Faut-il se résoudre à ce que l’inacceptable s’ajoute désormais systématiquement à l’insupportable (ou inversement) lorsque survient une catastrophe ? (lire Les jours enfuis)
Quand tout un territoire est ravagé par un ouragan – Irma – dont la puissance n’a aucun antécédent connu dans la région, quand toute une population devient prisonnière chez elle du fait de cette catastrophe, la priorité, la seule, l’unique, c’est la mobilisation nationale, Etat, services publics, associations, citoyens. Sans discussion, sans délai, sans hésitation.
Qu’advint-il, comme toujours ? Les démagogues de tout poil n’attendirent même pas un délai de décence (mais le mot même leur est inconnu) pour stigmatiser tout ensemble le président, le gouvernement, forcément coupables de ne pas avoir anticipé, prévu. L’ineffable député des Alpes-Maritimes (en voilà un que les médias s’arrachent – c’est bon pour eux, ça fait le buzz !) va jusqu’à confondre les ouragans…
Magnifique photo due à Matthieu Mondoloni, journaliste à France Info. Un instantané d’humanité qui a valu à son auteur un torrent de commentaires, d’insinuations, d’accusations sur les réseaux sociaux. Lamentable, abject ! Au point que le reporter a dû se fendre aujourd’hui de plusieurs tweets pour rétablir la simple vérité :
Ce n’est pas de la « com » pro ou anti je ne sais qui ou quoi. C’est un instant de vie. J’en ai vu beaucoup ici, des émouvants, des déchirants
Dans quel monde vit-on, où un journaliste qui fait son métier se voit ainsi accusé ? Lamentable, abject.
Les sommets sont atteints avec la présence du président de la République sur les deux îles dévastées.
Emmanuel Macron ne serait pas venu aux Antilles, que n’aurait-on pas lu et entendu ! Oui mais il arrive trop tard, il en fait trop, il fait de la com, bref il a tout faux, forcément.
Même ce titre du Figaro dit bien la perversion du débat public : Macron joue la carte de la proximité ! En pareilles circonstances, le président de la République « joue une carte », fait de belles images, soigne sa com. Ben voyons, on va bientôt dire qu’il est responsable de l’ouragan ! Insupportable, absolument.
Le temps viendra – et le Parlement le fera – d’analyser les faits, la réaction des pouvoirs publics, les mesures prises, etc…
J’emprunte à Matthieu Mondoloni cette conclusion d’évidence :
Ce genre de débat stérile me semble tellement loin de ce que vivent TOUS les gens (habitants, secours, militaires, etc) ici, très, très loin
Le Blog de JEAN PIERRE ROUSSEAU 