Les peupliers du Ladakh

J’ai passé près de deux semaines dans une région du monde dont j’ignorais à peu près tout avant que j’y sois entraîné pour une aventure vraiment inoubliable. Récit en plusieurs épisodes de cette expédition aux confins de la pure beauté ! Quant à l’explication du titre, elle viendra dans le cours du récit, mais je n’imaginais pas retrouver le « populus » si familier des bords de nos rivières aussi répandu dans les très hautes vallées du Ladadk ! (cf.photo ci-dessous)

Présence militaire

La toute première chose qui frappe l’arrivant à l’aéroport de Leh – la capitale du Ladakh – c’est une présence militaire massive, et d’abord l’interdiction de prendre des photos de et dans l’aéroport qui est un espace militaire ! Et pourtant de tout le séjour, à part les passages fréquents dans le ciel de la capitale d’hélicoptères et de bombardiers, on n’aura jamais l’impression d’un pays en danger.

Le simple examen d’une carte géographique explique la position stratégique du Ladakh et de son voisin immédiat le Cachemire, donc de l’Inde, par rapport à ses turbulents voisins, le Pakistan, la Chine (le Tibet), l’Afghanistan tout proche…

Le vol Delhi-Leh offre une entrée en matière… himalayenne !

Vue de l’unique piste de l’aéroport de Leh… à 3500 m d’altitude :

Leh, carrefour historique de la route de la soie

La destination du Ladakh fait rêver parce qu’elle évoque la mythique route de la soie, qu’on devrait plutôt écrire au pluriel, car il y avait des routes de la soie, partant de l’empire chinois pour irriguer toute l’Asie centrale et l’Europe. Le Ladakh en était un carrefour obligé. Au centre de Leh – 30.000 habitants – on trouve un très joli petit musée (Central Asian Museum) qui raconte magnifiquement cette épopée.

Du musée on a vue directe sur l’ancien palais royal de Leh et un temple sikh.

J’ai bien sûr été intéressé par cet instrument, utilisé par les moines bouddhistes lors des prières ou dans les orchestres de fête, la surna, le hautbois indien.

La cité de Leh elle-même est concentrée autour d’une rue principale et son marché central. Avec ses boutiques de produits locaux, et des femmes venues de tous les villages et tribus alentour qui vendent fruits (les abricots ! on en reparlera) et légumes en fin d’après-midi.

Tribus aryennes

Parmi ces femmes qui vendent sur le marché, cette représentante d’une minorité, « la tribu des Drokpas, terme local dont l’orthographe connaît d’infinies variantes. Cette minorité de près de 4 000 membres a été préservée au cours des siècles par son isolement, son autarcie culturelle et ses mariages limités au clan. Les origines des Drokpas imbriquent imaginaire, hypothèses et réalité. Néanmoins, ces villageois ont acquis la renommée d’être de « purs » descendants des « Aryens ». « Leur apparence physique a appuyé la théorie aryenne, devenue populaire dans la région », souligne M. Tashi Morup, journaliste local. Leurs traits proches du type caucasien sont loin des visages mongoloïdes d’origine tibétaine des bouddhistes du Ladakh. Les Drokpas sont « différents ». Leur allure des grands jours, lors des festivals, est aux yeux des novices un spectacle unique. Avec leurs coiffes piquées de bouquets et cintrées de physalis, cette fleur orange qui semble taillée dans un papier délicat, ils incarnent un autre âge. Couverts de lourds colliers et d’ornements tribaux, ils se drapent dans une majestueuse cape blanche en peau de chèvre retournée. » (extrait d’un article du Point, Le mystère des derniers Aryens, 21/09/2014)

Le palais royal de Leh domine la cité depuis le XVIIe siècle : il est abandonné par la famille royale au XIXe siècle (au profit de Stok, à lire dans un prochain épisode !). Surplombant le palais, le temple Namgyal Tsemo domine toute la vallée et héberge une grande statue de Bouddha.

