Mais la vraie question, qu’on me pose d’ailleurs fréquemment – à moi qui serais devenu (sourire) quelqu’un d’important dans la musique classique (re-sourire !) – est : comment suis-je venu à la musique ? comment et pourquoi ma mémoire a-t-elle emmagasiné autant de sons, autant de notes ?
Naissance à la musique
Dans un article consacré aux chefs d’orchestre (Pères et fils) mais que j’aurais pu étendre aux musiciens en général, je relevais une évidence : quand on naît dans une famille de musiciens, on a mécaniquement plus de chances de développer une appétence pour la musique. Dans la chanson, la musique classique, plus rarement à l’opéra, on connaît des générations de musiciens. Mais il y a quantité de contre-exemples, où le milieu social ou familial n’a eu aucune influence sur le développement du goût voire de la pratique de la musique. On se rappelle cette séquence de l’émission « La France a un incroyable talent » où un adolescent de 15 ans, hébergé dans un foyer, avait surpris et ému tout le jury en répondant d’abord que ses idoles étaient Liszt et Beethoven et en jouant le finale de la sonate « au clair de lune » de Beethoven : Rayane Hechmi.
Je ne sais pas si ce garçon qui s’est depuis inscrit au Conservatoire Paul Dukas à Paris fera ou non une carrière de pianiste concertiste. Mais pour lui et sans doute pour beaucoup de ceux qui l’ont regardé à la télévision ou écouté dans les gares où il jouait, la musique est devenue indispensable, vitale.
Education et intérêt pour la musique
Je suis en revanche beaucoup plus circonspect quant à la relation éducation à la musique => goût pour la musique. Je ne sais pas moi-même si mon goût puis ma passion pour la musique ont pour origine mes années au Conservatoire de Poitiers (solfège, piano, trois ans de violon, ensemble vocal), alors que mes deux soeurs, elles aussi inscrites dans le même établissement, ont choisi d’autres voies, même si elles sont comme on dit « sensibles » à la musique.
Parenthèse, j’ai été ému de retrouver dans les archives numérisées de l’INA les deux émissions de France Musique « Les jeunes Français sont musiciens » qui avaient été enregistrées fin mars et diffusées en avril 1973 à Poitiers. J’aimerais bien récupérer une copie…
Au fil des années et de mes responsabilités dans le domaine musical, je suis allé de surprise en déception en constatant chez nombre de professionnels, en particulier les musiciens d’orchestre, un manque de culture musicale, une absence d’intérêt pour la substance même de leur métier. Comment peut-on étudier dur pendant des années, passer des concours très difficiles pour accéder à des postes de titulaires, et rester indifférent, voire ignorant, aux répertoires joués, à la vie musicale, aux artistes invités ? Il y a heureusement beaucoup d’exceptions, mais c’est resté pour moi une énigme.
Je me rappelle aussi avoir dû, tout au long de ma vie professionnelle, rechercher, recruter des collaborateurs, pour travailler, qui dans une chaîne de radio musicale, qui dans un orchestre, qui dans un festival ou la direction de la Musique de la radio… Quand je posais comme pré-requis au moins une connaissance certaine de la musique classique, je voyais parfois/souvent poindre l’étonnement chez les DRH et lorsque nous en arrivions à l’entretien avec des candidats pré-sélectionnés d’après leur CV, nous n’étions pas toujours au bout de nos surprises… J’ai en revanche un souvenir encore très vivace de l’expérience que j’avais proposée à la direction de la chaîne culturelle de la Radio Suisse romande – Espace 2 – en 1991, pour faire face à la pénurie de producteurs/animateurs : un recrutement complètement ouvert ! En deux temps : après inscription, les candidats étaient soumis à une épreuve écrite destinée à cerner leurs connaissances musicales et leurs goûts. Des questions à choix multiples, presque conçus comme des jeux. Puis, à partir de ces réponses, des entretiens individuels. Il en résulta l’engagement de six producteurs. Quatre d’entre eux ont depuis lors été des voix reconnues et admirées de la radio suisse, jusqu’à leur retraite récente, comme l’ami Charles Sigel, l’une des meilleures plumes de Forumopera.
Encyclopédisme et gourmandise
J’ai longtemps fait un complexe – que certains appellent le syndrome de l’imposteur – du fait que, dans les fonctions qui m’ont été successivement confiées, je ne me sentais pas à ma place, parce que je n’avais pas le savoir musicologique, les diplômes, voire le « niveau » a priori requis pour la fonction, ou parce que je côtoyais des personnages infiniment plus cultivés et/ou expérimentés que moi. Je me rappellerai jusqu’à mon dernier souffle mon premier contact avec l’Orchestre de la Suisse romande, dont j’allais être le producteur à la Radio suisse romande, de 1986 à 1993. Totalement inconnu dans le milieu musical genevois, je succédais à quelqu’un qui était lui-même musicien, sorti d’un conservatoire romand, organisateur de concerts, etc. Je n’étais rien de tout cela (et c’est peut-être pour cela qu’on m’avait choisi comme « outsider »). Je jouai la franchise, en leur disant que j’allais apprendre à leurs côtés et que je m’efforcerais de les servir de mon mieux. J’ai la faiblesse de penser qu’ils n’ont pas gardé un trop mauvais souvenir de mon passage à la RSR…
J’ai beaucoup d’admiration pour les musicologues, les spécialistes qui savent faire partager non seulement leur science mais surtout leur passion, leur gourmandise. Ce sont en général d’excellents pédagogues, des « transmetteurs » recherchés (je me rappelle deux rencontres avec le célèbre musicologue américain H.C. Robbins Landon, dont les travaux sur Haydn et Mozart ont fait date. C’était l’incarnation de l’honnête homme du XVIIIe siècle, infatigable narrateur et pourvoyeur d’histoires, petites et grandes, et surtout bon vivant). J’ai plus de réticences – euphémisme – à l’égard de professeurs – je ne citerai pas de noms – qui sont de bien piètres communicants.
Aujourd’hui heureusement, on est sorti de ces vieux clivages. Nos Conservatoires produisent non seulement d’excellents musiciens, qui pourront être d’excellents enseignants, mais aussi de formidables médiateurs – puisque c’est le terme usité -, je les nommerais plutôt « passeurs ». Pendant quelques années, nous avions noué, avec le Festival Radio France et le Conservatoire supérieur de Lyon, des contrats permettant à quelques étudiants du CNSMDL de participer au festival notamment pour y animer des séances avec le public – présentation d’oeuvres, d’artistes, entretiens, etc. – J’allais moi-même à Lyon animer des échanges avec ces étudiants, pour les inciter à se former, se perfectionner à cet exercice indispensable. Ils sont plusieurs à avoir poursuivi dans cette voie avec succès, le plus connu d’entre eux étant Max Dozolme qui officie sur France Musique.
Enfin, pour grandir dans l’amour de la musique, il y a la critique, les critiques – cf. les articles que j’ai consacrés au sujet -, ceux qui, sans être nécessairement ni spécialistes ni musicologues, ont le don de donner envie, de donner à aimer.
Je l’ai cité une seule fois il y a longtemps (Les arbitres des élégances). J’ai repris ces jours derniers un ouvrage qu’on déguste comme un merveilleux livre de souvenirs : Jacques Lonchampt
Si je voulais résumer cette semaine en partie parisienne, je le ferais d’une formule : deux concerts, deux expositions, une déception.
Mercredi ce fut d’abord balade dans Paris sous le premier soleil de printemps. Un régal (voir l’album Paris 2 avril 2025). Et le soir au théâtre des Champs-Elysées un grand moment de musique avec deux frères hollandais repérés lors d’un 1er janvier à La Haye et invités à jouer à la Salle Philharmonique de Liège à l’automne 2009, Arthur et Lucas Jussen. Jeanine Roze leur avait fait faire leurs débuts parisiens en mars 2023, près de quinze ans après leur premier récital hors des Pays-Bas. Du piano 5 étoiles comme je l’ai écrit pour Bachtrack: Le sacre des frères Jussen au théâtre des Champs-Elysées
C’est le bis qu’ils ont joué après l’ovation monstre qui a salué leur Sacre du printemps.
Léger & Co.
L’après-midi même j’avais visité l’exposition qui vaut mieux que son titre jeu de mots, au musée du Luxembourg, rue de Vaugirard.
Je ne suis pas fou de ce genre d’expo-concept, mais je dois reconnaître que j’ignorais les fils qui reliaient Fernand Léger à certains de ses contemporains ou de ses successeurs (si tant est que le concept de successeur ait une quelconque validité s’agissant d’artistes peintres). Par exemple entre ce tableau de Fernand Léger et cette sculpture d’Yves Klein : le bleu sans doute !
