Pour le plaisir

C’est vraiment maintenant, à l’orée de l’été, que je mesure la liberté qui est la mienne de ne plus être « en responsabilité ». De ne plus devoir me préoccuper d’un festival. Et de me retrouver dans la situation la plus confortable, celle de l’auditeur/spectateur, que je n’ai plus connue depuis… très longtemps.

Je retournerai dans quelques jours à Montpellier assister à quelques concerts du Festival Radio France, avec un sentiment de gratitude pour les efforts, le travail d’une équipe valeureuse.

J’ai déjà « profité » de cette position pour assister au festival le plus proche de chez moi, l’un des plus anciens de France aussi, celui d’Auvers-sur-Oise, certes avec ma nouvelle étiquette de critique musical. Il n’empêche – on ne se refait pas ! – que je reste attentif au moindre détail de bonne… ou de moins bonne organisation.

Les soeurs terribles

Mercredi dernier c’était dans l’église d’Auvers-sur-Oise, une nouvelle rencontre avec les soeurs Labèque (lire Les soeurs aimées).

« Juchées sur leurs stilettos, chevelure bouclée, noire de jais, chasuble blanche sur jeans slim fit, Katia et Marielle Labèque arborent un air d’éternelles adolescentes quand elles remontent la nef de l’église Notre-Dame de l’Assomption d’Auvers-sur-Oise pour accéder au podium installé dans le transept. Qui dirait que les sœurs septuagénaires célèbrent le cinquantenaire de leur duo de pianos ?« 

La suite à lire sur Bachtrack.com : Les soeurs terribles du piano à Auvers-sur-Oise

On peut aimer moyennement cette dernière « création » de Philip Glass, mais on ne peut qu’être admiratif devant l’insatiable curiosité des deux soeurs et le nombre considérable d’oeuvres qu’elles ont commandées ou créées.

A Marciac fin juillet 2017, avec Katia et Marielle Labèque et Mathieu Gallet, alors PDG de Radio France

On n’a pas fini d’aimer ces deux soeurs…

Lambert saisi par l’émotion

Jeudi dernier, c’était au tour de Lambert Wilson et de Bruno Rigutto d’enchanter le public du festival d’Auvers. Comme je l’ai écrit dans Bachtrack : Lambert Wilson fait revivre Van Gogh.

Excellent conteur, on sait le comédien très bon chanteur… de chansons (lire Performance) mais je l’ai vraiment découvert ce soir-là en interprète bouleversant de Fauré et surtout de Duparc (une Chanson triste qui me donne encore des frissons). J’avais accompagné Lambert au dernier récital de Mathias Goerne au Théâtre des Champs-Elysées en mars 2022 et surpris une conversation très technique, professionnelle, entre eux à l’issue du concert. Il paraît qu’il existe un disque de mélodies enregistré il y a longtemps par Lambert Wilson et Jean-Philippe Collard. On va le rechercher…

Souvenir encore très vif évidemment – puisque j’évoquais Montpellier – du concert d’ouverture du Festival Radio France 2016, une soirée que j’avais voulue autour de la figure de Shéhérazade.

(Bien entouré par Karine Deshayes et Lambert Wilson)

Ce dimanche 10 juillet 2016, c’était aussi la finale de l’Euro 2016 de football, qui opposait la France au Portugal. Après le concert qu’on avait fait débuter plus tôt que d’habitude, j’avais prévu d’emmener les artistes dîner sur une terrasse, l’une des seules ouvertes à Montpellier un dimanche soir d’été. Empruntant la rue Montpelliéret pour nous rendre à ce restaurant, nous passons devant un bar noir de monde où était diffusé le match de finale, l’un puis l’autre clients reconnaissent Lambert Wilson, l’interpellent, s’approchent de lui. Et Lambert de répondre « je suis là incognito, s’il vous plaît soyez discrets », les types interloqués s’en retournent à leur match. « Je dis toujours cela quand je ne veux pas être importuné, ça gêne beaucoup les gens » ajoute-t-il pour notre petit groupe dans un grand éclat de rire. Nous dinons et n’entendons plus aucun bruit, sauf peut-être quelques cris… de supporters portugais ! A la fin du dîner nous reprenons le même chemin qu’à l’aller, les clients du bar se consolent de l’échec des Bleus, ils ne sont plus devant leur écran et reconnaissent immédiatement l’acteur qui va rester un bon moment à discuter avec eux, leur expliquer sa passion pour la musique, le festival Radio France etc… Il signe un joli paquet d’autographes et ces gamins oublient illico la tristesse de leur soirée de foot !

