Satie le Normand

Encore un centenaire à commémorer cette année, celui de la mort d’Erik Satie le 1er juillet 1925. Comme pour Fauré récemment (lire La naissance de Fauré), je préfère célébrer la naissance du compositeur le 17 mai 1866 à Honfleur, où je me trouvais encore le dimanche de Pâques (voir brèves de blog du 20.04.2025).

Suzanne Valadon, Portrait d’Erik Satie (1893)

Le moins qu’on puisse dire d’Erik Satie – et c’est une banalité de le faire – c’est qu’il cultivait à tous égards son originalité, d’abord dans sa musique. Bertrand Chamayou en parle d’excellence sur France Musique

J’aime beaucoup l’anthologie qu’a laissée Daniel Varsano (1953-1988)

En dehors du piano, qu’il faut explorer au-delà des pièces les plus célèbres, Satie lègue des oeuvres pour la voix et l’orchestre qui restent singulières dans le paysage musical de l’époque

Avouons qu’on n’attend pas Elly Ameling aussi parfaite dans cette valse chantée :

Merveilleux Manuel Rosenthal à la tête de l’Orchestre national dans la version de référence de Parade, le ballet composé sur un argument de Cocteau, avec des décors de Picasso, créé en 1917 au Châtelet

Sept ans plus tard, c’est Picabia qui recherche sciemment à provoquer le scandale avec son spectacle Relâche, sur une musique de Satie.

Michel Plasson a réalisé à Toulouse une superbe anthologie de l’oeuvre orchestrale de Satie

Pour resituer Erik Satie dans son temps, le coffret de 13 CD publié par Sony en 2014 est une aubaine (détails à voir ici)

Le plus savoureux reste ces Mémoires d’un amnésique :

Au jour le jour mes brèves de blog

Fazil et Satie

Un concert de et avec Fazil Say est toujours une aventure. On en a encore eu la preuve hier soir au Théâtre des Champs-Elysées dans la série des productions de l’infatigable Jeanine Roze .

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A Montpellier, en juillet dernier, le pianiste turc avait consacré, à ma demande, tout son récital à des sonates de Mozart (+ fantaisie KV 475). J’avais un peu insisté, parce qu’il craignait qu’un concert tout Mozart lasse le public… Comme s’il y avait un risque de lassitude ou d’ennui, lorsque Fazil se met au piano !

Le programme d’hier soir avait de quoi surprendre sur le papier : trois Nocturnes de Chopin mais de loin pas les plus joués, les trois derniers opus posthume, l’Appassionata – la 23ème sonate – de Beethovenet après l’entracte les six Gnossiennes de Satiesuivies de pièces de Fazil Say, celles qu’il joue fréquemment en bis Black Earth, Wintermorgen in Istanbul, et une oeuvre de plus grande envergure, une sorte de poème symphonique au piano, écrite à la suite des attentats meurtriers d’Ankara en octobre 2015 In memoriam 10.10.2015

En réalité, comme toujours chez Fazil Say, la construction de ses programmes n’a rien de fortuit. Satie après Chopin, c’est d’une logique évidente, Satie et ses harmonies orientales avant Fazil Say tout aussi évident. Beethoven ou le romantisme exacerbé, pour un pianiste qui n’a aucune limite technique, pour un musicien qui ose s’affranchir d’une certaine tradition, On peut ne pas aimer… ou rendre les armes face à un personnage aussi protéiforme, généreux, inventif.

Au milieu de bis plus virtuoses, jazzy, les uns que les autres, Fazil revient à Chopin. Et la salle archi-comble n’en finit pas de l’applaudir.

https://www.youtube.com/watch?v=U89oKFqb3Z4

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Je n’ai pas encore écouté cette nouveauté, mais je vais m’y mettre…

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Et puisque Satie était à l’honneur hier soir, j’en profite pour mentionner un coffret que je n’avais pas repéré à sa sortie au printemps 2016, que j’ai trouvé à prix réduit :

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Très jolie collection d’enregistrements historiques, avec entre autres le disque magnifique de Daniel Varsano