Sur les ailes du chant

Un an

Le 16 juin 2024, l’annonce de sa mort nous avait sidérés. Jodie Devos nous quittait, à 35 ans, au terme d’une brève et fulgurante maladie (lire Jodie dans les étoiles)

Où qu’elle soit, où que tu soies Jodie, tu es pour nous et pour toujours la reine des fées…

Sonya à Auvers

C’est la première fois qu’elle chantait à Auvers, la première fois aussi que je l’entendais en récital chant-piano. Et ce fut, une fois encore, une soirée magique (voir Bachtrack : Sonya Yoncheva enchante le festival d’Auvers-sur-Oise.)

Avec Sonya c’est une amitié de plus de dix ans, à Montpellier en 2016 Iris de Mascagni, en 2017 Siberia de Giordano, un projet annulé en 2020 pour cause de Covid, et en 2021 une folle soirée de clôture du Festival. Toujours avec son mari, le chef d’orchestre Domingo Hindoyan qui était un habitué de Liège avant d’en devenir un de Montpellier. C’était une fête heureuse ininterrompue…

Et toujours impressions et réflexions sur mes brèves de blog

La messe est dite

La fin de la presse musicale ?

Hier c’est le rédacteur en chef de Diapason qui signait ces lignes :

« La nouvelle est tombée comme un couperet : le numéro de mars de Classica, a-t-on appris de plusieurs sources internes, devrait être le dernier, comme cela a été annoncé hier par leur direction aux salariés du titre, qui devraient donc être licenciés. Classica est publié depuis 2019 par les éditions Premières Loges, filiale du groupe Humensis spécialisé dans l’édition de livres (en particulier de manuels scolaires et universitaires). En difficultés, Humensis a été cédé il y a peu à Albin Michel, qui n’a pas souhaité poursuivre l’activité presse musicale. Outre Classica, le magazine Pianiste devrait lui aussi cesser de paraître, tout comme la revue L’Avant-scène opéra, joyau chéri par tous les lyricomanes – ces deux titres dépendant eux aussi des éditions Premières Loges. »

Depuis cette annonce, les témoignages de soutien et d’amitié fleurissent (Forumopera)

Je relève celui-ci, de Tristan Labouret, le jeune rédacteur en chef de l’édition française de Bachtrack : « Terrible nouvelle, terrible perte que ce magazine, pour lequel j’avais eu l’honneur d’écrire auprès de Philippe Venturini qui était un modèle de rédacteur en chef, et que je continuais à lire consciencieusement tous les mois. La disparition de Pianiste et de L’Avant-Scène Opéra est tout autant un drame, ces deux magazines étant des références inestimables dans leurs domaines. Tout le monde est concerné, tout le monde y perd aujourd’hui, journalistes, critiques, lecteurs, artistes, musicologues, organisateurs de concerts et j’en passe. En pensée avec toutes les équipes, les salariés et les pigistes, qui ont contribué à faire de ces magazines des oasis salutaires dans un milieu de la musique classique décidément de plus en plus aride. »

La rumeur courait depuis plusieurs mois à propos de Classica, mais on avait naguère entendu les mêmes à propos du concurrent (et ami) Diapason, lorsque le magazine avait changé de propriétaire. Quant à l’Avant-scène opéra, je me rappelle l’insistance que mettait son fondateur, Michel Pazdro, à nouer un partenariat avec France Musique il y a trente ans, parce que, me disait-il, déjà à l’époque le modèle économique d’une revue aussi spécialisée était d’une extrême fragilité.

Tout le monde y va de son analyse sur les causes d’une telle situation.

Je ne prétends pas ajouter la mienne, ni reprendre l’antienne du « c’était mieux avant ». Les regrets n’ont jamais servi à rien, encore moins à résoudre une difficulté.

Mais les constats sont là : pour des magazines spécialisés dans le disque classique, c’est la matière première qui, depuis une vingtaine d’années, vient à manquer. Les « majors » (Deutsche Grammophon, Decca, Warner, Sony) ont considérablement ralenti l’allure, les « nouveautés » se comptent sur les doigts des deux mains en année pleine. Ces nouveautés que les discophiles comme moi attendaient impatiemment de voir chroniquées dans leurs magazines favoris avant de se décider à acheter ou non, comparées avec les « références » précédentes.

Ces critiques étaient d’autant plus attendues, et lues, que c’était (en dehors des émissions de radio d’écoute comparée) souvent le seul moyen pour le modeste lecteur/discophile de se faire une opinion. Aujourd’hui, même pour celui qui persiste à acheter un support physique – CD, DVD ou vinyle – tous les moyens existent d’écouter, de comparer sur internet.

Face à cette paupérisation de la matière discographique, les grands magazines spécialisés (cela vaut aussi pour les très britanniques Gramophone ou BBC Music Magazine) se sont efforcés de diversifier leurs contenus, de créer de nouvelles rubriques, de capter peut-être ainsi de nouveaux lecteurs.

La vraie question – et je l’ai souvent développée ici (Le grand public)- est celle du public auquel s’adressent ces magazines spécialisés, comme d’ailleurs les sites en ligne.

Reste à souhaiter à celles et ceux qui se sont vu brutalement notifier la fin de l’aventure que d’autres supports, d’autres moyens d’expression leur soient offerts.

