L’été 23 (I): Karajan et Mozart

Petite série estivale pendant que ce blog prendra quelques distances avec l’actualité, quelques disques enregistrés en été, tirés de ma discothèque.

Herbert von Karajan (lire Les disparus de juillet) avait l’habitude, dans les années 60, de convoquer ses musiciens berlinois dans l’église de St. Moritz, la station chic et haut perchée des Alpes suisses (dans les Grisons précisément, où l’on pratique la quatrième des langues officielles de la Suisse, le romanche !) pour des enregistrements d’oeuvres qui ne nécessitaient pas le grand effectif d’orchestre. En particulier, les divertimenti de Mozart, d’ordinaire réservés à des formations de chambre, mais que le chef salzbourgeois affectionnait particulièrement au point de les jouer en concert, et pour certains de les enregistrer à deux reprises.

La virtuosité collective, le fini instrumental, la ligne de chant, sont simplement admirables. Pourquoi s’en priver ?

Rêve d’hiver

Pour tout un tas de raisons qu’il n’y aurait aucun intérêt à détailler ici, je n’ai jamais passé de vacances à l’hôtel aux sports d’hiver jusqu’à ce week-end pascal. On découvre à tout âge, dit la sagesse populaire ! Et pourtant j’en ai souvent rêvé…

Je n’ai pourtant aucune raison de me plaindre. Au cours de l’hiver 1970, mes parents avaient loué une petite maison (une ancienne bergerie), que l’unique poêle à bois n’arrivait pas à chauffer, au bas de la station de La Mongie. Premiers pas peu concluants sur des skis. En 1977 rebelote à Megève, dans un appartement prêté par la famille de l’élue de mon coeur de l’époque, des essais de ski de fond. Et à partir de 1981, installation à Thonon-les-Bains, les bords du Léman en été, les pistes des Gêts, d’Avoriaz, de Morzine, ou plus modestes de Bernex, sous la Dent d’Oche, en hiver. Pas besoin de séjour organisé, mais du coup jamais l’ambiance si particulière de l’hôtel ou du chalet de montagne, sauf quand on avalait une raclette ou une tartiflette avec les amis avant de redescendre…

Et puis il y eut ce triste jour de février 1999. Mon ami Alain G. m’avait enjoint de quitter Paris et la morosité de l’entre-deux professionnel que je traversais alors, et de venir skier avec lui (c’était un champion comparé à la tortue que j’ai toujours été sur les pistes). J’emmène le cadet de mes fils, et nous passons avec toute une bande d’amis, une fabuleuse journée au soleil d’Avoriaz. Le soir nous devons nous retrouver pour un spectacle à la Maison des Arts de Thonon, je ne les vois ni sa femme ni lui, je ne suis pas inquiet, ils auront eu un empêchement de dernière minute. Le lendemain je suis réveillé par l’appel d’une amie commune : « Vous êtes au courant pour Alain ? » Comme le chante Barbara (Nantes) … J’ai rien dit, mais…j’ai compris qu’il était trop tard.

Je n’ai  jamais rechaussé des skis depuis lors. Et puis Liège était loin des Alpes.

Devant être présent à Genève durant ces semaines de mars, je me dis qu’il ne fallait pas laisser passer l’opportunité d’un séjour bienfaisant au coeur des Alpes suisses, que je n’ai jamais connues qu’en été grâce aux vacances familiales dans le pays maternel.Je n’avais pu assister aux semaines musicales de Gstaad désormais animées par Renaud Capuçon, je profiterais de la station  en cette fin de saison.

Et puis Gstaad dans mon esprit, plus qu’un repère de célébrités, ce sont deux noms : Menuhin et l’inspecteur Clouseau.

Une grande partie du Retour de la panthère rose (1975) de Blake Edwards avec l’inénarrable Peter Sellers se déroule à Gstaad (http://www.gstaad.ch/fr/gstaad/histoires-de-gstaad/gstaad-est-le-dernier-paradis-dans-un-monde-fou.html)

https://www.youtube.com/watch?v=70TfU9R09Qg

La scène d’entrée d’un autre film culte (OSS 117, Rio ne répond plus) est elle aussi située à Gstaad.

Mais c’est le souvenir de Yehudi Menuhin (1916-1999) qui flotte encore sur les lieux, et il y a fort à parier que le prochain festival d’été célébrera comme il convient le centenaire du violoniste humaniste et ses 60 ans d’existence  (http://www.letemps.ch/culture/2016/03/23/gstaad-menuhin-festival-celebre-60-ans)

81keGLeswWL._SL1500_