Les raretés de l’été (III) : Lorin et Carlos

Ils sont nés la même année : 1930. L’un est mort le 13 juillet 2004 : Carlos Kleiber. L’autre dix ans plus tard le 13 juillet 2014 : Lorin Maazel.

J’ai beaucoup écrit ici même sur ces deux chefs si formidablement doués, et pourtant si différents.

Puisque cette série d’été est dévolue aux raretés de ma discothèque, je veux signaler, pour l’un et l’autre chefs, des enregistrements remarquables, mais pas toujours cités comme leurs « indispensables ». Tout simplement des disques que j’aime.

Maazel de Lama à Brahms

Je renvoie à mon article Arrivages de printemps où j’ai consacré tout un paragraphe à une vraie curiosité, la réédition d’un disque d’arrangements de chansons de Serge Lama que Lorin Maazel avait enregistré à Cleveland !

Mais plus sérieusement pour mesurer le talent de ce chef si précocement doué, il faut réécouter ses premiers enregistrements pour Deutsche Grammophon, il avait moins de 30 ans. Et on n’est jamais à court de (bonnes) surprises, comme avec cette 3e symphonie de Brahms, l’une des plus emportées qui soient.

Il ne renouvellera pas l’exploit quelques années plus tard en enregistrant les quatre symphonies à Cleveland.

Carlos et Borodine

La discographie de Carlos Kleiber a été amplement éditée et rééditée, l’essentiel chez Deutsche Grammophon et pas mal de « live » chez Orfeo. J’ai depuis longtemps, classé à Borodine, un CD paru dans une collection allemande un peu confidentielle et réédité il y a peu par SWR (le label de la radio publique allemande de Stuttgart) avec les deux Kleiber, Erich et Carlos, père et fils.

Je me demandais pourquoi cette passion de Carlos Kleiber pour cette symphonie n°2 de Borodine, qu’on n’entend quasiment plus jamais ni au concert ni au disque. Imitation du père ? 

Inutile de dire que, pour moi, c’est « la » version qui surclasse toutes les autres.

Et toujours à suivre, mes brèves de blog

L’été 24 (IX) : Kurt Sanderling

J’ai passé une partie de l’été qui s’achève à réécouter les disques d’un très grand chef, Kurt Sanderling, né il y a 112 ans le 19 septembre 1912, mort 99 ans plus tard le 18 septembre 2011 ! Il y a un an j’avais consacré un billet à ces chefs d’orchestre pères et fils :

« Je pense ne pas être démenti si j’affirme que la famille Sanderling est unique en son genre : le père Kurt (1912-2011) a donné naissance à trois chefs, Thomas(1942), Stefan (1964) et Michael (1967). J’ai eu l’immense privilège de les voir diriger tous les quatre, et d’inviter Thomas et Stefan à Liège.

Je suis inconditionnel de Kurt Sanderling, dont il existe heureusement nombre de témoignages enregistrés, de disques qu’on chérit comme des trésors. Je me rappellerai jusqu’à la fin de mes jours les deux Neuvième – Mahler et Beethoven – que Sanderling avait dirigées à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande au début des années 90. » (Chefs pères et fils, 18 juin 2023).

Etablir une discographie de Kurt Sanderling relève du parcours du combattant. D’autant que la plupart de ses enregistrements de studio ont peu ou prou disparu des rayons, alors que surgissent ça et là des « live » bien cachés dans des coffrets récapitulatifs (lire Bruckner et alors ?)

Dans Bruckner comme dans Mahler, on perçoit bien les caractéristiques de l’art du grand chef allemand; le creusement continu des partitions, une maîtrise impérieuse des grands équilibres, le refus de l’esbroufe.

Celui qui a travaillé auprès du grand Mravinski à Leningrad adopte le même traitement pour les symphonies de Chostakovitch. On cherchera autant le studio que les « live » plutôt nombreux.

Comme tous les chefs de sa génération, Kurt Sanderling s’est d’abord nourri des grands classiques, Haydn, Beethoven, Brahms, curieusement pas de Mozart. Son intégrale des symphonies « parisiennes » est depuis longtemps dans mes préférées.

Tout comme une intégrale des symphonies de Beethoven captée au début des années 80 à Londres avec le Philharmonia.

