Des ténèbres aux lumières du Nord

Jeudi soir le cadre toujours impressionnant de la Fondation Singer Polignacavenue Georges Mandel à Paris, juste en face de l’appartement où Maria Callas a vécu et fini ses jours.

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Public choisi, dont la moyenne d’âge doit se situer entre 80 et 90 ans. Réuni pour un concert qui paraissait prévu pour la triste circonstance du décès récent du président de la Fondation, l’ophtalmologue et académicien Yves Pouliquen.

Vincent Dumestre proposait une sorte de mix d’un genre très en vogue en France au XVIIème siècle : les Leçons de ténèbres

À l’époque baroque, pendant le Carême, théâtres et salles de concerts étaient fermés en signe de pénitence. Les compositeurs s’exprimaient alors exclusivement dans la musique liturgique, livrant des œuvres d’une grande sobriété en même tant que d’une extraordinaire puissance expressive. Les Leçons de ténèbres sont des partitions composées pour les offices des trois derniers jours de la semaine sainte, qui conclut le Carême avant la fête de Pâques. Les textes utilisés, tirés des Lamentations de Jérémie, se rapportent à la solitude de Jésus avant sa crucifixion. Les musiques bouleversantes composées par Couperin sur ce thème étaient jouées selon le rituel de l’office, qui se tenait à la nuit tombée. Au terme de chaque pièce, un des cierges qui éclairaient l’église était éteint, symbolisant l’abandon progressif du Christ par ses disciples. C’est une fois l’église plongée dans l’obscurité totale que retentissait le terrible Miserereimplorant le pardon divin.

Spécialiste de ce répertoire singulier, Le Poème Harmonique, qui a déjà reconstitué ce cérémonial spectaculaire pour des musiques de Charpentier, Lalande et Cavalieri, s’y replonge avec celles de Couperin, dans un concert à l’atmosphère unique.

GUILLAUME-GABRIEL NIVERS (1632-1714)

  • Antienne Zelus domus tuae (plain-chant)
  • Psaume Salvum me fac Deus (plain-chant)
  • Versicule Dum convenirent

FRANÇOIS COUPERIN (1668-1733)

  • Leçons de ténèbres pour le Mercredy Saint
    • Première leçon à une voix
  • Messe solennelle
    • Gloria « Tierce en taille »
  • Leçons de ténèbres pour le Mercredy Saint
    • Deuxième leçon à une voix
  • Messe solennelle
    • Sanctus « Cromorne en taille »
  • Leçons de ténèbres pour le Mercredy Saint
    • Troisième leçon à deux voix

GUILLAUME-GABRIEL NIVERS

  • Antienne Justificieris Domine

LOUIS-NICOLAS CLÉRAMBAULT (1676-1749)

  • Miserere à trois voix

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Magnifique prélude à une série de sept concerts qui seront donnés en juillet prochain dans le cadre du Festival Radio France Occitanie Montpellier.

Changement de lieu, mais cadre tout aussi somptueux, le lendemain : la Salle Philharmonique de Liège.

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Je lui avais promis l’été dernier, quand il avait joué à Montpellier le concerto pour. clarinette de Magnus Lindberg devant le compositeur, avec l’orchestre philharmonique de Tampere et son chef Santtu-Matias Rouvali.

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Je voulais réentendre Jean-Luc Votano là où je lui avais demandé de créer ce concerto en Belgique, en 2008, avec un. chef – Christian Arming – qui n’était pas encore le directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège

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D’autant que, depuis Montpellier, l’enregistrement du concerto était sorti, chez Fuga Libera, récoltant toutes les récompenses – Diapason d’or de l’année, Classica, Crescendo, prix Caecilia de la presse musicale belge, etc.

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Je ne peux que confirmer ce qu’écrivait Christian Merlin dans Le Figaro :

« Ce ne sont pas seulement les interprètes contemporains qui sont à l’honneur en cette rentrée discographique, c’est aussi la musique de notre temps. À commencer par un prolongement de nos émotions festivalières, puisque l’un de nos grands souvenirs de l’été a été l’exécution éblouissante du Concerto pour clarinette de Magnus Lindberg par Jean-Luc Votano à Montpellier. Le musicien belge en sort maintenant un enregistrement (Fuga Libera) qui permet de mesurer toute la palette expressive de cette oeuvre qui exige énormément du soliste en termes de virtuosité, de théâtralité, d’endurance (une demi-heure de musique !). Dans un couplage original avec le trop rare Karl Amadeus Hartmann, Jean-Luc Votano se confirme comme un clarinettiste inspiré, avec lequel il faut compter dans le paysage international de son instrument. L’occasion est aussi de rappeler l’excellence de la formation à laquelle il appartient, l’Orchestre philharmonique royal de Liège, dirigé ici une dernière fois par celui qui en fut le remarquable directeur musical ces dernières années, Christian Arming. Un disque où les planètes sont alignées » (Christian Merlin, Le Figaro, 17 septembre 2019)

