Marché de printemps

J’ai quelques amis fous… de musique et surtout de disques, vinyles et CD. J’en ai d’autres qui ont numérisé toute leur discothèque. J’ai adopté, pour ma part, une position… centriste ! Tout est affaire de place et d’utilité.

J’ai donné l’essentiel de mes 33 tours, n’en conservant que ceux qui avaient une valeur affective ou un caractère de rareté et qui n’ont pas été reportés en CD. Quant aux CD, j’adopte la même attitude. Comme la mode est, depuis quelques années, chez les majors à la réédition en coffrets exhaustifs, en général bien documentés, je n’hésite pas à libérer les rayons de ma discothèque.

Passage culturel

Durant le « pont » de l’Ascension, je suis passé par Cholet, aimable chef-lieu d’arrondissement dont je ne connaissais que les… mouchoirs, où j’ai découvert, en plein centre ville, au rez-de-chaussée de l’ancien théâtre, une belle et grande surface culturelle, le Passage culturel

Et un rayon disques classiques qui en remontrerait à plus d’une FNAC…où j’ai trouvé, à prix cassé, quelques galettes qui m’avaient échappé.

Le disque d’Olivier Latry a un intérêt désormais historique, puisque c’est le dernier à avoir été enregistré sur les grandes orgues de Notre-Dame de Paris, avant l’incendie de la cathédrale le 15 avril 2019 !

Melomania

Les Parisiens, privés de leurs grandes « surfaces culturelles » pour cause de confinement, devraient être plus nombreux à fréquenter le seul disquaire spécialisé dans le classique dans la capitale, l’incontournable Melomania, situé au 38 boulevard Saint Germain, Paris 5ème.

On a toujours des chances d’y trouver le CD introuvable, des centaines de belles occasions, des imports japonais, des DVD jamais vus ailleurs.

Où l’on s’aperçoit que les chefs français ne sont pas les plus manchots pour diriger le répertoire classique viennois (mais Jean-Jacques Kantorow et Emmanuel Krivine ont en commun d’avoir été (EK) et d’être encore (JJK) des violonistes de premier rang… et d’avoir souvent enregistré ensemble !)

Martinon et Mackerrras

Les mêmes amis que je citais au début de ce billet lancent volontiers des discussions, parfois interminables, sur les mérites comparés de tel chef, telle version d’un chef-d’oeuvre, tel incunable. Je rentre rarement dans la mêlée, et je m’amuse le plus souvent de ces échanges parfois vifs, tranchés, définitifs, surtout lorsqu’ils proviennent de gens beaucoup trop jeunes pour avoir jamais entendu « en vrai » les chefs qu’ils révèrent ou détestent. Mais c’est la grande vertu du disque, et aujourd’hui de tous les documents disponibles en numérique, que d’abolir le temps et de nous rendre familiers, voire intimes, des interprètes que nous n’avons jamais connus.

Et c’est la grande vertu de ces débats – en général sur Facebook – que d’attirer l’attention – la mienne en tout cas – sur des versions qu’on a sinon oubliées, du moins un peu négligées.

Tom Deacon nous lançait récemment sur les grandes versions des symphonies d’Elgar, et chacun de citer les évidents Boult et Barbirolli. Jusqu’à ce que T.D. nous signale les introuvables versions de Charles Mackerras gravées pour Argo.

Des disques que je me rappelle très bien avoir eus dans ma discothèque… et qui en ont disparu, conséquence probable d’un déménagement.

Autre débat récent, à propos d’un Boléro de Ravel dirigé par Riccardo Chailly, diffusé ce dimanche sur Arte. Soporifique, sans élan, j’en passe et de meilleures ! Et plusieurs de citer comme une référence, l’exact contraire de Chailly, la version que Jean Martinon a gravée à Chicago en 1966, republiée dans un coffret RCA/Sony où tout est passionnant (détails à voir ici)

Parmi les pépites que contient ce coffret, j’ai envie de distinguer une flamboyante 2ème suite de Bacchus et Ariane de Roussel et une véritablement « inextinguible » 4ème symphonie de Nielsen. Orchestre phénoménal, et prises de son exceptionnelles.

Festival d’orchestres

J’avais au moins trois bonnes raisons d’être à Liège vendredi dernier : une oeuvre – la 9ème symphonie de Beethoven, un orchestre et un chef – l’Orchestre philharmonique royal de Liège et Christian Arming – qui me sont chers, la fidélité à un engagement – le combat de la Fondation Ihsane Jarfi

Orchestre et chef en très grande forme, Christian Arming, en Viennois pur sang qu’il est, maîtrise à la perfection cette étrange objet musical qu’est la 9ème symphonie d’un compositeur, certes né à Bonn, mais devenu Viennois à 22 ans. Le public du Festival Radio France avait déjà pu s’en apercevoir lors de la soirée de clôture de l’édition 2015. Arming dirigeait alors choeur et orchestre de Montpellier…

IMG_2697

IMG_2704

IMG_2706

En ce triste anniversaire du 13 novembre 2015 (Le chagrin et la raison), comme vendredi soir pour commémorer le martyre d’Ihsane Jarfi il y a cinq ans, l’exhortation  de Schiller et de son Ode à la joie résonne plus haut que jamais : Alle Menschen werden Brüder / Que tous les hommes deviennent frères…

La semaine dernière je recevais aussi deux coffrets que j’étais impatient de découvrir.

L’un des big five parmi les grands orchestres américains, le Boston Symphonybénéficie, sans raison apparente – pas d’anniversaire ou de commémoration – d’une mise en coffret de tous les enregistrements réalisés par la phalange de Nouvelle-Angleterre depuis le début des années 70… jusqu’à l’an dernier pour Deutsche Grammophon

81CyTh6y08L._SL1200_

912rcpQLxmL._SL1500_45 ans d’enregistrements dont certains sont devenus légendaires, les tout premiers d’un tout jeune homme, Michael Tilson Thomasde magnifiques Ravel et Debussy par le guère plus vieux Claudio Abbadobien évidemment la part du lion pour le titulaire de l’orchestre pendant près de trente ans, Seiji Ozawa, directeur musical de 1973 à 2002, une quasi-intégrale Ravel qui a fait date, des Respighi resplendissants, des ballets idiomatiques (Roméo et Juliette, Le Lac des Cygnes, Casse-Noisette…). Et puis des raretés, le dernier concert de Leonard Bernstein quelques mois avant sa mort, sur les lieux de ses débuts (à Tanglewood), Eugen Jochum dirigeant Mozart et Beethoven, le grand William Steinberg qui n’aura guère eu le temps d’imprimer sa marque. Plus étonnant, sont inclus dans ce coffret les tout récents Chostakovitch (symphonies 5,6,8,9,10) enregistrés par Andris Nelsonspatron du BSO depuis 2014. Un vrai bonus avec plusieurs CD de musique de chambre dus aux Boston Chamber Playerscomme ces valses de Strauss, transcrites par Webern, Schoenberg ou Berg

https://www.youtube.com/watch?v=RlkIVeLKYb0

Liste complète de ce coffret à voir ici : Boston Symphony : les années Deutsche Grammophon.

Demain j’évoquerai en détail un autre coffret au contenu parfois inattendu ou surprenant : Georges Prêtre, les enregistrements Columbia