Rentrée

Depuis une semaine, pas un jour ne ressemble à l’autre. C’est une effervescence que j’aime, que j’apprécie d’autant plus que la situation de « retraité » qui est la mienne atténue inévitablement les sentiments qu’on éprouve quand on est dans la reprise, la rentrée, le retour du feu de l’action.

Conciliation

Je n’évoque pas souvent, sur ce blog, l’activité de conciliateur de justice, que j’exerce depuis juin 2021. D’abord parce que, par principe, les affaires qu’on me soumet n’ont pas à être mises sur la place publique, la confidentialité est même la condition nécessaire du succès éventuel d’une procédure de conciliation. Mais je l’évoque ici parce que c’est, à chaque fois, une plongée au coeur de l’humain, des difficultés, petites ou grandes qui pourrissent la vie des gens, des problèmes qui pourraient être résolus s’il y avait juste un peu de bon sens, d’attention à l’autre. Cela ne m’empêche pas d’être parfois surpris par le comportement de ceux qui me demandent mon aide – la conciliation est gratuite pour les demandeurs, bénévole pour le conciliateur -. Entre ceux qui ne me disent pas toute la vérité – euphémisme – et qui pensent que je ne vais pas m’en apercevoir, ceux qui espèrent trouver un avocat à bon compte, et ceux qui oublient juste de dire « merci » ou de m’informer que le litige pour lequel je me suis démené… a été résolu.

Le plus étonnant, humainement parlant, ce sont les conflits de voisinage. Combien de litiges portant sur la taille d’une haie, un droit de passage, ou l’entretien d’un mur séparatif, qui trahissent en réalité de vieilles rancoeurs mal recuites !

En avant la musique

Six concerts en deux semaines, c’est mon programme de rentrée. Après La Chaise Dieu (Julien Chauvin et Louis Langrée et Stéphane Degout), deux soirées à la Philharmonie (avec le Gewandhaus de Leipzig et l’Orchestre de Paris), un concert mémorable à Laon (Rouvali, Kavakos et l’Orchestre philharmonique de Radio France) et ce mercredi soir au théâtre des Champs-Elysées, la venue de Lahav Shani et de l’orchestre philharmonique de Munich, après la polémique déclenchée par la « désinvitation » du Festival des Flandres. Critique à lire sur Bachtrack

Un fourgon de police devant le théâtre des Champs-Elysées, c’est plutôt inhabituel !

On y reviendra, mais noter dès maintenant que les aménagements réalisés dans le hall du théâtre, à la demande du nouveau maître des lieux, Baptiste Charroing, sont particulièrement réussis et s’intègrent parfaitement dans l’esthétique originelle des lieux.

Cinéma

Un mort et une révélation : c’est l’actualité cinématographique pour moi de ces dernières heures.

J’avais adoré ce film quand il est sorti, je crois bien que je suis allé le revoir tant il m’avait ému. Et puis beaucoup d’autres. Je me rappelle une séance de cinéma à Radio France il y a pas mal d’années où Jean-Luc Hees avait présenté, avant sa sortie en France, ‘L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ». Heureusement que j’ai comme ami, dans la vie comme sur Facebook, Jean-Marc Luisada – oui le grand pianiste ! – qui est une incroyable encyclopédie du cinéma mondial à lui seul. Fascinant…

Et ce matin, après ma lecture du Canard Enchaîné et la séquence cinéma de Télématin, j’avise une séance au cinéma Hautefeuille, aujourd’hui MK2 Odéon, pour le film Nino de Pauline Loquès.

Sur un sujet grave, la réalisatrice réussit la performance d’un film léger, sans être mièvre, toujours à bonne distance des personnages et des situations, avec un acteur formidable Théodore Pellerin. La critique, pour une fois, est unanime. Elle a raison. Courez-le voir !

Achats

A Paris évidemment les visites chez mon/mes libraires et disquaire s’imposent.

Pour une raison que j’ignore, j’avais perdu l’intégrale des concertos de Beethoven gravée par le formidable Richard Goode et Ivan Fischer. Je l’ai retrouvée d’occasion chez Gibert.

C’est Renaud Machart qui a écrit le livret de ce coffret récapitulatif des grandes années du contre-ténor Andreas Scholl. Que c’est bon de réentendre cet art si subtil !

Et puis, parce que je dois être un peu masochiste – parce que la dame Duras m’agace plus qu’à son tour – je lis à petites doses ce bouquin d’entretiens de Marguerite D.. Il y a de tout, à prendre, à laisser, avec un personnage que je ne m’attendais pas à y trouver, Antoine Livio (Lire Un baptême de radio)

Pour les humeurs et les impressions au jour le jour, voir mes brèves de blog !

Les raretés de l’été (VIII) : les dernières mélodies

En redécouvrant le coffret Zinman (voir Zinman chez les Suisses), j’ai aussi redécouvert l’une des… 33 versions que je compte dans ma discothèque de l’ultime chef-d’oeuvre de Richard Strauss (1864-1949), ses Vier letzte Lieder.

J’aime beaucoup Melanie Diener, une belle artiste que j’ai eu le bonheur d’accueillir à Liège.

Une fois de plus, le dernier article du blog de Joseph Zemp est une mine d’informations : Richard Strauss en Suisse, notamment sur les circonstances, les lieux et les dates de composition de ces quatre dernières mélodies, écrites en 1948 entre Montreux et l’Engadine. Avec bien entendu partition et poèmes de Hermann Hesse (1877-1962) et Josef von Eichendorff (1788-1857). Je ne peux jamais écouter ces quatre Lieder, surtout le dernier (Im Abendrot) sans être saisi d’un bouleversement intérieur, qui fait sans doute écho à des souvenirs, à ce que seul le mot allemand Erlebnis – qu’on traduit imparfaitement par « expérience personnelle » – exprime.