Avec chez Jean-Luc vendredi un sentiment de liberté, d’aisance souveraine dans une partition si difficile. Douze ans après la première belge avec le même équipage, le public de la Salle Philharmonique a fait à ce dernier le triomphe qu’il méritait.

Je reviendrai demain sur la seconde partie du programme, les Danses symphoniques de Rachmaninov.

Gulbenkian moderne (II)

fullsizeoutput_1801On quitte le bâtiment principal du musée Calouste Gulbenkian sur cette grande toile du préraphaélite Edward Burne Jones, Le Miroir de Vénus (1877).

Non sans avoir visité une exposition temporaire vouée à la peintre portugaise Sarah Affonso (1899-1983), née et morte à Lisbonne, qui a consacré une grande partie de sa vie et de son art à restituer les traditions, les visages et les paysages du Minhola région septentrionale du Portugal, frontalière de l’Espagne.

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fullsizeoutput_1802(Sarah Affonso, Jeunes paysannes, 1937)

fullsizeoutput_1805(Sarah Affonso, Varinas, 1924)

fullsizeoutput_1808Le bâtiment de la « Collection moderne » du Musée Calouste Gulbenkian est inauguré en 1983 et comporte la plus vaste collection d’art portugais contemporain, des oeuvres collectionnées par Gulbenkian jusqu’à sa mort en 1956 aux plus récentes acquisitions.

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IMG_4697José de Guimaraes (1939-) Les acrobates, 1983

fullsizeoutput_180cNuno Barreto (1941-2009), Relief bleu, 1968/9

fullsizeoutput_180fPedro Calapez (1953-), Passage 10, 2004

fullsizeoutput_1815Amadeo de Souza Cardoso (1887-1918), Caisse enregistreuse, 1917

fullsizeoutput_1814Julio Resende (1917-2011), Les joueurs de dames, 1945. Comme un remake des Joueurs de cartes de Cézanne ?

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J’avoue avoir été assez fasciné par ces deux toiles de José Almada de Negreiros (1893-1970), fondateur de la revue Orpheu avec Fernando Pessoa – revue dont l’influence fut inversement proportionnelle à sa durée de vie, deux trimestres en 1915 ! – et surtout client assidu du café littéraire, artistique et politique A Brasileira à Lisbonne.

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Aujourd’hui encore sont accrochées aux murs de ce café, rénové en 1971 des oeuvres d’artistes contemporains portugais (António Palolo, Carlos Calvet, Eduardo Nery, Fernando Azevedo, João Hogan, João Vieira, Joaquim Rodrigo, Manuel Baptista, Nikias Skapinakis, Noronha da Costa, et Marcelino Vespeira).comme le furent, en 1925, onze toiles de la nouvelle génération  Almada Negreiros, António Soares, Eduardo Viana, Jorge Barradas, Bernardo Marques, Stuart Carvalhais et José Pacheko

 

La collection Gulbenkian (I)

IMG_4618(Bas relief du prêtre Ameneminet, 1920 av.J.C.)

À Lisbonne, difficile d’échapper à la personnalité et à l’héritage de Calouste Gulbenkian,

Je l’évoquais avant-hier avec Lorenzo Viotti qui dirige l’orchestre Gulbenkian – la seule phalange symphonique portugaise de rang international -. Mais c’est sans doute son impressionnante collection d’oeuvres d’art, 6000 nous dit-on, qui constitue le legs le plus connu de l’homme d’affaires arménien. Un millier d’entre elles est exposée dans  le musée.situé à l’intérieur de l’un des plus beaux parcs de la capitale portugaise, le Parc de Santa Gertrudes, à l’intersection des avenues Berna et António Augusto de Aguiar. Le musée Calouste-Gulbenkian fut institué en 1960 et inauguré en 1969. Le bâtiment, signé Atouguia, Cid et Pessoa, constitue une référence de l’architecture muséologique portugaise, avec de nombreuses ouvertures vers l’extérieur, permettant au visiteur d’établir un dialogue permanent entre la nature et l’art.

