Rentrée

Depuis une semaine, pas un jour ne ressemble à l’autre. C’est une effervescence que j’aime, que j’apprécie d’autant plus que la situation de « retraité » qui est la mienne atténue inévitablement les sentiments qu’on éprouve quand on est dans la reprise, la rentrée, le retour du feu de l’action.

Conciliation

Je n’évoque pas souvent, sur ce blog, l’activité de conciliateur de justice, que j’exerce depuis juin 2021. D’abord parce que, par principe, les affaires qu’on me soumet n’ont pas à être mises sur la place publique, la confidentialité est même la condition nécessaire du succès éventuel d’une procédure de conciliation. Mais je l’évoque ici parce que c’est, à chaque fois, une plongée au coeur de l’humain, des difficultés, petites ou grandes qui pourrissent la vie des gens, des problèmes qui pourraient être résolus s’il y avait juste un peu de bon sens, d’attention à l’autre. Cela ne m’empêche pas d’être parfois surpris par le comportement de ceux qui me demandent mon aide – la conciliation est gratuite pour les demandeurs, bénévole pour le conciliateur -. Entre ceux qui ne me disent pas toute la vérité – euphémisme – et qui pensent que je ne vais pas m’en apercevoir, ceux qui espèrent trouver un avocat à bon compte, et ceux qui oublient juste de dire « merci » ou de m’informer que le litige pour lequel je me suis démené… a été résolu.

Le plus étonnant, humainement parlant, ce sont les conflits de voisinage. Combien de litiges portant sur la taille d’une haie, un droit de passage, ou l’entretien d’un mur séparatif, qui trahissent en réalité de vieilles rancoeurs mal recuites !

En avant la musique

Six concerts en deux semaines, c’est mon programme de rentrée. Après La Chaise Dieu (Julien Chauvin et Louis Langrée et Stéphane Degout), deux soirées à la Philharmonie (avec le Gewandhaus de Leipzig et l’Orchestre de Paris), un concert mémorable à Laon (Rouvali, Kavakos et l’Orchestre philharmonique de Radio France) et ce mercredi soir au théâtre des Champs-Elysées, la venue de Lahav Shani et de l’orchestre philharmonique de Munich, après la polémique déclenchée par la « désinvitation » du Festival des Flandres. Critique à lire sur Bachtrack

Un fourgon de police devant le théâtre des Champs-Elysées, c’est plutôt inhabituel !

On y reviendra, mais noter dès maintenant que les aménagements réalisés dans le hall du théâtre, à la demande du nouveau maître des lieux, Baptiste Charroing, sont particulièrement réussis et s’intègrent parfaitement dans l’esthétique originelle des lieux.

Cinéma

Un mort et une révélation : c’est l’actualité cinématographique pour moi de ces dernières heures.

J’avais adoré ce film quand il est sorti, je crois bien que je suis allé le revoir tant il m’avait ému. Et puis beaucoup d’autres. Je me rappelle une séance de cinéma à Radio France il y a pas mal d’années où Jean-Luc Hees avait présenté, avant sa sortie en France, ‘L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ». Heureusement que j’ai comme ami, dans la vie comme sur Facebook, Jean-Marc Luisada – oui le grand pianiste ! – qui est une incroyable encyclopédie du cinéma mondial à lui seul. Fascinant…

Et ce matin, après ma lecture du Canard Enchaîné et la séquence cinéma de Télématin, j’avise une séance au cinéma Hautefeuille, aujourd’hui MK2 Odéon, pour le film Nino de Pauline Loquès.

Sur un sujet grave, la réalisatrice réussit la performance d’un film léger, sans être mièvre, toujours à bonne distance des personnages et des situations, avec un acteur formidable Théodore Pellerin. La critique, pour une fois, est unanime. Elle a raison. Courez-le voir !

Achats

A Paris évidemment les visites chez mon/mes libraires et disquaire s’imposent.

Pour une raison que j’ignore, j’avais perdu l’intégrale des concertos de Beethoven gravée par le formidable Richard Goode et Ivan Fischer. Je l’ai retrouvée d’occasion chez Gibert.