à moins qu’on ne choisisse le promontoire sur lequel les Japonais ont édifié un gompa dans les années 80

Revenu dans les ruelles du centre, on visite le grand temple bouddhiste, ou les échoppes favorites des vaches qui sillonnent la ville !

La politique n’est jamais loin

Pour le tout-puissant premier ministre indien Narendra Modi, le sommet du G 20 qui se tient en Inde les 9 et 10 septembre est une opportunité formidable de mettre en avant les progrès – visibles – du sous-continent en matière par exemple d’écologie. La plaie qui a longtemps affecté les grands pays asiatiques et africains, l’usage de sacs plastique sur les marchés, dans les magasins – qu’on retrouvait disséminés par milliers au bord des routes, dans les champs – a disparu. Le plastique a partout été remplacé par du papier ou du carton ! On est encore loin d’une parfaite propreté des espaces publics et de la nature, mais le progrès observé depuis notre dernier voyage en Inde (2016) est spectaculaire.

Quelle ne fut pas ma surprise, arrivant pour les deux dernières nuits de mon séjour dans un grand hôtel de Leh, d’y constater la présence d’une personnalité, au patronyme illustre, que les médias – et les citoyens indiens avec qui nous avons pu échanger – présentent comme le challenger le plus sérieux de l’actuel premier ministre pour les élections générales prévues en 2024, Rahul Gandhi, petit-fils (Indira) et fils (Rajiv) de premiers ministres qui ont fini assassinés !.

Il y avait bien une certaine agitation, des militaires, des policiers à l’entrée de l’hôtel, mais on ne faisait remarquer que Rahul Gandhi tient sa popularité du fait qu’il a décidé de conjurer le sort qui s’attache à sa famille et de rester simple et accessible. Comme en témoigne cette photo prise il y a une semaine à Leh, dans le restaurant de notre hôtel.

Stūpas et Gompas

Les images qu’on associe toujours à ces paysages himalayens et qui alimentent puissamment notre imaginaire sont celles de ces temples érigés sur des promontoires sur fond de sommets enneigés. Comme lorsqu’on arrive à Likir, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Leh.

Sur cette photo, on voit bien d’une part, au centre, le gompa (du tibétain « dgon-pa » : monastère) et à gauche un stūpa (mot sanscrit signifiant « reliquaire »).

Guidé par un bouddhiste très pratiquant, je devrais ne plus rien ignorer de Bouddha, du bouddhisme, de sa variante tibétaine incarnée par le dalaï-lama (qui séjournait à Leh durant cet été) et de tous les rites accomplis par les moines et les fidèles.

J’avoue, au fil des visites de ces lieux spectaculaires, n’avoir pas tout retenu. Peu importe après tout, chacun cherche et atteint comme il peut le nirvana, comme le représente cette fresque :

Privilège d’assister à une séance de prière…

Privilège également d’avoir accès aux bibliothèques richement garnies de milliers d’ouvrages relatant l’enseignement de Bouddha, et utilisés comme supports des prières des moines.

A l’intérieur des temples, toutes sortes d’offrandes sont disposées devant les statues de Bouddha, des billets de banque, mais aussi des quantités de nourriture, bouteilles de Coca, jus de fruits et autres…

On a visité les sites de Likir (ci-dessus), Alchi, Lamayuru, puis Thiksey et Hemis.

Alchi, à la différence des autres gompas, n’est pas situé en hauteur, mais c’est l’un des plus anciens – fondé au Xe siècle – l’un des plus émouvants aussi dans l’austérité du dépouillement de ses deux tout petits oratoires en bois scuplté- La photo ci-dessous n’est pas de moi, puisqu’on doit abandonner appareils et téléphones portables avant la visite.

