une sorte de « retour à Poitiers » en 2018 (voir Revoir Poitiers).

Tout change, rien ne change

Le plus frappant dans cette petite ville de province, c’est, à l’exception de quelques constructions emblématiques comme le TAP, et quelques aménagements de circulation, le fait que rien ne semble avoir changé. Le quartier des Rocs où j’ai vécu, notre maison qui dominait la vallée du Clain, le petit affluent de la Vienne qui traverse la ville et inonde les gares SNCF et routière dès qu’il pleut un peu fort. L’église Sainte-Thérèse, où j’ai enterré mon père et mon oncle, où j’aimais venir écouter un prêtre formidable, Pierre Roy, que j’ai désertée dès qu’il fut parti.

Rien n’a changé non plus dans l’école primaire privée où mes parents m’avaient inscrit – l’école Saint-Hilaire – ni dans le lycée public, aujourd’hui collège Henri IV, en plein centre ville, où j’ai fait mes classes de la 6e à la terminale.

Je me suis promené dans le centre ville, dans la rue Gambetta, la principale rue commerçante, là où, il y a encore quarante ans, on trouvait une grande Maison de la presse / librairie, la Libraire de l’Université, la Librairie des Etudiants, où se tenait un homme sans âge, lunettes et blouse blanche, à la tête d’un rayon de disques classiques où j’ai puisé, au prix le moins cher possible, les premiers éléments sérieux de ma discothèque classique. Plus rien aujourd’hui…Triste.

Au milieu de la rue, une église romane qui a fait l’objet d’une réhabilitation bienvenue, Saint-Porchaire, qui s’ouvre sur une double nef gothique.

Au croisement de la rue Gambetta et de la rue des Cordeliers, la seule enseigne qui n’ait pas changé depuis trente ans est le fameux pâtissier Rannou-Métivier, spécialiste d’un type de macarons qu’on ne trouve qu’ici.

En suivant la rue des Cordeliers, où la moitié des boutiques sont vides, on passe à l’arrière de l’ancien Palais de justice, où Jeanne d’Arc fut interrogée le 11 mars 1429 par les docteurs en théologie. De grands travaux de fouilles archéologiques sont en cours au droit de la Tour Maubergeon

On poursuit, par la rue du Marché Notre Dame, pour atteindre le parvis de la façade romane la plus célèbre de France, qui suscitait toujours l’étonnement des visiteurs, lorsque je faisais le guide, par sa taille modeste, alors qu’on la dénomme Notre-Dame-la-Grande.

Je n’ai pas eu le temps de descendre vers la sublime Cathédrale Saint-Pierre ni sa voisine Sainte-Radegonde, que j’avais longuement revues en 2018 (Revoir Poitiers). Je suis reparti vers ce qu’étudiants nous appelions toujours la Place d’Armes, en réalité place du Maréchal-Leclerc, où nous avions nos habitudes dans les grands cafés qui bordaient la place, aujourd’hui remplacés par des agences bancaires ! L’Hôtel de Ville domine la place. Il est dans l’actualité, puisque nul ne peut ignorer que la maire élue en 2020, Léonore Moncond’huy, s’absente à partir de ce 15 mars pour son congé maternité, sans que rien ne soit actuellement prévu dans la loi pour cet « intérim » à la tête de la municipalité ni pour l’indemnisation de la maire devenue mère.

Lui faisant face au bout de la rue Victor Hugo qui les relie, se dresse la Préfecture de Région, dont l’ancienne première ministre Élisabeth Borne a été la titulaire le temps d’une brève année entre 2013 et 2014.

Mes chemins de musique

J’ai été tôt inscrit au Conservatoire aujourd’hui « à rayonnement régional » toujours situé rue Franklin.

Solfège, piano (diplômes dans les deux disciplines) et même du violon, sans beaucoup de succès. Mais une petite notoriété avec l’enregistrement sur place et la diffusion, en 1973, de deux numéros d’une émission mythique de France Musique Les jeunes Français sont musiciens.

Ma toute première professeure de piano, une vieille demoiselle, Magdeleine Servant, m’invitait parfois dans son petit appartement, à l’arrière de l’Hôtel de Ville. J’adorais m’y rendre, sans doute pour les effluves d’un parfum capiteux mêlé aux cigarettes Kool qu’elle n’osait pas fumer au Conservatoire.

