Que la montagne kirghize est belle !

On aurait pu choisir une plage déserte de la rive sud ou une station balnéaire animée de la rive nord de l’immense lac Ysyk Kul.

La rive nord du lac Ysyk Kul le jour et au couchant

Mais c’est bien la montagne qu’on a choisi d’explorer, à des altitudes raisonnables.

Les sources chaudes d’Altyn Arashan

La vallée d’Altyn Arashan se mérite, les sources chaudes à 2555 m aussi. On est prévenus, on doit affronter 2 heures de cahot non stop en 4×4 militaire (on se croirait dans un simulateur de vol avec turbulences maximales !). Mais ce qu’on découvre sur le parcours, le torrent furieux, les pics enneigés qui se découvrent, un bain chaud à 38 degrés, moins chargé minéralement que d’autres visitées. On rencontre une famille de Kirghizs qui passe l’été en altitude avec chevaux, âne et vaches, qui fabrique le pain et pêche la truite à côté. Les deux derniers garçons (2 ans et demi, un an et demi) ne sont pas les derniers à monter l’âne ou le cheval.

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Svetlaia Poliana

C’est le trek traître par excellence : on m’avait annoncé un parcours « doux ». En réalité comme les faux plats pour les cyclistes, le marcheur qui croit arpenter une belle montagne à vaches fait 7 km en montée continue pour un dénivelé de 700 mètres. C’est mon cardiologue qui va être content !

On croise des troupeaux de vaches à la robe bronze et or splendides, des chevaux d’une élégance admirable qui semblent avoir la montagne pour eux. Ils ne sont pas sauvages et redescendront à la fin de l’été. Parfois on croise de très jeunes cavaliers.

Comme à chaque expérience de ce type (l’an dernier au Lakakh) la meilleure photo, la meilleure vidéo du monde sont incapables de restituer l’impression d’immensité qui vous saisit.

On aperçoit au fond le lac Ysyk Kul

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L’aigle de Tamga

Ce matin on avait rendez-vous avec un aiglier – un terme appris à’l’occasion, comme un fauconnier s’occupe de faucons – un authentique Kirghiz, avec ses enfants, deux garçons, deux filles, à 2300 m d’altitude au-dessus de Tamga. Personnage immédiatement sympathique, prenant le temps d’expliquer qu’il est la quatrième génération de sa famille à s’occuper ainsi d’élever des aigles, qui vont rester de quinze à vingt ans auprès de leur maître (les femelles restant le plus longtemps) à être « éduqués » à chasser, puis sont libérés dans la nature à l’état sauvage. Une très belle tradition qu’on était heureux de vivre de près !

Assez inattendu dans ce cadre grandiose un monument à Gagarine le premier cosmonaute soviétique

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Femmes alibis ?

Je vais me faire agonir par les tenants de la bien-pensance avec un titre pareil !

Pourtant je maintiens que toutes ces « journées » qui encombrent nos calendriers et comblent le vide de la pensée et de l’action ne servent à rien.

Bien entendu, les inégalités entre hommes et femmes sont encore scandaleuses, mais quelles inégalités ? où ? dans quels contextes ? Bien entendu, les droits les plus élémentaires de l’être humain, des femmes en particulier, sont bafoués dans tant de régions du monde qu’il faut sans cesse se lever et dénoncer ces injustices. Mais une journée, ce 8 mars, vraiment qui peut encore croire que cela soit autre chose qu’un alibi ? une bonne conscience à peu de frais ?

En matière de musique, les inégalités – sur le strict plan arithmétique – sont criantes : les compositrices qui comptent, qui ont eu une postérité, se comptent sur les doigts d’une main par siècle. C’est nettement – et heureusement – moins vrai quant aux interprètes. Mais que faire d’autre qu’un constat ? Passons sur les théories fumeuses qui « expliquent » que la femme étant destinée à « créer » sa descendance, à engendrer ses petits, elle est nécessairement moins tournée vers la création intellectuelle et artistique. Le fait est que les compositrices sont infiniment plus rares que les compositeurs ! Je n’en déduis rien, et je prends ce qu’Elisabeth Jacquet de la Guerre, Louise Farrenc, Clara Schumann ou Betsy Jolas, Kaija Saariaho pour ce qu’elles sont, d’authentiques créateurs.

