Musiques papales

Depuis lundi et l’annonce de la mort du pape François (voir 21.04.2025), on décortique tout de sa personnalité, ses goûts, ses pratiques culturelles. On savait son prédécesseur Benoît XVI fin mélomane et jouant lui-même du piano et frère de Georg Ratzinger, longtemps chef des Petits Chanteurs de Ratisbonne (Regensburger Domspatzen). Un article du journal canadien Le Devoir nous éclaire sur les goûts musicaux du défunt pape : Un souverain pontife amoureux de la musique classique.

Quant aux musiques associées au Vatican – dont je suis loin d’être un spécialiste – on est loin, en termes de notoriété, de Venise, Londres, Vienne ou même Paris. Je ne suis pas sûr que spontanément on arrive à citer les compositeurs qui ont officié à Saint-Pierre-de-Rome.

Palestrina (1525-1594)

Comme Vivaldi est associé à Venise, Pierluigi da Palestrina est lié à Rome où il est né et mort, où il devint maître de chapelle de Saint-Pierre, laissant entre autres cette célèbre Messe du pape Marcel

Benevolo (1605-1672)

Hervé Niquet aura largement contribué à faire connaître l’oeuvre étonnante de l’un des successeurs de Palestrina, le Romain Orazio Benevolo (ou Benevoli)

Alessandro Scarlatti (1660-1725)

Alessandro Scarlatti né à Palerme, mort à Naples, passe deux longues périodes de sa vie à Rome. On lui doit entre autres le motet Tu es Petrus, qui inspire quantité de compositeurs comme Liszt

L’hymne du Vatican

Je découvre que l’hymne officiel du Vatican – Inno e Marcia Pontificale -a été composé par le Français Charles Gounod !

Originaux

Vendredi soir j’étais à la Cité de la Musique pour une expérience originale, un projet comme toujours un peu fou de l’inclassable Hervé Niquet et de son Concert spirituel : la restitution d’un office à Saint Louis des Français de Rome

« Orazio Benevolo (1605-1672) fut d’abord enfant de choeur à l’église Saint-Louis des Français de Rome, avant d’en devenir le maître de chapelle. Il est l’auteur de nombreuses messes qui tantôt se situent dans l’héritage de Palestrina, tantôt s’aventurent sur des chemins plus novateurs. Pour ce concert, le chœur est réparti dans les balcons de la salle, autour du public, en référence à l’église romaine qui a connu la création de cette œuvre majestueuse. »

Expérience fascinante sur le plan sonore, puisqu’en effet nous, public, placé au centre de la salle, étions environnés par les musiciens et chanteurs répartis en huit groupes.

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Une expérience « polyphonique » que pourra revivre le public du Festival Radio France l’été prochain (les détails de l’édition 2017 sont annoncés le 10 mars prochain).

Samedi on apprenait la disparition d’un autre original : Jean-Christophe Averty

https://www.youtube.com/watch?v=V-LG7ZPjIgY

On a peine à imaginer que grâce à des talents aussi singuliers qu’Averty, un tel vent de liberté et  d’audace ait pu souffler sur la télévision et la radio publiques.

De la même génération qu’Averty, mais pas décidé à dételer, bien au contraire, Michel Legrand confirme qu’à 85 ans, il occupe une place originale dans la vie musicale. Et que, quand il décidé d’écrire de la musique « classique », il frappe fort et juste. Pour preuve, ce nouvel enregistrement (qui sort le 10 mars) écouté de bout en bout avec gourmandise :

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Le pianiste Legrand a encore de sacrés doigts, il connaît ses classiques – Messiaen, Ravel ne sont pas loin – et il confie au violoncelle d’Henri Demarquette une superbe élégie. Faut-il ajouter qu’ils bénéficient d’un accompagnement de grand luxe ?