Le grand souvenir que j’ai de ces études musicales, c’est la prof qui m’a suivi jusqu’à mon diplôme final, Colette Meunier-Sicard, qui se présentait comme on le faisait à l’époque comme « Soliste de l’ORTF », une ancienne élève d’Aline van Barentzen. J’aimais son exigence intelligente : elle se désespérait toujours que je déchiffre facilement une partition et que j’en donne apparemment aussi facilement une interprétation musicale, mais au détriment de la finition technique. Je me rappelle encore très précisément l’examen de fin d’études, et le jury qui avait été réuni : Jean-Bernard Pommier, André Gorog, Michel Béroff ! Alors que j’attendais patiemment les résultats de leurs délibérations, on vint me chercher en me disant que le jury voulait m’entendre…Les trois me demandèrent de me remettre au piano, j’étais tétanisé – quelle erreur avais-je commise ? – pour que je leur rejoue la Fantaisie en do mineur de Mozart. Ils regardaient mes mains… et mes pieds. Je jouais ces premières pages sans pédale, simplement en gardant les mains au fond du clavier… et ils trouvaient ça étonnant… et passionnant, parce qu’eux-mêmes sans doute et leurs élèves utilisaient la pédale pour prolonger le son.

Mais ce n’est pas tant grâce au Conservatoire que par l’activité alors intense des Jeunesses musicales de France que j’ai fait mon éducation musicale, ouvert mes horizons. Quand, dans un amphithéâtre moderne, annexe de l’Hôtel Fumé, qui abrite toujours la faculté de Sciences humaines de l’Université de Poitiers, on pouvait entendre/découvrir la musique ancienne – merci à la magnifique personnalité qu’était Antoine Geoffroy-Dechaume (1905-2000), parcourir les Archipels d’André Boucourechliev (1925-1997)

L’Hôtel Fumé

Puis ce furent les premières saisons de concert des Rencontres musicales de Poitiers (lire : La découverte de la musique) et des artistes qui allaient me marquer à jamais : Christian Ferras, Georges Cziffra, Alexis Weissenberg. Ça c’était au théâtre de Poitiers, qui a failli disparaître il y a quelques années, qui a été réhabilité sans beaucoup d’égards pour ses proportions initiales (avec cette surélévation particulièrement laide)

Dans l’immense salle des Pas Perdus de l’ancien Palais de Justice, je me rappelle d’abord Yehudi Menuhin et sa soeur Hephzibah

Devant ces immenses cheminées, je me rappelle un autre violoniste, Henryk Szeryng, connu pour son caractère parfois odieux. Il dirigeait l’Orchestre de chambre de Poitiers, l’ancêtre de l’actuel Orchestre de chambre Nouvelle Aquitaine dans les Quatre saisons de Vivaldi dont il était le soliste. L’orchestre avait à peine commencé qu’il l’arrêta d’un geste impérieux, se retourna vers le public qu’il prit à témoin du fait que, selon lui, l’orchestre « jouait faux », qu’il fallait recommencer depuis le début… J’aurais été à la place des musiciens, je me serais levé et aurais quitté la scène et le concert !

Il y avait aussi parfois de beaux concerts dans la grande chapelle de « mon » lycée Henri IV, je me souviens de Raymond Leppard et de l’English Chamber Orchestra…

Saint Nicolas en musique

Le 6 décembre n’est jamais une date heureuse pour moi, depuis un autre 6 décembre – c’était aussi un mercredi, en 1972 (Il y a cinquante ans).

Pourtant c’est, pour tous les pays du nord de l’Europe, un jour de célébration de Saint-Nicolas, un personnage confondu sous d’autres latitudes avec le Père Noël ou devenu Santa Claus aux Etats-Unis

J’ai des souvenirs de défilés festifs dans les rues de Maastricht, à quelques encablures de Liège où j’ai vécu et travaillé jusqu’en 2014.

Etrangement, ce Saint-Nicolas a donné lieu à peu d’oeuvres musicales. Il y a bien une messe de Joseph Haydn, composée en 1772, révisée en 1802, en six parties, mais nettement moins jouée et enregistrée d’autres plus célèbres.