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Aperçu très personnel d’une collection hétéroclite.

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IMG_4621(Masque funéraire, 30ème dynastie, 664-525 av.J.C.)

Statue_of_Bes,_an_Egyptian_official_(Gulbenkian_Museum,_photo_by_Szilas)

IMG_4623(Pharaon, bas relief 300-250 av.J.C.)(

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IMG_4627(Nimrod, bas relief, 884 av.J.C.)

fullsizeoutput_17daDe grandes salles vides de visiteurs, de beaux tapis anciens d’Iran.

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fullsizeoutput_17de(Paravent, Chine 17ème s.)

fullsizeoutput_17e2(Van Dyck, Portrait d’un homme, 1620)

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IMG_4644(Rembrandt, Portrait d’un vieil homme, 1645)

fullsizeoutput_17e6(Ruisdael, Orage sur les côtes de Norvège, 1660)

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fullsizeoutput_17ebUn étrange Guardi : le Rialto de Venise selon un projet de Palladio !  (1770)

fullsizeoutput_17ee(Turner, L’embouchure de la Seine à Quillebeuf, 1823)

fullsizeoutput_17f1(Turner, Le naufrage, 1810)

fullsizeoutput_17f8(Renoir, Portrait de Madame Monet, 1872-74)

fullsizeoutput_17fa(Degas, Portrait d’Henri Michel-Lévy, 1878)

fullsizeoutput_17fc(Monet, Le Dégel, 1880)

IMG_4670(Rodin, L’éternel printemps, 1888)

IMG_4679(Lalique, couverture cuir et ivoire pour La Walkyrie de Wagner)

IMG_4682Lalique, Miroir

fullsizeoutput_1806Le musée Gulbenkian comporte une immense collection d’art islamique, réunie avec passion par le chrétien arménien qu’était Calouste Gulbenkian.

Suite de la visite dans un prochain billet.

Musée Calouste Gulbenkian

Festival d’orchestres

J’avais au moins trois bonnes raisons d’être à Liège vendredi dernier : une oeuvre – la 9ème symphonie de Beethoven, un orchestre et un chef – l’Orchestre philharmonique royal de Liège et Christian Arming – qui me sont chers, la fidélité à un engagement – le combat de la Fondation Ihsane Jarfi

Orchestre et chef en très grande forme, Christian Arming, en Viennois pur sang qu’il est, maîtrise à la perfection cette étrange objet musical qu’est la 9ème symphonie d’un compositeur, certes né à Bonn, mais devenu Viennois à 22 ans. Le public du Festival Radio France avait déjà pu s’en apercevoir lors de la soirée de clôture de l’édition 2015. Arming dirigeait alors choeur et orchestre de Montpellier…

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En ce triste anniversaire du 13 novembre 2015 (Le chagrin et la raison), comme vendredi soir pour commémorer le martyre d’Ihsane Jarfi il y a cinq ans, l’exhortation  de Schiller et de son Ode à la joie résonne plus haut que jamais : Alle Menschen werden Brüder / Que tous les hommes deviennent frères…

La semaine dernière je recevais aussi deux coffrets que j’étais impatient de découvrir.

L’un des big five parmi les grands orchestres américains, le Boston Symphonybénéficie, sans raison apparente – pas d’anniversaire ou de commémoration – d’une mise en coffret de tous les enregistrements réalisés par la phalange de Nouvelle-Angleterre depuis le début des années 70… jusqu’à l’an dernier pour Deutsche Grammophon

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912rcpQLxmL._SL1500_45 ans d’enregistrements dont certains sont devenus légendaires, les tout premiers d’un tout jeune homme, Michael Tilson Thomasde magnifiques Ravel et Debussy par le guère plus vieux Claudio Abbadobien évidemment la part du lion pour le titulaire de l’orchestre pendant près de trente ans, Seiji Ozawa, directeur musical de 1973 à 2002, une quasi-intégrale Ravel qui a fait date, des Respighi resplendissants, des ballets idiomatiques (Roméo et Juliette, Le Lac des Cygnes, Casse-Noisette…). Et puis des raretés, le dernier concert de Leonard Bernstein quelques mois avant sa mort, sur les lieux de ses débuts (à Tanglewood), Eugen Jochum dirigeant Mozart et Beethoven, le grand William Steinberg qui n’aura guère eu le temps d’imprimer sa marque. Plus étonnant, sont inclus dans ce coffret les tout récents Chostakovitch (symphonies 5,6,8,9,10) enregistrés par Andris Nelsonspatron du BSO depuis 2014. Un vrai bonus avec plusieurs CD de musique de chambre dus aux Boston Chamber Playerscomme ces valses de Strauss, transcrites par Webern, Schoenberg ou Berg

https://www.youtube.com/watch?v=RlkIVeLKYb0

Liste complète de ce coffret à voir ici : Boston Symphony : les années Deutsche Grammophon.