Une fois que j’ai redit ma faveur de toujours pour deux versions immortelles,

je propose quelques raretés de ma discothèque, sans aucun ordre de préférence(*)

Evelyn Lear (1926-2012)/ Karl Böhm

Tout ou presque sur ce disque et cette chanteuse ici : La reine Lear

Charlotte Margiono / Edo de Waart

Souvenir très particulier de l’une des chanteuses préférées de Nikolaus Harnoncourt, Charlotte Margiono, que j’avais invitée pour la Neuvième symphonie de Beethoven qui marquait la fin du mandat de Louis Langrée à Liège en juin 2006.

Nina Stemme / Antonio Pappano (2007)

Lisa della Casa / Karl Böhm (1953)

Teresa Stich-Randall / Laszlo Somogyi (1964)

L’inoubliable Sophie du légendaire Rosenkavalier de Karajan (1956) avec Schwarzkopf, Ludwig et Edelmann, Teresa Stich-Randall (1927-2007) a gravé ces Vier letzte Lieder en 1964.

Felicity Lott/Neeme Järvi (1987)

Ai-je besoin de rappeler l’admiration que j’ai pour elle, l’amitié qui nous lie depuis 1988. On cite rarement Felicity Lott comme interprète de ce cycle, alors qu’elle est chez elle dans Richard Strauss (une Maréchale d’anthologie !). Et j’aime la manière fluide, presque allégée, de Neeme Järvi qui ne surcharge pas le sublime écrin orchestral de ces Lieder.

Kanawa/Solti (1991)

C’était de notoriété publique la chanteuse préférée de Georg Solti. La voix de miel de Kiri Te Kanawa séduit toujours, même si on peut préférer des interprètes plus engagées.

Trois ans après ses débuts au Carnegie Hall de New York (lire Varady 80 ) Julia Varady donnait ces Vier letzte Lieder en 1992 à Leipzig. Incroyable que personne n’ait jamais songé à les lui faire enregistrer…

(*) Voici la liste des 33 versions que j’ai dans ma discothèque :

Arroyo/Wand, DellaCasa/Böhm, Diener/Zinman, Flagstad/Furtwängler, Fleming/Eschenbach, Harteros/Jansons, Isokoski/Janowski, Janowitz/Haitink, Janowitz/Karajan, Janowitz/Stamp, Jurinac/Sargent, Kanawa/A.Davis, Kanawa/Solti, Kaune/Oue, Kühmeier/Nott, Lear/Böhm, Lott/Järvi, Margiono/de Waart, Mattila/Abbado, Müller/Eschenbach, Norman/Masur, Pieczonka/Haider, Popp/Tilson-Thomas, Popp/Tennstedt, Rothenberger/Previn, Schwarzkopf/Ackermann, Schwarzkopf/Karajan, Schwarzkopf/Szell, Söderström/Haitink, Stemme/Pappano, Studer/Sinopoli, Tomowa-Sintow/Karajan, Voigt/Masur.

Et toujours les humeurs du jour dans mes brèves de blog

Carmen est de la revue

Dira-t-on en cette année qui célèbre le sesquicentenaire de la création de Carmen, et subséquemment du décès brutal de son auteur, Georges Bizet, que trop de Carmen tue Carmen ?

C’est bien possible, sinon probable. Je connais des amis qui ne supportent plus ni d’écouter, ni de voir Carmen. Je n’en suis pas, même si je ne cours pas après toutes les Carmen qui se présentent. Après le dossier très complet que consacre Diapason, dans son numéro d’avril, à « l’opéra le plus aimé au monde », je me suis amusé à réexaminer ma discothèque personnelle.

Comme Diapason, je mets depuis longtemps tout en haut de la pile la version Beecham, dont j’avais raconté les aventures et mésaventures (L’impossible Carmen)

Pas loin je place Rafael Frühbeck de Burgos avec un couple Carmen/Don José étonnant

C’est la même Grace Bumbry et les mêmes comparses qui seront du film réalisé à Salzbourg sous la direction de Karajan.

On mettra loin derrière le remake plantureux de Karajan pour DGG avec Agnes Baltsa, tout comme la version de 1964 avec Leontyne Price.

La Carmen de Maria Callas, n’est peut-être pas idiomatique, mais elle est d’abord très bien entourée et dirigée, et elle m’évoque un souvenir très particulier. Au cours de l’été 1973, j’étais au fin fond de la Roumanie dans un camping, avec pour seule liaison avec le « pays », un poste à transistor et en longues ondes France Inter. Un dimanche soir, la radio diffusait Carmen chantée par Callas. Surréaliste mais vrai !

Puis au hasard d’une Tribune des critiques de disques de France Musique, j’ai découvert la version de Georg Solti, à laquelle je n’ai cessé au fil des ans de trouver de plus en plus d’atouts, à commencer par l’incarnation si juste et touchante du rôle-titre par Tatiana Troyanos

Lorin Maazel, qui n’a pas toujours eu la main heureuse dans ses enregistrements d’opéra, réussit parfaitement la bande-son du film de Francesco Rosi. Julia Migenes n’est peut-être pas la plus grande chanteuse, avec ses partenaires elle incarne une Carmen plus que cr’édible

Lorin Maazel, quelques années plus tôt, a gravé une autre Carmen avec une interprète capiteuse à souhait, à laquelle il est difficile de résister, Anna Moffo

On s’étonnera peut-être que je ne place qu’ici, en tout cas pas dans les priorités, la version toujours présentée comme une référence de Claudio Abbado avec Teresa Berganza et Placido Domingo. Je n’ai jamais partagé l’engouement général pour cette version, que je trouve certes bien réalisée, mais trop statique, pas assez vivante. Et des soucis de prononciation rédhibitoires.