Benjamin Britten, au XXe siècle, est le seul à ma connaissance à consacrer une cantate à ce saint qui enchante les enfants: sur un texte d’Eric Crozier, il compose une oeuvre, achevée en 1948, que peuvent s’approprier les choeurs amateurs, et particulièrement les choeurs d’enfants.

Dans la tradition américaine, on célèbre Santa Claus, et son arrivée dans les foyers : Santa Claus is coming to Town, un chant de Noël diffusé pour la première fois à la radio en 1934, qui est aujourd’hui un tube des fêtes de fin d’année

Les bonnes raisons

Mon père, qui aurait eu 95 ans hier, si la grande faucheuse ne l’avait brutalement emporté il y a cinquante ans, me disait toujours quand je critiquais un camarade d’école ou de collège : « Il y a toujours quelque chose de bon à trouver chez chacun, dans chaque situation ». Vision angélique ou naïve ? Je me demande ce que le professeur adoré de ses élèves qu’il était aurait pensé du monde d’aujourd’hui. Mais je n’ai jamais oublié son injonction, qui continue de me guider. Pourquoi perdre son temps et son énergie à détester, combattre, se fâcher? Les bonnes raisons d’espérer existent en ce début d’année 2023. À nous de les préférer à la résignation.

Inutile méchanceté

Mais puisque mon dernier billet – Même pas drôle – a suscité quelques commentaires, je confirme et signe ce que j’ai écrit à propos de Roselyne Bachelot et de son passage plus que controversé au ministère de la Culture. Le Monde (Michel Guerrin) n’est pas moins sévère que moi : « Si Roselyne Bachelot pose une bonne question – à quoi sert une politique culturelle aujourd’hui ? –, ses réponses sont un peu courtes ». Le Point relève : Roselyne Bachelot règle ses comptes avec la culture, ce qui est quand même un comble pour une ministre qui était censée défendre et aider le monde de la culture.

En fait, ce bouquin est la pire des publicités qu’on puisse faire à la Culture, Comme si nous avions besoin de tomber encore plus bas… Imaginons seulement la même chose de la part d’un ancien ministre de l’Intérieur ou de la Justice qui passerait « à la sulfateuse » – c’est l’expression employée par les médias pour Bachelot – les magistrats, policiers, gendarmes, hauts responsables dont il avait la charge. Ce serait un scandale ! Mais puisque c’est la Culture, allons-y gaiement. Non merci Roselyne !

Les jeunes Siècles

L’année musicale a bien commencé pour moi. Il y a une semaine c’était le concert-anniversaire des 20 ans des Siècles au Théâtre des Champs-Elysées. J’ai écrit pour Bachtrack un compte-rendu enthousiaste : Les Siècles ont vingt ans : une fête française.

Le même programme avait été capté le 5 janvier à Tourcoing. A déguster sans modération, surtout pour la première suite de Namouna de Lalo.

Les fabuleux Pražák

Depuis que je suis rentré de vacances, je prends un plaisir non dissimulé à découvrir le contenu d’un fabuleux coffret : celui que le label Praga consacre au plus célèbre quatuor tchèque du siècle dernier, les Pražák (prononcer Pra-jacques)

Une somme admirable, un enchantement sur chaque galette

La mère Noël

Depuis un certain 6 décembre (Il y a cinquante ans), Noël, la fin de l’année, ont un peu perdu leurs airs de fête. Pour les enfants, pour les petits-enfants, pour le plaisir d’être en famille, on fait comme si, mais la vérité est qu’on a hâte d’être à l’année prochaine. Rien ne me démoralise plus que les chalets et autres marchés de Noël, les rues des villes inondées de mauvais Jingle bells et Mariah Carey, ces grands magasins débordant de foie gras, champagne, chocolats à prix coûtants…

Bref je me replie sur ma discothèque (lire White Christmas) et je rêve aux soirées heureuses de l’enfance.

Sauf quand, missionné par Bachtrack, je me pointe – c’était mercredi soir – à la Maison de la Radio et de la Musique pour un concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France, un « concert de Noël » dont la tête d’affiche est Marie-Nicole Lemieux. Eh oui, en pleine éruption de wokisme, notre Québécoise préférée ose chanter le Noël des chrétiens (Minuit chrétiens !), les anges dans nos campagnes, Adoremus Dominum…Dans les églises, on n’ose plus, mais à Radio France oui !