En revanche, la déception est venue de l’expo Disco, organisée à grand renfort de communication – visites impossibles le week-end en raison de l’affluence ! – à la Philharmonie de Paris.
On a eu pitié du personnel de surveillance qui doit se taper une ambiance boîte de nuit autour d’une fausse piste de danse. Pour le reste, peu de documents vraiment informatifs ou exclusifs, des photos, des vidéos vues cent fois dans des documentaires ou sur les réseaux sociaux. Rien ou presque du règne du disco en France (une série de photos, cf. ci-dessus, prises au Palace). Quelques tenues de scène de Sheila, Dalida ou Patrick Juvet. Rien sur les boîtes de nuit à la mode à la fin des années 70/80 telles que je les ai connues (lire Mes années disco). On peut voir quelques photos sur mon album Expo Disco / Philharmonie.
Si la situation prêtait à sourire, je me suis demandé en voyant deux ou trois photos d’eux dans l’expo si le président américain – que je me refuse à citer – savait que ce sont deux Français Henri Belolo et Jacques Morali qui ont créé, en 1978, son groupe fétiche les Village People…
En sortant de la Philharmonie, le contraste avec cet enclos était saisissant.
Ce jeudi soir, j’étais de retour cette fois dans la salle de concert de la Cité de la Musique.
Je suis en train de terminer mon papier pour Bachtrack, mais puisque le concert a été filmé (et diffusé en direct par France Musique), je le livre ici sans commentaire. Mais je peux déjà dire que je ne suis pas sorti indemne de cette Voix humaine.
Suite d’un premier article sur le sort d’artistes, de personnalités disparus de nos radars : Que sont-ils/elles devenu(e)s ?
Depuis janvier, j’ai continué à répondre à cette question au gré de certaines rééditions. Comme pour Michel Béroff, ou l’un des disques du récent coffret Maazel. Parfois la réponse à la question consiste en une annonce mortuaire…
Lorsqu’était paru le beau coffret consacré par Deutsche Grammophon au violoncelliste français Pierre Fournier (1906-1986), j’avais brièvement cité le nom de son fils, qui fut aussi son accompagnateur dans plusieurs enregistrements, Jean Fonda, ou plus exactement Jean-Pierre Fournier de son vrai nom, disparu il y a peu à l’âge de 87 ans.
Je l’ai un peu connu – il m’invitait souvent à dîner – à la fin des années 80 à Genève où il résidait et où je travaillais. Etrangement, lorsque je le lançais sur son père et leur relation familiale et artistique, il ramenait la discussion à lui, à sa carrière, dont nous savions qu’elle n’avait alors pas grand chose à voir avec les formidables projets de tournées et de récitals dont il nous entretenait.
Voilà un chef d’orchestre que je n’ai connu que par le disque, mais grâce à lui j’ai découvert tant d’oeuvres, certes pas toutes géniales, mais qui méritent mieux que l’ignorance dans laquelle nous, Européens, les tenons. C’est le cas du grand compositeur mexicain Carlos Chavez, et plus généralement de la sphère hispanique. Mais on voit aussi des disques Beethoven, Rachmaninov, Sibelius… Et même quelques brèves vidéos sur YouTube où l’on constate qu’à la fin les relations entre le chef et son orchestre de Mexico n’étaient pas au beau fixe !
Elle a fêté ses 80 ans au début du mois, dans la plus grande discrétion. Personne ne savait ce que la violoncelliste Christine Walevska était devenue depuis les quelques disques – magnifiques – que Philips lui avait fait enregistrer dans les années 70. Jean-Charles Hoffelé signale un coffret apparemment tiré de la collection personnelle de la musicienne (La retrouvée). J’ai eu l’idée de rechercher dans ma discothèque ce que j’ai d’elle… et de regretter de ne pas avoir plus de témoignages d’un violoncelle somptueux.
Il manque les concertos de Dvorak et de Schumann, peut-être d’autres que j’ignore.
Et pour l’actualité chargée du jour : brevesdeblog
Un an et demi après un premier gros coffret (Les années Ormandy) dévolu aux années « stéréo » du couple Ormandy/Philadelphie, voici le suivant et dernier pour le legs Columbia (un autre suivra pour les publications sous étiquette RCA)
Je renvoie à mon premier article et à tout ce que je peux répéter sur ce grand chef (de petite taille !) Eugene Ormandy et l’Orchestre de Philadelphie dont il fut l’incarnation durant près d’un demi-siècle.
Je n’ai jamais compris l’espèce de condescendance avec laquelle une grande partie de la critique européenne regardait ce chef, qui n’aurait été préoccupé de que de beau son, de brillance orchestrale. Il est vrai que la remastérisation est spectaculaire et nous restitue le son de cet orchestre avec une définition, une précision, un espace qu’on ne connaissait pas.
Ce nouveau coffret (94 CD plus un livre cartonné trilingue) réunit les enregistrements stéréo pour Columbia des années 1964 à 1983 (en fait on parle des années de parution : de 1964 à 1968 avec un disque plus tardif en 1983 avec Yo Yo Ma) Un grand nombre d’entre eux apparaissent pour la première fois en CD, comme la Passion selon saint Jean de Bach, les Métamorphoses symphoniques de Hindemith, la Sixième symphonie de Schubert, le Concerto pour cordes de Ginastera ou la musique de ballet du « Cid » de Massenet et le Divertimento de Bartók. On retrouve bien sûr des enregistrements connus et légendaires comme les « Tableaux d’une exposition », les Première et Troisième symphonies de Rachmaninov, la Cinquième de Chostakovitch, la Dixième complétée de Mahler, ou la « Symphonie du Nouveau Monde » (exceptionnellement avec le London Symphony Orchestra), mais aussi les Quatrième et Cinquième symphonies de Bruckner. Et deux intégrales des symphonies de Beethoven et Brahms, injustement négligées par la critique, et qui méritent vraiment une écoute attentive.. et passionnante.
Isaac Stern, Rudolf Serkin, Eugene Istomin, Emil Gilels, Gary Graffman, Philippe Entremont, Leonard Rose et Yo Yo Ma sont les solistes qu’Ormandy entoure toujours du fameux Philadelphia Sound. A quoi s »ajoutent deux CD qui mettent en lumière les solistes de l’orchestre.
