La tragique actualité de ces derniers jours -les pompiers ensevelis à Laon, la surveillante de collège poignardée à Chaumont, subit malheureusement toujours le même traitement de la part des médias et des politiques. On sait à l’avance les mots qui seront prononcés et qui ne veulent plus rien dire : que veut dire « exprimer sa solidarité » à des victimes, à des personnes endeuillées?. De la compassion oui (mais connait-on encore ce mot ?), des condoléances aussi, une communion de pensées. Et ces micro-trottoirs indécents, où l’on s’empresse de mettre un micro sous le nez de témoins, d’habitants d’une cité meurtrie pour obtenir là aussi des mots qu’on ne sait pas, plus, manier. On ne parle pas des ministres, condamnés depuis des lustres, à faire les mêmes promesses de réponses énergiques et déterminées à des actes insupportables… Les minutes de silence se succèdent au Parlement, et parfois dans les classes d’écoles (où elles ne sont même pas toujours respectées). Pendant ce temps, les extrêmes prospèrent, les populismes triomphent (cf. mes brèves de blog d’hier)
Heureusement, il y a des journalistes qui sauvent l’honneur de leur profession, comme Nathalie Duelz, dont je reproduis le texte qu’elle a publié ce matin sur Linkedin :
Impact
« Je présente mes plus sincères condoléances à la famille des verbes « influencer », « affecter », « toucher », « influer », et bien d’autres, mais aussi à celles des mots « conséquence», « effet », « incidence »,« répercussions », malheureusement morts ou en passe de l’être. Tous victimes d’un seul et même verbe qui n’existe même pas : « impacter » !
Combien de fois n’entend-on pas ou ne lit-on pas au cours d’une journée, « il a impacté », c’est « impactant, « il a eu un impact sur ». Une utilisation familière (et erronée) importée du verbe anglais « to impact ».
« Ce nouveau contrat aura une incidence sur les profits de l’entreprise » est tout de même plus beau (et correct) que « ce nouveau contrat impactera les profits de l’entreprise », non ?
N’est-on pas suffisamment entourés de violence et de guerres pour, en plus, dans notre quotidien, user et abuser d’un mot qui à l’origine se rapporte à un projectile qui frappe un autre corps ou endroit ? »
(Nathalie Duelz / Le Vif)
Les mots de la musique
Il y a aussi des lecteurs qui ne savent pas lire. J’ai donné à lire sur un groupe Facebook consacré aux chefs d’orchestre l’article que je consacrais dimanche à la nouvelle version de la Symphonie fantastique dirigée par Klaus Mäkelä.
En précisant bien que je limitais mes comparaisons aux seules versions de l’Orchestre de Paris et de ses chefs successifs, en signalant in fine l’excellence de la version Markevitch/Lamoureux.
Que de commentaires ridicules sur ce jeune chef – qui n’est évidemment pas à la hauteur des grands anciens – sur ce disque – et de dévider l »habituelle liste des « références » incontournables ! Sans qu’évidemment aucun de ces « commentateurs » n’ait lu la moindre ligne de mon article.
Je dois régulièrement faire des diètes de Fantastique – oui la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz – parce que, si comme moi on aime l’oeuvre, on ne peut pas, on ne doit pas l’écouter trop souvent, distraitement. Ni au disque, ni au concert. Pour quelques bonnes surprises, combien de déceptions ! Je me rappelle ainsi les débuts avec l’Orchestre philharmonique de Berlin de Yannick Nézet-Séguin en 2010. Si j’avais eu une quelconque influence sur le choix du programme pour ces débuts, je l’aurais dissuadé de proposer la Fantastique. J’étais dans la salle, placé un peu de côté, et c’était assez spectaculaire de voir le hiatus entre la gestique et les intentions pourtant très claires du chef et le rendu d’un orchestre qui semblait comme « résister » à sa baguette.
Le disque vient de sortir. Si je devais faire une toute petite réserve par rapport à l’enthousiasme éprouvé il y a deux ans en concert à la Philharmonie de Paris, ce serait justement qu’il manque un peu de l’excitation du « live ». Mais qu’on prenne vraiment le temps d’écouter mouvement par mouvement. Les premières mesures de la Marche au supplice, le phrasé des cordes est en soi un programme, quand les cuivres prennent place, on entend – enfin -les grincements du trombone basse (le seul autre chef chez qui on a cette même présence est Igor Markevitch, voir ci-après).
Je me suis demandé, en écrivant cet article, si je devais citer les prédécesseurs de Klaus Mäkelä qui ont enregistré la Symphonie fantastique de Berlioz. Il y a des comparaisons cruelles… mais je laisse au lecteur le soin de se faire une opinion…
Paavo Järvi (2010-2016)
Christoph Eschenbach (2000-2010)
Semyon Bychkov (1989-1998)
Daniel Barenboim (1975-1989)
Herbert von Karajan (1969-1971)
Karajan enregistre la Symphonie fantastique avec l’Orchestre de Paris le 25 juin 1970. Tout est daté dans ce film à la gloire du chef autrichien, mais l’interprétation n’est pas inintéressante
Charles Munch (1967-1968)
Historique, cet enregistrement l’est parce que c’est Charles Munch, grand berliozien devant l’Eternel, et parce que c’est le premier qu’il réalise avec le tout nouvel Orchestre de Paris, qui prend la succession en 1967 de la vénérable Société des Concerts du Conservatoire.