Lamayuru vu d’en bas et d’en haut

L’arrivée au monastère de Thiksey est spectaculaire :

Les Ladakhi le surnomment le petit Potala, du nom du palais du dalaï-lama à Lhassa (Tibet)

Thiksey domine la vallée de l’Indus et témoigne d’une munificence qui le distingue des autres gompas

Le temple de Hemis est tout aussi important pour le bouddhisme tibétain, quoique plus récent (XVIIe siècle). Il comporte un passionnant musée sur l’histoire du Ladakh (photos interdites !)

La vue sur la vallée et les montagnes environnantes est toujours impressionnante !

Le palais de Stok

À une quinzaine de kilomètres de Leh, le palais de Stok a été la résidence de la dynastie royale Namgyal qui a régné sur le Ladakh de 1470 à 1834. C’est aujourd’hui un (petit) hôtel très spartiate dans ses équipements, mais avec une vue imprenable sur la vallée de l’Indus.

A quelques encablures de Stok, le temple de Matho inspire le recueillement.

La décoration intérieure de certains temples est parfois exubérante, comme cette série de représentations de Bouddha en céramique.

Dernier temple – et non le moindre – le monastère de Diskit, qu’on atteindra, dans la vallée de la Noubra, une fois franchi le plus haut col du monde (accessible en voiture) – à suivre dans un prochain épisode !

Toujours une vue spectaculaire sur la vallée et sur une statue géante de Bouddha…

Des moines confectionnant un mandala avec une précision redoutable …

La nature immense

Les paysages qu’on traverse au Ladakh- en voiture ou à pied – sont si impressionnants que ni photos ni videos ne peuvent en restituer la majesté. L’expression « à couper le souffle » est doublement pertinente, d’abord parce qu’une incroyable émotion vous saisit à chaque halte, à chaque détour, ensuite parce qu’en effet, à ces altitudes – le plus haut col du monde franchissable en voiture est à 5480 m ! – l’atmosphère est très sèche (moins de 20% d’humidité) et l’oxygène rare.

.

Les sommets de la chaîne des K – le Karakoram – où se trouve le deuxième plus haut du monde, le K2 (8611 m)

Ici autour de Nimmu, à 3200 m d’altitude, la nature est verdoyante et la végétation faite de peupliers, de saules, d’arbousiers, de genévriers. Plus surprenants encore les abricotiers, les pommiers, des fleurs, des champs d’orge ou de blé…

L’herbe est toujours verte pour les troupeaux de vaches, yaks, moutons et chèvres (ci-dessous les fameuses chèvres cachemire dont la laine sert à la confection des pashminas)

Sur les hauteurs

Je m’étais amusé à saisir sur mon téléphone les moments où notre voiture franchissait les 4807 m du Mont-Blanc. En deux jours, nous avons franchi trois des plus hauts cols du monde, à plus de 5000 m d’altitude…

Le Khardong La est présenté comme la route carrossable la plus haute du monde – 17982 pieds, 5480 m – vues imprenables sur les chaînes de l’Himalaya et du Karakoram.

Le Taglangla est à peine moins haut, plus sauvage et moins fréquenté : on aperçoit trois femmes, trois nomades remontant leurs récoltes d’herbes odorantes.

Autre col à plus de 5000 m franchi dans la même journée…le Wari La. Expédition plus sportive, la route ressemblant plus à un vaste chantier… à l’arrêt. Mais il faut reconnaître que le gouvernement régional met le paquet pour transformer le réseau routier, partout on voit des campements d’ouvriers, la plupart venus du Bihar, attelés à des chantiers gigantesques !

Des dunes, du sel, des lacs

On n’est jamais au bout de ses surprises quand on parcourt le Ladakh.

Comme quand on surplombe le confluent du Zanskar et de l’Indus

Des dunes de sable en plein Himalaya… on croit rêver, et pourtant c’est l’ébouriffant spectacle qui s’offre à la vue dans le désert de Hunder. Le touriste peut même contribuer à la préservation d’une espèce endémique de chameaux (les chameaux de Bactriane) qui formaient jadis les immenses caravanes des routes de la soie.

