Sur le pont

Pour Alma

Vendredi dernier, j’étais au Théâtre des Champs-Elysées pour applaudir surtout Joyce DiDonato, comme je l’ai écrit pour Bachtrack (Joyce DiDonato rehausse le concert du National). J’avais tenté le titre : Joyce DiDonato sur le pont pour Alma Mahler, pour souligner le fait que la vraie réussite de ce concert était l’interprétation par la chanteuse américaine d’un bouquet de mélodies d’Alma Mahler, et accessoirement que le pont… de l’Alma est voisin de la salle de l’avenue Montaigne.

Dans mon article, je n’ai pas pu reproduire tous les extraits d’une lettre que cite Hélène Cao dans son texte de présentation. C’est le 19 décembre 1901, deux mois avant leur mariage, que Gustav Mahler envoie ceci à Alma : « Tu n’as désormais qu’une seule profession – me rendre heureux ! Je sais bien que tu dois être heureuse (grâce à moi !) pour me rendre heureux. Mais les rôles dans ce spectacle qui pourrait devenir une comédie aussi bien qu’une tragédie (ni l’un ni l’autre ne serait juste) doivent être bien distribués. Et celui du « compositeur », de celui qui « travaille », m’incombe. Le tien est celui du compagnon aimant, du camarade compréhensif » . Sacré macho le père Gustav ! On comprend mieux pourquoi le compositeur n’a pas fait grand chose pour soutenir et diffuser les oeuvres de sa jeune épouse. C’est en 2003 seulement que Jorma Panula orchestre les Lieder qu’on a entendus vendredi soir… et c’est du pur Mahler !

J’avais depuis longtemps un autre disque, que je n’avais écouté que distraitement… à tort !

Une musique à écouter assurément !

Hommage

Je viens d’apprendre le décès à 80 ans d’un personnage – André Piguet – que j’ai connu il y a une trentaine d’années comme un membre très actif des Amis de l’Orchestre de la Suisse romande, et retrouvé, toujours aussi pointu et amical, lorsque j’ai fait une brève mission auprès de l’OSR il y a neuf ans (lire Nouveaux publics).

Il était rugueux, détonnant dans le milieu genevois si policé, et passionné. Je découvre, à l’occasion de son décès, qu’il est l’auteur d’un ouvrage que je vais m’empresser d’acheter. La présentation qu’il en fait lui-même dit assez la force de son caractère. Hommage !

« Des milliers de concerts à son actif, un public fervent, une riche discographie, une large reconnaissance internationale, un partenariat organique avec le Grand Théâtre, des appuis convergents confirmés dans le temps : l’OSR peut paraître inébranlable. Pour beaucoup, il fait partie du paysage culturel, tout comme le Cervin est inscrit dans le ciel de Zermatt.Le mélomane ne saurait céder à l’endormissement, dans la confortable certitude de sa pérennité. La lucidité commande de le considérer comme un miracle permanent…« 

André Piguet et moi – et nous n’étions pas les seuls dans ce cas ! – partagions une passion jamais émoussée pour notre cher Armin Jordan

Dans mes prochaines brèves de blog humeurs et impressions après les récentes séquences politiques.

Des nouvelles de près, de loin

De Suisse

J’écris pour Bachtrack, je l’ai fait un temps pour Forumopera, mais je lis les autres sites surtout lorsque j’y découvre des pépites: il y a peu je suis allé sur ResMusica pour lire une critique d’un concert que j’avais moi-même chroniqué, et je suis tombé sur un puis des articles évoquant la vie musicale suisse, les compositeurs helvètes, signés Joseph Zemp. Comme j’ai un cousin – dans ma très nombreuse famille maternelle – qui porte le même patronyme que notre illustre ancêtre commun (Joseph Zemp) – j’ai interrogé la rédactrice en chef du site pour voir si ce rédacteur très cultivé pouvait être… ce cousin dont j’avais un peu perdu le contact, et j’ai reçu un long courriel de la part de ce cher cousin qui m’a confié être un collaborateur régulier de ResMusica depuis 2021 ! Joseph m’avait naguère orienté vers les livres de son ami Étienne Barilier (lire Musiques de l’exil), un écrivain que je connaissais de nom depuis mes années à la Radio Suisse romande, mais que je n’avais pas lu à ma grande honte. Je me suis rattrapé depuis… Je vais désormais suivre régulièrement la plume de Joseph Zemp sur ResMusica. Sa dernière chronique est consacrée à un compositeur bien oublié et pourtant bien singulier : Vladimir Vogel (1896-1984)

D’Italie

J’avais brièvement évoqué ici un artiste italien, dont on ne comprend pas pourquoi il est aussi peu connu en France – comme le relevait Jean-Charles Hoffelé sur son blog : Hors Chopin -, le pianiste Pietro de Maria (lire Frontières), qui a complété, il y a peu, une intégrale de l’oeuvre pour piano de Chopin, que je ne cesse d’admirer au fur et à mesure que je la réécoute, par les deux concertos.

De Finlande

J’ai très souvent évoqué ici la Finlande, ses compositeurs, ses interprètes, encore récemment à l’occasion de la parution du coffret Paavo Berglund (Fleurs de Paavo). Comme je le fais périodiquement, je me replonge dans tel ou tel « quartier » de ma discothèque. Sur Facebook une discussion s’engageait sur les qualités d’interprète de Sibelius d’un grand chef britannique – Alexander Gibson (1926-1995) – que j’eus le bonheur de connaître en 1992 lorsque je fis partie du jury du Concours de jeunes chefs d’orchestre de Besançon qu’il présidait.

Et sur un disque catalogue acheté jadis à Helsinki, je trouve une oeuvre que j’avais dû écouter distraitement et qui n’est pas de Sibelius, mais de Robert Kajanus (1856-1933) qui fut l’un des tout premiers chefs à diriger et promouvoir Sibelius. C’est un poème symphonique intitulé Aino composé en 1885, dont Sibelius s’est inspiré pour sa musique tirée du Kalevala, comme son vaste Kullervo qui date de 1892.