Ce n’est pas avec l’Orchestre de Paris, mais avec les Concerts Lamoureux qu’Igor Markevitch enregistre en 1960 une version que je tiens toujours pour l’une des plus parfaites illustrations de l’imaginaire berliozien, puisque – faut-il le rappeler – ce n’est pas une symphonie comme une autre, mais bien un vaste poème symphonique en cinq « épisodes » largement autobiographiques.
Pour moi le choix aujourd’hui est clair : la grande version moderne c’est Klaus Mäkelä, qui ne craint pas la confrontation avec ses glorieux aînés Charles Munch et Igor Markevitch.
Rencontres et émotions du jour à lire sur : brèves de blog
Georges Bizet est mort à 37 ans, il y a exactement 150 ans, le 3 juin 1875, d’une crise cardiaque, deux mois après la création de son ouvrage le plus célèbre, Carmen.
La symphonie du jeune homme
C’est en 1933 seulement qu’on découvre la partition d’un jeune homme de 17 ans, la Symphonie en do Majeur , composée en 1855 par Bizet. Après sa création à Bâle en 1935 par Felix Weingartner, le succès de cette symphonie parfaite – un modèle d’inspiration mélodique et d’invention rythmique – ne s’est jamais démentie. J’ai fait le compte : 20 versions au moins dans ma discothèque, à commencer par celle de Thomas Beecham avec laquelle j’ai découvert l’oeuvre, si. riche des couleurs si françaises de l’Orchestre national de la fin des années 50.
Parmi les versions moins attendues de ma liste, la fièvre d’un jeune homme de 95 ans, et je crois le dernier enregistrement de Leopold Stokowski
Encore plus exotique, la version du grand chef tchèque Zdeněk Košler :
Quel bonheur que ces sonorités si typiques de la Philharmonie tchèque, ces bois fruités de Bohême.
On pourrait presque s’en tenir aux seules versions enregistrées avec l’Orchestre national de France. J’aime beaucoup l’équilibre et la poésie de Seiji Ozawa
Rareté aussi que cette splendide version de Bernard Haitink, enregistrée pour Philips en 1977
Souvenirs de Rome
Bizet ayant remporté le Prix de Rome en 1857, il passe les deux années suivantes à étudier gratuitement à l’Académie de France à Rome, il y reste jusqu’en juillet 1860. Il en résultera une oeuvre qui est loin d’avoir connu une notoriété équivalente à la symphonie en ut, la Symphonie Roma, ou simplement Roma une fantaisie en quatre mouvements créée dans sa version définitive en 1875 après la mort du compositeur.
Belle version aussi que celle de Paavo Järvi avec l’Orchestre de Paris
La patrie de Bizet
C’est l’oeuvre qui est jouée aux obsèques de Bizet, un an après sa création par l’orchestre Pasdeloup auquel elle était destinée : Patrie, une ouverture dramatique dédiée à Massenet;
Plus rare au disque, elle était très prisée de chefs comme Charles Munch et Paul Paray
Droit de suites
Mais si Bizet est toujours aussi souvent joué dans les concerts symphoniques, c’est bien grâce aux suites d’orchestre qui ont été tirées de son opéra Carmen d’une part, de sa musique de scène pour l’Arlésienne d’autre part.
Difficile de faire une sélection dans d’innombrables versions. Mais on peut en rester à des valeurs sûres, Abbado, Beecham, Markevitch, Martinon, Paray, liste non limitative.
Igor Markevitch avec les sonorités savoureuses des Concerts Lamoureux représente la référence pour les suites de Carmen et de l’Arlésienne
Jeux d’enfants et La jolie fille de Perth
Il faut encore mentionner ces Jeux d’enfants, d’abord conçus comme une suite de douze pièces pour piano à 4 mains, dont Bizet tirera pour l’orchestre une « petite suite » de cinq mouvements.
De son opéra La jolie fille de Perth, Bizet extrait une jolie suite d’orchestre qu’il sous-titre « Scènes bohémiennes ». La version de référence est celle de Jean Martinon avec l’orchestre national.
Je ne suis pas un grand spécialiste de Haendel, mais les années passant, je vais de surprise en découverte notamment dans son oeuvre lyrique qu’en dehors des ouvrages les plus connus (Giulio Cesare, Alcina, Ariodante..) je connais peu et mal.
Pour Bachtrack, j’assistais mardi soir à la Seine Musicale à une version de concert d’Agrippina, l’œuvre d’un jeune homme – Haendel a 24 ans ! – créée et jouée 27 fois de suite à Venise le 26 décembre 1709. J’ai beaucoup aimé, même si tel ou tel chanteur m’a moins convaincu. Lire ma critique ici : L’Agrippina impériale d’Ottavio Dantone.
Après une succession d’airs, parfois de duos, il faut attendre la toute fin pour entendre toute la troupe réunie ce soir-là autour de l’Accademia Bizantina, chanter quelque chose comme « Tout est bien qui finit bien » !