C’est Renaud Machart qui a écrit le livret de ce coffret récapitulatif des grandes années du contre-ténor Andreas Scholl. Que c’est bon de réentendre cet art si subtil !

Et puis, parce que je dois être un peu masochiste – parce que la dame Duras m’agace plus qu’à son tour – je lis à petites doses ce bouquin d’entretiens de Marguerite D.. Il y a de tout, à prendre, à laisser, avec un personnage que je ne m’attendais pas à y trouver, Antoine Livio (Lire Un baptême de radio)

Pour les humeurs et les impressions au jour le jour, voir mes brèves de blog !

Les mots de nos maux

Les mots qui ne veulent rien dire

La tragique actualité de ces derniers jours -les pompiers ensevelis à Laon, la surveillante de collège poignardée à Chaumont, subit malheureusement toujours le même traitement de la part des médias et des politiques. On sait à l’avance les mots qui seront prononcés et qui ne veulent plus rien dire : que veut dire « exprimer sa solidarité » à des victimes, à des personnes endeuillées?. De la compassion oui (mais connait-on encore ce mot ?), des condoléances aussi, une communion de pensées. Et ces micro-trottoirs indécents, où l’on s’empresse de mettre un micro sous le nez de témoins, d’habitants d’une cité meurtrie pour obtenir là aussi des mots qu’on ne sait pas, plus, manier. On ne parle pas des ministres, condamnés depuis des lustres, à faire les mêmes promesses de réponses énergiques et déterminées à des actes insupportables… Les minutes de silence se succèdent au Parlement, et parfois dans les classes d’écoles (où elles ne sont même pas toujours respectées). Pendant ce temps, les extrêmes prospèrent, les populismes triomphent (cf. mes brèves de blog d’hier)

Le choix des mots pour dire les choses, pour dire les maux, est essentiel : Les mots justes. Au lieu de cela, on jargonne, on répète ad nauseam des expressions toutes faites (lire mon Petit dictionnaire incorrect de mots actuels)

Heureusement, il y a des journalistes qui sauvent l’honneur de leur profession, comme Nathalie Duelz, dont je reproduis le texte qu’elle a publié ce matin sur Linkedin :

Impact

« Je présente mes plus sincères condoléances à la famille des verbes « influencer », « affecter », « toucher », « influer », et bien d’autres, mais aussi à celles des mots « conséquence», « effet », « incidence »,« répercussions », malheureusement morts ou en passe de l’être. Tous victimes d’un seul et même verbe qui n’existe même pas : « impacter » !

Combien de fois n’entend-on pas ou ne lit-on pas au cours d’une journée, « il a impacté », c’est « impactant, « il a eu un impact sur ». Une utilisation familière (et erronée) importée du verbe anglais « to impact ».

« Ce nouveau contrat aura une incidence sur les profits de l’entreprise » est tout de même plus beau (et correct) que « ce nouveau contrat impactera les profits de l’entreprise », non ?

N’est-on pas suffisamment entourés de violence et de guerres pour, en plus, dans notre quotidien, user et abuser d’un mot qui à l’origine se rapporte à un projectile qui frappe un autre corps ou endroit ? »

(Nathalie Duelz / Le Vif)

Les mots de la musique

Il y a aussi des lecteurs qui ne savent pas lire. J’ai donné à lire sur un groupe Facebook consacré aux chefs d’orchestre l’article que je consacrais dimanche à la nouvelle version de la Symphonie fantastique dirigée par Klaus Mäkelä.

En précisant bien que je limitais mes comparaisons aux seules versions de l’Orchestre de Paris et de ses chefs successifs, en signalant in fine l’excellence de la version Markevitch/Lamoureux.

Que de commentaires ridicules sur ce jeune chef – qui n’est évidemment pas à la hauteur des grands anciens – sur ce disque – et de dévider l »habituelle liste des « références » incontournables ! Sans qu’évidemment aucun de ces « commentateurs » n’ait lu la moindre ligne de mon article.

Sibelius m’était conté à Laon

Après une longue interruption (lire Retour à Laon) j’aime, depuis quelques années, reprendre régulièrement le chemin du chef-lieu du département de l’Aisne.