Mais il faut parfois s’armer de patience pour accéder à ces trésors de la nature. On a parfois l’impression de participer au tournage d’un épisode des Routes de l’impossible, par exemple quand un convoi militaire croise des camions de chantier, sur la seule route de la vallée…

Après le désert et ses dunes, on atteindra au sud-est du Ladakh de sublimes lacs immaculés (avec l’expérience de deux nuits à 4650 m sous tente !).

D’abord le Tso Kar, un lac salé !

Même notre guide est surpris de la densité saline du lac!

Plus élevé encore – 4705 m – ce petit lac vert le Kyagar Tso. Avant de parvenir au couchant sur les bords de l’immense Tso Moriri, à la frontière du Tibet.

Là haut dans la montagne

Le plus surprenant de tout ce séjour dans les hauteurs du Ladakh, c’est la pureté absolue de l’air, de l’eau, le calme total – qui n’est pas silence – jamais troublé par d’autres bruits que ceux de la nature. Et dans cette montagne immense ce festival permanent de couleurs.

Sur les chemins de randonnée, à 4000 m, on pense même au confort des marcheurs…

(Reproduction texte et photos/videos JPR interdite)

Sanctuaires

IMG_1607Dans cette « province centrale » – c’est son appellation administrative.. et géographique ! – du Sri-Lanka où je me trouve depuis trois jours, je ressens ce quelque chose de pur et d’essentiel que je n’avais pas rencontré ailleurs en Asie, sauf peut-être du côté du lac Inle en Birmanie.

La douceur des paysages, la sérénité dans la luxuriance, la retenue et la gentillesse dans l’attitude des Sri-Lankais, et surtout l’absence d’artifices dans les lieux sacrés, pas de marchands du temple, d’échoppes de souvenirs à bon marché. La simplicité des sanctuaires voués à Boudha. N’était quelques groupes de Japonais pressés et empressés, les touristes, beaucoup de germanophones, n’ont pas détruit l’esprit des lieux.

 

Les témoignages de plusieurs touristes, les mises en garde de mon voyagiste, m’ont dissuadé, à tort peut-être, de tenter l’ascension du piton du Lion à Sigiriya, ce monolithe impressionnant qui domine la forêt alentour du haut de ses 200 mètres. Le vertige est incapacitant, rien ne sert de jouer les héros…

IMG_1596

IMG_1598

À la fin du ve siècle, Kassapa I, le fils aîné provenant d’une concubine, du roi d’Anurâdhapura Dhatusena entre en conflit avec son frère cadet Moggallana. Le trône doit revenir de droit au fils légitime mais Kassyapa ne l’entend pas ainsi. Il fomente un complot et tue son père en l’emmurant vivant puis prend le contrôle de la régence et expulse son frère Moggallana qui est contraint à un exil forcé en Inde. Moggallana, en quittant son frère, l’avertit qu’il reviendra et qu’il vengera leur défunt père. Extrêmement précautionneux et paranoïaque, Kassapa qui sait qu’un jour ou l’autre son frère reviendra, lève son armée et quitte la capitale royale d’Anurâdhapura pour s’installer à Sigirîya en attendant le retour de son frère. Il choisit le site de Sigirîya en raison de l’immense rocher culminant à 370 mètres aux parois abruptes qui joue le rôle d’impressionnantes murailles et de la présence à dix kilomètres d’un tank, réservoir d’eau qu’avait jadis creusé son père. Les travaux d’aménagement du site sont relativement courts, comparé à la difficulté et à l’ampleur de la tâche à accomplir.