Alors Ormandy dans le répertoire classique ? Qu’on prenne au moins la peine d »‘écouter…
Cette 8e symphonie de Beethoven avec les Wiener Philharmoniker en 1963 :
Comme « accompagnateur » Eugene Ormandy savait, lui, comment ouvrir le 1er concerto de Chopin – quelle leçon cette longue introduction sur laquelle tant de chefs achoppent ! :
Alors, bien sûr, on aime aussi – et depuis longtemps – Ormandy et Philadelphie pour tous ces arrangements, ces pièces de genre, qu’ils jouent comme personne
Dans cet extrait trouvé sur YouTube, ne pas s’attacher à la restitution sonore – manifestement il s’agit ici d’un repiquage de 33 tours –
Les plus avisés relèveront que dans les équipes vocales qu’Ormandy invitait pour les oeuvres chorales, il y avait presque toujours la sublime Maureen Forrester (1930-2010). Clin d’oeil à Thomas Deschamps et aux amis de Classica qui nous offrent avec leur dernier numéro (lire La messe est dite) un formidable inédit :
DISC 1: Bach, J.S.: Oster-Oratorium, BWV 249 (Judith Raskin, Maureen Forrester, Richard Lewis, Herbert Beattle)
DISC 2: Prokofiev: Symphony No. 1 in D Major, Op. 25 « Classical » Prokofiev: Lieutenant Kijé Suite, Op. 60 Prokofiev: The Love for Three Oranges (suite), Op. 33bis
DISC 3: Strauss, R.: Also sprach Zarathustra, Op. 30
DISC 4: Offenbach: Gaîté Parisienne Bizet: L’Arlésienne Suite No. 1 Bizet: L’Arlésienne Suite No. 2
DISC 5: Hindemith: Mathis der Maler Symphony Hindemith: Symphonic Metamorphosis of Themes by Carl Maria von Weber
DISC 6: Tchaikovsky: The Nutcracker, Op. 71, TH 14 (Extracts) Tchaikovsky: Romeo and Juliet Overture-Fantasy, TH 42 (1880 Version)
DISC 7: Bartók: Concerto for Orchestra, Sz. 116
DISC 8: Mendelssohn: Symphony No. 4 in A Major, Op. 90 « Italian » Mendelssohn: A Midsummer Night’s Dream, incidental music, Op. 61
DISC 9: Ravel: Piano Concerto in G Major, M. 83 Falla: Noches en los Jardines de España, IMF 8 (Philippe Entremont)
DISC 10: Prokofiev: Violin Concerto No. 1 in D Major, Op. 19 Prokofiev: Violin Concerto No. 2 in G Minor, Op. 63 (Isaac Stern)
DISC 11: Traditional: O Tannenbaum Traditional: It Came Upon the Midnight Clear Simeone: Little Drummer Boy Niles: I Wonder as I Wander Handel: Messiah, HWV 56: For unto us a Child is bor Traditional: Here We Go A-Caroling Traditional: Good King Wenceslas Traditional: Away in a Manger Traditional: Jingle Bells Traditional: We Three Kings of Orient Are Handel: Messiah, HWV 56: Hallelujah Chorus Traditional: We Wish You a Merry Christmas Pergolesi: Glory to God in the Highest Franck: Psalm 150 in D Major, FWV 69 Robertson: How Beautiful Upon the Mountain Schubert: Psalm 23, D. 706 Beethoven: Christus am Ölberge, Op. 85: Hallelujah (Mormón Tabernacle Choir)
DISC 12/13: Verdi: Messa da Requiem (Lucine Amara, Maureen Forrester, Richard Tucker, George London)
DISC 14: Strauss, R.: Der Rosenkavalier Suite, TrV 227d Strauss, R.: Till Eulenspiegels lustige Streiche, Op. 28 Strauss, R.: Salome, Op. 54, TrV 215: Dance of the Seven Veils
DISC 15: Mendelssohn: Concerto for 2 Pianos in E Major, MWV O 5 Mendelssohn: Concerto for 2 Pianos in A-Flat Major, MWV O 6 (Arthur Gold, Robert Fizdale)
DISC 16: Copland: Fanfare for the Common Man Copland: Lincoln Portrait Ives: 3 Places in New England (Orchestral Set No. 1) Ives: Symphony No. 1 in D Minor
DISC 17: Schumann: Piano Concerto in A Minor, Op. 54 Schumann: Introduction & Allegro appassionato, Op. 92 « Konzertstück » (Rudolf Serkin)
DISC 18: Ravel: Rapsodie espagnole, M. 54 Debussy (orch. Ravel): Danse, L. 69 « Tarantelle styrienne » Debussy: Nocturnes, L. 91 Debussy (arr. William Smith): Rêverie, L. 68 Debussy (orch. Smith): 2 Arabesques, L. 66: 1. Andantino con moto Debussy (orch. Smith): Préludes, Livre 1, L. 117: 8. La fille aux cheveux de lin Debussy (orch. Büsser): Petite Suite, L. 65: 1. En bateau
DISC 19: Wagner: Tannhäuser, WWV 70, Act II: Festmarsch Wagner: Lohengrin, WWV 75: Prelude to Act III Wagner: Die Walküre, WWV 86b, Act III: Magic Fire Music Wagner: Die Walküre, WWV 86b Act III: The Ride of the Valkyries Wagner: Tannhäuser, WWV 70: Overture Wagner: Tristan und Isolde, WWV 90: Prelude & Liebestod Wagner: Die Meistersinger von Nürnberg, WWV 96, Act I: Prelude
DISC 20: Chopin: Piano Concerto No. 1 in E Minor, Op. 11 (Emil Gilels)
DISC 21: Dvorák: Cello Concerto in B Minor, Op. 104, B. 191 Tchaikovsky: Variations on a Rococo Theme, Op. 33 (Leonard Rose)
DISC 22: Brahms: Concerto No. 2 for Piano and Orchestra in B-Flat Major, Op. 83 (Eugene Istomin)
DISC 23: Brahms: Double Concerto for Violin and Cello in A Minor, Op. 102 (Isaac Stern, Leonard Rose) Beethoven: Triple Concerto for Violin, Cello & Piano in C Major, Op. 56 (Eugene Istomin, Isaac Stern, Leonard Rose)
DISC 24: Mozart: Symphony No. 30 in D Major, K. 202 Mozart: Symphony No. 31 in D Major, K. 297 « Paris »
DISC 25: Beethoven: Piano Concerto No. 4 in G Major, Op. 58 Beethoven: Piano Concerto No. 1 in C Major, Op. 15 (Rudolf Serkin)
DISC 26: Stravinsky: Petroushka
Kodály: Háry János Suite
Stravinsky: The Firebird Suite (1919 Version)
DISC 27: Foster (arr. Harris): Camptown Races Traditional (arr. Harris): When Johnny Comes Marching Home Traditional (arr. Harris): Sailor’s Hornpipe Paderewski (arr. Harris): Minuet in G Major Op. 14, No. 1 Rameau (arr. Harris): The Hen Benjamin (arr. Harris): Jamaican Rumba Debussy: General Lavine Harris: March of the Mandarins Traditional (arr. Harris): Londonderry Air Rimsky-Korsakov: The Flight of the Bumblebee Grieg (arr. Harris): March of the Dwarfs (Arranged by Arthur Harris) Rimsky-Korsakov: Procession of the Nobles from « Mlada » Suite Halvorsen: March of the Boyars Chabrier: Joyeuse Marche for Orchestra Saint-Saëns: Suite algérienne, Op. 60: IV. Marche militaire française Mendelssohn: War March of the Priests from « Athalie, Op. 74 » Rimsky-Korsakov: Farewell of the Tsar from « Tsar Saltan Suite, Op. 57 » Ippolitov-Ivanov: Caucasian Sketches Suite, Op. 10: Procession of the Sardar
DISC 28: Guthrie (arr. Cormier): This Land is Your Land arr. Hunter: Down in the Valley arr. De Cormier: She’ll be coming round the mountain Foster (arr. Robertson): Beautiful Dreamer arr. De Cormier: Sweet Betsy from Pike Gould: Spirituals for Orchestra: Gospel Train – Old Time Religion arr. De Cormier: When I First Came to This Land arr. De Cormier: Shenandoah (or, Across the Wide Missouri) arr. De Cormier: Home on The Range arr. De Cormier: He’s Got the Whole World in His Hands arr. Harris: I Wonder as I Wander Foster (arr. Shaw): Oh, Susanna Traditional: Deep River
DISC 29: Tchaikovsky: Piano Concerto No. 2 in G Major, Op. 44 Tchaikovsky: Piano Concerto No. 3 in E-Flat Major, Op. 75 (Gary Graffman)
DISC 30: Tchaikovsky: Symphony No 4 in F Minor, Op. 36 Tchaikovsky (arr. Harris): None but the Lonely Heart, Op. 6, No. 6 Tchaikovsky (arr. Gould): The Seasons, Op. 37a: No. 6, June. Barcarolle
DISC 31: Saint-Saens: Piano Concerto No. 2 in G Minor, Op. 22 Saint-Saens: Piano Concerto No. 4 in C Minor, Op. 44 (Philippe Entremont)
DISC 32: Berlioz: Grande messe des morts, H 75 (Cesare Valletti)