De gauche à droite, Marco Saccarin (Lesbo) Federico Fiorio (Nerone), Sophie Rennert (Agrippina), Luigi De Donato (Claudio), Lucia Cortese (Poppea), Filippo Mineccia (Ottone), Margherita Sala (Narcisse), Federico Benetti (Pallas), Ottavio Dantone assis au clavecin devant l’ensemble Accademia Bizantina
Lalo estonien
On croyait que Neeme Järvi avait enregistré à peu près tout le répertoire symphonique enregistrable ! Le chef estonien trouve encore le moyen, à 86 ans, de nous surprendre avec un disque qui me fait un plaisir immense. Mes lecteurs savent l’intérêt que je porte à Edouard Lalo, l’éternel second, dont tout le monde a oublié de célébrer le bicentenaire de la naissance le 27 janvier 1823 ! Lalo dont j’avais découvert la Symphonie en sol mineur grâce à la légendaire version de Thomas Beecham… et de l’Orchestre national !
En juillet 2019, j’accueillais à Montpellier, pour ouvrir l’édition 2019 du festival Radio France, Neeme Järvi et l’Orchestre National d’Estonie. Souvenir impérissable (lire Opening nights)
Etonnamment, le numéro de février de Diapason n’évoque pas cette sortie, alors que l’Indispensable du mois du magazine est consacré tout entier à Lalo, avec trois versions mythiques du concerto pour violoncelle (Pierre Fournier et Jean Martinon), de la Symphonie espagnole (Leonid Kogan et Kirill Kondrachine) et de la 1ere suite de Namouna (avec l’incomparable Paul Paray)
La mémoire du siècle
Qui ne connaît Bruno Monsaingeon dès lors qu’on s’intéresse un peu à la musique et à des interprètes comme Glenn Gould, Yehudi Menuhin, Sviatoslav Richter et tant d’autres ?
« Violoniste et réalisateur, Bruno Monsaingeon a bâti une œuvre de 100 opus mêlant portraits d’interprètes et de chefs d’orchestre, récitals et concerts symphoniques, masterclasses… Un parcours émaillé de coups de foudre musicaux et amicaux, ponctué de deux rencontres virtuoses : Yehudi Menuhin et Glenn Gould. Sous le regard critique de son cousin Guillaume Monsaingeon, ces entretiens au long cours tiennent à distance biographie, monographie et catalogue raisonné. On y retrouve la verve d’un conteur, mais c’est aux films qu’il donne la parole en réalité. Porteurs d’un langage visuel autonome, ils offrent à l’auditeur ce à quoi il n’a pas toujours accès : le détail des notes et des gestes ; des images qui recréent l’énergie musicale et l’émotion qu’elle suscite pour mieux nous en rapprocher. Écouter, peser, choisir, façonner : autant d’interprétations que Bruno Monsaingeon revisite dans ce dialogue et qui structurent son œuvre, source d’archives pour le futur » (Présentation de l’éditeur)
L’ouvrage édité par la Philharmonie de Paris est évidemment passionnant, d’abord sur la question de comment filmer la musique, ensuite par les souvenirs que livre le réalisateur octogénaire de ses rencontres connues ou moins connues avec les grands musiciens du XXe siècle.
J’évoquais encore récemment les Markevitch père (Igor) et fils (Oleg Caetani). J’avais salué. comme il se doit, en leur temps, les fabuleuses rééditions dans la collection Eloquence des enregistrements réalisés par le chef franco-russe pour Philips et Deutsche Grammophon.
Dans le coffret Philips, il y a notamment quatre symphonies de Beethoven (1, 5, 8, 9) un peu passées inaperçues, oubliées peut-être, restituées ici dans la splendeur de leurs captations parisiennes en 1959 et 1961. Igor Markevitch y dirige un orchestre des Concerts Lamoureux aux couleurs délicieusement françaises (ce basson ! ces cuivres !) avec pour la Neuvième un « cast » de stars : Hilde Gueden, Aafje Heynis, Fritz Uhl et Heinz Rehfuss ! Des lectures d’une éclatante modernité, notamment dans la 8ème symphonie aux tempi idéaux.
Vraiment un corpus à (re)découvrir pour sortir des habituels clichés concernant Markevitch. Ici une Huitième d’une excitante vivacité, suivie d’une grandiose Neuvième :
Depuis un certain 6 décembre (Il y a cinquante ans), Noël, la fin de l’année, ont un peu perdu leurs airs de fête. Pour les enfants, pour les petits-enfants, pour le plaisir d’être en famille, on fait comme si, mais la vérité est qu’on a hâte d’être à l’année prochaine. Rien ne me démoralise plus que les chalets et autres marchés de Noël, les rues des villes inondées de mauvais Jingle bells et Mariah Carey, ces grands magasins débordant de foie gras, champagne, chocolats à prix coûtants…
Bref je me replie sur ma discothèque (lire White Christmas) et je rêve aux soirées heureuses de l’enfance.
Sauf quand, missionné par Bachtrack, je me pointe – c’était mercredi soir – à la Maison de la Radio et de la Musique pour un concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France, un « concert de Noël » dont la tête d’affiche est Marie-Nicole Lemieux. Eh oui, en pleine éruption de wokisme, notre Québécoise préférée ose chanter le Noël des chrétiens (Minuit chrétiens !), les anges dans nos campagnes, Adoremus Dominum…Dans les églises, on n’ose plus, mais à Radio France oui !