Kassapa fait bâtir au sommet du rocher une forteresse et il aménage au sol toute la partie qui s’étend au Sud et à l’Est du rocher où il fait édifier deux rangées de murailles et de fossés, le Nord et l’Ouest étant protégés par l’épaisse jungle qui empêche toute invasion massive. Kassapa fait trouer une percée souterraine depuis le réservoir situé au Nord-Est jusqu’au site de Sigirîya afin d’y amener l’eau courante, la pente de cette canalisation est très faible et l’écart d’altitude entre le réservoir et le site de Sigirîya n’excède pas 50 centimètres. Cependant cela suffit pour que l’eau jaillisse à Sigirîya et les jardins entourant le site sont parsemés de bassins et constellés de petites fontaines. Cette eau est acheminée jusqu’au sommet du rocher par un procédé de citernes sans aucune force humaine et elle s’écoule au sommet alimentant la piscine du roi, et les différents réservoirs destinés à l’arrosage des jardins et à la toilette des membres de la cour.

Les escaliers

Kassapa poste ses gardes autour du rocher dans les jardins aménagés derrière les murailles, les constructions épousent habilement les formes géologiques du site, tantôt une grosse pierre sert de mur et de fondation, tantôt une anfractuosité dans la roche sert de soutien à une toiture… Cette utilisation ingénieuse de la nature environnante permit entre autres d’accélérer les travaux. Les gardes sont tous placés sur des promontoires à la surface exagérément petite et chaotique, toute perte de vigilance ou assoupissement entraînant la chute de la sentinelle.

Une fois les travaux de gros œuvre achevés, Kassapa s’installe dans son palais où il demeure, craintif, la plus grande partie de son temps. Il est entouré de sa cour composée de servants, de valets, d’hommes de main, de confiance et de ses courtisanes. La légende dit que le roi Kassapa était entouré de mille courtisanes, les demoiselles de Sigirîya. Il fait peindre, dans un style proche de celui d’Ajantâ, dans une large anfractuosité de la roche de la face sud du rocher, à mi-hauteur, les portraits de pied ou de buste de toutes ces demoiselles – ou plus probablement des apsarâs, au nombre de vingt-et-une – toutes différentes.

Pendant dix-huit ans, Kassapa vit reclus dans sa forteresse attendant au milieu de sa cour plutôt féminine le retour de son frère Mogallana. Durant ce temps, Mogallana réfugié en Inde, lève une armée avec l’aide d’un râja et traverse le détroit de Palk qui sépare le continent indien de Ceylanpuis fait directement route vers Anurâdhapura qu’il trouve complètement abandonnée. Il obtient des renseignements qui lui permettent de retrouver son frère parricide à Sigirîya.

Alors que Kassapa séjourne tranquillement au sommet de son rocher, il voit arriver par le Sud et par l’Est des troupes qu’il identifie aussitôt : son frère est de retour. Kassapa boucle les jardins et met la garde en alerte pour le combat qu’il pense forcément gagné étant donné l’avantage que lui confère sa position. Mogallana, en fin stratège, déploie ses troupes autour du site et l’assiège, attendant que son frère descende au combat. Mais, Kassapa avait pensé à tout, sauf au ravitaillement en cas de siège. Après à peine une semaine, Kassapa épuisé par la faim descend et se livre, sans combat, à son frère aîné qui l’exécute.

Mogallana reprend la régence et Sigirîya est à jamais abandonnée.

Il faut préciser que la version exposée ci-dessus, s’inspirant de celle, rédigée seulement au xiiie siècle par des chroniqueurs bouddhistes hostiles à Kassapa1, a toujours été reconnue comme partiale et sujette à caution. Etablissant un parallèle avec le poème du « Nuage Messager » du célèbre dramaturge indien Kalidasa(Meghaduta, Les Belles Lettres, 1967), le grand orientaliste cinghalais Senarat Paranavitana a bouleversé l’interprétation du site en y voyant une figuration du Mont Kailash, demeure himalayenne du dieu hindou Kubera, dont le but aurait été de légitimer le règne de Kassapa en divinisant celui-ci2.