Un concert plein de belles surprises, et en bis un Petit papa Noël d’anthologie. Comme je l’écris dans mon papier, Tino Rossi et Mariah Carey n’ont plus qu’à aller se rhabiller ! : Marie-Nicole Lemieux en Mère Noël à Radio France.

J’invite fortement ceux qui ont manqué le concert qui était diffusé en direct sur France Musique et Arte TV, à écouter sur francemusique.fr et surtout regarder ArteTV.

https://www.arte.tv/fr/videos/104533-014-A/concert-de-noel/

Un chef à suivre

Mikko Franck s’étant fait porter pâle, c’est le jeune chef français Adrien Perruchon, directeur musical depuis l’an dernier de l’orchestre des Concerts Lamoureux, qui l’a très avantageusement remplacé, comme je l’ai relevé dans mon billet.

J’ai un souvenir particulier avec celui qui était encore timbalier solo du « Philhar ». C’était en décembre 2014, j’étais directeur de la musique de Radio France. Un jeune chef, français lui aussi, devait diriger deux programmes avec l’Orchestre philharmonique, et pour des raisons que j’ai oubliées, il avait dû déclarer forfait pour le premier d’entre eux. Il fallait trouver d’urgence un remplaçant. en accord avec la représentation permanente de l’orchestre, je décidai de faire confiance à Adrien Perruchon qui se déclarait prêt à reprendre l’essentiel du programme. Ce fut une belle réussite…Je viens de découvrir sur YouTube que non seulement ce concert avait été filmé (ce n’était pas encore systématique dans un auditorium de Radio France tout juste inauguré) et mis en ligne.

Anniversaires : privé / public

J’ai bien des raisons d’épingler la date du 7 décembre dans mon calendrier de coeur.

La première – et de loin – est la naissance de mon premier fils, un dimanche 7 décembre, huit ans après le décès de mon père, un mercredi 6 décembre. Impossible de ne pas voir dans cette quasi-coïncidence de dates le signe d’une vie plus forte que la mort. J’ai eu la chance d’être père jeune, je n’avais pas 25 ans quand P.F. est né, je me rappellerai, jusqu’au bout de mes jours, le regard d’un bleu profond d’un beau bébé blond dans la couveuse où on l’avait placé juste après un accouchement parfait dans une clinique parisienne du côté de la place Wagram.

Ce garçon, devenu grand, allait fêter ses 20 ans, puis ses 30 ans, en même temps que l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège ses 40 (2000) puis 50 ans (2010).

Tant d’images me reviennent de ces événements concomitants.

20/40 ans

En décembre 2000, je me devais, nouveau directeur général de l’Orchestre philharmonique de Liège, de marquer le 40ème anniversaire de la fondation de l’Orchestre. Pierre Bartholomée, son directeur musical depuis 1977, ayant claqué la porte au printemps 1999 (sans cet événement, je ne serais sans doute jamais devenu le DG de l’orchestre !), il était impossible de penser à le réinviter un an plus tard. Avec le nouveau délégué artistique que j’avais choisi, Stéphane Dado, nous fîmes une rapide prospection parmi les chefs d’une certaine notoriété pour voir qui accepterait de reprendre le programme inaugural de l’Orchestre en 1960. L’excellent Serge Baudo accepta l’invitation.

Pour la soirée du 7 décembre 2000, j’invitai les prédécesseurs de Pierre Bartholomée encore vivants, Paul Strauss (1967-1977) – mais celui-ci était aux Etats-Unis – et… Manuel Rosenthal, qui n’avait certes dirigé l’orchestre que durant un court mandat (1964-1967), mais qui, à 96 ans, était encore en forme olympique. Nous envoyâmes une voiture le chercher à son domicile de la Butte aux Cailles, organisâmes une réception à l’Hôtel de Ville de Liège où lui fut remise – mieux vaut tard que jamais – la médaille de citoyen d’honneur de la ville, et dans mon bureau une pause détente en fin d’après-midi avant que le concert de 20 h ne débute.

