Bonnes affaires

Quand je ne trouve pas mon bonheur chez Melomania – la meilleure adresse de Paris pour les discophiles « classiques » – ou chez Gibert – qui a complètement réaménagé son rayon disques classiques, en le replaçant là où il était il y a une vingtaine d’années, avec à sa tête une jeune femme très compétente – je me connecte régulièrement sur des sites comme prestomusic ou jpc.de pour dénicher de bonnes affaires (le site allemand présente l’avantage de frais de port peu élevés sans risque de taxation douanière)

Sans ordre de préférence, les quelques cadeaux que je me suis faits :

Mahler 2 avec Dudamel et les Münchner Philharmoniker captée le 27 juin 2019 dans le cadre somptueux du Palau de la Música Catalana de Barcelone.

Une affiche extraordinaire pour célébrer le centenaire de Leonard Bernstein (1918-1990) à Tanglewood où tout a commencé et fini pour le génial chef et compositeur.

Quel bonheur de retrouver notamment Michael Tilson Thomas dans des extraits de West Side Story

Seul (petit) bémol l’ouverture de Candide anémiée d’Andris Nelsons qui loupe ainsi son hommage à Lenny.

Il y a encore une dizaine de jours, une grande partie de la collection Audiophile du célèbre label américain Vox était bradée. En vérifiant aujourd’hui, je m’aperçois que j’ai commandé juste à temps. A l’exception d’un Chopin par Abbey Simon, les disques que j’ai achetés ont tous retrouvé leur prix d’origine

Mais j’ai complété ma discothèque avec les six symphonies de Tchaikovski dirigées par Maurice Abravanel (1903-1993) à la tête de son orchestre de l’Utah.

Etrangement je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce chef qui a pourtant un parcours étonnant et qui a initié de très larges publics à des oeuvres et des compositeurs (comme Mahler) qu’on était bien loin de fréquenter dans la cité des Mormons, Salt Lake City

Et sur jpc.de on trouve dès maintenant une intégrale des symphonies de Haydn, qui n’est pas encore distribuée en France semble-t-il, une intégrale très particulière puisque l’orchestre – les Heidelberger Sinfoniker – et le chef principal – Thomas Fey – se sont presque exclusivement consacrés à cette entreprise redoutable, entamée en 1999 et achevée en 2023. Une intégrale enfin réunie dans un coffret de 36 CD (pour moins de 70 €). L’initiateur de ce projet, Thomas Fey, a malheureusement dû interrompre l’aventure en 2014 et n’a jamais pu la reprendre. C’est un autre chef allemand, de vingt ans son cadet, Johannes Klumpp, qui a repris le flambeau et achevé l’intégrale. Celle-ci n’est pas présentée dans l’ordre chronologique, mais par affinités thématiques, historiques ou musicales. L’écoute n’en est que plus passionnante.

Je signale sur prestomusic une offre particulièrement impressionnante de coffrets à prix réduits (jusqu’au 5 janvier 2025).

Les joies de juin

D Day #80 : Félicitations

Félicitations à France 2, à la télévision publique en général, pour cette journée très réussie de commémoration des 80 ans du Débarquement. De Télématin à la cérémonie de fin d’après-midi, j’ai appris beaucoup de choses, de détails historiques, que j’ignorais, et cela sans le recours à d’incessants micro-trottoirs qui tiennent trop souvent lieu de reportages. Musicalement, la cérémonie internationale d’Omaha Beach avait l’allure et la carrure nécessaires : tout et tous étaient à leur place. Lambert Wilson, magnifique récitant, Alexandre Tharaud et son piano poétique, le choeur de l’Armée française préparé par sa cheffe Aurore Tillac, et peut-être surtout la Maîtrise populaire de l’Opéra Comique qui nous a profondément émus.

Chantilly sans crème

En septembre dernier, j’avais bien aimé le rendez-vous festif qu’Iddo Bar-Shai propose à Chantilly (Double crème). Je me réjouissais de retrouver le cadre imposant des anciennes écuries royales, en ce premier jour de juin, pour les Coups de coeur de Steven Isserlis.

Déception, frustration de ne pas plus et mieux entendre des musiciens que j’admire, comme je l’ai écrit pour Bachtrack : Frustrations à Chantilly

Oslo à Paris

Mardi dernier en revanche, l’affiche a tenu ses promesses. Un programme tout Brahms proposé par l’Orchestre philharmonique d’Oslo en tournée, dirigé par un chef qu’on connaît bien à Paris, Klaus Mäkelä, jouant aussi la partie de violoncelle du double concerto de Brahms. En compagnie d’un violoniste, Daniel Lozakovich, qui ne cesse de nous impressionner, concert après concert. Compte-rendu enthousiaste à lire sur Bachtrack : Klaus Mäkelä voit double avec l’Orchestre philharmonique d’Oslo

En marge du concert, deux brèves rencontres inattendues. Dans le métro de retour d’abord, une vieille dame un peu voûtée, le regard pétillant, s’adressant à deux jeunes hommes qui venaient manifestement d’assister au concert, et une voix que je n’ai reconnue qu’au dernier moment avant qu’elle ne sorte à la station Stalingrad, l’une des productrices emblématiques de France Musique, Martine Kauffmann, que je n’avais plus revue depuis près de trente ans.

En revanche, je savais d’avance que j’apercevrais au pupitre de clarinettes, Pierre Xhonneux (prononcer O-noeud), un musicien que j’avais engagé tout jeune – il avait 18 ans ! – à l’Orchestre philharmonique de Liège, et qui avait rejoint les rangs du philharmonique d’Oslo en 2015. Impossible de le retrouver dans le dédale de couloirs et de salles qui forme les coulisses de la Philharmonie, au milieu des « flightcases » de l’orchestre. Le lendemain matin, sortant du Café Charlot, rue de Bretagne où j’ai mes habitudes pour le petit déjeuner, je tombe sur Pierre et deux de ses collègues norvégiens. Ou comment le hasard fait bien les choses…

Sawallisch inconnu

Je l’ai longuement évoqué il y a un mois (Sawallisch ou les retards d’un centenaire) à propos de deux publications récentes. Je n’avais pas encore reçu le premier des deux coffrets que Warner consacre au chef allemand, né en 1923, disparu en 2013. Par rapport à un premier coffret EMI, acheté naguère au Japon, qui était limité au répertoire symphonique et concertant, il y a bien sûr l’œuvre chorale (Schubert) et de nombreux disques de Lieder où Sawallisch est au piano, mais aussi quelques pépites que je n’avais jamais vues en CD parmi les premiers enregistrements du jeune chef avec le Philharmonia.

ou encore une complète découverte pour moi que ces mélodies de Pfitzner avec Dietrich Fischer-Dieskau

Et puis, last but not least, l’excellent texte de Remy Louis, qui est une mine d’informations de première main sur l’art de ce chef.

Mon marché de printemps

J’ai une dilection particulière pour ces musiques qu’Armin Jordan qualifiait de « décadentes » avec une gourmandise non feinte, comme celles de Schreker ou Zemlinsky. Christoph Eschenbach nous offre une belle nouveauté avec ce double album enregistré à Berlin, et deux solistes splendides, Chen Reiss et Mathias Goerne.

Trouvé à petit prix sur jpc.de, je n’avais jamais repéré ce CD paru en 1998 de Stephen Hough (pour la prononciation, je renvoie à Comment prononcer les noms de musiciens ?) consacré à un compositeur singulier autant qu’admirable, Federico Mompou