Plus récemment, dans un roman très documenté, intitulé « Sigiriya, le Rocher du Lion » (Editions Argemmios, 2012) l’écrivain français Alain Delbe imagine que le roi Kassapa fait le récit de sa vie à un conteur et brigand ayant accepté de Moggallana la mission de l’assassiner. Outre que Sigiriya s’avère un palais dédié à Shiva, se dévoile un portrait de Kassapa qui, loin de l’image du roi mégalomane et paranoïaque, révèle un être engagé dans une véritable quête mystique et artistique. (Source Wikipedia)

IMG_1595

IMG_1589

Hier c’était la visite, à 500 marches de hauteur, du sanctuaire de Dambulla, une impressionnante galerie troglodytique de statues du Boudha dans ses trois positions, debout, couché ou assis en méditation, et de peintures rupestres.

IMG_1565

IMG_1567

IMG_1560

IMG_1550D’autres photos à voir ici : Les grottes de Buddha

On a nettement moins aimé la statue dorée qui a donné son nom au site (le Temple d’Or), qu’on croirait tout droit sortie d’un Disneyland chinois…

IMG_1579

 

Serendipité

Je n’avais qu’une vague idée du Sri-Lanka – que je continuais dans mon imaginaire d’appeler Ceylan (le thé !). Une opportunité s’est offerte il y a peu de découvrir cette île. Je ne regrette pas de l’avoir saisie !

Une explication du titre de ce billet : le Sri-Lanka a porté beaucoup de noms au cours de son histoire, ce sont les Arabes qui la désignaient par Serendip :

Depuis une dizaine d’années, le nom sérendipité est entré dans l’usage en français. Il s’agit d’un emprunt de l’anglais serendipity, « don de faire par hasard des découvertes fructueuses », un mot créé par Horace Walpole et qu’il avait tiré d’un conte oriental, Les Trois Princes de Serendip (1754), Serendip ou Serendib étant une ancienne transcription anglaise de Sri Lanka, ce dernier étant lui-même composé du sanscrit Sri, « souveraineté, richesse, éclat », et Lanka, primitivement Langkâ, que l’on a rapproché du grec lagkanein, « obtenir par le sort ». Serendip est donc cette terre bénie des dieux où la fortune semble être offerte à chacun.

On constatera avec étonnement que c’est sur leur propre territoire que les habitants du Sri Lanka ont placé cette possibilité d’obtenir richesse et prospérité. (Source: Dictionnaire de l’Académie française)

Arrivé dans la nuit de lundi à mardi, j’ai d’abord trouvé Colombo, la capitale, quasi-déserte en ce 19 février 2019. Et pour cause, les jours de pleine lune sont fériés dans ce pays aux trois quarts bouddhiste, on préparait le grand défilé nocturne de la Poya.

Il y a des capitales plus imposantes, plus riches en sites et monuments. Colombo a encore le charme de son passé portugais, hollandais et britannique. Après la quasi-guerre civile qui a déchiré le pays, opposé les communautés tamoule et cinghalaise pendant près de trente ans, le Sri-Lanka vit sous le régime d’une « république démocratique socialiste » fortement soutenue par la Chine. La Chine qui a vu tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer de cette position stratégique dans l’Océan Indien, la Chine qui investit massivement et méthodiquement dans les infrastructures et l’économie du pays (voir les photos ici :  Colombo)

Après Colombo, ses fêtes de la pleine lune et ses encombrements du lendemain, cap vers le nord, au centre de l’île, la première capitale, les premiers lieux du bouddhisme. Une nature luxuriante, un silence millénaire, le dépouillement, la pureté des premières constructions, les sites sacrés de Mihintale et Anurâdhapura

Mihintale et son Boudha blanc en promontoire

Plus de 1800 marches pour accéder au plateau sacré de Mihintale !

Singes et vaches sacrées en libertéL’une des deux « pierres de lune » (Sandakada pahana) – 3ème siècle av.J.C. – retrouvées intactes sur l’île.

Les stupas ou dagobas, les plus grandes et anciennes constructions au monde après les pyramides d’Egypte

Un éléphant à tête de cobra autour de la « piscine » des moines

La plus ancienne construction de l’île, 3ème siècle avant notre ère.Le pilier d’or qui soutient le plus vieil arbre sacré de l’île