La question de la « féminisation » des chefs d’orchestre revient régulièrement sur le tapis. Et certain(e)s d’évoquer des quota, de dénoncer une sous-représentation des femmes chefs. Comme s’il suffisait de décréter pour qu’advienne une hypothétique égalité entre les sexes !

Le 11 mars 1983, Françoise Giroud disait dans Le Monde : « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. »

Débat sans fin. Peu importe le sexe pourvu qu’il y ait du talent, serais-je tenté de dire ! L’orchestre de la radio irlandaise ne s’y est pas trompé en nommant Nathalie Stutzmann à sa tête :

Simone Young, Marin Alsop, JoAnn Falletta, Alondra de la Parrapour ne citer qu’elles, sont des chefs (cheffes ?) reconnus sur la scène internationale. En France, Emmanuelle Haim, Laurence Equilbey, Sofi Jeannin n’ont plus rien à prouver, et le travail mené par Claire Gibault ou Zahia Ziouani est digne de tous les éloges.

https://www.youtube.com/watch?v=elteSsZG_tQ&spfreload=10

https://www.youtube.com/watch?v=mJWdDWTNXHk

Faut-il, comme certains le prônent, faire de la parité une obligation ? Sur le plan politique, on ne peut nier que la loi a été un puissant accélérateur, même si les plus récentes enquêtes témoignent de la réticence d’une majorité de femmes à s’engager (on peut les comprendre quand on voit le spectacle qu’offre l’actuelle campagne présidentielle…). Sur le plan artistique, la contrainte peut produire l’effet inverse de celui qu’on recherche.

Je me rappelle les concours de recrutement de musiciens de l’Orchestre philharmonique de Liège. Le pupitre de flûtes qui a longtemps été exclusivement masculin est, depuis une dizaine d’années, exclusivement féminin (parce que Lieve Goossens, Valerie Debaele, Liesbet Driegelinck et Miriam Arnold étaient les meilleures lorsqu’elles ont concouru), les premiers solistes des contrebasses ou des bassons sont des femmes, dans les pupitres de violons et altos, les musiciennes sont largement majoritaires.

Je n’ai pas attendu la journée du 8 mars pour faire miens, et depuis toujours, ces vers de Jean Ferrat

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume.
Face à notre génération,
Je déclare avec Aragon:
La femme est l’avenir de l’homme.

Entre l’ancien et le nouveau,
Votre lutte, à tous les niveaux,
De la nôtre est indivisible.
Dans les hommes qui font les lois,
Si les uns chantent par ma voix,
D’autres décrètent par la bible.

Le poète a toujours raison
Qui détruit l’ancienne oraison
L’image d’Ève et de la pomme.
Face aux vieilles malédictions,
Je déclare avec Aragon :
La femme est l’avenir de l’homme!

Pour accoucher sans la souffrance,
Pour le contrôle des naissances,
Il a fallu des millénaires.
Si nous sortons du Moyen âge,
Vos siècles d’infini servage
Pèsent encore lourd sur la terre.

Le poète a toujours raison
Qui annonce la floraison
D’autres amours en son royaume.
Remets à l’endroit la chanson
Et déclare avec Aragon:
La femme est l’avenir de l’homme !

Il faudra réapprendre à vivre,
Ensemble écrire un nouveau livre,
Redécouvrir tous les possibles.
Chaque chose enfin partagée,
Tout dans le couple va changer
D’une manière irréversible.

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume.
Face aux autres générations,
Je déclare avec Aragon:
La femme est l’avenir de l’homme

https://www.youtube.com/watch?v=VuLWhwzmgZo