J’invite fortement ceux qui ont manqué le concert qui était diffusé en direct sur France Musique et Arte TV, à écouter sur francemusique.fr et surtout regarder ArteTV.
Mikko Franck s’étant fait porter pâle, c’est le jeune chef français Adrien Perruchon, directeur musical depuis l’an dernier de l’orchestre des Concerts Lamoureux, qui l’a très avantageusement remplacé, comme je l’ai relevé dans mon billet.
J’ai un souvenir particulier avec celui qui était encore timbalier solo du « Philhar ». C’était en décembre 2014, j’étais directeur de la musique de Radio France. Un jeune chef, français lui aussi, devait diriger deux programmes avec l’Orchestre philharmonique, et pour des raisons que j’ai oubliées, il avait dû déclarer forfait pour le premier d’entre eux. Il fallait trouver d’urgence un remplaçant. en accord avec la représentation permanente de l’orchestre, je décidai de faire confiance à Adrien Perruchon qui se déclarait prêt à reprendre l’essentiel du programme. Ce fut une belle réussite…Je viens de découvrir sur YouTube que non seulement ce concert avait été filmé (ce n’était pas encore systématique dans un auditorium de Radio France tout juste inauguré) et mis en ligne.
Et voilà la suite de Igor Markevitch la collection Philips (lire Sous les pavés la musique IX). A la différence du coffret EloquencePhilips, ce nouveau coffret Eloquence ne recèle pas d’inédit ou de rareté. Tous les disques réunis ici avaient déjà été réédités séparément ou en de petits coffrets, sauf peut-être les symphonies de Beethoven (il y en a une partie ici, l’autre partie dans le coffret Philips, et l’ensemble était disponible dans un coffret DG japonais, trouvable aussi en Allemagne)
Références et raretés
Quatre grandes périodes d’enregistrement pour la marque jaune :
de 1953 à 1955 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, des versions bien connues de Berlioz (une première Fantastique ainsi qu’Harold en Italie), de Tchaikovski (la Pathétique), mais surtout les 3ème et 4ème symphonies de Berwald (pour les Berliner un coup unique!), et les 3ème et 4ème de Schubert, qui étaient de vraies raretés au disque.
à New York à peu près à la même époque, un orchestre constitué pour la circonstance (en fait des musiciens du Philharmonique) enregistre avec Markevitch deux symphonies de Beethoven (3 et 6) ainsi que la Première de Brahms
de 1957 à 1960, malheureusement trop souvent en mono (alors que les Américains et Decca enregistraient en stéréo depuis 1954), une série légendaire de captations avec l’orchestre des Concerts Lamoureux. Joyau de cette série, une Symphonie fantastique qui fait d’abord entendre la splendeur des vents français (ce basson !) et un chef qui fait du 4ème mouvement une véritable Marche au supplice (écoutez le terrifiant grincement du trombone basse, qui viendrait rappeler aux insouciants qu’il ne s’agit ni d’une marche triomphale ni d’une cavalerie légère !)
en 1965, les équipes de DG se transportent à Prague, pour nous offrir deux versions jamais démodées du requiem en ré mineur de Cherubini, et une étonnante Messe de Sainte-Cécile de Gounod avec un trio de chanteurs inattendus dans ce répertoire.
Un mot d’une oeuvre – Les Choéphores – de Darius Milhaud (lire l’excellent papier de Jean-Charles Hoffelé : Le chef-d’oeuvre de Darius) que j’ai toujours trouvée très.. datée. Ecrite en 1915 – c’est la mode des oeuvres avec récitant (Honegger – Le Roi David – Debussy – Le Martyre de Saint-Sébastien – Stravinsky – Oedipus Rex), elle n’a connu que deux versions au disque : celle de Markevitch en 1957 (mono), suivie de celle de Bernstein à New York en 1961 (stéréo)
CD 1 Cherubini: Requiem in D minor for male chorus & orchestra
Czech Philharmonic Chorus
Czech Philharmonic Orchestra
Igor Markevitch
Mozart: Mass in C major, K317 ‘Coronation Mass’
Maria Stader (soprano), Oralia Dominguez (mezzo-soprano), Ernst Haefliger (tenor), Michel Roux,
Choeurs Elisabeth Brasseur
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 2Mozart: Symphony No. 34 in C major, K338
Berliner Philharmoniker
Igor Markevitch
Mozart: Symphony No. 38 in D major, K504 ‘Prague’
Berliner Philharmoniker
Igor Markevitch
Mozart: Symphony No. 35 in D major, K385 ‘Haffner’
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
Gluck: Sinfonia in G major
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 3 Mozart: Bassoon Concerto in B flat major, K191
Maurice Allard (bassoon)
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
Haydn: Sinfonia Concertante in B flat major, Op. 84, Hob. I / 105
