Humeur, humour
« Il existe d’assez nombreux mots que l’anglais emprunta au français et que l’anglophilie des XVIIIe et XIXe siècles contribua à réintroduire dans la langue française, sous une forme et avec une signification parfois différentes.
Ainsi Humeur fut emprunté par les Anglais avant même l’époque classique et, parmi les sens du mot français, figurait alors celui d’Originalité facétieuse, Penchant à la plaisanterie. C’est sous la forme d’Humour que cette dernière acception nous est revenue d’Angleterre.
Aujourd’hui, Avoir de l’humeur et Avoir de l’humour ont en français des valeurs presque opposées, l’humeur désignant alors une disposition chagrine et l’humour la disposition, jugée toute britannique, à s’amuser sans amertume des aspects ridicules, absurdes ou insolites de la réalité. »
Voici l’explication donnée par l’Académie française elle-même sur son site (académie-française.fr) de la proximité de ces deux mots.
Les humeurs de Sophia Aram
Voici des années que j’essaie de ne pas rater les chroniques de Sophia Aram sur France Inter. Je ne voulais pas manquer son spectacle au Studio des Champs-Elysées; l’humour porté à ce degré d’acuité morale (ouf ! quel gros mot !), est un baume pour l’esprit, un réconfort pour le coeur, tant la haine, l’exclusion, la bêtise prospèrent de façon exponentielle sur les réseaux sociaux et dans les discours des extrêmes. C’est aussi et pleinement jubilatoire, féroce.. et si juste. Par exemple quand Sophia Aram interroge la salle sur le destin de Ségolène Royal…

Après une imitation aussi réaliste que vraisemblable de sa tante Fatiha, autrefois dans sa cité natale de Trappes, Sophia Aram atteint des sommets avec ce personnage de gourde totale, comme on en voit et on en entend autant :
Sophia Aram fait oeuvre de salubrité publique, c’est faire oeuvre de santé élémentaire que de l’écouter sur France Inter, mais mieux d’aller la voir et l’applaudir au Studio des Champs-Elysées.
Histoires d’humour perdu
Si je l’avais rencontrée, j’aurais aimé demander à Sophia Aram si elle ne sentait pas de plus en plus seule à défendre ses positions.
On a beaucoup parlé ces dernières semaines du « dérapage » de Guillaume Meurice. Mais il y a longtemps, trop longtemps, qu’on subit ce type vraiment pas drôle du tout. Et ce n’est pas tant ce qu’on n’ose plus qualifier d’humour qui me choque, que le mépris absolu que ce personnage professe pour ses congénères, pour ses auditeurs. Les quelques fois, peu nombreuses, où j’ai jeté une oreille à ce qui était alors la quotidienne de Charline Vanoenacker, le dénommé Meurice faisait glousser le studio avec ses micro-trottoirs d’interviews tronquées, orientées, tournées en ridicule. Sybile Veil et la nouvelle directrice de France Inter Adèle Van Reeth n’ont pas osé arrêter une émission, lancée en 2014, qui avait perdu son intérêt comme ses auditeurs, et nous gâchent maintenant nos dimanches soirs.
Dans Franc-Tireur de cette semaine, il faut lire la dernière page en partie consacrée à l’ex- co-auteur doué et drôle des Guignols de l’info, Bruno Gaccio : Guignol de l’infox. Où l’on se demande par quel mystère un type cultivé, intelligent devient le porte-parole de tous les « anti » de la Terre, pro-Poutine affirmé, on en passe et des pires…
Mais je ne voudrais pas terminer ce billet sur une note trop triste. On ne se lasse jamais de revoir le fantastique Victor Borge (lire La musique pour rire) dans cette séquence que j’ai découverte récemment, une leçon de musique impayable !