La belle époque

Autant le dire d’emblée, le personnage que jouait Nicolas Bedos dans les émissions où on l’invitait pour faire le pitre ou le philosophe à deux balles, m’avait toujours passablement irrité. Même s’il avait des côtés sympa et une virtuosité certaine dans le maniement des mots et des concepts dans l’air du temps.

Et puis j’ai beaucoup aimé, vraiment aimé son premier film il y a deux ans, Monsieur et Madame Adelman (lire Histoires juives).

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Je n’ai pas pu échapper au matraquage intensif qui a accompagné la sortie du deuxième film de Nicolas Bedos, La Belle époque. Pas une émission de radio ou de télévision ces dernières semaines, où l’on ne retrouve le réalisateur et ses principaux interprètes, Fanny Ardant, Daniel Auteuil, Doria Tillier, Guillaume Canet.

Hier, échappant à la pluie qui tombait dru en ce 11 Novembre, j’ai repris le chemin du cinéma où j’avais vu le dernier Woody Allen – Un jour de pluie à New York.

Etrangement (ou pas!), j’ai retrouvé dans La Belle époque, certaines atmosphères, un charme, des personnages très Woody Allen,

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et j’ai passé deux heures de vrai bonheur cinématographique, sans me poser toutes les questions de contexte, de sous-texte, que j’ai lues ensuite sous la plume de critiques éminents qui n’ont apparemment pas tous vu le même film que moi.

C’est probablement parce que, comme spectateur lambda, j’accroche ou pas, je marche ou pas à ce qu’on me montre, je suis « bon public » comme on dit. Et là j’ai marché dans cette histoire improbable et en même temps très connectée (!) – revivre un jour de sa vie qu’on a beaucoup aimé – traitée avec une virtuosité, un luxe de détails, de personnages, de répliques (la patte Bedos !) inouis, rires et émotions jamais surlignés, et ces allers-retours incessants entre fiction (le passé) et réalité (le présent).

Daniel Auteuil et Fanny Ardant sont éblouissants, libres, vivants, comme s’ils inventaient leurs personnages, leur histoire sous nos yeux. Les autres, tous les autres, sont parfaits.