Très exotique aussi, mais pour d’autres raisons, la version de Thomas Schippers, grand chef de théâtre s’il en fut, avec une Carmen impossible en la personne de Regina Resnik, caricature de cantatrice et de Carmen en même temps. Rien ne va dans cet album, à part la direction racée de Schoippers et la rigueur de l’Escamillo de Tom Krause.

Je ne suis pas non plus très fan de la version de Michel Plasson, avec une Carmen vraiment peu crédible malgré (ou à cause de) la présence d’une Angela Gheorghiu que je n’arrive pas à me représenter en Carmen. Si Roberto Alagna fait un Don José émouvant, Thomas Hampson (Escamillo) et Inva Mula (Micaela) ne m’ont jamais convaincu.

En bonne dernière, malgré l’admiration qu’on nourrit pour le chef – Leonard Bernstein – et l’interprète principale – Marylin Horne – il faut bien reconnaître le ratage de cette Carmen.

En DVD il y a plusieurs versions qui ne manquent pas d’intérêt. J’en ai 4 dans ma bibliothèque (Karajan/Price), Philippe Jordan avec la blonde Anne-Sofie von Otter à Glyndebourne, Anna-Caterina Antonacci avec John Eliot Gardiner, et la plus surprenante Carlos Kleiber à Munich avec un « cast » étonnant autour de l’éternel Placido Domingo, Elena Obraztsova (!) en Carmen, Isobel Buchanan en Micaela

Et toujours le quotidien sur : brevesdeblog

Ravel #150 : le Boléro

Mars est le mois des anniversaires : Ravel né le 7 mars 1875 et Boulez né le 26 mars 1925. Comme en témoignent les couvertures des magazines musicaux – la dernière malheureusement pour Classica.

Je profite de quelques jours loin des réseaux et des connexions pour entamer une petite série sur Ravel. Je n’ai aucune prétention musicologique ou historique. Les bons ouvrages et les bons articles pullulent.

Plutôt mon parcours de découverte de l’oeuvre de Ravel et, partant, des souvenirs de concerts et des choix discographiques assumés.

Le Boléro

Le dernier souvenir que j’ai de la plus célèbre oeuvre de Ravel, c’est au cinéma il y a un an avec le film d’Anne Fontaine (lire Le Boléro d’Anne Fontaine)

Au concert, je n’en ai pas tant que cela finalement. Deux me reviennent, en total contraste. Le premier catastrophique, c’est le 18 juin 2000 dans ce qui tient lieu de salle de concert provisoire pour l’Orchestre philharmonique de Liège (l’église Saint-Martin). Louis Langrée que j’ai pressenti pour la fonction de directeur musical a souhaité un programme tout Ravel pour « tester » l’orchestre. Le régisseur de l’époque de l’orchestre a programmé à la caisse claire un charmant garçon qui fait office alternativement de garçon d’orchestre, chauffeur… et percussionniste. Ce qui devait se passer arriva : la caisse claire perdue en rase campagne au milieu du Boléro, heureusement rattrapée par un autre percussionniste, un vrai, un titulaire, de l’orchestre… Pas sûr que dans la touffeur de cette après-midi, le public se soit rendu compte de quelque chose. Mais comme entrée en matière, on était très mal partis…

L’autre souvenir, nettement plus agréable, se situe quinze ans plus tard, pour le concert d’ouverture de la 30e édition du Festival Radio France, la première issue de ma programmation (2015). A la tête de l’orchestre de Montpellier, j’ai invité un jeune chef encore peu connu en France, avec un programme particulièrement festif qui se terminait par le Boléro. Je l’ai dit le soir même à Domingo Hindoyan, et lui ai répété à l’occasion : il a donné ce soir-là l’une des meilleures exécutions que j’aie jamais entendues du Boléro.

Le génie de l’oeuvre tient à la tenue inexorable, imperturbable de la même formule rythmique soutenue par un crescendo orchestral de pure magie. Mais un tempo trop lent (cf. Celibidache par exemple), des variations – non écrites – de tempo (cf. l’épouvantable ralenti avant la modulation finale de Maazel avec le philharmonique de Vienne) ou, ce qui est plus rare, une accélération, compromettent absolument l’oeuvre.

Quelques exemples, pas forcément attendus, de belles versions du Boléro

Leonard Bernstein et l’Orchestre national de France

Günther Herbig avec l’orchestre de Berlin-Est, dans une prise de son admirable

Et Daniel Barenboim, qui fait le show, avec son orchestre de jeunes West-Eastern Divan.

L’été 24 (VI) : les Frenchies à Hollywood

Mon ami Lionel Bringuier ne cachait pas sa joie de revenir diriger, il y a une quinzaine de jours, dans ce lieu mythique qu’est le Hollywood Bowl à Los Angeles.

En 2023, c’est Louis Langrée qui, remplaçant un jeune chef empêché, conquit le public et la critique de ce festival permanent d’été

Pour mon premier grand voyage dans l’Ouest américain, en juillet 1999, j’avais réussi à obtenir des billets (à des prix prétendument populaires, mais déjà élevés !) pour un concert sobrement intitulé Vive la France !. Avec un chef que je connaissais un peu par le disque, John Mauceri, et un invité surprenant qui y faisait ses débuts, le mime Marcel Marceau (1923-2007). A vrai dire, je venais moins pour la musique, même si écouter l’orchestre de Los Angeles (qui joue un soir sur deux sous son nom, l’autre soir comme « Hollywood Bowl Orchestra », question de contrats !) est un plaisir qui se goûte, que pour l’ambiance de ce gigantesque pique-nique en plein air ! Je n’avais pas gardé un souvenir impérissable de la prestation du chef ni même du mime. Je n’étais pas le seul si j’en crois cet article du Los Angeles Times que je viens de retrouver : Movies, Marceau Give French Accent to Bowl.