Le danseur et la philosophe

Comme souvent des lectures parallèles, poursuivies au gré des circonstances, et qui n’ont aucun rapport entre elles.

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Je n’appartiens pas au club des fidèles de Philippe Grimbert, j’ai plus été attiré par le sujet que par l’auteur. Mais l’exercice est réussi. Ce n’est pas exactement un livre de plus sur le danseur star du XXème siècle. Quand le romancier emprunte les traits d’un psychanalyste, la fiction devient troublante réalité.

De retour de sa première visite en Russie depuis son célèbre saut vers la liberté, le danseur étoile Rudolf Noureiev, mal dans sa peau, consulte Tristan Feller, psychanalyste du Tout-Paris. Le thérapeute est rapidement déstabilisé par la personnalité hors du commun de « Rudik », qui impose un cours peu orthodoxe à la cure : plongée dans l’histoire d’une légende vivante mais aussi affrontement entre les deux hommes durant lequel se déploient jeux de pouvoir et de fascination.

L’essai de Mazarine Pingeot, pour n’avoir pas la palme de l’originalité, présente le double avantage de l’expertise et de l’expérience. Expertise parce que l’auteur opère une synthèse réussie des idées brassées partout et par tous depuis l’apparition des systèmes d’information instantanée, expérience parce que le fille longtemps cachée de François Mitterrand sait de quoi il retourne en matière de secret et de transparence !

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De la presse à scandale à la téléréalité, de la vie de nos dirigeants politiques au traitement de l’information, des nouvelles technologies aux réseaux sociaux, l’exigence de transparence s’est imposée dans tous les domaines, gommant subrepticement la frontière entre espace privé et espace public. Entre injonction morale et fantasme de contrôle absolu, le règne de l’image et du tout-visible ne risque-t-il pas de nous conduire à la lisière du totalitarisme ?

P.S. Après avoir écrit sur ce blog Non merci, je dois reconnaître la performance artistique de certains joueurs de foot comme le but marqué par Dimitri Payet le soir de France-Roumanie. Pour le reste, la banalisation des images, match après match, des bagarres rangées de supporters dans les rues de Marseille ou de Lille ou d’ailleurs, n’est pas près de me faire changer d’avis…

Non merci

L’abstention n’a jamais été mon choix comme citoyen. Mais pendant un mois je vais m’abstenir. Ou essayer, cerné que je serai par tous les médias et réseaux sociaux qui ne parlent déjà plus que de cela : l’Euro 2016.

Après avoir vu Pièces à conviction hier soir, lu la brillante interview de Zlatan Ibrahimovic dans Le Monde, et n’en déplaise à mon ami Jacques Vendroux, je confirme : Non merci !

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Qu’on ne vienne pas me vanter les vertus du sport, je les connais et je les pratique. J’en avais étonné plus d’un jadis quand, adjoint à la Culture de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) – et seul de la Municipalité –  j’avais participé chaque année aux épreuves du Club des nageurs, avec un palmarès honorable.

Mais à peu près tout ce que charrie le foot devenu un spectacle de masse, un business incroyablement juteux, le symbole d’une corruption massive et organisée, me révulse. On est loin, si loin de l’esprit sportif prôné par Pierre de Coubertin, quand on voit le comportement « normal » des supporters, on n’évoque même pas le phénomène des hooligans.

Fifa-Sepp-Blatter-et-Michel-Platini-dans-la-tourmente