Autres pépites d’une discographie dont aucun élément n’est négligeable :

Dans les steppes de l’Asie centrale

Une commande d’Alexandre

L’une des oeuvres les plus connues de la musique classique russe est assurément le poème symphonique de Borodine Dans les steppes de l’Asie centrale. Commandé au compositeur pour le 25e anniversaire du règne d’Alexandre II, dédié à Liszt, et créé par Rimski-Korsakov le 20 avril 1880 à St Pétersbourg.

En réalité, la Kirghizie est plus un pays de montagnes que de steppe ou de plaine. Mais en longeant la rive nord du lac YsyK Kul, le plus grand lac de montagne du monde après le lac Titicaca, et en même temps la frontière avec le Kazakhstan, j’ai eu, plus d’une fois, l’impression de parcourir la steppe qui est l’essence même du paysage du pays voisin.

Une histoire de petits chevaux

Visitant en juin la ménagerie du Jardin des Plantes, montrant à mes hôtes l’une des espèces sauvegardées par et grâce à l’établissement parisien, les chevaux de Prjevalski,

j’étais loin de me douter que je visiterais deux mois plus tard la tombe et le musée dédié au « découvreur » de cette espèce, le général explorateur russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski, à Karakol sur les bords du lac Ysyk Kul.

J’avoue que j’ignorais tout de ce personnage à la Jules Verne, qui toute sa vie rêva d’accéder au Tibet, à Lhassa, et qui mena cinq expéditions parmi les plus extraordinaires dans l’Empire russe, essentiellement en Asie centrale (elles sont parfaitement racontées dans l’excellente fiche Wikipedia qui lui est consacrée)

La mosquée chinoise

Une précision d’importance, que toutes les personnes rencontrées depuis le début de mon séjour au Kirghizistan évoquent : leur double appartenance. Ils se revendiquent et d’une nationalité et d’une citoyenneté, les deux ayant toujours été mentionnées sur les passeports jusqu’à une période récente. Quand ils se présentent à vous, ils se disent d’abord kirghiz, ouzbek, russe, etc.

Avant hier j’étais invité à dîner dans une famille ouïgour, installée ici depuis plusieurs générations. Grâce à des campagnes de mobilisation internationale, le sort tragique des Ouïghours de Chine est connu. SI on veut les respecter, commençons, n’est-ce-pas M. Glucksmann !, par les prononcer correctement : non ce ne sont pas des Ouiiii-gours, mais des Ouille-gours. Si les musulmans chinois de cette communauté sont toujours traqués dans leur pays, il y a longtemps que les Ouïghours et leurs frères en religion, les Dounganes, ont trouvé refuge en terre kirghize.

C’est ainsi qu’ils ont érigé à Karakol, entre 1907 et 1910, une mosquée tout à fait étonnante dans son apparennce.

La mosquée Dungan de Karakol a été construite entre 1907 et 1910 sans un seul clou, par les Douneganes, une communauté de musulmans chinois arrivés à Karakol pour fuir les violences des années 1870 et 1880.

La mosquée a été conçue par un architecte chinois, qui a incorporé des couleurs et des motifs traditionnels dans l’architecture. Le rouge, le vert et le jaune sont des couleurs prédominantes en raison de leur signification symbolique dans la culture dounegane (le rouge pour la protection contre les mauvais esprits, le jaune pour la prospérité et le vert pour le bonheur). On y trouve également des dragons et un phénix, ainsi qu’une roue de feu, qui sont des motifs typiques des Douneganes. À côté de la mosquée se trouve un minaret en bois en forme de pagode.

Aujourd’hui, la mosquée est utilisée par l’ensemble de la communauté musulmane de Karakol, et pas seulement par les fidèles douneganes.

La Russie éternelle

La ville de Karakol est surprenante. 90.000 habitants à peine, mais établis sur une immense superficie, de rues parallèles et perpendiculaires. Pas de véritable centre urbain, une ressemblance frappante avec la plupart des petites villes américaines, s’il n’y avait ici et là quelques vestiges de maisons typiques des villes de province russes. On nous dit que la position du gouvernement est de pousser les propriétaires et les acheteurs à préserver ce patrimoine historique, tout projet de transformation semble interdit.

Aujourd’hui musée cette petite maison est le siège du premier Soviet nommé dès 1920.