C’est toujours impressionnant, venant par la route, de voir au loin se dresser les deux tours de la Cathédrale de Laon, la ville ancienne étant construite sur un promontoire qui domine la plaine picarde.

J’ai raconté l’excellent concert auquel j’ai assisté mardi soir. Lire Bachtrack : Les paysages pastoraux de l’Orchestre de Picardie.

L’occasion pour moi de découvrir un autre monument de Laon, l’église Saint-Martin, située à l’entrée de la ville haute, à peine moins imposante que la cathédrale.

J’étais en bonne compagnie pour ce concert d’une originalité bienvenue (c’est la signature depuis toujours du festival de Laon et de son directeur artistique Jean-Michel Verneiges). Hasard (?) du placement, j’avais à ma droite le directeur régional des affaires culturelles des Hauts-de-France, mélomane averti qui se rappelait parfaitement notre conversation d’il y a deux ans (!), et à ma gauche le compositeur Karol Beffa, dont l’Orchestre de Picardie donnait ce soir-là une première mondiale. Je ne l’avais pas revu, pas plus que le soliste de la soirée, Bruno Philippe, depuis six ans et les Victoires de la Musique classique à Evian.

Sibelius à Laon

Dans mon papier pour Bachtrack, je parle bien sûr du Divertimento de Rautavaara (1928-2016) qui date de 1953, et j’ajoutais « quatre ans avant la mort de Sibelius ». Sibelius est bien mort, en effet, le 20 septembre 1957, il y a donc 67 ans ! Il est heureusement bien loin le temps où l’oeuvre du compositeur finlandais était encore, en France, largement terra incognita. Mais si les symphonies, le concerto pour violon, sont devenus fréquents au concert, la suite de Pelleas et Melisande que dirigeait Emilia Hoving à Laon reste peu jouée, peu connue, alors que rien ne justifie cet ostracisme.

J’ai découvert l’oeuvre par la gravure qu’en avait faite en 1981 Herbert von Karajan, grand sibélien devant l’Eternel :

A Liège, j’eus le bonheur de pouvoir la programmer en 2007 sous la direction formidable d’Hannu Lintu (lire le compte-rendu de l’époque Musiques nordiques à l’OPL)

Au disque il y a encore peu de versions de ce Pelleas nordique.

Thomas Beecham, bien sûr et le Royal Philharmonie

Serge Baudo avec la Philharmonie Tchèque avait eu l’heureuse idée d’enregistrer les quatre pièces musicales inspirées par le drame de Maeterlinck

Après le père, le fils, Paavo Järvi, a publié un disque passionnant qu’on aurait pu sous-titrer : Sibelius et le symbolisme

Nés un 1er avril

Quel point commun réunit le pianiste et compositeur Serge Rachmaninov, le violoniste Daniel Lozakovich et le chef Mikko Franck ? Leur date de naissance, un 1er avril. Ce n’est pas pire que d’être né un 1er janvier ou un 25 décembre.

On souhaite donc à ces trois musiciens un heureux anniversaire, au moins pour deux d’entre eux qui peuvent encore le fêter.

Daniel a 22 ans

C’était en juillet 2019, je m’en souviens comme si c’était hier, il n’avait que 18 ans et il nous avait tous bluffés par son interprétation d’une élévation spirituelle confondante du concerto pour violon de Beethoven : Daniel Lozakovich était, pour moi, passé du statut de phénomène à celui de grand musicien parmi les grands (Opening nights) . Le violoniste suédois fête ses 22 ans aujourd’hui. N’était la longiligne silhouette juvénile et cette exquise et souriante politesse qui le caractérise, on le penserait plus âgé. On lui souhaite le plus heureux des anniversaires !

L’énigme Mikko

Quoique l’intéressé en pense – nous eûmes à nous confronter, sinon à nous affronter, durant quelques mois il y a déjà presque neuf ans – j’ai toujours eu de l’estime et de la considération pour Mikko Franck, le chef finlandais qui fête aujourd’hui son 44ème anniversaire. J’en ai même écrit du bien (Ainsi parlait Zarathoustra).

