Musiques de l’intime

Les chambres d’Annie Dutoit

J’ai plusieurs fois cité ici les bonnes affaires que je fais sur le site allemand jpc.de. L’une des dernières en date est ce DVD :

La fille de Martha Argerich et Charles Dutoit, Annie Dutoit, a conçu ces deux documentaires comme des concerts privés, au domicile de Daniel Barenboïm à Berlin, chez sa mère Martha Argerich à Genève. Quelle belle manière d’entrer au coeur de la musique, dans l’intimité des artistes. On aime quand ces immenses musiciens sont ainsi filmés, interviewés, aimés…

44 ans les séparent

C’est l’un des plus grands pianistes russes, c’est parfois un chef inspiré, c’est un immense musicien en tout cas, Mikhail Pletnev (67 ans), qui s’est associé à un violoniste miraculeux de 23 ans, Daniel Lozakovich que, concert après concert (notamment depuis mon invitation à Montpellier en 2019) je ne cesse d’admirer

Daniel Lozakovich, 18 ans, en juillet 2019 aux côtés de Neeme Järvi (assis), Kristjan Järvi et Mari Samuelsen

Cette nouveauté, ce duo, ce dialogue entre le vieux maître et le jeune artiste, sont tout simplement admirables.

Lekeu éternel

Le numéro d’octobre de Classica propose une écoute comparée de la sonate pour violon et piano de Guillaume Lekeu (1870-1894). C’est une excellente idée pour ce qui est un chef-d’oeuvre de la musique de chambre.

Je ne suis pas surpris que le résultat de cette écoute à l’aveugle mette l’inaltérable version de Christian Ferras et Pierre Barbizet en tête de liste.

2890 jours : ils ont fait Montpellier (IV) Cordes sensibles

Après les épisodes I (piano), II (Scarlatti 555), III (17 opéras), je poursuis la remontée dans les souvenirs du Festival Radio France Montpellier, que j’ai dirigé de 2014 à 2022. En égrenant les noms de ces dizaines de violonistes, altistes, violoncellistes, violistes, guitaristes, qui ont fait le bonheur des dizaines de milliers de spectateurs d’un festival qui fêtera l’an prochain son quarantième anniversaire ! À nouveau, je remercie ces merveilleux musiciens qui restent pour longtemps inscrits dans nos mémoires.

Violon

Dorota Anderszewska, 1er violon de l’Orchestre national Montpellier Occitanie, est un pilier du Festival

Kristine Balanas (16)

Marc Bouchkov (16)

(Marc Bouchkov, Christian-Pierre La Marca, JPR, Philippe Cassard)

Julien Bouclier (15)

Renaud Capuçon (17) (21)

en 2017 Renaud avait inscrit, à ma demande, le concerto de Khatchaturian à son répertoire, aux côtés de l’Orchestre national de France dirigé par Emmanuel Krivine, en 2021 il était revenu jouer avec Michel Dalberto les sonates de Fauré (N°1) et de Richard Strauss.

Marina Chiche (19)

Amaury Coeytaux (16)

Alexandra Conunova (15)

Johan Dalene (21)

Nicolas Dautricourt (17)(19)

Kristi Giezi (19)

Tatiana Grindenko (19)

Maxime Grizard (22)

Gidon Kremer (19)

C’est sans doute à Gidon Kremer que je dois le souvenir le plus bouleversant du Festival 2019 : avec sa partenaire de l’époque, Tatiana Grindenko, ils ont redonné à Montpellier l’oeuvre d’Arvo Pärt Tabula Rasa qu’ils avaient créée à Tallinn en 1977 !

Theotime Langlois de Swarte (22)

Geneviève Laurenceau (18) (21)

Maité Louis (21)

Daniel Lozakovich (19)

C’est un prodige de 18 ans, le violoniste suédois Daniel Lozakovich, qui a ouvert le Festival 2019 avec l’orchestre national d’Estonie dirigé par Neeme Järvi. Nul n’a oublié le fabuleux concerto de Beethoven qu’ils ont donné ce soir là.

Daniel Matejča (22)

Le grand vainqueur incontesté du concours Eurovision des jeunes musiciens, qui se tenait pour la première fois en France, à Montpellier, est le Tchèque Daniel Matejča (17 ans) phénoménal dans le concerto n°1 de Chostakovitch

Clara Mesplé (15)

Deborah Nemtanu (16)

Solenne Païdassi (15)

Tedi Papavrami (19)

Alena Piorunska (22)

Nemanja Radulovic (18)

C’est peu de dire que le violoniste d’origine serbe Nemanja (prononcer Ne-ma-nia) Radulović a reçu l’ovation due à une rock star en jouant le concerto de Tchaikovski.