Rareté dans le paysage kirghize, l’église orthodoxe de la Sainte-Trinité date de la fin du XIXe siècle, elle a été construite sur le lieu d’une ancienne église détruite par un tremblement de terre. Elle avait été interdite au culte sous Staline, puis progressivement rétablie dans ses prérogatives religieuses. Elle a bénéficié d’une rénovation récente.

Sous les pavés la musique (XI) : Solti à Londres

Reprenons le fil après l’interruption involontaire survenue il y a une semaine (Une expérience singulière) non sans avoir exprimé ma gratitude aux amis et lecteurs de ce blog pour leurs messages de soutien et de réconfort.

J’avais donc reçu un coffret de 36 CD, commandé il y a plusieurs semaines :

Decca a entrepris, semble-t-il, de rééditer, au fil des ans, le legs discographique considérable du chef anglais d’origine hongroise, Georg Solti (né le 21 octobre 1912 à Budapest et mort le 5 décembre 1997 à Antibes). En 2017, un énorme pavé de 108 CD reprenait tous les enregistrements réalisés à Chicago (lire : Solti à Chicago). Normal après tout, puisque Solti a été le patron du Chicago Symphony durant 22 ans, de 1969 à 1991, et directeur musical honoraire jusqu’à sa mort.

Ce nouveau coffret « londonien » couvre une première période de 1949 au début des années 70 – avec le London Symphony, le London Philharmonic et l’orchestre de l’opéra royal de Covent Garden – puis plus tardivement dans les années 90 essentiellement avec le LPO.

Ce coffret est un bon résumé de ce qu’on a aimé… et moins aimé chez ce grand chef.

Les gravures londoniennes des oeuvres qu’il a enregistrées plusieurs fois ou avec plusieurs orchestres sont toujours préférables – c’est vrai pour Bartok et Mahler. L’énergie débordante, la précision rythmique, qui sont la marque du jeune Solti y sont flagrantes, y compris dans des répertoires inattendus : la Gaîté parisienne de Rosenthal d’après Offenbach, gravée en 1958 avec l’orchestre de Covent Garden, est menée à un rythme d’enfer.

Plus les années passent, plus Solti succombe à une sorte de perfection marmoréenne, glacée comme dans les symphonies londoniennes de Haydn, gravée dans les années 80 (quelle lourdeur dans les menuets !). il n’est que de comparer les mêmes symphonies enregistrées avec le même orchestre (le London Philharmonic) avec Eugen Jochum ! Chez Jochum, tout vit, tout pétille… avec Solti on passe complètement à côté de l’esprit même du compositeur.

Les Anglais, Elgar, Walton, réussissent particulièrement à Solti. On se demande ce qu’il aurait fait des symphonies de Vaughan Williams par exemple.

Mozart: Symphony No. 25 in G minor, K183

  • London Symphony Orchestra
  • Sir Georg Solti

Mozart: Symphony No. 38 in D major, K504 ‘Prague’

  • London Symphony Orchestra
  • Sir Georg Solti

Mozart: Piano Concerto No. 20 in D minor, K466

  • Sir Georg Solti (piano/conductor)
  • Chamber Orchestra of Europe

Mozart: Piano Concerto No. 24 in C minor, K491

  • Alicia de Larrocha (piano)
  • Chamber Orchestra of Europe

Mozart: Piano Concerto No. 25 in C major, K503

  • Alicia de Larrocha (piano)
  • London Philharmonic Orchestra

Mozart: Piano Concerto No. 26 in D major, K537 ‘Coronation’

  • Alicia de Larrocha (piano)
  • Chamber Orchestra of Europe

Mozart: Piano Concerto No. 27 in B flat major, K595

  • Alicia de Larrocha (piano)
  • London Philharmonic Orchestra

Mozart: Concerto for 2 Pianos and Orchestra No. 10 in E flat, K365

  • Daniel Barenboim (piano), Sir Georg Solti (piano/conductor)
  • English Chamber Orchestra

Mozart: Concerto for Three Pianos & Orchestra, K242

  • András Schiff (piano), Daniel Barenboim (piano), Sir Georg Solti (piano/conductor)
  • English Chamber Orchestra

Haydn: Symphonies Nos. 93 – 104 (the London Symphonies)