Felix Slatkin ou la grande époque

Pour les discophiles comme moi, le Hollywood Bowl Orchestra est à jamais associé à un chef disparu pourtant dans la fleur de l’âge à 47 ans, Felix Slatkin (1915-1963), père d’un autre grand chef américain Leonard Slatkin qui fête dans quelques jours son 80e anniversaire. Il y a quatre ans, j’avais évoqué un magnifique et très précieux coffret de 13 CD qui regroupe le legs discographique de Felix Slatkin avec « son » Hollywood Bowl.

Quand on consulte le détail des enregistrements (voir ci-dessous) on reste songeur et surtout admiratif de l’art fait d’autant de rigueur que de charme de Felix Slatkin, dans des répertoires qui ne se limitent pas au seul continent américain

Le coffret Scribendum est en promotion actuellement sur prestomusic !

Albéniz: Triana from « Iberia »

J. S. Bach: Air from BWV1068

J. S. Bach: Prelude & Fugue No.8, BWV 853

Bizet: Farandole from « L’Arlésienne »

Britten: Young Person’s Guide to the Orchestra, Op. 34

Caplet: Conte Fantastique (The Masque of Red Death)

Carlos Chávez: Toccata for Percussion

Debussy: Petite Suite (orch. by H. Büsser)

Delibes: Pizzicato Polka from « Sylvia »

Delius: On Hearing the First Cuckoo in Spring

Delius: Summer Night on the River

Delius: Intermezzo from ‘Hassan’

Delius: Serenade from ‘Hassan’

Delius: Caprice for Cello and Orchestra

Delius: Elegy for Cello and Orchestra

Delius: Prelude to ‘Irmelin’

Ernst von Dohnányi: Variations on a Nursery Theme, Op.25

Gershwin: Porgy and Bess, A Symphonic Picture

Gershwin: Rhapsody in Blue

Gershwin: An American in Paris

Glière: Russian Sailors’ Dance from « The Red Poppy »

Morton Gould: Latin-American Symphonette

Grieg: Norwegian Dance No.2

Grieg: Peer Gynt Suites I & II

Grofé: Grand Canyon Suite

Grofé: Mississippi Suite

Ibert: Divertissement

Ippolitov-Ivanov: Caucasian Sketches, Op.10

Kabalevsky: Galop from « The Comedians »

Khachaturian: Sabre Dance from « Gayaneh »

Mendelssohn: Piano Concerto in D flat

Mendelssohn: A Midsummer Night’s Dream

Massenet: Navarraise from « Le Cid »

Massenet: Méditation from « Thaïs »

McDonald: From Childhood Suite for Harp and Orchestra

Milhaud: Concerto for Percussion and Small Orchestra

Offenbach: Gaîté Parisienne (arr. Manuel Rosenthal)

Ravel: Boléro

Ravel: 1812 Overture

Ravel: Pavane for a dead princess

Rimsky-Korsakov: Capriccio Espagnol

Rimsky-Korsakov: Flight of the Bumble Bee

Rossini: William Tell Overture

Saint-Saëns: Carnival of the Animals

Saint-Saëns: Bacchanale from « Samson et Delilah »

Saint-Saëns: Introduction and Rondo Capriccioso

Sarasate: Zigeunerweisen 

Johann Strauss II: Artist’s Life

Johann Strauss II: Vienna Life

Johann Strauss II: Waltz from « Tales from the Vienna Wood »

Johann Strauss II: You and You from « Die Fledermaus »

Johann Strauss II: On the Beautiful Blue Danube

Johann Strauss II: Emperor Waltz

Johann Strauss II: Voices of Spring

Richard Strauss: Waltzes from « Der Rosenkavalier »

Suppé: Light Cavalry Overture 

Tchaikovsky: The Nutcracker Suite

Tchaikovsky: Andante Cantabile

Tchaikovsky: Serenade for Strings

Tchaikovsky: Waltz from « The Sleeping Beauty »

Villa-Lobos: Bachianas Brasileiras No. 1, W.246

Waldteufel: Skaters’ Waltz

Waldteufel: España 

Weinberger: Polka from « Schwanda the Bagpiper »

Arrangements by A.R. Marino:

Arkansas traveler (Traditional)

Orange blossoms special (Traditional)

Listen to the mockingbird (Traditional)

Faded love (B. Wills)

Fisher’s horn pipe (Traditional)

Chicken reel (J.M. Daly)

Devil’s dream (Traditional)

Turkey in the straw (Traditional)

Back up and push (Traditional)

Maiden’s prayer (Traditional)

Golden slippers (Traditional)

Fire on the mountain (Traditional)

Felix Slatkin (1915-1963) – Amerigo R. Marino (1925-1988)

Brass Pizzicato from « Symphony No.4 » by Tchaikovsky

Hi-Fi Hero from « Symphony No.4 » by Beethoven

For Elise from « Für Elise » by Beethoven

Pensive Prelude from « Prelude in C sharp minor by Rachmaninoff

Carmen’s Hoedown from « Carmen » by Bizet

Wistful Haven from « Symphony of the New World » by Dvořák

Run Strings Run from « Rondo in D » by Mozart

Winter’s Sadness from « Violin Concerto » by Tchaikovsky

The Merry Cobbler from « Zapeteado » by Sarasate

Havana Mist from « Havanaise » by Saint-Saëns

Three Plus Two from Symphony No.6 by Tchaikovsky

Twist the Can-Can from « Orpheus in the Underworld » by Offenbach

Reveille (Traditional)