La messe à Notre Dame

J’avais eu la chance de chroniquer le premier concert donné à Notre Dame après sa réouverture le 17 décembre dernier (lire sur Bachtrack : La Maîtrise Notre Dame retrouve sa cathédrale.

J’y suis retourné mardi dernier pour un programme qui réunissait les deux Maîtrises de Notre Dame et de Radio France, avec leurs deux chefs respectifs, Henri Chalet et Sofi Jeannin : Deux Maîtrises pour Notre Dame.

Frustration de n’avoir entendu que la si brève Chanson à bouche fermée de Jehan Alain (1911-1940)


Je reconnais que je connais mal le frère aîné de Marie-Claire Alain. Il va falloir que je comble mes lacunes.

Bonheur d’entendre Frank Martin (1890-1974) et sa Messe pour double choeur a cappella, qui convient idéalement à l’acoustique de Notre Dame.

Plus grand monde ne sait qui est le compositeur suisse Frank Martin (lire Les sept instruments), on joue encore parfois ses deux pièces concertantes (la Petite symphonie concertante et le Concerto pour 7 instruments à vent et timbales). Alors que c’est l’une des personnalités les plus originales du XXe siècle. A recommander (et écouter) sans limite !

Mon journal à retrouver sur brevesdeblog

Pour être complet voici l’échange paru sur Linkedin :

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Yves Riesel • 1stYVES RIESEL CONSEIL / Formerly : Qobuz founder / Concerts de Monsieur Croche / Abeille Musique / Naxos / Disques Concord / Média 7 / Les Musiciens Amoureux

Les bras m’en tombent
Je te cite : « Mais les constats sont là : pour des magazines spécialisés dans le disque classique, c’est la matière première qui, depuis une vingtaine d’années, vient à manquer. Les « majors » (Deutsche Grammophon, Decca, Warner, Sony) ont considérablement ralenti l’allure, les « nouveautés » se comptent sur les doigts des deux mains en année pleine. Ces nouveautés que les discophiles comme moi attendaient impatiemment de voir chroniquées dans leurs magazines favoris avant de se décider à acheter ou non, comparées avec les « références » précédentes. »
Il t’a echappé a l’évidence que depuis 40 ans la créativité discographique se passe chez les indépendants. Rester scotché sur une époque révolue, c’est une bonne partie du problème.

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Jean-Pierre RousseauAuthorEx Directeur Festival Radio France Occitanie Montpellier / FROM (2014-2022)

Yves Riesel ne fais pas semblant de ne pas m’avoir bien lu ! Evidemment que je sais et que je me réjouis de l’essor des éditeurs indépendants et des merveilles qu’ils publient ! Je voulais simplement relever que les « majors » ont cessé d’être des soutiens de la presse musicale (je me rappelle avoir entendu il y a longtemps de la part de la directrice marketing d’un célèbre magazine que l’attribution des récompenses dépendait du montant des pubs achetées par les éditeurs de disques et c’était avoué sans complexe !). Tu sais aussi bien que moi qu’aujourd’hui ce sont les artistes eux-mêmes qui financent leurs disques, que les éditeurs, petits ou grands, font le service minimum en terme de promotion.
Ces magazines étaient prescripteurs pour les apprentis discophiles que nous étions. Aujourd’hui 80 % des disques chroniques relèvent d’un répertoire de niche, qui intéresse évidemment les mélomanes curieux, mais qui n’attire pas un large lectorat.

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Jean-Pierre RousseauAuthorEx Directeur Festival Radio France Occitanie Montpellier / FROM (2014-2022)

Je n’ai pas pris pour moi le reproche de « rester scotché à une époque révolue », comme je pense l’avoir démontré depuis longtemps : https://jeanpierrerousseaublog.com/2015/09/29/le-grand-public/


Les meilleures notes de 2024

Oublier l’encombrant, le navrant, l’accessoire, ne garder que l’exceptionnel, le singulier, l’essentiel. C’est ainsi que je fais mon bilan d’une année musicale dont je ne veux retenir que les moments de grâce.

Ces souvenirs de concert, j’ai la chance de les avoir consignés pour Bachtrack.

La Chauve-Souris de Minkowski

« Marc Minkowski dirige d’une main de maître l’opérette de Strauss, dans une version portée par une distribution idéale. »

Bon c’était encore en décembre 2023, mais la dernière représentation a eu lieu le 31 !