  • London Philharmonic Orchestra

Beethoven: Symphony No. 4 in B flat major, Op. 60

  • London Philharmonic Orchestra

Beethoven: Violin Concerto in D major, Op. 61

  • Mischa Elman (violin)
  • London Philharmonic Orchestra

Mendelssohn: Symphony No. 3 in A minor, Op. 56 ‘Scottish’

  • London Symphony Orchestra

Mahler: Symphony No. 1 in D major ‘Titan’

  • London Symphony Orchestra

Mahler: Symphony No. 2 ‘Resurrection’

  • London Symphony Orchestra, Heather Harper, Helen Watts

Mahler: Symphony No. 3

  • London Symphony Orchestra, Helen Watts

Mahler: Symphony No. 9

  • London Symphony Orchestra

Liszt: Les Préludes, symphonic poem No. 3, S97

  • London Philharmonic Orchestra

Liszt: Prometheus, symphonic poem No. 5, S99

  • London Philharmonic Orchestra

Liszt: Festklänge, symphonic poem No. 7, S101

  • London Philharmonic Orchestra

Liszt: Wandererfantasie (Schubert), S366

  • Jorge Bolet (piano)
  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: Symphony No. 1 in A flat major, Op. 55

  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: Symphony No. 2 in E flat major, Op. 63

  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: Violin Concerto in B minor, Op. 61

  • Kyung Wha Chung (violin)
  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: Falstaff – Symphonic Study in C minor, Op. 68

  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: In the South (Alassio), Op. 50

  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: Cockaigne Overture, Op. 40 ‘In London Town’

  • London Philharmonic Orchestra

Elgar: Pomp and Circumstance Marches Nos. 1-5, Op. 39

Holst: The Planets, Op. 32

  • London Philharmonic Orchestra

Walton: Belshazzar’s Feast

  • London Philharmonic Orchestra

Walton: Coronation Te Deum

  • London Philharmonic Orchestra

Bartók: Piano Concertos Nos. 1, 2 & 3

  • Vladimir Ashkenazy (piano)
  • London Philharmonic Orchestra

Bartók: Violin Concerto No. 2, Sz 112

  • Kyung Wha Chung (violin)
  • London Philharmonic Orchestra

Bartók: Music for Strings, Percussion & Celesta, BB 114, Sz. 106

  • London Philharmonic Orchestra

Bartók: Music for Strings, Percussion & Celesta, BB 114, Sz. 106

  • London Symphony Orchestra

Bartók: Dance Suite, BB 86, Sz. 77

  • London Philharmonic Orchestra

Bartók: Dance Suite, BB 86, Sz. 77

  • London Symphony Orchestra

Bartók: Concerto for Orchestra, BB 123, Sz.116

  • London Symphony Orchestra

Bartók: The Miraculous Mandarin, Op. 19, Sz. 73 (suite)

  • London Symphony Orchestra

Bartók: Duke Bluebeard’s Castle, Sz. 48, Op. 11

  • London Philharmonic Orchestra, Sylvia Sass, Kolos Kovats

Kodály: Háry János Suite

  • London Philharmonic Orchestra

Kodály: Psalmus hungaricus, Op. 13

  • London Philharmonic Orchestra

Kodály: Dances of Galanta

Kodály: Variations on a Hungarian Folksong ‘The Peacock’

  • London Philharmonic Orchestra

Rachmaninov: Piano Concerto No. 2 in C minor, Op. 18

  • Julius Katchen (piano)
  • London Symphony Orchestra

Stravinsky: Oedipus Rex

  • London Philharmonic Orchestra

Gounod: Faust – Ballet Music

  • Royal Opera House Covent Garden

Offenbach/Rosenthal: Gaîté Parisienne

  • Royal Opera House Covent Garden

Rossini: L’Italiana in Algeri Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Rossini: Il barbiere di Siviglia Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Verdi: La forza del destino Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Suppe: Leichte Kavallerie Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Suppe: Dichter und Bauer Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Suppe: Ein Morgen, ein Mittag, ein Abend in Wien Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Suppe: Pique Dame Overture

  • London Philharmonic Orchestra

Verdi: La forza del destino Overture

Verdi: La traviata: Prelude to Act 1

Offenbach: Barcarolle (from Les Contes d’Hoffmann )

  • Royal Opera House Covent Garden

Verdi: La traviata: Prelude to Act 3

Rossini: Semiramide Overture

  • Royal Opera House Covent Garden

Ponchielli: Dance of the Hours (from La Gioconda)