Les responsables de Radio France font régulièrement l’expérience de la difficulté qu’il y a à « gérer » un artiste aussi imprévisible. Qui annule répétitions et/ou concerts sans préavis, qui parfois atteint au grandiose. dans une oeuvre où on ne l’attendait pas et d’autres fois semble tourner en rond, comme désintéressé par ce qu’il dirige (c’est le cas dans ses derniers disques, Franck ou Stravinsky). Chef incroyablement doué, formidable musicien, Mikko Franck l’est assurément. Ce serait bien qu’il continue à nous en convaincre plus souvent.

Rachmaninov le grand

2023 est une année Rachmaninov, on l’a déjà souligné ici : Sergei Vassilievitch Rachmaninov (Сергей Васильевич Рахманинов) est né le 1er avril 1873, à Semionov, dans la région de Nijni-Novgorod (Gorki à l’époque soviétique), et mort 70 ans plus tard, à trois jours près, le 28 mars 1943 à Los Angeles.

Warner publiait ce matin cette photo sur Twitter, sans pour autant annoncer une quelconque édition Rachmaninov, comme cela fut fait récemment pour Prokofiev (lire Prokofiev en boîte). D’autant plus étrange que les labels regroupés sous la marque Warner regorgent d’interprétations admirables, de trésors à rééditer.

Comme par exemple les concertos pour piano et les Préludes enregistrés par le formidable pianiste américain Agustin Anievas (né en 1934)

ou l’inattendu Charles Mackerras dans le couplage 3ème Symphonie /. Danses symphoniques

Gothique

Ce blog prend du retard… Dès lors que j’ai accepté d’écrire des chroniques pour Forumopera.com sur des disques (De la nuit à la lumière, De si de Sa) et maintenant sur des concerts (Ainsi chantait Caligula, Douceur de la douleur), je leur consacre le temps et l’attention que l’exercice requiert. Et je n’entends pas, a priori, mélanger les deux disciplines.

Précision

Un ami musicien à qui je racontais mes nouvelles aventures de critique musical me disait mi-sérieux mi-moqueur : « Tu vas pouvoir balancer ! »… Comme si j’avais des comptes à régler, des vengeances à assouvir. C’est mal me connaître. Il n’y a que les aigris, les jaloux, les envieux (et il y en a quelques-uns – euphémisme -dans le milieu artistique) qui puissent nourrir de tels sentiments. J’ai eu la chance d’approcher, parfois de faire jouer, de très grands artistes, qui étaient aussi, pour l’immense majorité, de magnifiques êtres humains. De quoi et pourquoi devrais-je me « venger » ? Sans doute me priverai-je moins de dire ce que je pense, de dégonfler certaines baudruches, mais c’est tellement mieux, plus rassurant, de dire du bien…

Retour à Laon

Mais je peux raconter mes visites du week-end. Gothiques à plein. Grâce à de beaux concerts : Laon, Royaumont.

Pas des inconnues. Mais Laon ça faisait un sacré bail: un concert à la mi-octobre il y a une vingtaine d’années avec l’Orchestre philharmonique de Liège, George Pehlivanian à la baguette et Pierre Amoyal au violon. Il avait failli jouer avec des mitaines tant il faisait cru dans la haute nef de la cathédrale Notre Dame. Quant à l’orchestre ils n’étaient pas loin de faire jouer la clause du règlement de travail interdisant de jouer à moins de 18 degrés de température ambiante. Plus lointain encore, 1997 je crois, un Requiem allemand de Brahms avec lOrchestre philharmonique de Radio France, un chef que je n’aimais vraiment pas – Marek Janowski – mais ce soir-là je baissai la garde. Il avait invité le choeur du Singverein de Vienne (on avait encore les moyens à Radio France !). J’en ressens encore l’émotion.

Ci-dessus Les Siècles et l’ensemble Aedes dirigés par Mathieu Romano vendredi soir dans la cathédrale Notre-Dame.

Mon « papier » paru ce mardi sur Forumopera.com : Douceur de la douleur

En bis, une chanson de Clément Janequin chantée par les musiciens debout et le choeur. Beau.