Georges Alès (violin), André Remond (cello), Émile Mayousse (oboe), Raymond Droulez (bassoon)
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
Cimarosa: Concerto in G major for two flutes
Aurèle Nicolet (flute), Fritz Demmler (flute)
Berliner Philharmoniker
Igor Markevitch
Schubert: Symphony No. 3 in D major, D200
Berliner Philharmoniker
Igor Markevitch
CD 4 Beethoven: Egmont Overture, Op. 84
Beethoven: Leonore Overture No. 3, Op. 72b
Beethoven: Fidelio Overture Op. 72c
Beethoven: Coriolan Overture, Op. 62
Beethoven: Zur Namensfeier overture, Op. 115
Beethoven: Consecration of the House Overture, Op. 124
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 5 Beethoven: Symphony No. 3 in E flat major, Op. 55 ‘Eroica’
Symphony of the Air
Igor Markevitch
CD 6 Beethoven: Symphony No. 6 in F major, Op. 68 ‘Pastoral’
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 7 Brahms: Symphony No. 1 in C minor, Op. 68
Symphony of the Air
Igor Markevitch
CD 8 Brahms: Symphony No. 4 in E minor, Op. 98
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
Berlioz: Harold en Italie, Op. 16
Heinz Kirchner (viola)
Berliner Philharmoniker
Igor Markevitch
CD 9 Berlioz: Symphonie fantastique, Op. 14
Cherubini: Anacréon Overture
Auber: La muette de Portici: Overture
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 10-11Berlioz: La Damnation de Faust, Op. 24
Richard Verreau (Faust), Consuelo Rubio (Marguerite), Michel Roux (Méphistophélès), Pierre Mollet (Brander)
Chœurs Elisabeth Brasseur, Chœur d’Enfants de la RTF
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 12 Gounod: Symphony No. 2 in E flat
Bizet: Jeux d’enfants (Petite Suite), Op. 22
Debussy: La Mer
Debussy: Danses sacrée et profane
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 13 Rimski Korsakov: Russian Easter Festival Overture, Op. 3
Rimski Korsakov: May Night Overtur
Rimski Korsakov: Le Coq d’Or Suite
Borodin: In the Steppes of Central Asi
Liadov: From the Apocalypse, Op. 66
Glinka: Ruslan & Lyudmila Overture
Orchestre des Concerts Lamoureux
Igor Markevitch
CD 14 Tchaikovski: Symphony No. 6 in B minor, Op. 74 ‘Pathétique’
C’était annoncé depuis l’été (lire Igor Markevitch et la zarzuela), attendu avec impatience. Deux coffrets reprenant les disques gravés par Igor Markevitch (1912-1983) pour Philips et pour Deutsche Grammophon.
C’est peu dire qu’on est comblé par le travail, une fois de plus remarquable, que le responsable de la collection Eloquence, Cyrus Meher-Homji a effectué d’abord pour rassembler l’intégralité des enregistrements réalisés par le chef d’origine russe pour le label hollandais Philips, et restaurer (« remasteriser » dit-on maintenant) les bandes d’origine, le plus spectaculaire étant la véritable résurrection des captations moscovites de 1962 (cf.ci-dessous)
Le « nettoyage » des bandes a aussi pour effet secondaire de rendre plus audibles les sonorités parfois crues de certaines phalanges – on a tant perdu l’habitude des saveurs parfois acidulées des bois français dans l’orchestre Lamoureux du début des années 60 ! – et, pour ce qui est des troupes espagnoles, chanteurs et orchestre, de défauts d’intonation et de justesse qui ne doivent pas cependant nous faire regretter de disposer enfin de ce patrimoine inattendu de la part de Markevitch.
CD 1 FRANZ JOSEPH HAYDN (1732–1809) 1–4 Symphony No. 103 in E flat major, H.I:103 ‘Drum Roll’* 5–8 Symphony No. 104 in D major, H.I:104 ‘London’* Orchestre des Concerts Lamoureux
CARL MARIA VON WEBER (1786–1826) 9 Preciosa – Overture, Op. 78, J.279 Orquesta Sinfónica de la RTV Española
*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA
CD 2 WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756–1791) 1–3 Piano Concerto No. 20 in D minor, KV 466 4–6 Piano Concerto No. 24 in C minor, KV 491 Clara Haskil, piano Orchestre des Concerts Lamoureux
CD 3 LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827) 1–4 Symphony No. 1 in C major, Op. 21* 5–8 Symphony No. 5 in C minor, Op. 67* 9–12 Symphony No. 8 in F major, Op. 93* Orchestre des Concerts Lamoureux *FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA
CD 4 LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827) 1–4 Symphony No. 9 in D minor, Op. 125 ‘Choral’* Hilde Gueden, soprano Aafje Heynis, contralto Fritz Uhl, tenor Heinz Rehfuss, baritone Oratorienchor Karlsruhe Orchestre des Concerts Lamoureux
*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA
CD 5 LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827) 1–3 Piano Concerto No. 3 in C minor, Op. 37 FRÉDÉRIC CHOPIN (1810–1849) 4–6 Piano Concerto No. 2 in F minor, Op. 21 Clara Haskil, piano Orchestre des Concerts Lamoureux