U.S. Field Artillery march (Sousa)

Anchors Aweigh (Zimmerman)

U.S. Marines on Parade (Mancini)

U.S. Air Force song (Crawford)

Semper Paratus (van Boskerck)

Stars and Stripes Forever (Sousa)

Semper Fidelis (Sousa)

National Emblem (Bagley)

El Capitan (Sousa)

The Washington Post (Sousa)

The Thunderer (Sousa)

Under the Double Eagle (J.F. Wagner)

American Patrol (Meacham)

The Star-Spangled Banner (Smith)

Taps (Traditional)

Charge! (Arnaud)

Drummer Boys (Arnaud)

Buglers Dream (Arnaud)

Fifes and Drums (Arnaud)

Bagpipes and Drums (Arnaud)

When Johnny Comes Marching Home (Arnaud)

Bonanza (Livingston; Evans)

Golden Earrings (Livingston; Evans; Young)

Spellbound (David; Rózsa)

Terry’s Theme from Limelight (Chaplin)

Theme from A Summer Place (Steiner)

Peter Gunn (Mancini)

Love Is A Many Splendored Thing (Webster; Fain)

Three Coins in The Fountain (Styne; Cahn)

Mr. Lucky (Mancini)

Gigi (Lerner; Vian; Loewe)

Green Leaves of Summer (Tiomkin; Webster)

Around the World (Adamson; Young)

Unchained Melody (A. North; H. Zaret)

The Magnificent 7 (E. Bernstein)

My Own True Love “Tara’s Theme” (M. David; M. Steiner)

Last Date (F. Cramer)

Song from Moulin Rouge “Where Is Your Heart” (Auric; Engvick)

Theme from The Sundowners (Tiomkin)

Laura (D. Raskin; J. Mercer)

Never on Sunday (B. Towne; M. Hadjidakis)

Exodus (M. Gould)

Night Theme (R. Peterson; W. Cogswell)

Smile (Chaplin; Parsons; Turner)

It’s Not Forever (D. Marks; D. Duran)

Label

La Mer et les chefs

J’aurais préféré écrire une meilleure critique sur le concert auquel j’ai assisté jeudi dernier (le jour où on annonçait le nom du successeur de Louis Langrée à CincinnatiUne semaine pas très ordinaire). A lire sur Bachtrack : La Mer trop calme du National avec Cristian Măcelaru à Radio France.

La formule est schématique, mais elle traduit bien l’impression de statisme qu’on a éprouvée à l’écoute d’une interprétation qui ne manquait pas de qualités. Le National et son chef avaient déjà donné le triptyque debussyste en 2022 comme en témoigne cette captation :

J’ai pensé que c’était l’occasion de faire le point non pas sur la discographie de l’oeuvre – des centaines de versions ! – mais d’une part en comparant l’Orchestre national de France à lui-même sous les différentes baguettes qui l’ont dirigé, d’autre part en tirant de ma discothèque des versions qui m’accompagnent depuis longtemps

La Mer et le National

La fausse symphonie de Debussy est bien évidemment l’un des piliers du répertoire de l’orchestre radiophonique qui célèbre ses 90 ans d’existence cette année. Ce qui est doublement fascinant, c’est d’une part la constance dans les couleurs si françaises de « notre » Orchestre national, et d’autre part la marque qu’y impriment les différents directeurs musicaux, leurs tempéraments, et quelques invités prestigieux :

2018 : Emmanuel Krivine (2017-2020)

2012 Daniele Gatti (2008-2014)

Evgueni Svetlanov (1998) au festival Radio France Montpellier

1984 : Seiji Ozawa

1974 : Jean Martinon (1968-1973)

1956 : Charles Munch (1962-1967)

Je n’ai pas trouvé d’enregistrement disponible de La Mer sous la direction de Lorin Maazel et Charles Dutoit qui se sont succédé à la tête de l’Orchestre National entre 1977 et 2001.

Les chefs de La Mer

Souvent les versions citées comme des « références » perdent de leur superbe au fil des années et de l’accroissement de la discographie d’une oeuvre. En l’occurrence, pour La Mer de Debussy, ces fameuses références demeurent inchangées, voire insurpassées.

Ernest Ansermet (1883-1969)

On ne sait pas toujours que le chef suisse, fondateur de l’Orchestre de la Suisse romande, a non seulement connu Debussy, mais le jeune homme qu’il était alors s’était même permis de suggérer au compositeur quelques corrections dans sa partition ! Le lien entre Ansermet et Debussy était tel que le programme inaugural de l’orchestre genevois était tout entier dédié à Debussy

J’ai beau la connaître par coeur, la version d’Ansermet de La Mer me paraît indépassable. Quand je dis à propos du dernier concert du National que les tempi sont trop lents, ce n’est pas seulement affaire de métronome, mais aussi et surtout de mouvement. Et Ansermet savait de qui et de quoi il parlait !

Pierre Boulez (1925-2016)

Avec d’autres moyens, et un luxe orchestral supérieur, qu’Ansermet, Pierre Boulez réalise avec Cleveland, deux fois pour Sony et DG, une version passionnante.

Herbert von Karajan (1908-1989)

Les deux seules fois où j’ai eu le privilège d’entendre Karajan en concert, en 1974 à Lucerne et en 1985 à Genève, La Mer était au programme. C’est dire si le chef autrichien aimait l’oeuvre. Il en a laissé pas moins de trois versions officielles au disque.

Ma liste n’est évidemment pas exhaustive, mais il y a ici pour l’amateur quelques heures passionnantes d’écoute en perspective !

Une semaine pas très ordinaire

Je me dis régulièrement que je devrais revenir à la raison première de ce blog : un journal. Comme je le faisais naguère, y relatant mes impressions, les grands et surtout les petits événements du jour.