Le triomphe d’Anna Netrebko dans Adriana Lecouvreur

L’Agrippina impériale d’Ottavio Dantone à la Seine musicale

Les tableaux symphoniques d’Esa-Pekka Salonen

Esa-Pekka Salonen et Sarah Connolly avec l’Orchestre de Paris

La Didon bouleversante de Joyce DiDonato

L’Heure espagnole délurée de Louis Langrée à l’Opéra Comique

Le fascinant parcours de Mikko Franck dans les paysages de Sibelius

Mikko Franck et l’orchestre philharmonique de Radio France

Martha Argerich réinvente le concerto de Schumann

Le marathon Beethoven de Dinis Sousa à la Philharmonie

Le bonheur d’avoir entendu le jeune chef portugais Dinis Sousa – découvert à l’été 2023 au Portugal – diriger une quasi intégrale des symphonies de Beethoven

Klaus Mäkelä et Oslo voient double dans Brahms

Ouverture de fête à Colmar avec Alain Altinoglu

Retrouvailles avec la double casquette d’Alain Altinoglu, directeur du festival de Colmar et chef de son excellent orchestre de la Monnaie

Avec Julian Rachlin au festival de Zermatt

Marianne Crebassa bouleversante dans Picture a day like this

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Le génial Don Giovanni de Julien Chauvin à l’Athénée

I got rhythm avec Bertrand Chamayou et Antonio Pappano

L’admirable Nelson Goerner

Le retour de la musique à Notre Dame de Paris

Pas de toccata de Widor pour la réouverture de Notre Dame, mais je la livre ici dans la version jubilatoire du légendaire Pierre Cochereau, pour conclure cette année en beauté.

Lumières

La catastrophe de Mayotte, les débuts ratés de Bayrou, l’enlisement du débat politique. Rien n’a changé depuis mon dernier billet, alors évitons…

Retour à Notre Dame

Comme je sais qu’il lit ce blog, je veux ici publiquement témoigner de ma reconnaissance et de mon admiration pour François Carbou, fondateur et infatigable animateur avec son épouse Yvette du label FY/Solstice. Il a pu lire ici mon admiration pour Pierre Cochereau, dont il a préservé la fabuleuse mémoire. Plus récemment j’ai eu la surprise de recevoir un disque dont j’ignorais même l’existence, parce que M. Carbou avait lu mes souvenirs d’une date très particulière à Notre-Dame (Ma Notre Dame). Merci Monsieur !

Après avoir vu et revu les cérémonies et messes de réouverture de Notre Dame, avoir pesté contre les insuffisances de France Télévisions (Cherchez le programme), j’étais évidemment impatient d’assister à un vrai concert conçu pour et dans Notre Dame. C’était mercredi soir et on peut en lire le compte-rendu sur Bachtrack: La Maîtrise de Notre Dame retrouve sa cathédrale

Voir l’album photo complet ici

Ce très court extrait du Magnificat de Bach avec les voix de Sandrine Piau, Eva Zaicik et Lucile Richardot ou quand la lumière revient à Notre Dame :

On a maintenant hâte de retrouver de grands récitals d’orgue avec Olivier Laury ou Thierry Escaich !

Nelson Goerner magistral

La semaine a bien commencé avec un récital magistral de Nelson Goerner à la Philharmonie. Quel parcours pour un musicien qu’on a la chance de suivre depuis ses tout débuts : je siégeais au jury du Concours de Genève qui lui a décerné, en 1990, un premier prix à l’unanimité !

Lire ma critique sur Bachtrack : L’admirable Nelson Goerner à la Philharmonie

Il me faut encore évoquer la disparition de l’une des actrices les plus lumineuses du cinéma espagnol, Marisa Paredes, que j’ai aimée dès que j’eus découvert l’univers d’Almodovar.

Citer aussi Marcel Marnat (1933-2024) que j’eus le bonheur de croiser quelquefois et surtout de lire souvent (voir Souvenirs de Ravel)

Notre-Dame : cherchez le programme !

Le 15 avril 2019 je racontais ici Ma Notre-Dame, l’épreuve, l’horreur, les souvenirs d’une cathédrale en flammes.

Ce week-end je ne pouvais pas, je ne voulais pas manquer sa réouverture. Au terme de ces festivités, le bilan est mitigé pour user d’un euphémisme.

Félicitations

Commençons par les félicitations. Je suis un lève-tôt et un fidèle de Télématin sur France 2 depuis des années. Des présentateurs, des chroniqueurs, compétents, sympathiques, parfaitement intégrés à une formule qui a fait ses preuves, et surtout, surtout, grâce sans doute à la brièveté des journaux qui rythment l’émission toutes les demi-heures, quasiment pas de ces micro-trottoirs ridicules qui ont envahi les JT de 13h ou 20 h (je n’ai pas compté le nombre de fois où le mot « émotion » a été prononcé ce week-end !).

Samedi et dimanche les équipes de Télématin étaient devant Notre-Dame, avec des invités, des reportages, des « sujets » tous remarquables sans exception. Factuels, informatifs (qui savait ce qu’était un taillandier ? l’origine du nom du personnage de Victor Hugo Quasimodo ? même moi qui fus enfant un pratiquant assidu, je ne me rappelais plus qu’il s’agissait du dimanche qui suit Pâques). Bref un modèle de « matinale » informative et divertissante.

Ratage international

On ne doute pas que la diffusion des différentes cérémonies et messes du week-end a représenté pour France Télévisions un effort sans précédent. C’était une occasion exceptionnelle de montrer au monde le savoir-faire du service public.

Occasion ratée malheureusement. Tout le monde se souvient des grandes cérémonies qui rythment la monarchie britannique, pour ne prendre que les plus récentes les obsèques de la reine Elisabeth ou le couronnement de Charles III : la musique y tient une place considérable (voir La Playlist de Charles III). A tout moment, pour qui suit la cérémonie à la télévision, la BBC donne de l’information sur ce qui se passe, met les titres des morceaux joués, donne le nom des interprètes. Là RIEN, pas la moindre indication, tant pendant la cérémonie de réouverture que pendant les messes de dimanche, RIEN. Même quand retentit l’Alleluia du Messie de Haendel par le choeur et la maîtrise de Notre Dame, RIEN !