  • Royal Opera House Covent Garden

Rossini: L’Italiana in Algeri Overture

  • Royal Opera House Covent Garden

Glinka: Ruslan & Lyudmila Overture

  • London Symphony Orchestra

Mussorgsky: Khovanshchina – Introduction

  • London Symphony Orchestra

Mussorgsky: A Night on the Bare Mountain

  • London Symphony Orchestra

Borodin: Prince Igor Overture

  • London Symphony Orchestra

Borodin: Prince Igor: Polovtsian Dances

  • London Symphony Orchestra

On garde pour la fin ce que je considère depuis toujours comme ma version de chevet du Deuxième concerto de Rachmaninov. Julius Katchen et Solti c’est une assurance anti-guimauve et la garantie d’une virtuosité assumée.

Sous les pavés la musique (IX) : Igor Markevitch la collection Philips

C’était annoncé depuis l’été (lire Igor Markevitch et la zarzuela), attendu avec impatience. Deux coffrets reprenant les disques gravés par Igor Markevitch (1912-1983) pour Philips et pour Deutsche Grammophon.

C’est peu dire qu’on est comblé par le travail, une fois de plus remarquable, que le responsable de la collection Eloquence, Cyrus Meher-Homji a effectué d’abord pour rassembler l’intégralité des enregistrements réalisés par le chef d’origine russe pour le label hollandais Philips, et restaurer (« remasteriser » dit-on maintenant) les bandes d’origine, le plus spectaculaire étant la véritable résurrection des captations moscovites de 1962 (cf.ci-dessous)

Le « nettoyage » des bandes a aussi pour effet secondaire de rendre plus audibles les sonorités parfois crues de certaines phalanges – on a tant perdu l’habitude des saveurs parfois acidulées des bois français dans l’orchestre Lamoureux du début des années 60 ! – et, pour ce qui est des troupes espagnoles, chanteurs et orchestre, de défauts d’intonation et de justesse qui ne doivent pas cependant nous faire regretter de disposer enfin de ce patrimoine inattendu de la part de Markevitch.

CD 1
FRANZ JOSEPH HAYDN (1732–1809)
1–4 Symphony No. 103 in E flat major, H.I:103 ‘Drum Roll’*
5–8 Symphony No. 104 in D major, H.I:104 ‘London’*
Orchestre des Concerts Lamoureux

CARL MARIA VON WEBER (1786–1826)
Preciosa – Overture, Op. 78, J.279
Orquesta Sinfónica de la RTV Española

*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 2
WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756–1791)
1–3 Piano Concerto No. 20 in D minor, KV 466
4–6  Piano Concerto No. 24 in C minor, KV 491
Clara Haskil, piano
Orchestre des Concerts Lamoureux

CD 3
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827)
1–4 Symphony No. 1 in C major, Op. 21*
5–8  Symphony No. 5 in C minor, Op. 67*
9–12 Symphony No. 8 in F major, Op. 93*
Orchestre des Concerts Lamoureux
*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 4
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827)
1–4 Symphony No. 9 in D minor, Op. 125 ‘Choral’*
Hilde Gueden, soprano
Aafje Heynis, contralto
Fritz Uhl, tenor
Heinz Rehfuss, baritone
Oratorienchor Karlsruhe
Orchestre des Concerts Lamoureux

*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 5
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827)
1–3 Piano Concerto No. 3 in C minor, Op. 37

FRÉDÉRIC CHOPIN
 (1810–1849)
4–6 Piano Concerto No. 2 in F minor, Op. 21
Clara Haskil, piano
Orchestre des Concerts Lamoureux

CD 6
ALBAN BERG (1885–1935)
1–2 Violin Concerto ‘To the Memory of an Angel’
Arthur Grumiaux, violin
Concertgebouworkest

JOHANNES BRAHMS (1833–1897)
Tragic Overture, Op. 81
Alto Rhapsody, Op. 53

ZOLTÁN KODÁLY (1882–1967)
Psalmus Hungaricus, Op. 13
Irina Arkhipova, contralto (Alto Rhapsody)
Róbert Ilosfalvy, tenor (Psalmus Hungaricus)
Russian State Academy Choir
USSR State Symphony Orchestra

