D’abord un paradoxe : traduit littéralement son nom voudrait dire « crieur » ! C’est pourtant l’un des plus grands chanteurs du XXème siècle qui vient de disparaître, à l’âge de 84 ans : Peter Schreier.
L’incarnation de ce que l’éducation dans une tradition authentique – Dresde, Leipzig – combinée à une habileté politique certaine – Schreier a été de toutes les distinctions du regime communiste est-allemand et a, de fait, bénéficié d’une liberté de mouvement, très parcimonieusement distribuée de l’autre côté du rideau de fer, qui lui a permis de se produire et d’enregistrer aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est.
Ce n’est pas le timbre de ténor le plus séduisant qui soit, mais le musicien incomparable perçait sous chaque note et la solidité d’une technique à toute épreuve lui autorisa une longévité assez exceptionnelle. D’autres diront tout ce qu’il a donné dans Mozart, Schubert, Wagner, Schumann et bien sûr Bach et Haendel.
De Peter Schreier je retiens aussi, et peut-être d’abord, le chef d’orchestre qui m’a en grande partie ouvert l’univers des oratorios, messes et cantates de Bach

Le souffle qui parcourt la Messe en si, la Passion selon Saint Jean, et nombre de cantates, continue de m’impressionner et m’émouvoir comme au premier jour.
Tout comme son Requiem de Mozart.

Hommage à un maître qui a fait de la tradition dont il s’est nourri une force vive, irrésistible.