J’exagère ? Il n’est que de regarder la cérémonie inaugurale sur une chaîne comme NBC…

Ce n’est pas comme si ces cérémonies avaient été décidées au dernier moment, comme si leur déroulé avait été ignoré des équipes de télévision.

Certes il ne manquait pas de commentateurs pour citer les personnalités politiques, ou ressasser à l’envi l’histoire de cette résurrection. Il y avait naguère un excellent journaliste, très versé dans la chose liturgique, Philippe Harrouard, personne pour le remplacer ?

L’orgue de Notre-Dame était heureusement à la fête ! Oui mais qui a parlé des quatre organistes qui se sont succédé à la tribune ? on n’a aperçu que leur crâne. Jamais un mot sur ce qu’ils faisaient, jouaient, créaient. Les téléspectateurs ont pu être désarçonnés de n’entendre aucune pièce d’orgue connue, et on a vu nombre de commentaires désobligeants.. et compréhensibles puisque personne n’a eu droit à la moindre explication…

Franchement lamentable !

Le concert inutile

Je préfère ne pas savoir qui a fait le programme du « grand concert », ni qui en a choisi les interprètes… mais je n’ai malheureusement pas été surpris.

Je connais les équipes de production et de réalisation de ce genre d’événements – ce sont les mêmes qui font le concert du 14 juillet sous la Tour Eiffel

Le 14 juillet 2014 : seule la Maire de Paris Anne Hidalgo est encore en fonctions ! De gauche à droite : Anne Hidalgo, Bruno Julliard, François Hollande, JPR, Manuel Valls (Photo Présidence de la République)

Il se trouve que Radio France est très engagée dans ce type de concerts : moyens techniques, forces musicales. Mais tout récemment nommé directeur de la Musique j’avais découvert, il y a dix ans, que nous n’avions pas eu notre mot à dire sur le programme, le choix des interprètes, accessoirement le montant des cachets versés aux artistes… Sans parler de certaines pratiques dénoncées un an plus tôt par le Canard enchaîné.

Pour la préparation du concert du 14 juillet 2015 je comptais bien remettre les choses en ordre, et reprendre la main sur la conception, la programmation et l’organisation d’une soirée qui serait dirigée par Daniele Gatti, avec l’Orchestre national de France, le choeur et la maîtrise de Radio France. C’est ce qui fut fait : je me rappelle une réunion que j’avais provoquée, avec son plein accord, dans le bureau même du chef d’orchestre à Radio France, en présence de toutes les parties prenantes, notamment de France Télévisions. On évita le défilé de stars lyriques, on chercha et on trouva des oeuvres en rapport avec la circonstance : je crois – mais je n’en suis plus sûr – que Gatti retint l’idée de diriger l’ouverture 1812 de Tchaikovski avec choeur. Autour de la table, sans vouloir vexer personne, je pense qu’à part le chef et moi, personne ne savait que Tchaikovski cite la Marseillaise et pourquoi il le fait.

Mais je n’étais plus en fonction pour assister à ce concert ni aux suivants.

L’obsession des organisateurs de ce type de concerts, comme celui de Notre-Dame, est de ne surtout pas dépasser les 5 minutes (8 étant le très grand maximum) par séquence. Il paraît qu’on peut perdre ou lasser le spectateur… Ce qui est tout de même extraordinaire c’est que jamais on ne se permettrait de telles exigences avec des chanteurs de variétés (même si le format habituel d’une chanson est de l’ordre des 3 minutes), mais pour le classique tout est bon, y compris caviarder ou « arranger » un morceau pour que ça tienne… (l’autre soir, il ne suffisait pas que Lang Lang massacre le 2e concerto de Saint-Saëns, mais on avait coupé dans le finale !).

Réaction d’un vieux ronchon que la mienne ? Assurément non, parce que je revendique d’avoir fait ce beau métier d’organisateur et de programmateur durant près de quarante ans, sans jamais me moquer ni des artistes ni du public, au contraire. Relire en tant que de besoin tous les articles que j’y ai consacrés sur ce blog (comme Le grand public).

Le dernier événement que j’ai contribué à organiser était la finale du Concours Eurovision des jeunes musiciens en 2022 à Montpellier. De nouveau débat avec la production – la même que celle qui assume les Victoires de la Musique et autres rares émissions classiques à la télévision – sur la longueur des extraits et le choix de ceux-ci. Je ne dirai rien sur le résultat final, la « mise en scène » d’un spectacle calqué une soirée de variétés, mais je peux dire que les jeunes finalistes ont tous été respectés et que nous avons choisi avec eux les oeuvres qu’ils allaient jouer, sans coupure ni caviardage. Quasiment pas de supposés « tubes » grand public, mais des musiciens et des compositeurs que beaucoup ont dû découvrir ce soir-là. Je me rappelle la réaction des équipes présentes quand, déjà en répétition puis au concert, ils entendirent le vainqueur de ce concours – Daniel Matejca – jouer la cadence et le finale du 1er concerto de Chostakovitch

Comme l’orgue et les organistes ont été les grands oubliés de ce week-end, même si on les a heureusement beaucoup entendus, je leur consacrerai tout un billet demain.