Demain j’évoquerai en détail un autre coffret au contenu parfois inattendu ou surprenant : Georges Prêtre, les enregistrements Columbia

L’incroyable Mister H.

On s’était dit qu’on s’abstiendrait le temps d’un week-end prolongé. Pour mieux voter dimanche prochain.

Dix-huit ans d’absence, la dernière fois c’était une belle Toussaint, 1999. On avait presque oublié VeniseL’enchantement est intact.

Entre deux averses, la première visite a été pour la Douane de Mer, suivie du Palazzo Grassi. Pour une exposition époustouflante, littéralement incroyable. On n’a pas toujours aimé Damien Hirst. Là on est bluffé…

Complètement d’accord avec Le Monde (Damien Hirst, la tentation de Venise). Extraits

Pour une fois, rien d’exagéré à dire que c’est du jamais-vu. Le come-back de Damien Hirst à la collection Pinault de Venise peut être affublé de tous les superlatifs, ils ne seront pas de trop. Délirant, mégalomane, abyssal, babylonien, kitchissime, « über-expensive »… Le vieil enfant terrible de la scène des Young British Artists fait d’ores et déjà exploser le standard de la billetterie avec cette double exposition blockbuster. Elle envahit chaque recoin de la Punta della Dogana et du Palazzo Grassi, et fera, à n’en pas douter, date.

Son exposition se situe quelque part entre Pirates des Caraïbes et Indiana Jones, assaisonnée d’un soupçon de frères Farrell pour l’autodérision et d’une bonne giclée de Da Vinci Code pour les effets spéciaux volontairement outrés. Bref, un retour tonitruant après des années de silence

Le pitch ? Il était une fois, il y a quelque deux mille ans, un immense collectionneur du nom de Cif Amotan II. Esclave affranchi, il possédait toutes les merveilles du monde, qu’il désira un jour abriter sur une île. Hélas – est-ce punition divine pour tant d’arrogance ou juste la faute à pas de chance ? –, le bateau coula, avec ses richesses. Il fallut attendre le début du XXIe siècle pour qu’un archéologue convainque Hirst d’allouer toute sa fortune sothebysienne à la sortie des eaux de l’antique magot. Voilà ce que raconte le livret offert à l’entrée, ainsi qu’un « documentaire » consacré à l’expédition sous-marine, dont de spectaculaires photos émaillent le parcours.

La suite consiste en une accumulation absolument insensée de « richesses ». Un codex aztèque, des pépites d’or, le combat de la déesse indienne Kali avec l’hydre de Lerne, des sphinges et des masques de Bali, des pharaons et des pieds géants d’Apollon, un Pégase et une Amazone romaine, des monnaies impériales, des bouddhas et des casques khmers…
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Suite demain de Treasures from the Wreck of the Unbelievable

Donner sa voix

Ils l’attendent tous, les 11 candidats à la magistrature suprême : notre voix, notre vote. Chaque voix comptera, nous dit-on à l’envi.

Mardi soir, ils auraient dû, nos candidats, passer quelques minutes dans la salle Favart – l’Opéra Comique – toute rénovée de frais. La Fondation Bettencourt Schueller offrait à quelques  centaines de privilégiés, outre le plaisir de découvrir, en avant-première, ce merveilleux écrin mis aux normes du jour et surtout rendu à sa splendeur originelle, un moment musical exceptionnel, entièrement dédié à l’art du chant choral, des voix mises ensemble.

IMG_8258Le foyer de l’Opéra Comique

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À vrai dire, je redoutais un peu la soirée, craignant qu’une fois de plus elle ne soit qu’un rassemblement mondain autour de quelques prestations musicales « de prestige »,  ou le côté oeuvre de bienfaisance pour nos gentils amateurs de chant choral.

Ce fut, tout au contraire, une totale réussite à tous points de vue. Rien de convenu d’abord dans les mots d’accueil du directeur de l’Opéra Comique, Olivier Mantei, ému et fier de nous montrer « sa » salle après deux ans de travaux, et un mois avant la réouverture officielle, puis d’Olivier Brault, le directeur de la Fondation, qui, en quelques mots et formules bien choisis, dit simplement tout le bien, tout le bonheur que procure le chant choral, le « chanter ensemble » à ceux qui le pratiquent comme à ceux qui le reçoivent (lire ma proposition   : L’Absente)

Suivirent 90 minutes de pur bonheur musical.