DISC 33: Mozart: Concerto No. 1 in D Major for Horn and Orchestra, K. 412 Mozart: Concerto No. 2 in E-Flat Major for Horn and Orchestra, K. 417 Mozart: Concerto No. 3 in E-Flat Major for Horn and Orchestra, K. 447 Mozart: Concerto No. 4 in E-Flat Major for Horn and Orchestra, K. 495 (Mason Jones)
DISC 35: Sarasate: Introduction and Tarantelle for Violin and Orchestra, Op. 43 Cooley: Aria and Dance for Viola and Orchestra Fauré: Élégie for Cello and Orchestra, Op. 24 Vanhal: Concerto in E Major for Bass and Orchestra Riisager: Concertino for Trumpet and Orchestra, Op. 29 Saint-Saëns: Morceau de concert, Op. 94 Guilmant: Morceau Symphonique for Trombone and Orchestra, Op. 88
DISC 36: Mahler: Symphony No. 10 in F-Sharp Minor (1976 Version)
DISC 37: Haydn: Symphony No. 96 in D Major, Hob. I:96, « Miracle » Haydn: Symphony No. 101 in D Major, Hob. I:101 « Clock »
DISC 38: Rodrigo: Concierto de Aranjuez Castelnuovo-Tedesco: Concerto in D Major for Guitar and Orchestra, Op. 99 (John Williams)
DISC 39: Beethoven: Piano Concerto No. 2 in B-Flat Major, Op. 19 Mozart: Piano Concerto No. 27 in B-Flat Major, K. 595 (Rudolf Serkin)
DISC 40: Beethoven: Christus am Ölberge, Op. 85 (Christ on the Mount of Olives) (Judith Raskin, Richard Lewis, Herbert Beattle) Bruckner: Te Deum (Maria Stader, Helen Vanni, Stanley Kolk, Donald Gramm)
DISC 41: Rossini (arr. Respighi): La boutique fantasque: 2. Tarentella « La Danza » Rossini (arr. Respighi): La boutique fantasque: 4. Danse Cosaque. Allegretto marcato Rossini (arr. Respighi): La boutique fantasque: 5. Can-Can. Allegretto grottesco « Petite Caprice Style Offenbach » Ponchielli: La gioconda, Op. 9, Act III: Dance of the Hours Brahms: Hungarian Dance No. 5 in F-Sharp Minor Falla: El amor brujo: 8. Ritual Fire Dance Smetana: The Bartered Bride: Dance of the Comedians Rossini: Dance for Six from William Tell Weinberger: Polka from « Schwanda » Tchaikovsky: Eugene Onegin, Op. 24, TH 5: Polonaise Brahms: Hungarian Dance No. 6 in D Flat Major3:22
DISC 42: Dvorák: Violin Concerto in A Minor, Op. 53 Dvorák: Romance in F Minor, Op. 11, B. 39 Sibelius: Violin Concerto in D Minor, Op. 47 (Isaac Stern)
DISC 43: Beethoven: Symphony No. 1 in C Major, Op. 21 Beethoven: Symphony No. 2 in D Major, Op. 36
DISC 50: Tchaikovsky: Italian Capriccio, Op. 45, TH 47 Tchaikovsky: Eugene Onegin, Op. 24, TH 5: Waltz Rimsky-Korsakov: Capriccio espagnol, Op. 34 Rimsky-Korsakov: Le Coq d’or – IV. Bridal Procession and Lamentable Death of Tsar Dodon
DISC 51: Mahler: Das Lied von der Erde (Lili Chookasian, Richard Lewis)
DISC 52: Nielsen: Symphony No. 1 in G Minor, Op. 7 Nielsen: Helios Overture, Op. 17 Nielsen: Pan and Syrinx, Op. 49 Nielsen: Rhapsodisk ouverture, CNW 39 « An Imaginary Journey to the Faroe Islands »
DISC 53: Marcello: Concerto in C Minor for Oboe and Orchestra Weber: Hungarian Fantasy for Bassoon and Orchestra Debussy: Danse sacrée et danse profane, L. 103 Creston: Concertino for Marimba and Orchestra, Op. 21 Bloch: Suite Modale for Flute and Orchestra Debussy: Rhapsody No. 1 for Clarinet and Orchestra, L.116 Liszt: Fantasie über ungarische Volksmelodien, S. 123
DISC 54: Rachmaninoff: Symphony No. 1 in D Minor, Op. 13
DISC 55: Lalo: Symphonie espagnole, Op. 21 Bruch: Violin Concerto No. 1 in G Minor, Op. 26 (Isaac Stern)
DISC 56: Gershwin: Piano Concerto in F Major Gershwin: Rhapsody in Blue (Philippe Entremont)
DISC 57: Orff: Catulli Carmina (Judith Blegen, Richard Kness) Mussorgsky (orch. Ravel): Pictures at an Exhibition, IMM 50
DISC 58: Kodály: Concerto for Orchestra Kodály: Dances of Galanta Kodály: Dances of Marosszék
DISC 59: Berg: Lulu Suite Schoenberg: Theme and Variations, Op. 43B Webern: Im Sommerwind Webern: Three Pieces for Orchestra, Posth.
DISC 61: Bizet: Les Voici from « Carmen » Mascagni: The Lord Now Victorious from « Cavalleria Rusticana » Gounod: Soldiers’ Chorus from « Faust » Wagner: Hail, Bright Abode from « Tannhäuser » Puccini: Humming Chorus from « Madama Butterfly » Verdi: Il Trovatore, Act II: Anvil Chorus Wagner: Pilgrims’ Chorus from « Tannhäuser » Leoncavallo: Bell Chorus from « I Pagliacci » Wagner: Bridal Chorus from « Lohengrin » Weber: Huntsmen’s Chorus from « Der Freischütz » Verdi: Grand March from « Aida »
DISC 62: Rachmaninoff: Symphony No. 3 in A Minor, Op. 44 Rachmaninoff: Vocalise, Op. 34, No. 14
DISC 63: Dinicu (arr. Heifetz): Hora Staccato Dvorák: Humoresque Rimsky-Korsakov: The Flight of the Bumblebee Tchaikovsky (arr. Frost): String Quartet No. 1 in D Major, Op. 11: II. Andante cantabile Strauss, Johann II and Josef: Pizzicato-Polka Bach, J.S. (arr. Kresiler/Smith): Preludium in E Major Paganini (orch. Ormandy): Moto Perpetuo Granados (arr. Harris): Andaluza, Op. 37, No. 5 Schubert, François (arr. Harris): The Bee Brahms: Hungarian Dance No. 5 Novacek: Perpetual Motion Kreisler (arr. Leidzen): Liebesfreud (Love’s Joy)
DISC 64: Beethoven: Piano Concerto No. 4 in G Major, Op. 58 (Eugene Istomin)
DISC 65: Respighi: Vetrate di chiesa Respighi: Gli uccelli
DISC 66: Gershwin: An American in Paris Gershwin: Porgy and Bess: A Symphonic Picture (Arr. for Orchestra by Robert Russel Bennett) Grofé: Grand Canyon Suite
DISC 67: Schubert: Symphony No. 9 in C Major, D. 944 « The Great »
DISC 68: Handel: Awake the Trumpet’s Lofty Sound from Samson Handel: Judas Maccabaeus, HWV 63: See, the Conqu’ring Hero Comes! Handel: Sing Unto God from Judas Maccabaeus Handel: Messiah, HWV 56 Handel: Let Their Celestial Concerts All Unite from Samson Handel: Welcome, Welcome Mighty King from Saul Handel: David, His Ten Thousands Slew from Saul Handel: Zadok the Priest – Coronation Anthem Handel: Hallelujah Chorus from Messiah, HWV 56 Handel: Holy Art Thou (Largo from « Xerxes ») Handel: How Excellent Thy Name from « Saul » Handel: Hallelujah, Amen from Judas Maccabaeus Handel: But as for his people from Israel in Egypt Handel: Sing Ye to the Lord from Isreal in Egypt
DISC 69: Shostakovich: Symphony No. 5 in D Minor, Op. 47
DISC 70: Bach, J.S.: Jesu, Joy Of Man’s Desiring (From « Herz und Mund und Tat und Leben, BWV 147 » Bach, J.S.: « What Tho’ the World Be Full of Sin » from Cantata No. 80 Bach, J.S.: A Mighty Fortress is Our God from Cantata No. 80, BWV 80 Bach, J.S.: « Ah, Dearest Jesus » from « The Christmas Oratorio », BWV 245 Bach, J.S.: « Sleepers Awake » from Cantata No. 140 Bach, J.S.: « Zion Hears the Watchmen’s Voices » from Cantata No. 140 Bach, J.S.: « My Soul Doth Magnify the Lord » from Magnificat, BWV 243 Bach, J.S. (arr. Walton/Katherine Davis): Sheep May Safely Graze (From « The Birthday Cantata, BWV 208) Bach, J.S. (arr. Gounod): Father in Heaven (Ave Maria) Bach, J.S.: « Now Keep We All This Holy Feast » from Cantata No. 4 Bach, J.S.: « Come, Sweet Death », BWV 478 Bach, J.S.: « Now Thank We All Our God » from Cantata No. 79 Bach, J.S.: In Deepest Grief – From the « St. Matthew Passion »
Ravel: Boléro, M. 81 Massenet: Le Cid (Ballet Suite) Falla: El Sombrero de Tres Picos, Parte II