CD 6 ALBAN BERG (1885–1935) 1–2 Violin Concerto ‘To the Memory of an Angel’ Arthur Grumiaux, violin Concertgebouworkest
ZOLTÁN KODÁLY (1882–1967) 5 Psalmus Hungaricus, Op. 13 Irina Arkhipova, contralto (Alto Rhapsody) Róbert Ilosfalvy, tenor (Psalmus Hungaricus) Russian State Academy Choir USSR State Symphony Orchestra
CD 7 GEORGES BIZET (1838–1875) 1–5 Carmen – Suite No. 1 6–10 Carmen – Suite No. 2 11–14 L’Arlésienne – Suite No. 1 15–17 L’Arlésienne – Suite No. 2 Orchestre des Concerts Lamoureux
CD 8 PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893) 1–4 Symphony No. 1 in G minor, Op. 13, TH.24 ‘Winter Daydreams’ 5–8 Symphony No. 2 in C minor, Op. 17, TH.25 ‘Little Russian’ London Symphony Orchestra
CD 9 PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893) 1–5 Symphony No. 3 in D major, Op. 29, TH.26 ‘Polish’ London Symphony Orchestra 6 Francesca da Rimini, Op. 32, TH.46 New Philharmonia Orchestra
CD 10 PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893) 1–4 Symphony No. 4 in F minor, Op. 36, TH.27 5 Hamlet, Op. 67 London Symphony Orchestra New Philharmonia Orchestra
CD 11 PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893) 1–4 Symphony No. 5 in E minor, Op. 64, TH.29 London Symphony Orchestra
CD 12 PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893) 1–4 Symphony No. 6 in B minor, Op. 74, TH.30 ‘Pathétique’ London Symphony Orchestra
CD 13 PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893) 1–4 Manfred Symphony, Op. 58, TH.28 London Symphony Orchestra
CD 14 NIKOLAI RIMSKY-KORSAKOV (1844–1908) 1–5 Capriccio Espagnol, Op. 34 6–9 Scheherazade, Op. 35 Erich Gruenberg, soloviolin London Symphony Orchestra
NIKOLAI RIMSKY-KORSAKOV (1844–1908) 2 Russian Easter Festival, Overture, Op. 36
ALEXANDER BORODIN (1833–1887) 3 Polovtsian Dances (from Prince Igor) Netherlands Radio Chorus (Borodin) Concertgebouworkest
CD 16 IGOR STRAVINSKY (1882–1971) 1–10 Apollon musagète (1947 version) 11–14 Suite No. 1 for Small Orchestra 15–18 Suite No. 2 for Small Orchestra 19–22 Four Norwegian Moods 23 Circus Polka for a Young Elephant London Symphony Orchestra
CD 17 IGOR STRAVINSKY (1882–1971) 1–24 L’Histoire du Soldat Jean Cocteau, Jean-Marie Fertey, Peter Ustinov, narrators Manoug Parikian, violin Joachim Gut, double bass Ulysse Delécluse, clarinet · Henri Helaerts, bassoon Maurice André, trumpet · Roland Schnorkh, trombone Charles Peschier, percussion
25–27 Symphonie de Psaumes Boys’ and Male Voices of the Russian State Academic Choir Russian State Academy Orchestra
CD 18 MODEST MUSSORGSKY (1839–1881) Orch. Markevitch 1 Cradle Song 2 The Magpie 3 Night 4 Where art thou, little star? 5 The Ragamuffin 6 On The Dnieper Galina Vishnevskaya, soprano
NIKOLAI TCHEREPNIN (1873–1945) 7–13 Tàti-Tàti* Olga Rostropovich, piano
LEOPOLD MOZART (1719–1787) 14–16 Toy Symphony (Cassation in G major for Orchestra and Toys)°
GEORGES BIZET (1838–1875) 17–21 Jeux d’enfants – Petite Suite, Op. 22° Children’s Ensemble of the Moscow School of Music (Toy Symphony) USSR State Symphony Orchestra
*FIRST CD RELEASE ON DECCA °FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA
CD 19 GIUSEPPE VERDI (1813–1901) 1 La forza del destino – Sinfonia 2 Macbeth – Ballet Music (Act III) 3 La traviata – Prelude (Act I) 4 Luisa Miller – Overture 5 Aida – Overture 6 Giovanna d’Arco – Overture 7 La traviata – Prelude (Act III) 8 I vespri siciliani – Overture New Philharmonia Orchestra
Messa da Requiem* beginning 9–10 Requiem et Kyrie
CD 20 GIUSEPPE VERDI (1813–1901) 1–19 Messa da Requiem* conclusion Galina Vishnevskaya, soprano Nina Isakova, mezzo-soprano Vladimir Ivanovsky, tenor Ivan Petrov, bass Russian State Academy Choir Moscow Philharmonic Orchestra
*FIRST STEREO CD RELEASE ON CD
CD 21 FEDERICO MOMPOU (1893–1987) 1–8 Los Improperios Peter Christoph Runge, baritone Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
TOMÁS LUIS DE VICTORIA (c. 1548–1611) 9 Ave Maria 10 Vexilla regis Escolania de nuestra Señora del Buen Retiro César Sanchez, Maestro de la Escolanía Coro de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
PADRE JAIME FERRER (1762–1824) 11–16 Lamentación 1a Ángeles Chamorro, soprano Norma Lerer, contralto Julian Molina, tenor Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
CD 22 TOMÁS LUIS DE VICTORIA (c. 1548–1611) 1–8 Magnificat primi toni Coro de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