L’ensemble De Caelis ouvre le bal avec Philippe Hersant et ses Prophéties des Sibylles. Une oeuvre contemporaine (2011) pour amorcer la soirée ? Bon point pour les organisateurs, et après un moment de surprise, chaleureux accueil du public. Leur succède l’ensemble Aedes dans un savoureux mélange de chansons de Brel et de pièces a capella de Poulenc

Puis Les Cris de Paris créent la surprise avec le motet à 40 voix Spem in alium de Thomas Tallis, surprise visuelle et sonore puisque au parterre comme à la corbeille les chanteurs environnent les auditeurs. Et rassemblés de nouveau sur la scène de l’Opéra Comique ils donnent les inévitables et toujours aussi surprenants Cris de Paris de Clément Janequin.

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L’émotion gagne en intensité dans le public avec l’arrivée d’une foule de tout jeunes acteurs, danseurs, chanteurs, ceux que forme avec tant d’ardeur et d’intelligence le CREA d’Aulnay-sous-Bois, dans le 93, ce département, cette banlieue, réputés sinistrés… Je me rappelle mes visites, comme directeur de la Musique de Radio France, à Bondy, là où la Maîtrise de Radio France et sa directrice Sofi Jeannin font un travail absolument formidable, de formation, d’éducation, de production de concerts avec des enfants (et leurs familles) qui s’ouvrent à des univers qui ne leur sont pas immédiatement familiers.

La Maîtrise populaire de l’Opéra Comique est un nouveau projet « maison » et ce qu’on a vu et entendu mardi est de très bon augure.

Bouquet final avec tous les chanteurs, petits et grands, rassemblés sur la scène et dans la salle de l’Opéra Comique, avec un arrangement de la Barcarolle des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, qui faisait de chacun de nous des choristes enthousiastes et émus.

IMG_8260(vidéo à voir ici : Offenbach à pleines voix)

Le devoir et le plaisir

Je tenais à honorer ma promesse, je devais être à Liège ce 17 octobre.

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Pour la Fondation Ihsane Jarfi, qui n’a malheureusement rien perdu de son actualité, pour Hassan J., pour Pascal C. et pour tous les amis de Liège dont je continue à partager les combats et l’action, même à distance.

14724566_10154034858017602_4174733076785391538_n(L’Opéra royal de Wallonie)

C’était de surcroît un ouvrage, Nabucco de Verdi, qui me touche, sans doute parce qu’à chaque fois que je l’ai vu c’était dans des circonstances extraordinaires. La première fois, c’était rien moins que pour l’ouverture de la saison de la Scala en 1987, sous la direction de Riccardo Muti, avec une Abigaille très impressionnante, l’Américaine Linda Roark-Strummer – que je reverrais quelques années plus tard en terrifiante Turandot.

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Mon deuxième très grand souvenir de Nabucco – il y en eut d’autres, à Orange notamment – c’est la production inaugurale du mandat d’Hugues Gall à la direction de l’Opéra de Paris, en 1995, avec l’inoubliable Julia Varady.

A Liège, c’est aussi sur l’Abigaille grand format de Tatiana Melnychenko que repose l’ouvrage.

Hier soir, retrouvailles avec la Salle Philharmonique et les amis de l’Orchestre philharmonique royal de LiègePour la première d’une nouvelle initiative née de la volonté de quelques solistes de l’Orchestre, une Happy Hour, qui avait attiré un nombreux et jeune public.

Bruce Richards (cor), Jean-Luc Votano (clarinette) , Joanie Carlier (basson), Sébastien Guedj (hautbois), Geoffrey Baptiste (piano) avaient convié ma très chère Sophie Karthäuser pour un programme original, Richard Strauss, Schubert (Le pâtre sur le rocher) et surtout un cycle de mélodies, très brittenien de ton et d’inspiration, du compositeur australien Paul Stanhope, Songs of the Shadowland.

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Revu évidemment beaucoup de têtes familières, qui m’ont parlé d’une émission récente de Musiq’3, une Table d’écoute consacrée à Rhapsody in Blue de Gershwin. Que j’avais enregistrée à l’invitation de Camille de Rijck au tout début septembre. Je vais réécouter l’émission (vous aussi ?) pleine de surprises, et de versions inattendues.