DISC 74: Bach, J.S. (arr. Ormandy): Toccata and Fugue in D Minor, BWV 565 Bach, J.S. (arr. Smith): Cantata No. 156, BWV 156 – Sinfonia « Arioso » Bach, J.S. (arr. Frost): Notebook for Anna Magdalena Bach: Little Suite Bach, J.S. (arr. Harris): A Mighty Fortress is Our God Bach, J.S. (arr. Cailliet): Cantata Herz und Mund und Tat und Leben, BWV 147: Jesu, Joy of Man’s Desiring Bach, J.S. (arr. Smith): Fugue in G Minor « The Little » Bach, J.S. (arr. Busoni): Fugue in G Minor, BWV 542 « Great » Bach, J.S. (arr. Walton): Sheep May Safely Graze (from Cantata No. 208) Bach, J.S. (arr. Taynton): Come, Sweet Death Bach, J.S. (arr. Bantok): Wachet auf, ruft uns die Stimme, BWV 140 « Sleepers Awake »: I. Wachet auf, ruft uns die Stimme
DISC 75: Beethoven: Missa Solemnis in D Major, Op. 123 (Martina Arroyo, Maureen Forrester, Richard Lewis, Cesare Siepi)
DISC 76: Lalo: Concerto for Cello and Orchestra in D Minor Saint-Saens: Cello Concerto No. 1 in A Minor, Op. 33 Fauré: Élégie for Cello and Orchestra in C Minor, Op. 24. (Leonard Rose)
DISC 77: Berlioz: Harold in Italy, H. 68. (Joseph de Pasquale)
DISC 78: Shostakovich: Symphony No. 10 in E Minor, Op. 93
DISC 79: Rossini (arr. Respighi): La boutique fantasque Adam: Giselle Ballet Suite (Excerpts) Meyerbeer: Les patineurs Ballet Suite Waldteufel: Estudiantina Waltz, Op. 191 Waldteufel: Les patineurs, Op.183 Goundod: Faust: Waltz Ivanovici: Danube Waves
DISC 80: Boccherini: String Quintet in E Major, Op. 13, No. 5. Minuet Beethoven (arr. Smith): Bagatelle in A Minor, WoO 59 « Für Elise » Handel: Largo from Xerxes Mozart: Don Giovanni, KV527 – Minuet Handel (arr. Harty): Water Music Suite Clarke: Trumpet Voluntary Beethoven (arr. Burmester): 6 Minuets, WoO 10: No. 2 in G Major Hofstetter (attr. Haydn): String Quartet no. 5 in F Major, Op. 3 « Serenade » Gluck (arr. Frost): Iphigénie en Aulide, Wq. 40: Gavotte Gluck: Armide, Wq. 45: Musette Gluck: Orpheo ed Euridice, Wq. 30, Act II: Dance of the Blessed Spirits Fauré: Pavane in F-Sharp Minor, Op. 50 Menotti: Sebastian Suite: II Barcarolle Brahms (arr. Jacques): 11 Chorale Preludes, Op. 122, No. 8: Es ist ein Ros’ entsprungen Humperdinck: Hänsel und Gretel: Abends, will ich schlafen gehn Schumann (arr. T. Frost): Kinderszenen, Op. 15: No. 7, Träumerei Saint-Saens: Carnival of Animals: The Swan Massenet (arr. Frost): Élégie
DISC 81/82: Bach, J.S.: Johannespassion, BWV 245. (Judith Raskin, Maureen Forrester, Richard Lewis, George Shirley, Norman Treigle, Thomas Paul)
DISC 83: Respighi: Fountains of Rome Respighi: The Pines of Rome
DISC 84: Elgar: Enigma Variations (Variations on an Original Theme), Op. 36 Vaughan-Williams: Fantasia on a Theme by Thomas Tallis – Largo sostenuto Elgar: Cockaigne Overture (In London Town), Op. 40
DISC 85: Gounod: Faust, Act V, Ballet Music Thomas: Mignon: Gavotte Offenbach: Les contes d’Hoffmann. Prelude to Act II: Minuet Wolf-Ferrari: I gioielli della Madonna: Intermezzo from Act III Verdi: Aïda, Act II, Gran marcia trionfale Verdi: La Traviata: Overture Mascagni: Cavalleria Rusticana: Intermezzo Berlioz: Les troyens, H. 133: Marche troyenne Rossini: Guillaume Tell: Overture Jaernfelt: Praeludium für kleines Orchester Liszt: Grand galop chromatique Pierné: Cydalise et le chèvre-pied. Act I, Marche des petits faunes Mendelssohn: Midsummer Night’s Dream, op. 61 – Intermezzo
DISC 86: Brahms: Symphony No. 1 in C Minor, Op. 68
DISC 87: Brahms: Symphony No. 2 in D Major, Op. 73 Brahms: Symphony No. 3 in F Major, Op. 90
DISC 88: Brahms: Symphony No. 4 in E Minor, Op. 98 Brahms: Academic Festival Overture, Op. 80
DISC 89: Schubert: Symphony No. 4 in C Minor, D. 417 « Tragic » Schubert: Symphony No. 6 in C Major, D. 589 « Little » Brahms: Variations on a Theme by Haydn, Op. 56a
DISC 90: Bruckner: Symphony No. 4 in E-Flat Major, WAB 104 « Romantic » (1886 Version, ed. L. Nowak)
DISC 91: Bartók: Divertimento for String Orchestra Ginastera: Concerto per Corde
DISC 92: Strauss, R.: Der Bürger als Edelmann Suite, Op. 60 Strauss, R.: Horn Concerto No. 1 in E-Flat Major, Op. 11. (Mason Jones)
DISC 93: Shostakovich: Cello Concerto No. 1 in E-Flat Major, Op. 107 Kabalevsky: Cello Concerto No. 1 in G Minor, Op. 49. (Yo Yo Ma)
DISC 94: Dvorák: Symphony No. 9 in E Minor, Op. 95 « From the New World » (London Symphony Orchestra)
Et toujours le petit frère de ce blog : brevesdeblog
Hier c’est le rédacteur en chef de Diapason qui signait ces lignes :
« La nouvelle est tombée comme un couperet : le numéro de mars de Classica, a-t-on appris de plusieurs sources internes, devrait être le dernier, comme cela a été annoncé hier par leur direction aux salariés du titre, qui devraient donc être licenciés. Classica est publié depuis 2019 par les éditions Premières Loges, filiale du groupe Humensis spécialisé dans l’édition de livres (en particulier de manuels scolaires et universitaires). En difficultés, Humensis a été cédé il y a peu à Albin Michel, qui n’a pas souhaité poursuivre l’activité presse musicale. Outre Classica, le magazine Pianiste devrait lui aussi cesser de paraître, tout comme la revue L’Avant-scène opéra, joyau chéri par tous les lyricomanes – ces deux titres dépendant eux aussi des éditions Premières Loges. »
Depuis cette annonce, les témoignages de soutien et d’amitié fleurissent (Forumopera)
Je relève celui-ci, de Tristan Labouret, le jeune rédacteur en chef de l’édition française de Bachtrack : « Terrible nouvelle, terrible perte que ce magazine, pour lequel j’avais eu l’honneur d’écrire auprès de Philippe Venturini qui était un modèle de rédacteur en chef, et que je continuais à lire consciencieusement tous les mois. La disparition de Pianiste et de L’Avant-Scène Opéra est tout autant un drame, ces deux magazines étant des références inestimables dans leurs domaines. Tout le monde est concerné, tout le monde y perd aujourd’hui, journalistes, critiques, lecteurs, artistes, musicologues, organisateurs de concerts et j’en passe. En pensée avec toutes les équipes, les salariés et les pigistes, qui ont contribué à faire de ces magazines des oasis salutaires dans un milieu de la musique classique décidément de plus en plus aride. »
La rumeur courait depuis plusieurs mois à propos de Classica, mais on avait naguère entendu les mêmes à propos du concurrent (et ami) Diapason, lorsque le magazine avait changé de propriétaire. Quant à l’Avant-scène opéra, je me rappelle l’insistance que mettait son fondateur, Michel Pazdro, à nouer un partenariat avec France Musique il y a trente ans, parce que, me disait-il, déjà à l’époque le modèle économique d’une revue aussi spécialisée était d’une extrême fragilité.
Tout le monde y va de son analyse sur les causes d’une telle situation.
Je ne prétends pas ajouter la mienne, ni reprendre l’antienne du « c’était mieux avant ». Les regrets n’ont jamais servi à rien, encore moins à résoudre une difficulté.
Mais les constats sont là : pour des magazines spécialisés dans le disque classique, c’est la matière première qui, depuis une vingtaine d’années, vient à manquer. Les « majors » (Deutsche Grammophon, Decca, Warner, Sony) ont considérablement ralenti l’allure, les « nouveautés » se comptent sur les doigts des deux mains en année pleine. Ces nouveautés que les discophiles comme moi attendaient impatiemment de voir chroniquées dans leurs magazines favoris avant de se décider à acheter ou non, comparées avec les « références » précédentes.