ÓSCAR ESPLÁ Y TRIAY (1886–1976) 9–12 De Profundis Ángeles Chamorro, soprano Ines Rivadeneyra, mezzo-soprano Carlo del Monte, tenor Antonio Blancas, baritone Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
ERNESTO HALFFTER (1905–1989) 13 Canticum in P.P. Johannem XXIII*
IGNACIO RAMONEDA (1735–1781) 14 Veni Creator* Ángeles Chamorro, soprano Antonio Blancas, baritone Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
*FIRST CD RELEASE ON DECCA
CD 23 MANUEL DE FALLA (1876–1946) 1–7 Siete Canciones populares españolas* Orchestrated by Igor Markevitch
ISAAC ALBÉNIZ (1860–1909) 8 Catalonia°
ERNESTO HALFFTER (1905–1989) 9 Fanfare (a la memoria de Enrique Granados)*
ENRIQUE GRANADOS (1867–1916) 10 Spanish Dance, Op. 37 No. 9 ‘Romantica’° 11 Spanish Dance, Op. 37 No. 4 ‘Villanesca’° 12 Intermezzo (from Goyescas)° 13 Zapateado (from Six Pieces on Spanish Folksongs)° 14 Spanish Dance, Op. 37 No. 8 ‘Asturiana’° Ángeles Chamorro, soprano (Falla) Orquesta Sinfónica de la RTV Española
*FIRST CD RELEASE ON DECCA °FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA
CD 24 MANUEL DE FALLA (1876–1946) 1–3 Noches en los jardines de España Clara Haskil, piano Orchestre des Concerts Lamoureux
4–16 El amor brujo
EMMANUEL CHABRIER (1841–1894) 17 España – rapsodie pour orchestre
MAURICE RAVEL (1875–1937) 18 Boléro Ines Rivadeneyra, contralto (El amor brujo) Orquesta Sinfónica de la RTV Española
CD 25 ANTOLOGIA DE LA ZARZUELA* GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923) 1–3 La Tempranica (excerpts)
GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923) 6 El baile de Luis Alonso: Intermedio
VICENTELLEÓ BALBASTRE (1870–1922) 7 La corte de Faraón: Son las mujeres de Babilonia – ¡Ay ba!
PABLOLUNA (1879–1942) 8–10 El Niño Judio (excerpts)
TOMÁSBRETÓN (1850–1923) 11–13 La Verbena de la Paloma (excerpts) Ángeles Chamorro, Alicia de la Victoria, sopranos · Norma Lerer, contralto Angel Custodio, Gregorio Gil, Carlo del Monte, tenors Rafael Enderis, baritone Julio Catania, Jesus Coiras, José Granados, Antonio Lagar, José Le Matt, basses Coro y Orquesta Sinfónica de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
CD 26 MANUEL PENELLA (1880–1939) 1 El Gato Montés: Pasadoble
FRANCISCOALONSO (1887–1948) 2 La Calesera: Dice el Rey que le debe guardar
RUPERTO CHAPÍ Y LORENTE (1851–1909) 3–4 La Revoltosa (excerpts)
FEDERICO CHUECA (1846–1908) 5 Agua, Azucarillos y Aguardiente: Vivimos en la Ronda de Embajadores
GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923) 6 La Tempranica: Zapateado 7 La boda de Luis Alonso: Intermedio
RUPERTO CHAPÍ Y LORENTE (1851–1909) 8 El tambor de Granaderos: Preludio
FRANCISCO ASENJOBARBIERI (1823–1894) 9–11 El barberillo de Lavapiés (excerpts)
RUPERTO CHAPI Y LORENTE (1851–1909) 12 El Rey que Rabio: Coro de doctores
MANUEL FERNANDEZ-CABALLERO (1835–1906) 14 Gigantes y Cabezudos: Jota Ángeles Chamorro, Alicia de la Victoria, sopranos · Norma Lerer, contralto Carlo del Monte, José Antonio Viñe, tenors · Antonio Lagar, bass Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española Alberto Blancafort, chorus master
IGOR MARKEVITCH *FIRST COMPLETE RELEASE ON CD OF ‘ANTOLOGIA DE LA ZARZUELA’
STEREO RECORDINGS
On attend maintenant avec autant d’impatience le coffret Eloquence Deutsche Grammophon !
Tout Ravel en 21 CD pour moins de 40 €, c’est le tour de force que réalise Warner en cette rentrée.
Une « compil » de plus avec des versions multi-rééditées ? Au contraire !
Bien sûr, notamment pour les mélodies, rien de vraiment neuf avec un fonds de catalogue qui reste exceptionnel, mais pour le reste – musique de chambre, piano, concertos, orchestre – des choix souvent judicieux, parfois étonnants, qui mettent en valeur artistes d’aujourd’hui et d’hier.
Quelques regrets quand même : les CD des mélodies ont été gravés pour le public japonais (!!) – impossible de lire les titres ! -, un livret qui aurait pu être plus développé et qui fait malheureusement l’impasse sur la « tracklist » détaillée.
Dans mes coups de coeur quelques belles idées : une version bien oubliée – et pourtant fabuleuse – des Tableaux d’une exposition par le jeune Maazel à la tête du Philharmonia, Riccardo Muti dirigeant Philadelphie pour de très sensuelles Rapsodie espagnole, Alborada del grazioso, et Une barque sur l’océan, un concerto en sol capté sur le vif à Lugano avec Martha Argerich et Vedernikov, L’heure espagnole si poétique d’Armin Jordan.
La jeune écurie Warner est en bonne place, l’extraordinaire Valse de Beatrice Rana, le piano ravélien de Bertrand Chamayou, l’unique quatuor sous les archets des Ébène.