Les bonheurs de novembre

Heureux Misérables

C’était jeudi soir, des places prises il y a plusieurs semaines, et un retour dans ce théâtre du Châtelet où l’on n’a que de bons souvenirs.

Je me rappelais vaguement la production anglaise des Misérables d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, au printemps 2010 dans ce même théâtre.

Ce qui est proposé cet hiver est bien une nouvelle version en français, dans une nouvelle mise en scène de Ladislas Chollet, qui a fait l’unanimité de la critique (Un retour en majesté, Le souffle lyrique des Misérables)

La performance des auteurs est déjà d’avoir réussi à « résumer » cette oeuvre-monde de Victor Hugo dans une suite de tableaux immédiatement compréhensibles et celle du metteur en scène de n’avoir jamais chargé la barque, ni recouru à des effets spectaculaires comme on les aime souvent du côté de Broadway ou du West End à Londres (où le musical tient l’affiche depuis plus de quarante ans !). Trois heures de beau et grand spectacle.

C’est évidemment la partie musicale qui m’intéresse le plus. Plus qu’une succession d’airs qu’on mémorise, C.M. Schönberg a conçu ces Misérables comme un flux, un continuum, qui donne certes lieu à des solos, des duos, et des ensembles qu’on attend, qui nous émeuvent, nous touchent. C’est admirablement écrit pour les voix et l’orchestre d’une quinzaine de musiciens, dirigé en alternance par deux cheffes, Alexandra Cravero et Charlotte Gauthier, est exceptionnel.

Je cite Emmanuel Dupuy dans Diapason :

« Sur scène, chacun se consume dans des rôles plus dramatiques que burlesques – à l’exception des exécrables époux Thénardier qui offrent à Christine Bonnard et David Alexis matière à exceller dans la mesquinerie. La Fantine de Claire Pérot tire les lames par sa fragilité, même si son célèbre « J’avais rêvé d’une autre vie » mériterait un peu plus d’ampleur. Le Javert de Sébastien Duchange est d’une sublime brutalité, terrible et vulnérable dans son grandiose serment aux étoiles comme dans sa scène de suicide. Les jeunes gens sont tous impeccables, habités d’un idéalisme sans borne, que ce soit la Cosette de Juliette Artigala, le Marius de Jacques Preiss, l’Eponine d’Océane Demontis, l’Enjolras de Stanley Kassa. Dans ce concert de louanges, n’oublions surtout pas les gamins (Gavroche, Cosette et Eponine enfants) issus de la Maîtrise des Hauts-de-Seine. Celui qui remporte la plus incontestable victoire, c’est cependant et comme il se doit Benoît Rameau, ténor souvent entendu dans nos théâtres lyriques, qui incarne ce soir un Jean Valjean atypique par sa tendresse juvénile, mais d’un bout à l’autre bouleversant. Avec dans ses phrasés des éclats, des demi-teintes, une irrésistible poésie – en particulier dans sa touchante prière (« Comme un homme ») qu’il n’hésite pas à chanter en voix mixte. » (Diapasonmag, 28/11/24)

La renaissance de Notre Dame

Jeudi après-midi, je repassais devant Notre-Dame, comme je l’ai fait souvent depuis le 15 avril 2019.

(La façade de Notre-Dame de Paris dans l’après-midi du 28 novembre 2024)

Le lendemain, j’ai suivi, fasciné, la visite présidentielle.

Mais j’avais eu comme un avant-goût de cette redécouverte de Notre-Dame, en visitant une autre Notre-Dame, celle de Chartres, il y trois semaines (voir album photo ici), qui bénéficie depuis plusieurs années d’une restauration impressionnante, et où le contraste entre avant et après est saisissant :

Le bonheur d’un film

Rien à voir avec cette fin de semaine parisienne, mais ce fut l’un des bonheurs de cette fin novembre, ce film de Gustave Kervern, diffusé par Arte. Un peu de Groland, beaucoup de Deschiens, un duo d’actrices Yolande Moreau, Laure Calamy, impayable, deux flics déjantés (Raphael Quenard, Anna Mouglalis), une directrice d’Ehpad – géniale Alison Wheeler – qui ressemble à l’assistante stressée d’un patron du CAC 40, et tout un tas d’autres qu’il faudrait citer.

A voir et à revoir.

Chez Tante Léonie et les favorites

J’ai mis à profit le week-end du 11 novembre pour visiter une région pourtant proche de la mienne, où je n’ai longtemps fait que passer sans m’arrêter. Quatre étapes : le château de Diane de Poitiers à Anet, malheureusement non visitable, puis la « Maison de Tante Léonie » autrement dit le Musée Marcel Proust à Illiers-Combray , le château de Maintenon, sur les traces de l’épouse morganatique de Louis XIV, et bien sûr Chartres.