CD 7
GEORGES BIZET (1838–1875)
1–5 Carmen – Suite No. 1
6–10 Carmen – Suite No. 2
11–14 L’Arlésienne – Suite No. 1
15–17 L’Arlésienne – Suite No. 2
Orchestre des Concerts Lamoureux

CD 8
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 1 in G minor, Op. 13, TH.24 ‘Winter Daydreams’
5–8 Symphony No. 2 in C minor, Op. 17, TH.25 ‘Little Russian’
London Symphony Orchestra

CD 9
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–5 Symphony No. 3 in D major, Op. 29, TH.26 ‘Polish’
London Symphony Orchestra
Francesca da Rimini, Op. 32, TH.46
New Philharmonia Orchestra

CD 10
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 4 in F minor, Op. 36, TH.27
Hamlet, Op. 67
London Symphony Orchestra
New Philharmonia Orchestra

CD 11
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 5 in E minor, Op. 64, TH.29
London Symphony Orchestra

CD 12
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 6 in B minor, Op. 74, TH.30 ‘Pathétique’
London Symphony Orchestra

CD 13
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Manfred Symphony, Op. 58, TH.28
London Symphony Orchestra

CD 14
NIKOLAI RIMSKY-KORSAKOV (1844–1908)
1–5 Capriccio Espagnol, Op. 34
6–9 Scheherazade, Op. 35
Erich Gruenberg, solo violin
London Symphony Orchestra

CD 15
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
Ouverture solennelle ‘1812,’ Op. 49

NIKOLAI RIMSKY-KORSAKOV (1844–1908)
Russian Easter Festival, Overture, Op. 36

ALEXANDER BORODIN (1833–1887)
Polovtsian Dances (from Prince Igor)
Netherlands Radio Chorus (Borodin)
Concertgebouworkest

CD 16
IGOR STRAVINSKY (1882–1971)
1–10 Apollon musagète (1947 version)
11–14 Suite No. 1 for Small Orchestra
15–18 Suite No. 2 for Small Orchestra
19–22 Four Norwegian Moods
23 Circus Polka for a Young Elephant
London Symphony Orchestra

CD 17
IGOR STRAVINSKY (1882–1971)
1–24 L’Histoire du Soldat
Jean Cocteau, Jean-Marie Fertey, Peter Ustinov, narrators
Manoug Parikian, violin
Joachim Gut, double bass
Ulysse Delécluse, clarinet · Henri Helaerts, bassoon
Maurice André, trumpet · Roland Schnorkh, trombone
Charles Peschier, percussion

25–27 Symphonie de Psaumes
Boys’ and Male Voices of the Russian State Academic Choir
Russian State Academy Orchestra

CD 18
MODEST MUSSORGSKY (1839–1881)
Orch. Markevitch
1 Cradle Song
2 The Magpie
3 Night
4 Where art thou, little star?
5 The Ragamuffin
6 On The Dnieper
Galina Vishnevskaya, soprano

NIKOLAI TCHEREPNIN (1873–1945)
7–13 Tàti-Tàti*
Olga Rostropovich, piano

LEOPOLD MOZART (1719–1787)
14–16 Toy Symphony (Cassation in G major for Orchestra and Toys)°

GEORGES BIZET (1838–1875)
17–21 Jeux d’enfants – Petite Suite, Op. 22°
Children’s Ensemble of the Moscow School of Music (Toy Symphony)
USSR State Symphony Orchestra

*FIRST CD RELEASE ON DECCA
°FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 19
GIUSEPPE VERDI (1813–1901)
La forza del destino – Sinfonia
Macbeth – Ballet Music (Act III)
La traviata – Prelude (Act I)
Luisa Miller – Overture
Aida – Overture
Giovanna d’Arco – Overture
La traviata – Prelude (Act III)
I vespri siciliani – Overture
New Philharmonia Orchestra

Messa da Requiem*
beginning
9–10 Requiem et Kyrie

CD 20
GIUSEPPE VERDI (1813–1901)
1–19 Messa da Requiem*
conclusion
Galina Vishnevskaya, soprano
Nina Isakova, mezzo-soprano
Vladimir Ivanovsky, tenor
Ivan Petrov, bass
Russian State Academy Choir
Moscow Philharmonic Orchestra