Je revois encore assis face à face, mon fils de 20 ans et le vieil homme de 96 ans qui lui racontait ses souvenirs de Ravel, de Gershwin… et ses débuts impécunieux de violoniste de salon. J’entends encore Rosenthal raconter que, repéré pour ses talents violonistiques, je ne sais plus qui le recommanda au Ritz où il était de coutume d’accompagner les dîners de riches clients par une sérénade. Arrivé dans le palace de la place Vendôme, on montre au jeune Rosenthal une petite pièce où il doit attendre qu’on lui fasse signe de se présenter dans le salon où il va jouer. Il est surpris d’entendre déjà jouer du violon, et du très beau violon : il entr’ouvre un épais rideau et il aperçoit… Fritz Kreisler en personne !

30/50 ans

Pour les cinquante ans de l’Orchestre, les conflits du passé étant apaisés, je tenais à ce que cet anniversaire réunisse, rassemble, ceux qui l’avaient porté à une excellence reconnue par toute la critique. J’avais souhaité, dès ma prise de fonction, prendre contact avec Pierre Bartholomée, puisque j’étais complètement étranger aux événements et aux circonstances qui l’avaient conduit à quitter son poste. L’ancien directeur musical de l’OPL étant par ailleurs un compositeur reconnu et honoré, je lui demandai s’il accepterait d’écrire une oeuvre pour « son » orchestre: il écrivit tout simplement une… Symphonie, qu’il me fit l’immense honneur de me dédier – j’en conserve précieusement la partition originale – mais il hésita longtemps avant d’accepter de la diriger lui-même.

(Une photo rare : de gauche à droite Louis Langrée, Pierre Bartholomée, Pascal Rophé)

Paul Strauss qui avait toujours été un formidable et bienveillant conseiller – je ne manquais jamais de l’inviter au concert lorsqu’il était en Belgique – Paul Strauss était mort en juin 2007 à Bruxelles.

Mais Louis Langrée (2001-2006) comme Pascal Rophé (2006-2009) avaient accepté de participer à un concert à tous égard inédit : jamais dans le monde on n’avait célébré un anniversaire en réunissant, dans une même soirée, trois chefs d’orchestre.

(Les trois chefs, le directeur de l’Orchestre et la princesse Astrid de Belgique)

Pierre Bartholomée dirigea sa Symphonie, Louis Langrée la 2ème suite de Daphnis et Chloé de Ravel, et Pascal Rophé le Sacre du printemps de Stravinsky. Ce fut un superbe concert. Et j’eus la joie d’avoir à mes côtés mes deux fils, l’aîné 30 ans, le second 28 ans.

Trois ans après cet anniversaire, le père devenait grand-père, le fils devenait père. Il le sera très bientôt à nouveau !

Le chêne abattu

J’avais quatorze ans et il n’y avait encore ni chaînes d’info en continu ni réseaux sociaux ni rien de ce qui occupe désormais nos jours et, pour certains, nos nuits : ce n’est que le 10 novembre 1970 que nous avons appris la disparition du général de Gaulle la veille chez lui à Colombey-les-Deux-Eglises. Je me rappelle très bien l’émotion qui nous a saisis, celle de mon père, qui allait à son tour disparaître de la même façon brutale deux ans après.

Je me rappelle ce dessin de Faizant à la une du Figaro, je me rappelle cet énorme titre de France Soir

Et puis bien sûr à la télévision cette intervention sidérante de brièveté et de concision du successeur du général, Georges Pompidou : « La France est veuve » !

Plus tard je lirai Malraux – ce qui ne m’arrivera pas souvent – :

Et lundi dernier comme ce soir, j’ai regardé et je regarderai la « série » de six « épisodes » De Gaulle, l’éclat et le secret, écrite par mes amis Patrice Duhamel et Jacques Santamaria

Difficile d’incarner un personnage historique encore si proche de nous, sans le travestir ou l’imiter maladroitement. Lambert Wilson, dans un film que je n’ai pas encore vu, s’y était risqué avec succès.

La performance de Samuel Labarthe dans la série de France 2 ne laisse pas d’étonner, d’autant qu’à la différence de Lambert Wilson, l’acteur franco-suisse incarne le général de ses 50 à ses 80 ans.