Royaumont en majesté

L’abbaye de Royaumont, ce que c’est devenu depuis bientôt quarante ans, grâce à la volonté, l’énergie inlassable de Francis Maréchal, un centre de formation, de création voué à l’art vocal et à la danse. Dans un site exceptionnel. Deux concerts ce week-end, beaucoup de bonheur avec quatre jeunes duos (lire La relève à Royaumont) et une chanteuse qui me bouleverse toujours, Véronique Gens.

Funérailles etc.

Lundi j’ai fait comme tout le monde, même ceux qui s’en sont défendus, j’ai regardé cette cérémonie de funérailles comme on n’en avait jamais vu et comme on n’en reverra probablement plus. Les Britanniques savent faire le grand spectacle.

Les plus mélomanes des téléspectateurs auront remarqué la qualité des musiques jouées et chantées lors des obsèques d’Elizabeth II. Le chant choral est consubstantiel à la nation britannique. C’est ce qu’on expliquait en présentant la dernière édition So British du Festival Radio France. C’est ce que le monde entier a pu constater lundi, et depuis l’annonce du décès de la reine.

En revanche, rien, pas un mot, pas une mention des oeuvres jouées lors de la cérémonie à Westminster. Il y avait pourtant deux créations. Venant de deux des compositeurs les plus importants du Royaume-Uni.

Judith Weir maîtresse de musique

Judith Weir, née en 1954, était depuis 2014 le « maître de musique » de la reine. Choix audacieux, à l’époque, de la part d’une souveraine décrite comme conservatrice que de choisir une femme pour succéder à Peter Maxwell-Davies (1934-2016). En l’occurrence, Judith Weir qui a beaucoup composé pour la voix et le choeur, a repris, sans grande audace, le psaume 42.

James McMillan, l’Ecossais catholique

James McMillan, 63 ans, est sans doute le compositeur vivant le plus joué du Royaume-Uni. Le Scottish Chamber Orchestra donnait la première française de sa pièce Eleven le 29 juillet dernier à Montpellier. il est régulièrement à l’affiche des grandes formations britanniques. C’est sans doute son patriotisme écossais qui lui a valu d’être commandité par la défunte reine pour ce chant qui était bien le seul de toute la cérémonie d’obsèques à revêtir une apparence de modernité.

Par charité, on passera sur tous les commentaires, reportages, dont on nous a gavés pendant la décade qui séparait le décès de la souveraine de ses obsèques. L’insistance sur le « visage marqué », les signes visibles de « l’émotion » de Charles III, confinaient au ridicule absolu : en effet le nouveau roi n’assistait pas à une surprise party !

L’invention de nos vies

Après cette longue séquence britannique, qui ne m’a pas empêché de sortir, l’ouverture du Festival de Laon jeudi dernier (et l’exercice difficile de ma première critique de concert : Ainsi chantait Caligula), l’envie d’aller au théâtre voir une pièce donnée à Avignon l’été dernier : L’invention de nos vies, une adaptation du roman de Karine Tuil par Johanna Boyé, qui fait aussi la mise en scène, et Leslie Menahem.

« Quand Sam Tahar a emprunté l’identité de Samuel, son ex meilleur ami, pour partir à New-York, faire une brillante carrière dans un prestigieux cabinet d’avocats, épouser la fille du principal associé et intégrer ainsi une des familles juives les plus puissantes du pays, il n’imaginait pas que son passé d’enfant des cités, révolté, violent, sans repères ni avenir, franchirait l’océan pour le rattraper et révéler le fragile château de cartes de son existence, au sein duquel il se croyait pourtant à l’abri… »

Une pièce « chorale » comme on le dit d’un film qui brasse les situations, les personnages, six excellents acteurs – Mathieu ALEXANDRE, Yannis BARABAN, Nassima BENCHICOU, Brigitte GUEDJ, Kevin ROUXEL, Elisabeth VENTURA qui endossent plusieurs rôles selon les séquences conduites à un rythme haletant – et au milieu d’eux, le charismatique Valentin de Carbonnières, Molière de la révélation 2019, qui porte superbement le personnage central, ambigu à souhait, Sam (ou Samir) Tahar.

C’est au théâtre Rive Gauche, rue de la Gaîté à Paris. Et cela mérite d’être vu !