*FIRST STEREO CD RELEASE ON CD

CD 21
FEDERICO MOMPOU (1893–1987)
1–8 Los Improperios
Peter Christoph Runge, baritone
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

TOMÁS LUIS DE VICTORIA (c. 1548–1611)
Ave Maria
10 Vexilla regis
Escolania de nuestra Señora del Buen Retiro
César Sanchez, Maestro de la Escolanía
Coro de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

PADRE JAIME FERRER (1762–1824)
11–16 Lamentación 1a
Ángeles Chamorro, soprano
Norma Lerer, contralto
Julian Molina, tenor
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española

CD 22
TOMÁS LUIS DE VICTORIA (c. 1548–1611)
1–8 Magnificat primi toni
Coro de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

ÓSCAR ESPLÁ Y TRIAY (1886–1976)
9–12 De Profundis
Ángeles Chamorro, soprano
Ines Rivadeneyra, mezzo-soprano
Carlo del Monte, tenor
Antonio Blancas, baritone
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

ERNESTO HALFFTER (1905–1989)
13 Canticum in P.P. Johannem XXIII*

IGNACIO RAMONEDA (1735–1781)
14 Veni Creator*
Ángeles Chamorro, soprano
Antonio Blancas, baritone
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

*FIRST CD RELEASE ON DECCA

CD 23
MANUEL DE FALLA (1876–1946)
1–7 Siete Canciones populares españolas*
Orchestrated by Igor Markevitch

ISAAC ALBÉNIZ (1860–1909)
8 Catalonia°

ERNESTO HALFFTER (1905–1989)
9 Fanfare (a la memoria de Enrique Granados)*

ENRIQUE GRANADOS (1867–1916)
10 Spanish Dance, Op. 37 No. 9 ‘Romantica’°
11 Spanish Dance, Op. 37 No. 4 ‘Villanesca’°
12 Intermezzo (from Goyescas)°
13 Zapateado (from Six Pieces on Spanish Folksongs)°
14 Spanish Dance, Op. 37 No. 8 ‘Asturiana’°
Ángeles Chamorro, soprano (Falla)
Orquesta Sinfónica de la RTV Española

*FIRST CD RELEASE ON DECCA
°FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 24
MANUEL DE FALLA (1876–1946)
1–3 Noches en los jardines de España
Clara Haskil, piano
Orchestre des Concerts Lamoureux

4–16 El amor brujo

EMMANUEL CHABRIER (1841–1894)
17 España – rapsodie pour orchestre

MAURICE RAVEL (1875–1937)
18 Boléro
Ines Rivadeneyra, contralto (El amor brujo)
Orquesta Sinfónica de la RTV Española

CD 25
ANTOLOGIA DE LA ZARZUELA
*
GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
1–3 La Tempranica (excerpts)

AMADEO VIVES (1871–1932)
4–5 Doña Francisquita (excerpts)

GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
El baile de Luis Alonso: Intermedio

VICENTE LLEÓ BALBASTRE (1870–1922)
La corte de Faraón: Son las mujeres de Babilonia – ¡Ay ba!

PABLO LUNA (1879–1942)
8–10 El Niño Judio (excerpts)

TOMÁS BRETÓN (1850–1923)
11–13 La Verbena de la Paloma (excerpts)
Ángeles Chamorro, Alicia de la Victoria, sopranos · Norma Lerer, contralto
Angel Custodio, Gregorio Gil, Carlo del Monte, tenors
Rafael Enderis, baritone
Julio Catania, Jesus Coiras, José Granados, Antonio Lagar, José Le Matt, basses
Coro y Orquesta Sinfónica de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

CD 26
MANUEL PENELLA (1880–1939)
El Gato Montés: Pasadoble

FRANCISCO ALONSO (1887–1948)
La Calesera: Dice el Rey que le debe guardar

RUPERTO CHAPÍ Y LORENTE (1851–1909)
3–4 La Revoltosa (excerpts)

FEDERICO CHUECA (1846–1908)
Agua, Azucarillos y Aguardiente: Vivimos en la Ronda de Embajadores

GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
La Tempranica: Zapateado
La boda de Luis Alonso: Intermedio

RUPERTO CHAPÍ Y LORENTE (1851–1909)
El tambor de Granaderos: Preludio

FRANCISCO ASENJO BARBIERI (1823–1894)
9–11 El barberillo de Lavapiés (excerpts)