Pour qui veut approcher le général de Gaulle dans toutes ses dimensions, historique, politique, personnelle, je recommande la somme d’Eric Roussel, republiée en poche

et bien sûr, les propres Mémoires du général qui sont aussi d’un écrivain, d’un amoureux éperdu de la langue française.

Professeur

Depuis l’assassinat, insupportable de sauvagerie, de Samuel Paty, outre la multitude de messages de compassion, de solidarité, de révolte, je lis tous ces témoignages d’élèves, de parents, de collègues, de familiers de l’enseignant, qui saluent en « Monsieur Paty » un professeur – j’insiste sur ce mot de professeur – respecté, aimé, qui marquait ses élèves d’un authentique sens de la pédagogie, de l’écoute et de l’autorité.

Dès vendredi soir le président de la République, tout le gouvernement, les élus, les organisations professionnelles rappelaient qu’il n’y a pas de République sans école, que les enseignants, les professeurs sont les hérauts, et maintenant les héros, de la République.

Il faudra s’en souvenir après les manifestations de ce dimanche et l’hommage national de mercredi.

Je n’ai pas écrit sur ma page Facebook : « Je suis professeur ». Mais j’aurais pu le faire…parce que c’était le métier auquel je me destinais, enfant puis adolescent, c’est un métier que j’ai exercé dans des circonstances particulières.

C’est surtout le métier, je dirais même le sacerdoce, qu’exerçaient mon père, et mon oncle son frère, morts l’un et l’autre à la tâche, dans des conditions heureusement moins tragiques que Samuel Paty.

Mon père (lire Dernière demeure) était professeur d’anglais à Poitiers d’abord au centre ville au lycée (devenu collège) Henri IV, puis au lycée Camille Guérin. Il est mort, à 44 ans, le 6 décembre 1972, d’un infarctus foudroyant, et je me rappelle encore tous les témoignages que ma mère avait reçus sur la « bonté », la générosité, la bienveillance qui caractérisaient mon père. Quand je lisais – et lis parfois encore – tant d’âneries sur ces profs qui ont tant de vacances, qui ne bossent que 20 heures par semaine, j’aurais voulu leur crier que, enfant et adolescent, je ne voyais mon père qu’assis derrière son bureau à préparer ses cours, corriger des copies, ou recevoir des élèves en difficulté. J’aurais bien aimé alors qu’il eût plus de « loisirs »…et qu’il ne se tuât pas à la tâche !

Mon oncle était professeur de mathématiques. D’abord installé avec sa famille à Rochefort (la ville des Demoiselles), il obtint d’être muté à Poitiers, après le décès soudain de son frère. Je me rappelle encore ce coup de fil vers minuit un soir de 1995 – j’étais chez moi à Paris – de ma tante : « Ton oncle est à côté de moi dans le lit… il est mort, je n’arrive pas à joindre les garçons » (mes deux cousins, l’un habitant à Munich, l’autre à Londres). Il avait 59 ans…

Même si je n’en ai pas fait finalement mon métier (une licence d’allemand, un diplôme de russe puis une licence en droit à l’Université m’y conduisaient tout droit), j’ai eu le bonheur d’enseigner à plusieurs reprises. D’abord, à 16 ans (!), juste après la mort de mon père, comme chargé de cours de solfège dans une annexe du Conservatoire de Poitiers, cours destinés à des adultes ! Puis, pendant mon service militaire, comme professeur à l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (ENSOA) de Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres (à 50 km de Poitiers), de français à des élèves sous-officiers qui pour la plupart avaient complètement décroché du système scolaire, d’allemand et de russe pour des officiers en direct ou par correspondance. J’ai tellement aimé cet exercice qui consistait à intéresser, et si possible passionner, des élèves souvent plus âgés que moi, à la littérature française, à la poésie, à la presse écrite. Plus tard quand j’en ai eu l’occasion ou l’offre – à Liège par exemple, en faculté de droit ou à HEC – j’ai retrouvé avec bonheur cette envie d’enseigner.

Et comme l’ont rappelé tant de témoignages depuis jeudi soir, nous savons ce que nous devons, de notre éducation, de la construction de notre personnalité, de l’orientation même de notre vie, à quelques instituteurs et professeurs qui continuent de nous inspirer, de nous nourrir de leur exemple, longtemps après qu’ils ont disparu. Je reviendrai, à l’occasion, sur certaines de ces figures