Le château de Diane

Je m’étais toujours demandé pourquoi la favorite du roi Henri II était nommée Diane de Poitiers, alors qu’elle est originaire du Dauphiné. J’ai eu la réponse en lisant l’excellente notice Wikipedia qui lui est consacrée : la Maison de Poitiers-Valentinois tire son nom non de la capitale du Poitou, mais d’une déformation du lieudit Peytieux à Châteauneuf-de-Bordette dans l’actuel département de la Drôme.

C’est donc pour cette Diane dauphinoise qu’Henri II fait construire le château d’Anet, un magnifique ensemble Renaissance (voir l’album photos complet ici

L’enfance de Marcel Proust

Je ne suis un lecteur intermittent de Proust, je me fais régulièrement la promesse de reprendre La Recherche. Après cette visite, je vais peut-être finir par l’honorer ! J’ai en fait suivi les aventures du très actif président de la Société des Amis de Marcel Proust, Jérôme Bastianelli, dont je connais surtout les casquettes musicales, qui ne s’est pas ménagé pour faire rénover et rouvrir cette fameuse « Maison de Tante Léonie« , que le jeune Marcel visitait enfant, à Illiers-Combray.

Il ne faut pas s’arrêter à Illiers-Combray, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Chartres, pour ses bonnes tables. Il n’y en a que de médiocres. En revanche, tout est fait pour qu’on se passionne pour ce musée qui n’est pas réservé, loin s’en faut, aux seuls lecteurs de Proust. Voir l’album complet ici

Comme la musique n’est jamais loin de Proust, j’ai trouvé ce roman que j’ai hâte de lire :

Jérome Bastianelli invente une biographie de l’auteur de cette fameuse sonate, si souvent évoquée par Proust. On veut bien croire l’éditeur qui la présente comme un premier roman brillant et surprenant, qui, si on n’a pas lu Proust, peut se lire comme la biographie imaginaire d’un grand musicien et qui, si on l’a lu, se révèle comme une délicieuse interprétation critique d’un des plus grands romans du XXe siècle,

La marquise et sa nièce

A quelques kilomètres à l’est de Chartres, c’est une autre résidence d’une autre célèbre favorite, qui se visite, et qui vaut vraiment le détour. C’est le château qu’acquiert en 1674 Françoise d’Aubigné, plus connue comme marquise de Maintenon, d’abord gouvernante des enfants illégitimes de Louis XIV et de Madame de Montespan, puis épouse morganatique du monarque après la mort de la reine Marie-Thérèse. Le château porte surtout la marque de la famille de Noailles, descendante de la nièce de Madame de Maintenon, Françoise.

La marquise de Maintenon et sa nièce Françoise, devenue duchesse de Noailles

Il faut absolument visiter le château et ses nombreuses pièces meublées avec goût (pour l’essentiel au XIXe siècle à l’initiative du maréchal Paul de Noailles), et de somptueux jardIns. Voir l’album photos complet ici.

On a évidemment repéré ce superbe clavecin Albert Dellin (Tournai 1768) laissé en dépôt par le grand claveciniste canadien Kenneth Gilbert (1931-2020)

Un millénaire à Chartres

Le chef-lieu du département d’Eure-et-Loir célèbre cette année le millénaire des fondations de sa célèbre cathédrale.

La restauration/rénovation dont a bénéficié la cathédrale depuis vingt ans laisse imaginer ce que nous découvrirons à Paris dans l’autre Notre-Dame. Très impressionnant ! Voir les photos ici.

Le centre ville n’est pas grand et malgré les bombardements de 1944 conserve quelques beaux témoignages de la ville ancienne, notamment dans sa partie basse.

Vents d’Est

J’étais de nouveau à Colmar ce week-end pour l’ouverture du Festival International de Colmar et de sa deuxième édition placée sous la direction artistique d’Alain Altinoglu (lire Retour à Colmar). Ce que j’ai pensé des trois concerts auxquels j’ai assisté sera à lire très bientôt sur Bachtrack.

Le petit extrait du bis donné hier soir dit assez l’ambiance festive qui régnait sous la vaste nef de l’église Saint-Mathieu.

Extrait de la 1e marche de Pomp and Circumstance d’Elgar / Orchestre symphonique de la Monnaie / Dir. Alain Altinoglu (6/07/2024)

Mais ces voyages en Alsace sont aussi pour moi l’occasion de m’arrêter en chemin dans des villes, dans les lieux, devant lesquels j’étais souvent passé trop vite.

Bar-le-Duc

Le chef-lieu du département de la Meuse n’évoquait vraiment rien de particulier pour moi, et c’est précisément cet inconnu qui m’a attiré pour une brève étape sur le trajet vers Colmar. La ville haute abrite tout un quartier Renaissance remarquablement préservé, où manque simplement, un vendredi matin, un peu de vie. Quasiment aucun commerce, aucun café…

La cathédrale Saint-Pierre

Le Palais de Justice

Hohlandsbourg

Quelques kilomètres avant d’arriver à Colmar, en passant par le col de la Schlucht, on se hisse sur les hauteurs de Hohlandsbourg, l’une de ces nombreuses forteresses qui dominent la plaine d’Alsace.

La vue sur Colmar est admirable.