J’avais commencé au début de la semaine un article sobrement intitulé Un dimanche à Paris. Et nous voici vendredi ! Je suis bon pour une récapitulation hebdomadaire…

Une création décevante

Comme j’ai tout raconté sur Bachtrack, je ne vais pas détailler ici ma soirée de vendredi passé à la Philharmonie. L’amitié, voire l’admiration qu’on éprouve pour un interprète ou un créateur, doivent-elles prendre le pas sur le devoir du critique ? J’ai déjà répondu ici : L’art de la critique.

Au théâtre ce soir

Je me suis laissé entraîner, samedi soir, au théâtre Edouard VII, où je n’avais pas remis les pieds depuis un bon bout de temps. Je n’avais pas repéré cette pièce – L’amour chez les autres – ni ses interprètes, encore moins son auteur Alyn Ayckbourn.

Quel bonheur de pouvoir rire presque continûment grâce à la mécanique implacable du texte et au burlesque débridé du jeu des acteurs et de la mise en scène de Ladislas Chollat. Mention particulière pour le couple de folie formé par Jonathan Lambert et l’impayable Virginie Hocq, naguère découverte à Liège.

Un tour chez le libraire

Lorsque je passais mes dimanches à Paris, ce qui m’arrive de plus en plus rarement, l’étape obligée après le petit déjeuner au Café Charlot, c’était, juste en face, le libraire de la rue de Bretagne. Je n’y vais plus que pour voir les nouveautés, mais je n’y achète plus rien depuis qu’on a signifié aux clients fidèles qu’on n’avait plus besoin de leur fidélité… Mais j’ai repéré deux ouvrages que j’ai finalement téléchargés, non sans avoir eu d’abord de sérieux doutes quant à leur intérêt.

L’agent suédois

Je pense que c’est bien la première fois, en tout cas dans cette collection Actes Sud, qu’un ouvrage est consacré non à un compositeur ou un interprète illustre, mais à un agent, organisateur de festival. Je ne dirai rien des sentiments que j’ai éprouvés jadis, lorsque je travaillais sur le même territoire que lui, la Suisse romande, ou plus récemment lors d’une mission à l’OSR, envers Martin Engström. Le fait même que ce livre existe décrit assez l’importance que le personnage a de lui-même ! Mais c’est aussi, à ma connaissance – et c’est pour cela que ce livre m’a intéressé – la première fois qu’un responsable important de la vie musicale classique raconte le dessous des cartes, les coulisses du métier. Avec cette sorte de décontraction, de désinvolture même, qui lui fait nommer et donner des détails parfois intimes sur des personnes encore vivantes et actives. Je ne suis pas sûr que les artistes, les sponsors, les élus qui ont soutenu l’aventure du Verbier Festival soient très heureux de ces révélations….

Encore Mitterrand ?

Encore un bouquin sur Mitterrand, presque trente ans après sa mort ? Au moins celle qui fut la secrétaire générale adjointe de l’Elysée à la fin du second septennat du président socialiste ne s’est pas précipitée, comme tant d’autres, pour raconter ses souvenirs. Et finalement on se laisse prendre par un récit qui ne fait aucune révélation à proprement parler, mais qui complète la vision, la compréhension qu’on avait d’un personnage complexe. On est obligé de croire – ou pas – l’auteure sur parole, puisque de la plupart des confidences que fait Anne Lauvergeon, nul ne peut plus attester la véracité.

C’est évidemment tout à fait secondaire, et sans aucun intérêt pour l’histoire contemporaine, mais j’ignorais jusqu’où était allé le premier amour de Mitterrand, pour la dénommée Marie-Louise Terrasse, plus connue sous son nom de télévision. Catherine Langeais et son mari Pierre Sabbagh avaient élu domicile dans la commune voisine de la mienne, Valmondois. Elle est morte deux ans après son premier fiancé. Et sa tombe au cimetière de Valmondois est bien mal entretenue…

Encore le concerto de Schumann ?

Lundi le temps de faire un aller-retour entre Paris et le Val d’Oise pour tenir ma permanence de conciliateur de justice, j’étais de retour à la Philharmonie, toujours pour le compte de Bachtrack : Martha Argerich dans le concerto de Schumann, l’orchestre symphonique de Londres et son nouveau directeur musical le chef bien anglais Antonio Pappano et la Deuxième symphonie de Rachmaninov. Le cocasse dans l’histoire, c’est que l’organisateur de ce concert, l’infatigable André Furno, créateur de la série Piano ****, avait voulu rendre hommage par ce programme à Claudio Abbado, disparu il y a dix ans, en même temps qu’à Maurizio Pollini. Les liens Abbado/Argerich, Abbado/LSO sont évidents, mais la 2e de Rachmaninov est l’une des seules symphonies qu’Abbado n’a jamais dirigées…

De ce concert, j’ai tout dit sur Bachtrack : Martha Argerich réinvente le concerto de Schumann.

Et dans mon précédent billet je rappelais quelques-uns de mes souvenirs de la pianiste argentine : Martha Argerich à Tokyo.

Cincinnati – Paris

J’ai été un peu surpris par l’annonce de la nomination de Cristian Măcelaru comme successeur de Louis Langrée à la tête de l’orchestre symphonique de Cincinnati.

Je savais qu’il faisait partie des « possibles », mais compte-tenu de ses engagements en Europe (la WDR à Cologne, et l’Orchestre national de France à Paris), je doutais qu’il soit retenu pour une fonction exigeante et chronophage. On sait qu’il quittera Cologne à la fin de la saison prochaine. Pas d’information pour l’heure du côté du National…

On était justement jeudi soir à l’auditorium de Radio France pour un programme tout français dirigé par Măcelaru. Un compte-rendu bientôt sur Bachtrack.