Et pour les nostalgiques, et les « historiens », quatre pleins CD de vieilles et glorieuses cires, excellemment rafraichies.
Decca avait publié en 2012 une autre intégrale Ravel en 14 CD
Nettement moins intéressante et moins complète, puisque pour les cantates du Prix de Rome Decca avait dû emprunter les enregistrements Plasson chez EMI/Warner ! Surtout moins intéressant du côté pianistique : je n’ai jamais eu une passion pour Pascal Rogé ni pour Jean-Yves Thibaudet, les stars de l’écurie Decca. Côté orchestre, ça se partage entre Ansermet et Dutoit, Genève et Montréal. Et Abbado. Mais pour écouter les deux chefs suisses, ou le si regretté Claudio, nul besoin d’acquérir tout ce coffret.
Alain Lompech (sur Facebook) : Beatrice Ranavient de publier un disque fabuleux… Perlemuterorichtérogilelsien… Elle sait tout de l’art du piano et de la musique… On s’incline… et on applaudit à tout rompre…
Jean-Charles Hoffelé (sur FB aussi, bientôt dans Classica) : Fabuleux et renversant.
Alain Lompech, encore : Elle est incroyable : la science de l’alchimie sonore et la perfection de l’analyse plus la domination totale du clavier – alla Richter ou dans un genre différent Lipatti -, plus le son rond, ample, profond qui fait entrer tout le piano en transe sonore… Ses Goldberg m’avaient bien sûr beaucoup plu, mais beaucoup moins que celles récentes de Gabriel Stern, je l’avais entendue en concert – malheureusement bridée par Krivine dans le 3ème de Prokofiev, entendue en récital… mais là d’un coup, elle ouvre grand ses ailes et, sans jamais faire l’intéressante, se hisse aux premiers rangs des pianistes de son temps…
J’ai téléchargé ce nouveau disque dès vendredi. Je serais bien incapable d’user de tous les qualificatifs que lui attribue Alain Lompech, je les partage complètement. Il faut aussi, et peut-être d’abord, ajouter que le programme de ce CD est d’une intelligence rare, et que c’est, à ma connaissance, la première fois que se côtoient Ravel et Stravinsky dans un disque de piano solo. Oui, tout ici est miraculeux. Finalement conforme à ce que j’ai aimé chez cette pianiste (tout juste 26 ans!) dès que je l’ai entendue en concert.
Le dimanche 26 janvier 2014, Beatrice Rana était la soliste d’un de ces concerts dominicaux qui font la joie d’un public familial à Paris. Fayçal Karoui dirigeait les Concerts Lamoureux et la jeune pianiste italienne jouait le 2ème concerto de Saint-Saëns. Subjugué, je fus immédiatement subjugué : la simplicité, l’absence de posture de la pianiste devant son clavier, une virtuosité et une maîtrise confondantes, sans esbroufe, le chic, l’allure qu’il faut dans cette oeuvre (qui commence comme Bach et finit comme Offenbach selon le bon mot de George Bernard Shaw).
« En seconde partie… le quintette pour piano et cordes de Schumann – on manque de superlatifs pour le qualifier ! et l’entrée en lice de Beatrice Rana, une musicienne de 22 ans dont j’ai déjà dit et écrit qu’elle a déjà tout ce qui fait d’elle une grande, une très grande artiste. Qui n’a besoin ni d’esbroufe ni de look savamment étudié pour imposer une présence. Au début du Schumann, on la trouvait presque effacée, trop discrète, face à ses compères du Modigliani, et puis on a vite compris que, mine de rien, c’est elle qui menait le train de ces quatre mouvements sublimes et suspendus de musique pure »
Il fallait absolument que j’invite Beatrice Rana au Festival Radio France à Montpellier. Elle y était déjà venue dans la série des jeunes solistes en 2012, mais cette fois je voulais qu’elle ouvre le festival dans la grande salle Berlioz du Corum. Le 11 juillet 2016. Et avec une première pour elle ! Rien moins que les Variations Goldbergde Bach. C’est à Montpellier qu’elle les donnerait pour la première fois en public, avant une tournée de récitals qui allait déboucher sur le premier disque de l’artiste italienne chez Warner.
Dans Le Monde du 12 juillet 2016, Marie-Aude Roux écrit : « Beatrice Rana n’a certes rien à prouver sur le plan technique. Mais sa maturité sereine et son sens architectonique impressionnent, qui font de cette œuvre monumentale – plus d’une heure et quart de musique – une véritable pierre de Rosette. Le thème initial de l’« Aria » semble en effet se poser comme une énigme. Elégance du phrasé, fluidité du jeu, sonorité d’une rondeur charnelle, Rana prendra le temps de dévoiler une à une les solutions proposées par chacune des variations ».
Entre-temps, elle avait publié son premier disque concertant, couplage à nouveau inédit, et toutes les qualités qu’on reconnaît à Beatrice Rana.
Merci, chère Beatrice, de démontrer que virtuosité, maîtrise époustouflante du clavier peuvent se marier à la musicalité la plus pure, et que vous n’avez besoin d’aucun artifice, de ne cultiver aucun look provocateur ou aguicheur, pour avoir le public à vos pieds. Restez ce que vous êtes, une très belle personne, une très grande artiste !