Mohammed Sami (16)

Tatiana Samouil (18)

Il est resté un très beau disque du récital qu’ont donné ma chère Tatiana Samouil et David Lively :

Mari Samuelsen (19)

Vikram Sedona (19)

Alma Serafim Kraggerud (22)

Alexandra Soumm (17)

Gabriel Tchalik (16)(19)

Veriko Tchumburidze (17)

Jordan Victoria (21)

Daniel Vlashi (15)

Eva Zavaro (22)

Alto

Violaine Desqueyroux (22)

Nils Monkemeyer (16)

Timothy Ridout (19)

Violoncelle

Nicolas Altstedt (19)

Emeraude Bellier (15)

Xavier Chatillon (17)

Gaspar Claus (15)

Marc Coppey (16)

Marc Coppey jouait la superbe pièce concertante d’André Caplet – Epiphanie – avec l’orchestre national de France dirigé par John Neschling, oeuvre qu’il avait enregistrée à Liège sur la recommandation d’Henri Dutilleux lui-même !

Christoph Croisé (19)

Thaïs Defoort (22)

Henri Demarquette (16)

Sol Gabetta (21)

Ophélie Gaillard (19) (22)

Harriet Grijgh (15)

Charles Hervet (16)

Victor Julien-Laferrière (18)

Anssi Karttunen (19)

Anastasia Kobekina (22)

Christian-Pierre La Marca (16) (21)

Edgar Moreau (17)

Aurélien Pascal (21)

Bruno Philippe (16)

Raphaël Pidoux (15)

Antoine Pierlot (16)

Maxime Quennesson (19)(21)

Philip Schupelius (22)

Lev Sivkov (17)

Camille Thomas (15)

Cyrille Tricoire (15) (21)

Michiaki Ueno (22)

Contrebasse

Edouard Macarez (21)

Guitare

Juan Manuel Canizares (15)

Thibaut Cauvin (22)

Thibaut Garcia (17) (21)

Thibaut Garcia = la guitare et la grâce

Quito Gato (21)

Sebastien Llinares (15)(19)

Raul Olivar (16)

Quatuor Eclisses (17)(21)

Christian Rivet (17)

Laura Rouy (22)

Kevin Seddiki (15) (22)

Serge Teyssot-Gay (15)

Cyprien N’tsaï (19)

Mathieu Varnerin (16)

Luth

Thomas Dunford (15)

Violes

Louise Buedo (16)

Barbara Hünninger (15)

Robin Pharo (19)

Philippe Pierlot (21)

Myriam Ropars (15)

Christian Sala (15)

Iris Tocabena (15)

Quatuors/Trios

Parce que la musique de chambre a toujours occupé une place essentielle dans la programmation du Festival Radio France, les duos, trios, quatuors avec cordes, ont été nombreux à être invités, souvent pour leurs premiers concerts publics.

Agate (22)

Akhtamar (17) (21)

Alborea (21)

Armida (15)

Arnold (21)

Atanassov (15)

Busch (17)

Cambini (17)

Diotima (16)

Duo Coloquintes (17)

George Sand (16)

Gerhard (18)

Hadès (16)

Hanson (20)(21)

Je n’oublie pas que grâce au quatuor Hanson et quelques autres musiciens, le Festival 2020, annulé pour cause de pandémie, a tout de même pu proposer à un public restreint de beaux moments de musique

Karénine (15)

Messiaen (19)

Metral (21)

Mettis (17)

Notos (19)

Quennesson (19)

Söra (22)

Tchalik (19)(21)

Van Kuijk (16)

Varèse (16)(19)

Voce (15)

Wanderer (15)(18)

Zadig (18)

Opening nights

J’en prends chaque année la résolution – ne pas commenter ici les concerts du Festival Radio France – et chaque année je ne peux m’y tenir. Impossible de taire mes premières impressions, mes premières émotions. Et depuis que le #FestivalRF19 a commencé mercredi soir, elles sont nombreuses.

Un Festival, c’est d’abord une atmosphère, comme une veillée d’armes avant le jour J.

IMG_3960(Montpellier la nuit dans le coeur de la vieille ville)

Au matin on fait un tour en ville pour vérifier…

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Et le soir de ce mercredi, on décide de sortir de Montpellier, pour retrouver un singulier trio, dans le cadre enchanteur du château de Restinclières.

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Les trois virtuoses du marimba – le trio SR9 – ont convaincu sans peine un public qui, ici même, avait applaudi Alexandre Kantorow (Alexandre le bienheureux) il y a trois ans.

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Mais avant les marimbas en plein air, on a pris soin et surtout plaisir à saluer les musiciens de l’Orchestre national d’Estonie tout juste arrivés de Tallinn, leur chef Neeme Järvi et le tout jeune violoniste Daniel Lozakovich qui se rencontraient pour la première fois et répétaient le concerto pour violon de Beethoven, au programme du concert d’ouverture ce jeudi 11 juillet.