En attendant on va prendre le temps ce week-end d’écouter une nouveauté discographique d’importance : les trois symphonies et les deux rhapsodies roumaines d’Enesco. On est encore impressionné par le souvenir de la 3e symphonie donnée à Bucarest l’automne dernier (lire Pourquoi pas Enesco ?)

Hamlet & Co.

#FestivalRF22 #SoBritish

Hamlet à Montpellier

C’était hier la soirée d’ouverture du Festival Radio France, édition 2022 « So British ». Avec l’opéra d’Ambroise Thomas, Hamlet, dans sa version initiale, reconstituée, pour ténor. Un triomphe on peut le dire.

De gauche à droite : Philippe Talbot, Jodie Devos, Michael Schonwandt, John Osborn, Clémentine Margaine

Richard Martet, dans Opera Magazine, écrit :

« Une « prima donna » est née ! Nous avons toujours senti, chez Jodie Devos, l’étoffe d’une cantatrice d’exception. Elle a littéralement explosé hier, vendredi 15 juillet, dans une somptueuse version de concert d’Hamlet d’Ambroise Thomas, au Festival Radio France Occitanie Montpellier. L’excellente chanteuse que nous connaissons, au timbre frais et à la technique ébouriffante, est passée au niveau supérieur. La voix a gagné en rondeur et en puissance, sans rien perdre de ses qualités virtuoses, trouvant un terrain d’épanouissement idéal dans la redoutable scène de folie d’Ophélie, à l’acte IV. Variant les climats et les couleurs à l’infini, alternant longues phrases rêveuses et véhémentes cascades de vocalises, avec une netteté de diction jamais prise en défaut, la soprano belge a été saluée par une ovation aussi spectaculaire que méritée. Et quelle poésie, quelle émotion dans le passage qui suit, quand Ophélie, accompagnée par le chœur (Montpellier et Toulouse réunis) à bouche fermée, s’enfonce lentement dans le lac ! L’intensité de l’incarnation est telle qu’on en oublie complètement qu’il s’agit d’une version de concert. Jodie Devos a, de plus, la chance d’être remarquablement dirigée (Michael Schønwandt, à la tête de l’Orchestre National Montpellier Occitanie) et entourée : John Osborn en Hamlet (l’opéra est donné dans sa version avec un ténor dans le rôle-titre), Clémentine Margaine en Gertrude (impressionnante), Philippe Talbot en Laërte, Jérôme Varnier en Spectre…« 

Michael Schonwandt me confiait avant le concert combien l’incarnation d’Hamlet par un ténor changeait la couleur, la teneur du drame, et plusieurs des comparses des deux rôles principaux disaient après coup qu’ils préféraient presque cette version à l’habituelle avec baryton dans le rôle-titre. Evidemment Jodie Devos a vraiment triomphé pour sa première Ophélie sur scène – je n’oublie ni Natalie Dessay, jadis à Covent Garden, ni Sabine Devieilhe naguère à l’Opéra Comique, toutes deux sous la direction de Louis Langrée – mais la grâce, le fruité de la voix de la jeune cantatrice belge, en ont fait hier soir une Ophélie de rêve. John Osborn, d’abord par sa diction parfaite, sa prononciation et sa compréhension intime de la langue française, autant dans les élans héroïques que dans les confidences brisées, nous a infiniment touchés. Comme le souligne Opéra Magazine, tous les comparses, à commencer par Clémentine Margaine, les choeurs de l’opéra de Montpellier et du Capitole de Toulouse, l’opulent Orchestre de Montpellier, la direction généreuse et inspirée de Schonwandt, ont fait de cette soirée d’ouverture du festival un événement, bientôt diffusé sur France Musique.

D’autres Hamlet

Shakespeare et son prince du Danemark ont finalement peu inspiré les compositeurs d’opéra. En revanche, musiques de scène ou poèmes symphoniques n’ont pas manqué, même si aucune n’a jamais atteint la célébrité des nombreux Roméo et Juliette mis en musique.

Liszt

Liszt très impressionné par une représentation de Hamlet à Weimar en 1856, écrit un poème symphonique d’une vingtaine de minutes qui « résume » le drame shakespearien. Ici dans une version d’une grande densité, l’Orchestre national de France, enregistré au Théâtre des Champs-Elysées, est dirigé par Daniele Gatti, dont on a appris récemment la nomination à la tête de la Staatskapelle de Dresde.

Tchaikovski

Tchaikovski écrit en 1888 une « ouverture fantaisie » éponyme. De loin moins célèbre qu’une autre « ouverture fantaisie » intitulée.. Roméo et Juliette !

Emotion que de retrouver cette captation dirigée par le grand Evgueni Svetlanov :

Prokofiev une musique de scène

Prokofiev écrit lui une musique de scène à la demande du metteur en scène Sergei Radlov, qui est créée en mai 1938.

Très belle version discographique due au regretté Mikhail Jurowski (1945-2022) :

Chostakovitch

Le jeune Chostakovitch a précédé Prokofiev : c’est un jeune homme de 25 ans qui écrit lui aussi une musique de scène en 1931.

Plusieurs versions russes recommandables, mais la plus étonnante est sans doute celle d’Arthur Fiedler à la tête de ses Boston Pops !

Le cor merveilleux de Dale C.

Allez savoir pourquoi, quand on commence à découvrir la musique, des noms vous fascinent et se gravent à jamais dans la mémoire… C’est le cas, depuis mon adolescence, de Dale Clevenger, un nom qui sonnait star de Hollywood, évoquait les grands espaces du Midwest américain. C’était un nom que j’avais vu sur certains de mes premiers disques, comme celui-ci :

Dale Clevenger, le légendaire cor solo de l’orchestre symphonique de Chicago, est mort avant-hier, à 82 ans, en Italie où il s’était retiré après avoir occupé son poste à Chicago de 1966 à sa retraite en 2013 !