Au bord du Rhin

Le samedi matin, entre deux averses orageuses, on pousse jusqu’aux deux communes jumelles de Neuf-Brisach (en France), et Vieux-Brisach ou Breisach-am-Rhein (en Allemagne). Neuf-Brisach est célèbre pour sa citadelle édifiée par Vauban, aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

On pourrait penser que la flamme olympique est passée par ici. En fait, sans doute dépitée de ne pas avoir été sélectionnée, la commune a fait édifier sa propre flamme, comme le relate L’Alsace.

L’hôtel de ville de Neuf Brisach et la statue d’hommage à Vauban

Les bateaux de croisière sur le Rhin accostent à Breisach-am-Rhein

La ville haute de Vieux-Brisach / Breisach am Rhein.

Le lion de Belfort

Sur la route du retour ce matin, une halte s’imposait: Belfort et sa belle cité enserrée au milieu d’une imposante citadelle, dominée par la fabuleuse sculpture de Bartholdi, le fameux Lion.

Le Corbusier à Ronchamp

Je ne connaissais La Chapelle Notre Dame du Haut de Ronchamp – comme elle s’appelle complètement – que par mes lectures… et les timbres que je collectionnais enfant.

J’avoue que la petite heure que j’ai passée sur les hauteurs de Ronchamp à voir enfin de près l’oeuvre du Corbusier m’a profondément ému. Arrêt sur images…

La sagesse de Diderot

Une brève halte à Langres – trop brève pour visiter cette superbe cité – m’a rappelé que c’est la ville natale de Diderot, et je voulais m’imaginer que la sagesse de l’encyclopédiste inspirerait les électeurs.

la sompteuse cathédrale Saint-Mammès de Langres

Un dimanche extraordinaire

Bien entendu, je suis revenu à temps pour voter au 2e tour de ces élections législatives sans précédent.

La soirée électorale qui se déroule au moment où je conclus ce billet me réjouit à un point que je ne pouvais imaginer dimanche dernier. J’ai envie d’imaginer des lendemains qui chantent…On en reparlera très vite !

Même pas drôle

Je me demandais, en refermant le dernier livre de l’ex-ministre de la Culture, si je serais le seul à le trouver nul et non avenu. En dehors de son nombril, la spirituelle et pétulante Roselyne Bachelot – c’est l’image qu’elle donne et veut donner d’elle – déteste tout le monde, balance des méchancetés sans nom sur à peu près tous ses « amis », y compris ceux qui l’ont nommée, hier et avant-hier, à des postes de ministre. Le mépris dans lequel elle tient tous ces braves gens, élus locaux, responsables culturels, qu’elle a dû se farcir pendant son mandat, est abyssal (ces gens-là Madame ne sont capables que de cadeaux « hideux » etc.)

Ministre de la Culture, c’était son rêve, et chacun de complaisamment relayer son goût et sa prétendue expertise pour la chose lyrique. Mardi j’écoutais par hasard Les Grosses têtes sur RTL quand Laurent Ruquier s’avisa, à propos d’une question sur les deux grandes rivales des années 50, Callas et Tebaldi, de tester Roselyne Bachelot en faisant entendre un extrait de Casta diva. On comprit vite pourquoi elle ne voulait pas se soumettre à ce test. Ruquier insista, et n’importe quel amateur d’opéra put reconnaître immédiatement Tebaldi dans le premier extrait diffusé… sauf Bachelot qui, péremptoire, annonça Callas. Fous rires et réflexions désobligeantes de toutes les autres Grosses Têtes.

Hier soir ce fut Yann Barthès dans Quotidien sur TMC qui nous régala d’un festival de citations de toutes les vacheries dispensées dans ce bouquin en forme d’auto-justification d’une non-politique culturelle.

J’étais d’autant plus intéressé à lire ce bouquin qu’il est censé relater l’action – ou l’inaction – du ministère de la Culture pendant une période qui a durement éprouvé tous ceux qui travaillent pour et vivent de la culture et que j’ai traversée comme directeur d’un festival. Festival superbement ignoré par la ministre, qui avait trouvé le moyen de se déplacer jusqu’à Montpellier au cours de l’été 2021 – élus prévenus au dernier moment – pour aller se goberger dans le nouvel établissement des frères Pourcel, sans même chercher à rencontrer les responsables des trois grands festivals de Montpellier, ni évidemment assister à un concert…

Ce bouquin compile quantité de notes et bilans écrits par les conseillers de l’ex-ministre, mais à aucun moment ne transparaît la moindre empathie pour les artistes, le milieu culturel en général. Ne parlons même pas des politiques que Madame Bachelot se targue de tutoyer, d’appeler par leurs prénoms, fussent-ils présidents de la République (Jacques, François, Nicolas…). Dès qu’un compliment point, on est sûr que le dézingage arrive dans la phrase suivante. Tout le monde y passe, y compris Brigitte Macron à propos d’un projet de flèche pour Notre-Dame !

D’ailleurs j’aurais dû lire la « présentation de l’éditeur ». Roselyne Bachelot ne craint pas le ridicule !

