Bonnes et moins bonnes affaires

Je voulais consacrer ce billet aux bonnes affaires que j’ai faites ces derniers temps.

Mais je ne peux ni ne veux échapper à l’actualité

Information/désinformation

Je ne reviens pas sur les affaires Bayou ou Bétharram (cf. brevesdeblog), mais sur deux éléments d’actualité, sans commune mesure mais où la désinformation continue de primer sur l’information.

Trump/Zelensky

Zelensky est attendu ce vendredi à Washington, pour, nous dit-on, signer un accord avec les Etats-Unis concernant l’exploitation future des « terres rares » du sous-sol ukrainien. Entendu ce matin d’abord sur France Inter puis dans Télématin sur France 2, l’explication lumineuse de Guillaume Pitron :

On voit bien les diplomates et nombre de responsables politiques se boucher le nez : ainsi la paix en Ukraine se résumerait à un deal – « tu me donnes accès à ton sous-sol, je te garantis le soutien des Etats-Unis ». Comme si l’issue de tous les grands conflits dans le passé ne s’était pas soldée par des marchandages territoriaux et économiques…

Les malheurs de Cyril H.

En France, on a l’impression que le monde télévisuel est en passe de s’écrouler, parce que C8 et NRJ12 cessent d’émettre sur la TNT ce vendredi. Ah ces salauds de l’ARCOM et du Conseil d’Etat qui briment la liberté d’expression ! Ah oui ? Qui a seulement fait remarquer que la décision de l’ARCOM de supprimer à ces deux chaînes l’accès à la TNT gratuite, n’entraînait nullement leur disparition. La décision d’arrêter a été prise par les actionnaires et eux seuls. Ne pas refaire l’histoire !

J’en parle d’autant plus librement que je ne regarde jamais C8 !

Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici le texte posté sur Linkedin par un avocat qui sait de quoi il parle en matière de droit du travail :

Pierre-Francois ROUSSEAU • Avocat associé PHI AVOCATS

🔥 Grosse Darka en vue : Et si, au final, C8 et Cyril Hanouna devaient sortir le chéquier pour indemniser les centaines de salariés laissés sur le carreau ? 💸 ?

🚨 Rappel des faits : Le 11 décembre 2024, l’Arcom a mis fin au règne de C8 sur le TNT et fermé le doss’ en refusant de renouveler sa fréquence TNT. Décision confirmée définitivement par le Conseil d’Etat.

Résultat ? Fermeture de la chaîne, licenciements en cascade.

Pourquoi cette sentence sévère ?

👉 le non respect récurrent de la convention autorisant C8 à exploiter la fréquence

👉 35 sanctions en 12 ans, dont 7 rien qu’en 2024 (non respect des droits des personnes, défaut de protection des mineurs, atteinte à la dignité,… tout y passe).

👉 Un défaut chronique de maîtrise de l’antenne depuis plusieurs années

Or qui sont les responsables de ces manquements ? C8 et H2O (la prod de Cyril Hanouna).

Mais voilà où ça devient croustillant 👀

La jurisprudence est formelle :

⚖️ Quand l’employeur est responsable des difficultés économiques de son entreprise, le licenciement qui en découle est sans cause réelle et sérieuse (Cass. Soc. 29 mai 2024, n°22-10654).

⚖️ Les salariés peuvent même attaquer un tiers (ici, la prod de « TPMP ») s’il a contribué à la chute de l’entreprise (Cass. Soc. 28 sept. 2010, n° 09-41.243).

Baba a toujours dit : « La télé, c’est une grande famille »… Mais là, certains vont peut-être vouloir récupérer l’héritage ! 📺

Affaire à suivre, mes p’tites beautés ! 🥰

Et pour les férus de droit du travail, petit paradoxe en cas d’action judiciaire : au prudhommes C8 bénéficiera des plafonds du barème Macron alors que H2O devant le tribunal judiciaire pourrait être condamnée sans limite. Mais une chose est certaine les deux ne pourront pas être condamnées en même temps car la Cour de Cassation rejette la double indemnisation (Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 27 janvier 2021, 18-23.535) ». (Linkedin, 27.02.2025)

Bonnes affaires

Pour revenir à la musique, quelques-unes de mes bonnes affaires récentes.

Ormandy à l’italienne

Pré-commandé il y a plusieurs semaines à la FNAC, le second coffret des enregistrements stéréo d’Eugene Ormandy (1964-1983) sort ces jours-ci. Je me suis aperçu, comme pour le précédent coffret, qu’il est 30 € moins cher sur Amazon.it. Avis aux amateurs !

Tout Albeniz

Je n’avais pas spécialement repéré ce coffret paru chez Bis. Mais au prix proposé actuellement sur jpc.de, on achète et on écoute

Les années Ormandy

Peu de publications auraient pu me faire plus plaisir. J’ai reçu hier un coffret que j’avais commandé en Italie, un quart moins cher que le prix français – 88 CD regroupant les enregistrement stéréo de 1958 à 1963 d’Eugene Ormandy (1899-1985), le chef mythique du non moins mythique orchestre de Philadelphie de 1938 à 1982. Un « règne » de 44 ans !