Imaginez le bonheur qui fut le mien, lorsque, à l’automne 2006, je passai quelques jours à Chicago, à l’invitation de Louis Langrée (qui faisait alors ses débuts au Lyric Opera, dirigeant Iphigénie en Tauride de Gluck avec Susan Graham dans le rôle titre). Nous avions des places pour un concert du Chicago Symphony, dirigé par Paavo Järvi, avec les Kindertotenlieder de Mahler en première partie (avec Matthias Goerne !), et la monumentale 10ème symphonie de Chostakovitch en seconde partie. Je repérai immédiatement Dale Clevenger, et si je ne l’eusse pas fait visuellement, je l’aurais fait à l’oreille. Tellement il était reconnaissable. Inutile de dire, qu’à 66 ans, Clevenger pouvait en remontrer à tous ses collègues, quant à la sûreté technique et à la projection de son instrument.

Discographie non exhaustive, à commencer par cette pièce de pure virtuosité de Schumann, ce Konzertstück pour 4 cors, dirigé par Daniel Barenboim.

La sérénade pour cor, ténor et orchestre de Britten – déjà citée plus haut – est évidemment un must, autant pour l’un et l’autre solistes et la direction lumineuse de Carlo-Maria Giulini.

Un disque que j’avais acheté à Chicago justement, un double CD dont le titre est explicite – le titre de « Principal » aux Etats-Unis remplace celui de « solo » ou « premier soliste » qu’on trouve en Europe –

C’est en Europe que Dale Clevenger a enregistré le répertoire classique des concertos pour cor (Haydn, Mozart)

Bien entendu, on entend, on reconnaît le cor merveilleux de Dale Clevenger dans nombre d’enregistrements symphoniques réalisés sous la direction des deux chefs qu’il a connus à Chicago, Georg Solti et Daniel Barenboim. Deux exemples éloquents extraits de la Cinquième symphonie de Mahler sous la conduite de l’un et l’autre :

On recherchera aussi les enregistrements de musique de chambre où le cor de Clevenger se fait souvent plus solaire que mélancolique.

Stephen Sondheim : Send in the clowns

Grâce à Jean-Luc Choplin, le public français a pu découvrir le génie de Stephen Sondheim, qui vient de disparaître à 91 ans. Le théâtre du Châtelet à Paris a programmé nombre d’ouvrages de celui qu’on a qualifié hâtivement de « roi de Broadway », de « star de la comédie musicale ». Pour l’immense majorité, son nom reste lié à West Side Story, le célébrissime ouvrage de Leonard Bernstein, dont Sondheim a écrit les lyrics – à l’opéra on parlerait de livret – autrement dit les paroles des chansons. Stephen Sondheim était un authentique grand compositeur et son oeuvre n’est pas systématiquement souriante, joyeuse, dansante.

En 2013, Renaud Machart publiait, dans la collection Actes Sud/Classica, le seul essai en français consacré à Stephen Sondheim :

“Il ne manque rien au compositeur de Broadway Stephen Sondheim, sinon la canonisation”, a-t-il été écrit à propos de celui qui est en effet une légende vivante dans les pays anglo-saxons et le dieu de nombreux amateurs de comédie musicale. Il manque cependant encore à Sondheim une vraie reconnaissance en France, où ses comédies musicales sont depuis quelques années seulement à l’affiche, notamment du Théâtre du Châtelet à Paris. Cet essai, le premier consacré en français au compositeur et «lyricist» américain, parcourt en détail son oeuvre considérable.

J’ai eu la chance de voir au Châtelet tous les spectacles de Sondheim programmés durant la décennie 2010, et plusieurs à Londres.

Le dernier en date, à une date absolument tragique, le 22 mars 2016 : Une tragédie, une Passion : deux anniversaires

En 2010, A Little Night Music avec rien moins que Leslie Caron, une autre légende, Greta Scacchi, Lambert Wilson

En 2011, Sweeney Todd :

En 2013 Sunday in the park with George

Et bien entendu la reprise du spectacle original de 1957 de West Side Story pour le cinquantenaire de l’ouvrage en 2007.

Je n’ai jamais eu la chance de rencontrer personnellement Stephen Sondheim, ni de lui exprimer mon admiration et ma gratitude. Ni de lui dire que, sans le savoir, il a beaucoup compté pour moi. En 1989 ou 1990, le grand clarinettiste, mon ami Paul Meyer, était venu jouer au Victoria Hall de Genève, avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Günther Herbig, le premier concerto de Weber. En bis, il avait joué une pièce qui m’avait bouleversé, et que – je n’ai pas honte à l’avouer – j’entendais pour la première fois : Send in the clowns. En mars 2001, j’avais invité Paul – dans le concerto de Mozart cette fois – pour le premier concert d’abonnement de Louis Langrée à Liège. De nouveau, il avait bissé avec Send in the clowns. Plus tard, j’avais conseillé au nouveau clarinette solo de l’Orchestre philharmonique royal de Liège de s’emparer de ce bis. Et, en juillet 2019, lorsque Jean-Luc Votano avait donné la première française du concerto pour clarinette de Magnus Lindberg à Montpellier, il avait malicieusement glissé dans sa cadence du concerto une citation de… Send in the clowns (ce qui n’avait pas manqué d’amuser le compositeur présent dans la salle !).

Maintenant que Stephen Sondheiml a rejoint les étoiles, écoutons Benny Goodman lui chanter cette petite musique de nuit