Ces critiques étaient d’autant plus attendues, et lues, que c’était (en dehors des émissions de radio d’écoute comparée) souvent le seul moyen pour le modeste lecteur/discophile de se faire une opinion. Aujourd’hui, même pour celui qui persiste à acheter un support physique – CD, DVD ou vinyle – tous les moyens existent d’écouter, de comparer sur internet.
Face à cette paupérisation de la matière discographique, les grands magazines spécialisés (cela vaut aussi pour les très britanniques Gramophone ou BBC Music Magazine) se sont efforcés de diversifier leurs contenus, de créer de nouvelles rubriques, de capter peut-être ainsi de nouveaux lecteurs.
La vraie question – et je l’ai souvent développée ici (Le grand public)- est celle du public auquel s’adressent ces magazines spécialisés, comme d’ailleurs les sites en ligne.
Reste à souhaiter à celles et ceux qui se sont vu brutalement notifier la fin de l’aventure que d’autres supports, d’autres moyens d’expression leur soient offerts.
J’y suis retourné mardi dernier pour un programme qui réunissait les deux Maîtrises de Notre Dame et de Radio France, avec leurs deux chefs respectifs, Henri Chalet et Sofi Jeannin : Deux Maîtrises pour Notre Dame.
Frustration de n’avoir entendu que la si brève Chanson à bouche fermée de Jehan Alain (1911-1940)
Je reconnais que je connais mal le frère aîné de Marie-Claire Alain. Il va falloir que je comble mes lacunes.
Bonheur d’entendre Frank Martin (1890-1974) et sa Messe pour double choeur a cappella, qui convient idéalement à l’acoustique de Notre Dame.
Plus grand monde ne sait qui est le compositeur suisse Frank Martin (lire Les sept instruments), on joue encore parfois ses deux pièces concertantes (la Petite symphonie concertante et le Concerto pour 7 instruments à vent et timbales). Alors que c’est l’une des personnalités les plus originales du XXe siècle. A recommander (et écouter) sans limite !
Les bras m’en tombent Je te cite : « Mais les constats sont là : pour des magazines spécialisés dans le disque classique, c’est la matière première qui, depuis une vingtaine d’années, vient à manquer. Les « majors » (Deutsche Grammophon, Decca, Warner, Sony) ont considérablement ralenti l’allure, les « nouveautés » se comptent sur les doigts des deux mains en année pleine. Ces nouveautés que les discophiles comme moi attendaient impatiemment de voir chroniquées dans leurs magazines favoris avant de se décider à acheter ou non, comparées avec les « références » précédentes. » Il t’a echappé a l’évidence que depuis 40 ans la créativité discographique se passe chez les indépendants. Rester scotché sur une époque révolue, c’est une bonne partie du problème.
Yves Riesel ne fais pas semblant de ne pas m’avoir bien lu ! Evidemment que je sais et que je me réjouis de l’essor des éditeurs indépendants et des merveilles qu’ils publient ! Je voulais simplement relever que les « majors » ont cessé d’être des soutiens de la presse musicale (je me rappelle avoir entendu il y a longtemps de la part de la directrice marketing d’un célèbre magazine que l’attribution des récompenses dépendait du montant des pubs achetées par les éditeurs de disques et c’était avoué sans complexe !). Tu sais aussi bien que moi qu’aujourd’hui ce sont les artistes eux-mêmes qui financent leurs disques, que les éditeurs, petits ou grands, font le service minimum en terme de promotion. Ces magazines étaient prescripteurs pour les apprentis discophiles que nous étions. Aujourd’hui 80 % des disques chroniques relèvent d’un répertoire de niche, qui intéresse évidemment les mélomanes curieux, mais qui n’attire pas un large lectorat.
Retour sur ce jeudi 23 janvier (lire brevesdeblog)
Le JFK français
J’ai quelquefois brièvement approché et salué Jean-François Kahn, disparu hier. La dernière fois c’était pour célébrer les 25 ans de l’émission de Benoît Duteurtre Etonnez-moi Benoîtà Radio France. Je l’avais trouvé physiquement fatigué, mais dès qu’un micro s’ouvrait, le visage, la parole s’animaient comme je les avais toujours connues.
Dans tous les articles qu’on lui a consacrés, on évoque sa passion pour la chanson française, mais JFK avait une connaissance encyclopédique de la musique, et pas seulement de la chanson.
On veut imaginer que ces deux-là qui s’aimaient se retrouvent maintenant là où ils sont pour poursuivre une complicité que la mort ne peut éteindre.
L’un des très beaux hommages rendus à notre JFK français, est de la plume de l’ami Joseph Macé-Scaron
« Généreux dans tous les domaines, il ne se contentait pas de prodiguer des conseils. D’ailleurs, l’âge venant, il aimait répéter la phrase de Vauvenargues : «Les conseils de la vieillesse éclairent sans réchauffer comme le soleil d’hiver». Il aura influencé tant de journalistes qu’il est impossible de tous les citer (Franz-Olivier Giesbert, Éric Zemmour, Laurent Joffrin, Elisabeth Lévy, Natacha Polony…). Avec bon nombre d’entre eux, il se sera fâché, puis réconcilié, avant de s’engueuler à nouveau. Encore et toujours frotter sa cervelle à celle des autres, sa passion constante«
J’ai beaucoup lu les essais de Jean-François Kahn, j’ai lu et me suis même abonné à L’événement du jeudi, puis à Marianne, lorsqu’il en était le directeur. Le premier a disparu, le second a mal tourné.
Dois-je verser dans une pré-nostalgie ? Ceux qui comme moi pleurent aujourd’hui Jean-François Kahn ont naguère pleuré celle de Jean-François Revel, et doivent bien constater que lorsque les octogénaires Philippe Labro, Alain Duhamel, Catherine Nay ou Michèle Cotta, et le guère plus jeune Franz-Olivier Giesbert auront disparu (et comme le disait le général de Gaulle lors de l’une de ses célèbres conférences de presse « ça ne manquera pas d’arriver » !), notre paysage culturel, intellectuel, et journalistique, sera bien dépeuplé.
Les nus de Suzanne
J’ai eu la chance de visiter l’exposition que propose le Centre Pompidou, l’une des dernières avant sa fermeture pour (longs) travaux en septembre), autour de la figure de Suzanne Valadon (1865-1938). Je dois bien avouer que l’artiste ne m’avait intéressé qu’occasionnellement et que je n’y avais porté qu’une attention distraite à l’occasion de mes visites de musée. La rétrospective qui est proposée à Beaubourg a, sinon changé ma perception de son oeuvre, du moins actualisé ma connaissance d’une personnalité finalement assez singulière.
Suzanne Valadon : La chambre bleue (1923)Valadon : Autoportrait
Suzanne Valadon consacré plusieurs toiles à sa famille, sa mère, mais aussi son amant André Uttar, son fils Maurice Utrillo (1883-1955)
Deux toiles à consonance musicale, dont le célèbre portrait d’Erik Satie (1893), avec qui Valadon entretint une brève et tumultueuse liaison, qui laissa le compositeur dévasté et lui fit écrire ses extraordinaires Vexations… qui furent l’une des attractions du festival Radio France en 1995, comme le relate un article du New York Times (on trouve vraiment de tout sur la Toile !)
Suzanne Valadon doit aussi sa réputation et son originalité au nombre de nus féminins qu’elle a peints, des nus éloignés de toute préoccupation esthétique, qui parfois se rapprochent de ceux de Degas ou Toulouse-Lautrec. Seule exception, dans cette exposition, à la profusion de nudité féminine, cette grande toile qui représente le même personnage, en l’occurrence le compagnon de Valadon, André Utter, dans trois postures différentes. On nous dit que la peintre, craignant d’être refusée à un salon, a pudiquement masqué le sexe de son amant derrière le filet de pêche !
Un opéra au musée
Après le Centre Pompidou, direction le Châtelet pour la première d’Orlando de Haendel, dirigée par Christophe Rousset à la tête de ses Talens lyriques, dans une mise en scène de Jeanne Desoubeaux.
Franchement on se demande bien ce qui a poussé l’Orchestre philharmonique de Vienne à choisir Riccardo Muti pour diriger le concert du Nouvel an 2025 et célébrer le bicentenaire de la naissance du plus célèbre Strauss de la famille, Johann, né le 25 octobre 1825 et mort le 3 juin 1899 à Vienne. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu et entendu depuis longtemps un concert aussi soporifique, ennuyeux, et pour tout dire complètement hors sujet.