Plaisir très particulier, parce que pour quelqu’un comme moi qui a fait son éducation musicale grâce au disque (non pas le 78 tours, mais le vinyle 33 tours, qui revient en force aujourd’hui !), le nom d’Ormandy est un compagnon incontournable.

Je pense, sous réserve de preuve contraire, qu’aucun orchestre, aucun chef n’ont plus enregistré de disques aux Etats-Unis. Plus que New York avec Bernstein (et pourtant !), Szell avec Cleveland, pour ce qui était le label Columbia (en abrégé CBS). Ce qui a peut-être contribué à un paradoxe très injuste. La critique, française mais pas qu’elle, a souvent eu tendance à considérer le chef d’origine hongroise comme un bon artisan. Remarquez que, dans l’exercice des discographies comparées, Ormandy n’est jamais quasiment cité pour quelque répertoire que ce soit, et Dieu sait si celui-ci fut abondant.

Ce nouveau coffret fait suite à un premier comprenant les enregistrements mono, deux autres devraient suivre, pour compléter la période stéréo, pour CBS puis RCA.

La première chose qui saute aux oreilles, pour quelqu’un qui connaît bien les rééditions précédentes en CD, c’est la remasterisation spectaculaire, la netteté de l’image sonore, l’espace apporté à des prises parfois un peu opaques. C’est surtout la redécouverte de ce fameux Philadelphia Sound, ces cordes uniques au monde, ces vents si doux et éloquents.

Ce qui frappe aussi dans ce coffret c’est la diversité du répertoire abordé. Je croyais à peu près tout connaître de la discographie d’Ormandy, je découvre ici nombre de disques, sans doute pas essentiels, dédiés à des compositeurs américains, dont je n’avais, pour certains, jamais entendu parler… Sans doute résultat de commandes passées par l’orchestre.

Bien sûr on sait que c’est à Eugene Ormandy et au Philadelphia Orchestra que Rachmaninov dédie sa dernières oeuvre, ses Danses symphoniques. « Quand j’étais jeune, Chaliapine était ma grande idole. Chaliapine n’est plus. Depuis lors, chaque fois que j’écris, c’est avec le son de Philadelphie dans mes oreilles. Aussi, qu’il me soit permis de dédier ma dernière composition au meilleur orchestre au monde, et à son chef, Eugène Ormandy« 

On trouvera peut-être rédhibitoires pour les oreilles habituées aux lectures « historiquement informées »‘ les versions du Messie de Haendel ou de la Messe en si de Bach, jouées à plein orchestre.

On avoue y trouver des beautés quelque peu surannées.

J’avais découvert cette photo et quelques autres en visitant la maison de Sibelius en Finlande, Ainola, en 2006.

On ne peut évidemment faire l’impasse sur une partie très importante de l’activité de l’orchestre et donc ce coffret, les enregistrements avec de grands solistes, Rudolf Serkin, Robert Casadesus, Isaac Stern, David Oistrakh et même le tout premier enregistrement du concerto pour violoncelle n°1 de Chostakovitch avec Rostropovitch, tous déjà connus et réédités. Mais ici avec une « plus value sonore » indubitable.

Je suis déjà impatient des prochains coffrets. En attendant, profitons de cet hommage à l’un des plus grands chefs du XXe siècle et à l’un des plus beaux orchestres du monde.

Voix de miel et de bronze : Victoria et Jessye

C’est un exercice auquel je refuse de me livrer, même si j’y suis parfois contraint : comment décrire une voix humaine, a fortiori chantante ? On en est réduit à des images, à des adjectifs dont la banalité le dispute souvent à l’inexactitude.

Une centenaire solaire

Victoria de Los Angeles est née, il y a cent ans, le 1er novembre 1923 à Barcelone et morte le 15 janvier 2005 dans sa ville natale. Warner a eu la bonne idée de lui dédier un coffret copieux, qui ne contient à ma connaissance aucun inédit, mais qui résume bien la carrière exceptionnelle de cette voix sensuelle, gorgée de lumière, qui s’était confiée au micro de Jean-Michel Damian sur France Musique à l’occasion de ses 70 ans : Mémoire retrouvée, Victoria de Los Angeles. J’ai pour ma part le souvenir d’un récital donné à Cannes, à l’occasion du MIDEM, à l’automne 1993, récital capté par France Musique : les craintes de l’équipe technique, et la mienne, avaient été levées dès les premiers instants. La cantatrice savait parfaitement ce qu’elle pouvait encore chanter, à un âge où ses consoeurs avaient depuis longtemps renoncé, et ce fut un éblouissement constant.