« 682, c’est le nombre de jours que Roselyne Bachelot a passés au ministère de la Culture sous la présidence d’Emmanuel Macron. Dans ce journal d’une ministre, Roselyne Bachelot fustige le bal des hypocrites, ceux qui n’ont pas voulu reconnaître la culture comme « bien essentiel », ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues alors qu’elle luttait pour garder en vie les salles de spectacles, le cinéma, les troupes de théâtre. Elle n’oublie pas les technos de tout poil et les obsédés de l’ordre sanitaire, qui laissaient circuler les rames de métro bondées mais interdisaient l’ouverture des théâtres et des cinémas. Elle égratigne certains artistes qui ont joué les victimes sacrifiées alors que l’argent public coulait à flot et décrit sans complaisance les complots misérables de politiciens en perdition. Roselyne tire à vue« 

Elle n’a manifestement pas supporté d’être remplacée par la conseillère culture d’Emmanuel Macron. C’était très perceptible lors de la passation de pouvoir. Voici ce que j’écrivais le 23 mai dernier : « Ainsi, à écouter la longue, très longue, litanie d’autojustification de la ministre de la Culture sortante, la si médiatique Roselyne Bachelot, on pouvait avoir le sentiment d’y perdre au change avec l’arrivée d’une conseillère de l’ombre, inconnue du grand public, dotée d’un patronyme qui signale la « diversité », Rama Abdul Malak. Ceux qui ont eu affaire au ministère de la Culture ces dernières années n’ont pas du tout la même perception du bilan de la rue de Valois pendant la pandémie…En revanche, la nouvelle ministre c’est moins de paillettes mais plus de sérieux. Le milieu culturel ne l’a pas encore dézinguée. De bon augure ? »

Madame Bachelot qui aime tant parsemer ses ouvrages de références littéraires, sait d’évidence de qui est cette célèbre phrase : « La vieillesse est un naufrage ».

Festival d’inconnus

#FestivalRF22 #SoBritish

De Notre-Dame à Montpellier

Les Montpelliérains rencontrés aux abords de la cathédrale Saint-Pierre n’en croyaient pas leurs yeux : de longues files à l’extérieur, des bancs remplis à l’intérieur : ils n’avaient jamais vu autant de monde pour un récital d’orgue. Il faut dire que l’invité du festival Radio France ce mercredi soir n’était pas n’importe qui. Le talentueux et médiatique titulaire de Notre-Dame-de-Paris, l’organiste Olivier Latry

Tant de souvenirs avec lui ! Indspensable réécoute de son récital sur francemusique.fr en particulier de son improvisation flamboyante sur « A la claire fontaine » !

Tempête en mer

La soirée du 21 juillet était très attendue (lire RVW(1) : A Sea Symphony) : l’Orchestre national de France, le Choeur de Radio France, en grand équipage, sous la baguette inspirée de Cristian Macelaru.

D’abord Marianne Crebassa dans les Sea Pictures d’Elgar : une révélation, une voix de contralto qui a encore gagné en densité excessive et en puissance. Rendez-vous mardi prochain pour retrouver la chanteuse agathoise en récital (lefestival.eu).

En seconde partie, une longue croisière en mer grâce à Ralph Vaughan Williams et Walt Whitman, la première symphonie, vaste fresque chorale et vocale, du grand symphoniste britannique du XXème siècle. Les très nombreux spectateurs présents à l’Opéra Berlioz, comme les auditeurs de France Musique, ont pu constater que les voyages en mer ne sont pas toujours sans surprise. Quelques minutes après le début de l’oeuvre, la jeune soprano Jodie Devos – fabuleuse Ophélie de l’Hamlet donné en ouverture de festival le 15 juillet – qui avait accepté de remplacer l’interprète prévue, Lucy Crowe, faisait un malaise, heureusement sans gravité, obligeant à interrompre quelques minutes le concert. Impossible de donner le 1er mouvement en entier. Mais après du repos, après que Cristian Macelaru a dirigé les 2ème et 3ème mouvements avec la seule présence requise du baryton – formidable – Gerald Finley, la soprano rayonne de nouveau dans le tableau final de la Sea Symphony. Et c’est une longue ovation qui salue tous les interprètes d’une oeuvre dont tous, musiciens et public, se demandent pourquoi elle n’est quasiment jamais donnée en France (quelques exceptions, à Strasbourg et à Besançon il y a une trentaine d’années !). Malheureusement, en raison de l’incident survenu, ce concert n’est pas disponible à la réécoute sur France Musique. On peut qu’espérer qu’après montage entre la générale et le concert, il sera à nouveau proposé.

De gauche à droite : Sibyle Veil, PDG de Radio France, JPR, Jodie Devos, Gerald Finley, Cristian Macelaru

Eurovision des jeunes musiciens

Ce soir, en direct sur France Musique et sur CultureBox (France Télévisions), une première pour la France et le Festival Radio France, la finale du concours Eurovision des Jeunes Musiciens. Je disais malicieusement à un journaliste de France Inter qu’à la différence de l’Eurovision de la chanson, la France avait peut-être une chance de l’emporter. Ils seront neuf très jeunes artistes à confronter leurs talents sur le vaste plateau de l’Opéra Berlioz de Montpellier, aux côtés de l’Orchestre national de Montpellier conduit par Pierre Dumoussaud. Mais je ne peux rien dire de plus, je suis membre du jury (en bonne compagnie, Müza Rubackyte, Nora Cismondi, Tedi Papavrami et Christian-Pierre La Marca) et donc tenu à un strict devoir de réserve.

(Photo Midi Libre)