RUPERTO CHAPI Y LORENTE (1851–1909)
12 El Rey que Rabio: Coro de doctores

GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
13 Enseñanza Libre: Gavota

MANUEL FERNANDEZ-CABALLERO (1835–1906)
14 Gigantes y Cabezudos: Jota
Ángeles Chamorro, Alicia de la Victoria, sopranos · Norma Lerer, contralto
Carlo del Monte, José Antonio Viñe, tenors · Antonio Lagar, bass
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

IGOR MARKEVITCH
*FIRST COMPLETE RELEASE ON CD OF ‘ANTOLOGIA DE LA ZARZUELA’

STEREO RECORDINGS

On attend maintenant avec autant d’impatience le coffret Eloquence Deutsche Grammophon !

Le Russe oublié

Les politiques d’édition et de réédition des grands labels classiques (les majors) répondent à des critères pour le moins mystérieux : un anniversaire rond constitue en général un bon prétexte, mais c’est loin d’être suffisant.

Le centenaire de la naissance du chef Igor Markevitch en 2012 n’avait suscité aucune réaction. EMI/Warner s’est réveillé un peu tard en publiant cet automne un pavé bienvenu :

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Mais rien du côté de chez Universal ! Pourtant le catalogue Markevitch chez Philips et Deutsche Grammophon est très loin d’être négligeable. N’y a-t-il plus personne dans les équipes de cette major qui connaisse la richesse et la variété des catalogues de ces marques prestigieuses ?

Il faut croire que non, quand on voit le traitement réservé au plus grand chef russe du XXème siècle (oui je sais il y a Mravinski, Svetlanov, Rojdestvenski et d’autres encore) : Kirill Kondrachine (ou Kondrashin pour épouser l’orthographe internationale, c’est-à-dire anglo-saxonne, imposée au monde entier). Le plus grand selon moi, ce qui n’ôte aucun mérite à ceux que j’ai cités plus haut et que j’admire infiniment, parce qu’il a embrassé presque tous les répertoires et a marqué chacune de ses interprétations d’une personnalité hors norme.

Le centenaire de sa naissance en 2014 a été complètement occulté (https://fr.wikipedia.org/wiki/Kirill_Kondrachine)

L’éditeur russe historique Melodia ressort les enregistrements de Kondrachine au compte-gouttes et sans logique apparente. Il faut naturellement se précipiter dessus dès qu’ils paraissent.

Decca a fait le service minimum avec cette piteuse réédition : deux disques symphoniques multi-réédités et un disque d’accompagnement de concertos.

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Personne pour signaler cette collection de « live » captés au Concertgebouw d’AmsterdamBernard Haitink avait généreusement accueilli le grand chef qui avait fui l’Union soviétique en décembre 1978 (et où Kondrachine avait régulièrement dirigé depuis 1968) ? Je viens de tout réécouter de cette dizaine de CD, portés par la grâce, le geste impérieux, un élan irrésistible, dans Ravel comme dans Brahms, dans Gershwin comme dans Chostakovitch…. Pourquoi laisse-t-on dormir de tels trésors ?

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Il n’est peut-être pas trop tard pour un vrai coffret d’hommage ?

Au moins Kondrachine est resté présent dans les catalogues comme l’accompagnateur de luxe de pianistes comme Van Cliburn, Byron Janis ou Sviatoslav Richter.

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Je découvre sur Youtube un document doublement rare, le duo Richter-Kondrachine en concert à Moscou et dans un concerto, le 18ème de Mozart, que ni l’un ni l’autre n’ont officiellement enregistré.

Deux recommandations encore, en espérant que cet appel à Monsieur Decca/Universal sera entendu : le tout dernier enregistrement de Kondrachine, dans la salle du Concertgebouw, mais avec l’orchestre du Norddeutscher Rundfunk (NDR) de Hambourg le 7 mars 1981. Dans la nuit qui suivra Kondrachine sera foudroyé par une attaque cérébrale, alors qu’il allait prendre la direction musicale de l’orchestre symphonique de la Radio Bavaroise.

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On le répète, tout ce qu’on peut trouver de disques avec Kondrachine est indispensable ! Comme cette inusable référence, « la » version de Shéhérazade de Rimski-Korsakov, couplée à une fabuleuse 2e symphonie « live » de Borodine

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