Lumières

La catastrophe de Mayotte, les débuts ratés de Bayrou, l’enlisement du débat politique. Rien n’a changé depuis mon dernier billet, alors évitons…

Retour à Notre Dame

Comme je sais qu’il lit ce blog, je veux ici publiquement témoigner de ma reconnaissance et de mon admiration pour François Carbou, fondateur et infatigable animateur avec son épouse Yvette du label FY/Solstice. Il a pu lire ici mon admiration pour Pierre Cochereau, dont il a préservé la fabuleuse mémoire. Plus récemment j’ai eu la surprise de recevoir un disque dont j’ignorais même l’existence, parce que M. Carbou avait lu mes souvenirs d’une date très particulière à Notre-Dame (Ma Notre Dame). Merci Monsieur !

Après avoir vu et revu les cérémonies et messes de réouverture de Notre Dame, avoir pesté contre les insuffisances de France Télévisions (Cherchez le programme), j’étais évidemment impatient d’assister à un vrai concert conçu pour et dans Notre Dame. C’était mercredi soir et on peut en lire le compte-rendu sur Bachtrack: La Maîtrise de Notre Dame retrouve sa cathédrale

Voir l’album photo complet ici

Ce très court extrait du Magnificat de Bach avec les voix de Sandrine Piau, Eva Zaicik et Lucile Richardot ou quand la lumière revient à Notre Dame :

On a maintenant hâte de retrouver de grands récitals d’orgue avec Olivier Laury ou Thierry Escaich !

Nelson Goerner magistral

La semaine a bien commencé avec un récital magistral de Nelson Goerner à la Philharmonie. Quel parcours pour un musicien qu’on a la chance de suivre depuis ses tout débuts : je siégeais au jury du Concours de Genève qui lui a décerné, en 1990, un premier prix à l’unanimité !

Lire ma critique sur Bachtrack : L’admirable Nelson Goerner à la Philharmonie

Il me faut encore évoquer la disparition de l’une des actrices les plus lumineuses du cinéma espagnol, Marisa Paredes, que j’ai aimée dès que j’eus découvert l’univers d’Almodovar.

Citer aussi Marcel Marnat (1933-2024) que j’eus le bonheur de croiser quelquefois et surtout de lire souvent (voir Souvenirs de Ravel)

Douleur et gloire

J’avais rarement vu pareille unanimité dans l’encensement critique du dernier film de Pedro Almodovar : Douleur et gloire

J’ai attendu le creux d’un week-end changeant pour aller me faire ma propre idée. Dans une salle de quartier clairsemée – mais la concurrence est rude, notamment avec la Palme d’or , Parasite.

Comment dire le sentiment très mélangé que j’éprouve ? Oserai-je avouer même une certaine déception ? Alors que j’admire inconditionnellement le cinéaste madrilène.

Tout est bien dans ce film, le scénario – une sorte d’autoportrait sans complaisance du réalisateur bientôt septuagénaire – les acteurs – Antonio Banderas justement récompensé à Cannes – une image léchée, des plans bien construits. Mais service minimum de la part d’Alberto Iglesias, qui nous avait habitué à des partitions plus convaincantes.

Et pourtant je n’ai pas retrouvé les flamboyances, les audaces, les dérapages de Kika, de Talons aiguilles, La loi du désir, même de Parle avec elle ou des Amants passagers.

61fNIl83dmL._SL1000_Presque un film d’Almodovar…sans Almodovar !

Souvenir – puisque la nostalgie baigne ce dernier opus – d’un restaurant en 2006. . Dans l’ancien hôtel particulier de Marie-Laure de Noailles, place des Etats-Unis à Paris, inhabité pendant de longues années après la mort de la célèbre mécène, le Cristal Room Baccarat avait ouvert une galerie et un restaurant, que n’avait pas encore repris Guy Martin. Je ne sais plus pourquoi la conversation roulait sur Penelope Cruz, lorsque mon vis-à-vis m’annonce : « La voici qui arrive !« … L’actrice s’installait en effet à la table voisine de la nôtre, et pas seule : avec Pedro Almodovar et cinq ou six autres convives ! C’était à la veille de l’inauguration de la rétrospective/exposition Almodovar organisée à la Cinémathèque ! Je n’osai rien dire au cinéaste et à son actrice fétiche… Timidité quand tu nous tiens, mais je m’en fus à la Cinémathèque dès le lendemain.

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De l’utilité des palmarès

Tandis que la Belgique vit chaque mois de mai au rythme immuable, obligé, du Concours Reine Elisabeth – et que chaque année se repose la question de la pertinence de ses choix (De l’utilité des concours), le 69ème festival de Cannes vient de se refermer sur un palmarès qui n’a finalement convaincu personne :

Un autre palmarès était possible (France Culture)

Jury sage pour images rugissantes  (le Monde)

Dans le cas de Cannes, ce qui transparaît de ces papiers (et de bien d’autres les autres années), c’est que finalement le palmarès (Palme d’or, Grand Prix, etc.) a moins d’importance que la sélection. Très souvent, grâce au Festival, on a découvert des auteurs, des réalisateurs, parfois des acteurs/actrices, que les circuits de distribution habituels auraient ignorés ou négligés.

Le cinéma d’un Xavier Dolan a sans doute bénéficié de son exposition (surexposition ?) à Cannes, mais il aurait traversé l’Atlantique et atteint le coeur des cinéphiles européens sans Cannes. À l’inverse, ni Pedro Almodovar ni Woody Allen n’ont jamais décroché la récompense suprême à Cannes. Cela manque-t-il à leur talent ?

On ira voir bien sûr Julieta, parce qu’on n’a jamais manqué un Almodovar.

Et on a profité d’un dimanche après-midi pluvieux pour voir Cafe Society, un grand cru de Woody Allen. Le retour à ses fondamentaux, beaucoup moins carte postale que certains films récents, les tourments amoureux, des personnages creusés, décors et situations sublimés par un art consommé des éclairages.