Déjà il y a quatre ans j’écrivais : « En regardant le concert de Nouvel an hier, en direct de la salle dorée du Musikverein de Vienne, vide de tout public, j’avais la confirmation d’un phénomène si souvent observé : le fringant Riccardo Muti qui dirigeait son premier concert de l’An en 1993 a laissé la place à un bientôt octogénaire (le 28 juillet prochain) qui empèse, alentit, la moindre polka, wagnérise les ouvertures de Suppé, et surcharge d’intentions, de rubato, les grandes valses de Johann Strauss. » (2 janvier 2021)
Même dans le célébrissime Beau Danube, on a envie de lui dire : « Laisse aller c’est une valse » !
Je suis sévère ? alors, juste pour mémoire, l’ouverture du Baron Tzigane qui était au programme ce 1er janvier, et le 1er janvier 1992 sous la baguette de Carlos Kleiber !
Pourquoi n’avoir pas invité dès cette année Yannick Nezet-Seguin annoncé le 1er janvier 2026 ? Il aurait au moins donné un coup de jeune à cette institution.
On aura au moins eu le plaisir d’entendre l’excellent François-Xavier Szymczak commenter pour France Musique et pour France 2 ce concert de Nouvel an, avec une pensée pour Benoît Duteurtre qui officiait à cette place. On a même aperçu FX dans l’espèce de documentaire/reportage que Stéphane Bern nous sert chaque année sur un mode plus décontracté, moins pompeux qu’à l’ordinaire : on aurait bien prolongé la halte que les deux ont faite dans la maison de Johann Strauss et le musée consacré à la famille (Documentaire à revoir sur France.TV)
On peut, on doit même, aussi lire le numéro double de Classica.
J’ai si souvent lu des platitudes, des approximations, y compris dans des ouvrages prétendument sérieux, sur la famille Strauss, que je dois saluer la qualité des dossiers consacrés à Johann (noter en passant la qualité de sa fiche Wikipedia). Je ne suis pas d’accord avec toutes les préconisations discographiques. J’ai déjà eu ici (Les perles du 1er janvier) et j »aurai encore bien des occasions cette année de célébrer Johann Strauss le fils.
Juste pour se rappeler un chef – Georges Prêtre – qui, à 86 ans, dirigeait sans partition et avec une gaîté contagieuse, en l’occurrence une polka rapide de Johann Strauss le père : le Carnaval à Paris
Paris n’a jamais su ou voulu célébrer ses musiciens : à l’exception de l’avenue Mozart dans le 16e arrondissement, on cherchera en vain les places, les avenues Vivaldi, Beethoven ou même Lully, Rameau ou Ravel… Il y a quelques années, je suis passé par hasard sur la place Johann Strauss… Pas sûr que beaucoup de Parisiens sachent où elle se trouve !
Il y a une bonne quinzaine d’années que je connais l’actuel chef de l’orchestre de Liverpool, que je l’avais invité à plusieurs reprises (à l’instigation d’un impresario – Pedro Kranz – aujourd’hui disparu en qui j’avais grande confiance) à diriger l’Orchestre philharmonique royal de Liège (lire Hindoyan dirige à Liège). Pour ma première édition en 2015 comme directeur du Festival Radio France à Montpellier, c’est tout de suite à lui que j’avais pensé pour le concert d’ouverture avec un programme particulièrement festif avec l’orchestre de Montpellier. Les musiciens comme le public se rappellent encore un fameux Boléro !
Et puis il y eut en 2016 Iris de Mascagni, en 2017 Siberia de Giordano, avec Sonya Yoncheva, et en 2021 une glorieuse soirée de clôture avec ce couple aussi heureux sur la scène que dans la vie.
Ecoutez ce que disait Christian Merlin, mon cher confère du Figaro, à propos du travail du chef et de la chanteuse, alors qu’on prévoyait de donner avec eux, en juillet 2020, Fedora de Giordano. Projet évidemment abandonné pour cause de pandémie…
Ici à Bordeaux, après une superbe représentation du Démon de Rubinstein dirigée par un autre ami cher, Paul Daniel (à droite) et avant un concert que devait diriger Domingo Hindoyan (à gauche) en janvier 2020.
Soirée de clôture du festival Radio France 2021 : la fête retrouvée après la longue parenthèse de la pandémie, avec Sonya Yoncheva et Domingo Hindoyan.
Oui ou non
Je me pose toujours la question de la pertinence pour un chef d’orchestre d’aller au bout de ses limites. Pour un Bernard Haitink qui, à 90 ans, un an avant sa mort, a mis fin à sa carrière, après quelques concerts où il n’était déjà plus que l’ombre de ce qu’il avait été, on a le contre-exemple éloquent de Charles Dutoit, 88 ans depuis le 7 octobre, qui ne ralentit ni ses voyages (on se demande quels pays il lui reste à visiter dans le monde !), ni ses concerts. Dans le nouveau numéro de Classica, Olivier Bellamy livre une interview-fleuve, qui aurait mérité un meilleur découpage et un vrai travail de décryptage d’un entretien où tout se mêle et s’emmêle parfois : Charles Dutoit est bavard et il a tant à dire d’une vie foisonnante. A lire tout de même !
En revanche, quel intérêt y a-t-il pour le public, ses admirateurs, et le grand musicien qu’il a été, de documenter l’inexorable décrépitude de Daniel Barenboim ? Je trouve presque indécent d’assister à cette déchéance. La critique n’ose pas écrire ce qui pourtant saute aux oreilles des derniers disques de Barenboim chef : qu’on ne devrait même pas les publier. Dernier triste exemple en date : la Symphonie de Franck avec l’orchestre philharmonique de Berlin ! Emouvant diront certains, infiniment triste diront tous les autres…
Barenboim avait gravé il y a presque cinquante ans une magnifique version de la dite symphonie avec l’Orchestre de Paris au tout début de son mandat. En rester à ce souvenir lumineux !
J’assistais jeudi dernier à un concert présenté par France Musique comme celui du 10e anniversaire de l’inauguration de l’Auditorium de la Maison de la Radio. J’ai écrit sur Bachtrack ce que j’en ai pensé : L’étrange anniversaire de l’auditorium de Radio France.
On peut réécouter sur France Musique la très belle version qu‘Edgar Moreau a donnée du 1er concerto pour violoncelle de Chostakovitch. Le reste est plus dispensable…
L’Auditorium de Radio France / 7 novembre 2024
Etrangement, Radio France semble n’avoir pas souhaité marquer l’inauguration de son Auditorium il y a juste dix ans, le 14 novembre 2014, alors que cette nouvelle salle de concerts constituait une date historique dans la vie musicale parisienne, deux mois avant une autre inauguration tout aussi marquante, celle de la Philharmonie de Paris. Il se trouve qu’à cette période j’avais la responsabilité de la direction de la Musique de Radio France sous la présidence de Mathieu Gallet, et que cette inauguration avait été accouchée certes avec enthousiasme mais non sans difficultés (lire La fête)
(France Inter, le Journal de 13h, 14 novembre 2014 / Interview JPR par Claire Servajean)
Un parcours d’obstacles
On a peine à imaginer aujourd’hui le parcours d’obstacles qu’a constitué l’organisation de cette inauguration, pour laquelle Mathieu Gallet et moi avions voulu que toutes les forces musicales, artistiques, techniques, et les antennes de Radio France soient impliquées. La Maison de la radio n’était alors clairement pas structurée comme un lieu d’accueil du public, encore moins comme des studios et salles de concert ouverts au public. Ce n’est que beaucoup plus tard, à partir de 2017 (!), que mon successeur Michel Orier serait investi de l’ensemble des responsabilités de la gestion de ces espaces et de l’accueil du public, et pourrait constituer et piloter des équipes dédiées. En novembre 2014, on essuyait les plâtres au sens propre du terme, et de l’Auditorium et du Studio 104 (ex-Olivier Messiaen). Chaque élément dépendait d’une direction différente: il nous faudrait beaucoup beaucoup de patience et de force de persuasion pour que tout finisse par fonctionner.
Le plus gros obstacle, et ce n’était pas le moindre, étant que nous voulions ouvrir grand la Maison de la radio pendant tout le week-end des 14, 15 et 16 novembre 2014… alors que même les antennes, a fortiori tous les services fonctionnaient au ralenti. Mathieu Gallet avait eu une formule heureuse… qui n’avait pas manqué de susciter des remous dans une organisation aussi figée : il souhaitait une Maison de la Radio en format VSD (en référence à l’hebdomadaire éponyme).