J’évoquais l’été dernier les circonstances particulières de l’enregistrement de l’un des plus beaux disques de Carmen de Bizet – L’impossible Carmen

Je ne vais pas me livrer au petit jeu des préférences : tout est admirable dans cette boîte. Quelques-uns des trésors qui font mon bonheur depuis des lustres :

Dans ce Ravel, on ne sait qu’admirer le plus : la diction, le timbre, la souplesse de la voix…

Jessye enfin

Bien plus que Victoria de Los Angeles, Jessye Norman (1945-2019) a été, dès mes premiers émois musicaux, la compagne de mon éducation à l’univers de la voix, de la mélodie, de l’opéra même, comme je l’ai raconté ici lorsqu’elle a disparu il y a quatre ans : Les chemins de l’amour .

Ce coffret récapitulatif de ses enregistrements de studio (à l’exception des intégrales d’opéra) avait été annoncé il y a plus de deux ans – lire Disques fantômes, et on avait fini par penser qu’il ne sortirait jamais. Finalement, commandé vendredi (sur un site italien), reçu samedi, je l’ai ouvert et découvert comme un enfant à qui on aurait fait le plus beau cadeau de Noël. Il n’y a là pourtant rien que je ne connaisse déjà, que j’ai précieusement collectionné au fil des ans, à part peut-être The Child of our time de Tippett, dirigé par Colin Davis, qui m’avait échappé. Il y a des doublons, mais on ne fait pas la fine bouche quand la 9e de Beethoven est dirigée par Levine ou Böhm, la 3e de Mahler par Abbado et Ozawa, ou encore quand se présentent deux versions du Chant de la Terre de Mahler (avec une préférence pour celle de James Levine et le trop rare et magnifique Siegfried Jerusalem)

Comme pour le coffret Los Angeles, une somme admirable qui rend justice à l’une des plus extraordinaires musiciennes de la fin du XXe siècle, voix de bronze et d’ambre d’une puissance inégalée.

Détails du coffret :

CD1    Schubert & Mahler Lieder 
CD2    Schumann: Frauenliebe und -leben Op. 42; Liederkreis, Op.39 
CD3    Les Chemins de l’amour – Songs By Duparc, Ravel, Poulenc & Satie 
CD4    Brahms: 12 Lieder 
CD5    Brahms: 29 Lieder 
CD6    Brahms: 23 Lieder 
CD7    Schubert: 12 Lieder 
CD8    Richard Strauss: 20 Lieder 
CD9    Live at Hohenems 
CD10    Live in Europe 
CD11    Salzburg Recital 
CD12    Tippett: A Child Of Our Time 
CD13    Jessye Norman sings Wagner 
CD14    Mahler: Songs from « Das Knaben Wunderhorn »  (dir. Bernard Haitink avec John Shirley-Quirk)
CD15    Schoenberg: Gurrelieder
CD16    Schoenberg: Gurrelieder (dir. Seiji Ozawa)
CD17    Berlioz: Les Nuits d’été; Ravel: Shéhérazade 
CD18    Beethoven: Symphony No.9 in D minor, Op.125 – « Choral »  (dir. Karl Böhm
CD19    Mahler: Das Lied von der Erde (dir. Colin Davis avec Jon Vickers)
CD20    Mahler: Symphony No.3 in D minor 
CD21    Mahler: Symphony No.3 in D minor (dir. Claudio Abbado)
CD22    Richard Strauss: Four Last Songs 
CD23    Beethoven: Symphony No.9 in D minor, Op.125 – « Choral »  (dir. James Levine)
CD24    Wagner: Tristan und Isolde excerpts; Siegfried Idyll; Overture « Tannhäuser » 
CD25    Live at Notre Dame 
CD26    Beethoven: Missa Solemnis, Op.123 
CD27    Beethoven: Missa Solemnis, Op.123 (dir. James Levine)
CD28    Schoenberg: Erwartung; Cabaret Songs 
CD29    Mahler: Symphony No.3 in D minor 
CD30    Mahler: Symphony No.3 (dir. Seiji Ozawa)
CD31    Mahler: Das Lied von der Erde (dir. James Levine avec Siegfried Jerusalem)
CD32    Spirituals 
CD33    Sacred Songs 
CD34    A Great Day in the Morning 
CD35    Spirituals in Concert 
CD36    Christmastide 
CD37    In the Spirit – Sacred Music for Christmas 
CD38    With a Song in My Heart 
CD39    Lucky To Be Me 
CD40    I Was Born in Love with You 
CD41    Mahler: Kindertotenlieder; Lieder eines fahrenden gesellen; Wagner: Wesendonck Lieder 
CD42    Berlioz: La Mort de Cléopatre; Brahms: Alto Rhapsody; Bruckner: Te Deum 

DVD1: Jessye Norman Recital 
DVD2: Jessye Norman at Christmas 
DVD3: Jessye Norman A Portrait