IMG_3980Dès les premières minutes, on sut que les étincelles seraient au rendez-vous !

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C’est peu de dire que la réalité a dépassé toutes nos espérances. De larges extraits de la suite de Pelléas et Mélisande de Sibelius pour installer la thématique du 35ème Festival Radio France – Les musiques du Nord – et surtout la signature sonore de la phalange balte. Le concerto de Beethoven passe comme un rêve, le petit prodige suédois nous donne à entendre l’essence, le coeur d’une oeuvre qui fuit l’épate et la virtuosité gratuite, Lozakovich et Järvi s’écoutent, se répondent, atteignent plus d’une fois au sublime, à cet état suspendu de pure beauté. Le silence est absolu dans la vaste salle de l’opéra Berlioz du Corum de Montpellier. Nous avons tous le sentiment de vivre l’un de ces moments que la mémoire rendra indélébile…

Le public de cette soirée d’ouverture n’est pas au bout de ses surprises : la Cinquième symphonie d’Eduard Tubin – on consacrera le prochain volet de la série L’air du Nord à ce compositeur estonien exilé en Suède à la veille de la Seconde Guerre mondiale ! – est une révélation, le « Chostakovitch estonien » nous avait annoncé Neeme Järvi. Le vieux chef longuement ovationné nous fait le cadeau en bis de l’Andante festivo de Sibelius

https://www.youtube.com/watch?v=325nGYhqV5A

Un concert à retrouver dans son intégralité le mardi 16 juillet sur France MusiqueNot to be missed…

Privilège, bonheur d’un directeur de Festival, le dîner qui suit le concert avec les artistes

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Marc Voinchet, le directeur de France Musique, assis en face de lui écrira sur Twitter : « Même quand il parle, il dirige ». 

Peut-on imaginer l’émotion qui est la mienne à cet instant, de partager en toute simplicité – c’est toujours la marque des plus grands – ce dîner avec Neeme Järvi ? Vingt-six ans après un autre dîner, le 2 juillet 1993, à Genève. Il venait de diriger l’Orchestre de la Suisse romande, et moi j’allais quitter mes fonctions à la Radio suisse romande pour rejoindre France Musique. L’administration et les amis de l’Orchestre avaient organisé une petite fête à mon intention, Neeme et Lilia Järvi en étaient.

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Neeme Järvi me rappelait avec fierté cette série d’enregistrements de Stravinsky engagée au début des années 1990. Et lorsque je lui demandai pourquoi il avait fait un mandat si court – 2012-2015 – à la tête de ce même OSR, il ne mâcha pas ses mots sur l’incompétence, l’incurie – et j’en passe – de la présidence et de la direction de l’orchestre suisse qui renie le passé, l’histoire d’une phalange fondée par Ansermet. Et avec laquelle il souhaitait prolonger, enrichir le prodigieux héritage du chef romand (mort il y a cinquante ans). Järvi reste fier d’avoir pu, envers et contre tous, enregistrer quatre disques de musique française, et non des moindres, salués par toute la critique.

Autre motif de fierté pour moi, avoir montré à mon voisin comment on fait un « selfie »…

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Autour de la table se trouvaient bien sûr Daniel Lozakovich – à qui le vieux chef décerna un compliment qui nous mit aux larmes – et le « duo » qui allait prendre le relais hier soir avec l’Orchestre National de Montpellier Occitanie, Kristjan Järvi et une autre violoniste, la norvégienne Mari Samuelsen.

Ce vendredi 12, comme un apéritif au concert de 20h, Jean-Christophe Keck nous régalait, à l’Opéra Comédie de Montpellier, d’un jouissif Pomme d’api d’Offenbach

IMG_4033(de gauche à droite, Jean-Christophe Keck, la pianiste Anne Pagès, et les irrésistibles Hélène Carpentier, Sébastien Droy et Lionel Peintre)

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Einojuhani RAUTAVAARA
Cantus Arcticus « Concerto pour oiseaux et orchestre »

Pēteris VASKS né en 1946
Lonely Angel, méditation pour violon et orchestre à cordes

Max RICHTER né en 1966
Dona Nobis Pacem 2 pour violon et orchestre

Arvo PÄRT né en 1935
Fratres pour violon, percussion et orchestre à cordes

Kristjan JÄRVI né en 1972
Aurora pour violon et orchestre

Kristjan Järvi avait conçu la première partie de son concert comme une célébration ininterrompue. Public surpris d’abord, complètement conquis finalement.

J’observais Neeme Järvi assis à côté de moi dans la salle vibrer, réagir, diriger même avec son fils…

En seconde partie, un Oiseau de feu de Stravinsky tout simplement « phénoménal » comme s’exclamera mon voisin, visiblement fier, admiratif de son fiston.