Et je dois bien dire que beaucoup doutaient en interne de la réussite d’une opération de « musique classique » avec autant de concerts et d’émissions dans un lieu excentré de Paris, qu’on a toujours décrit comme peu accessible. Les photos prises pendant le week-end en témoignent, les chiffres de fréquentation ont dépassé toutes nos espérances et fait taire les Cassandre.
Quel(s) programme(s)?
Mais tout ce que je viens de décrire n’était rien par rapport à la programmation des concerts inauguraux. Je pense que Mathieu Gallet, nommé par le CSA PDG de Radio France le 27 février 2014, n’avait pas un seul instant imaginé que ce serait l’un des épisodes les plus compliqués de sa présidence, Nous en avons souri, et même ri après coup, mais les négociations qu’il a fallu conduire avec les chefs des deux orchestres, les représentants des musiciens – des centaines de mails en témoignent ! – ont été himalayesques. Il faut se rappeler que la concurrence entre les deux orchestres (le National et le Philhar’) était à son comble, attisée, il est vrai, par la mise en oeuvre, jugée à l’époque « trop brutale », du projet de réorganisation de la Direction de la Musique que Mathieu Gallet avait présenté devant le CSA et que j’avais entamé dès mon entrée en fonction (Ma part de vérité).
Je peux le dire maintenant, sans trahir de secret professionnel, mais des promesses avaient été faites par le prédécesseur de Mathieu Gallet à Daniele Gatti : ce serait lui et l’Orchestre national qui seraient les premiers et principaux utilisateurs de l’Auditorium et qui donc feraient le concert inaugural. Allez, après cela, expliquer à l’orchestre philharmonique de Radio France et à son chef qu’ils passeraient en second, alors qu’ils avaient la certitude, alimentée par la rumeur d’un certain microcosme parisien, d’être infiniment supérieurs à leurs collègues du National !
On passera toutes les étapes de cette négociation (qui ne s’acheva que la veille de l’inauguration !). Au départ chaque orchestre/chef voulait jouer tout un concert, le même soir, et si possible avec quasiment le même programme (le Boléro de Ravel of course), dans l’Auditorium bien sûr ! Je suggérai qu’on utilise à tour de rôle les deux salles, le Studio 104 et l’Auditorium. On regarda toutes les formules possibles, mais presque jusqu’à la fin, les deux chefs, Gatti et Chung (qui, il faut quand même le relever, ne se sont jamais adressé la parole, ni même serré la main, durant toute la durée de leurs mandats respectifs !) s’en tenaient à leur programme Ravel. Les choses en étaient à un point tel qu’il nous fut impossible de communiquer à la presse, aux invités et au public, le programme de l’inauguration ! Finalement, Mathieu Gallet siffla la fin de la récréation et valida ma proposition, arrachée de haute lutte : il y aurait le 14 novembre 2014 un seul concert dans le tout nouvel Auditorium, en deux parties de moins d’une heure chacune : ouvrant le bal, l’Orchestre national de France et Daniele Gatti avec « Slava’s Fanfare » de Dutilleux, l’ouverture de Tannhäuser de Wagner, la suite du Chevalier à la rose de Richard Strauss.. et le Boléro de Ravel, puis après l’entracte l’Orchestre philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung, une suite tirée du ballet Roméo et Juliette de Prokofiev, Ave verum corpus de Mozart et la 2e suite de Daphnis et Chloé de Ravel, avec la participation du Choeur de Radio France (qu’on retrouverait pour son propre concert durant le week-end).
(L’émotion d’une première répétition dans le tout nouvel Auditorium !)
Aujourd’hui plus personne ne doute de la pertinence et de la nécessité des deux salles de concert de la Maison de la Radio et de la Musique. Comme pour la Philharmonie – j’en reparlerai en janvier – ces nouveaux lieux ont attiré de nouveaux publics, profondément renouvelé les modes d’accès à la musique classique.
Le jour de sa sortie en librairie, la semaine dernière, j’achetais le dernier opus de Renaud Machart.
« Retour aux sources musicologiques, aux instruments d’époque, à des techniques de jeu anciennes : l’ouvrage de Renaud Machart nous plonge dans les cinquante années révolutionnaires qui ont vu le développement et la consolidation d’un mouvement d’interprétation « historiquement informé » de la musique baroque, de Monteverdi à Rameau.
Ce parcours est jalonné par dix-huit chapitres qui s’arrêtent sur la parution d’un disque décisif, un concert marquant ou une production lyrique restée mythique. Ce qui mènera le lecteur de la révélation du contre-ténor britannique Alfred Deller, en 1949, à la sortie, en 2001, d’un disque Rameau au piano, par Alexandre Tharaud, qui fit couler beaucoup d’encre, en passant par le portrait d’immenses interprètes : Gustav Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt, Philippe Herreweghe, Jordi Savall, Michel Chapuis, Blandine Verlet, William Christie, Janine Rubinlicht, Scott Ross, etc.
Après de longues années passées en « résistance », dans le maquis de la musique classique, cette constellation d’artistes a imposé une pratique musicale aujourd’hui plébiscitée, et élargie à tous les répertoires. » (Présentation de l’éditeur)
Avant toute remarque de fond, saluons cette nouveauté qui fait figure d’exception. Le dernier ouvrage de même type, sur cette période, date de 1993, sauf erreur de ma part. C’était ce Guide orienté sur la discographie – alors que l’ouvrage de Renaud Machart a un objet plus large puisqu’au travers de portraits d’interprétes, parfois très personnels, il évoque les critères qui ont présidé à cette nouvelle vague d’interprétations « historiquement informées ».
La lecture de la prose de Renaud Machart est toujours savoureuse – on se rappelle ses critiques souvent piquantes dans Le Monde – Ici l’ex-producteur de France Musique se montre plus académique – dans l’acception scientifique du terme -qu’à l’accoutumée, avec de nombreuses références, citations, bibliographies à l’appui de ses dires.
On ne mesure plus du tout aujourd’hui l’importance des batailles d’arguments, des modes aussi, qui agitaient la sphère musicale, notamment sur l’antenne de France Musique, où un Jacques Merlet n’a jamais été remplacé ! Sans discernement, on applaudissait à tout ce que produisaient Harnoncourt, Gardiner ou Herreweghe, on jetait à la poubelle les Ristenpart, Jean-François Paillard ou même Karl Richter. Il n’était de bon Vivaldi que d’Alessandrini ou Biondi, des ensembles pionniers comme I Musici, I Virtuosi di Roma ou même les Solisti Veneti de Claudio Scimone étant définitivement jugés ringards.
Le temps faisant son oeuvre, on s’éloigne des extrêmes, on retrouve des vertus à certaines gloires du passé. Même s’il y a des versions qu’on ne peut vraiment plus entendre (lire à propos du 1er concerto brandebourgeois de Bach : Menuet brandebourgeois)
Ce qui m’a toujours gêné – au-delà de l’expression même « historiquement informé » qui laisse supposer que les grands interprètes du passé étaient des incultes – c’est la rigidité doctrinale qui s’était emparée de nombre de critiques, de musicologues et même de spectateurs. Il y a ceux qu’il fallait encenser et ceux qu’on ne pouvait que détester. Les jeunes générations ne sont heureusement plus prisonnières de ces querelles.
Qui se rappelle la révolution que constitua la version de 1966 du Messie de Haendel publiée par un Colin Davis tout juste quadragénaire ? Effectifs réduits, vision profondément « dégraissée », contraste revendiqué avec une tradition d’empois victorien illustrée par tous ses aînés (Beecham, Boult, Sargent) enregistrés à la même époque !
On a déjà eu l’occasion de souligner le travail qu’un autre Britannique – Neville Marriner (1924-2016) avait entrepris dès le début des années 60 avec son Academy of St Martin in the Fields.
J’ai consacré nombre de billets sur ce blog à des compositeurs et interprètes dits « baroques » au gré de mes humeurs et surtout de mes inclinations.
Je ne suis pas toujours Machart sur ses choix. Il a logiquement des attachements que je n’ai pas (Philippe Herreweghe par exemple) mais sur nombre de points je le rejoins. Par exemple quant à un interprète magnifique, disparu il y a dix ans déjà, Christopher Hogwood (lire Sir Christopher), que j’avais mis quelques années à découvrir, apprécier, et finalement aimer. Je ne me lasse de me replonger dans une discographie heureusement abondante et dans un art qui, parce qu’il a échappé aux modes, est intemporel.