Les raretés du confinement (VII) : Cziffra, Brel, la fièvre de Lehar, le Chopin d’Askenase, le Boeuf sur le toit etc.

22 janvier 2021 : Romances latino

Warner avait publié un beau coffret récapitulatif des quinze années (2002-2016) que Martha Argerich a passées, chaque été, à Lugano : Martha Live

Une véritable malle aux trésors où le connu (le coeur de répertoire de la pianiste argentine) côtoie beaucoup d’inconnu. Ainsi ces délicieuses romances de Carlos Guastavino (1912-2000), un des compatriotes de Martha Argerich.

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Des romances jouées à Lugano par Martha Argerich et le pianiste cubain Mauricio Vallina (présent sur la photo ci-dessus prise à Liège en novembre 2001, avec Armin Jordan)

21 janvier 2021 : Le Chopin de mon enfance

Souvenir d’enfance, le premier disque Chopin vu à la maison, le cliché absolu de la musique classique. Mais un pianiste dont je n’ai jamais oublié le nom : Stefan Askenase naît polonais le 10 juillet 1896 à Lemberg/Lvov/Lviv, meurt belge à Cologne le 18 octobre 1985. Son Chopin semble venir en droite ligne du compositeur lui-même. Il a pour moi un parfum d’éternité

20 janvier 2021 : La bannière étoilée

Jour de fête aux Etats-Unis, le 46ème président, Joe Biden, est officiellement installé, la première vice-présidente de l’histoire de la démocratie amércaine, Kamala Harris, a prêté serment : Inauguration

L’hymne national américain The Star-Spangled Banner a été cité par Puccini (dans Madame Butterfly) , revu par Stravinsky (et Jimi Hendrix), et transcrit pour piano par Rachmaninov lui-même en 1918.

19 janvier 2021 : des chansons de négresses

Poursuivant sur ma lancée, illustrative de l’activité du Groupe des Six (lire Groupe de Six), je livre cette absolue rareté dans l’oeuvre surabondante de Darius Milhaud et dans la discographie de l’interprète.Un cycle de mélodies bien peu « politiquement correct », intitulé : Trois Chansons de négresse, sur des poèmes de Jules Supervielle, créé en 1936. Ici l’immense Brigitte Fassbaender en public, accompagnée par Irvin Gage.

18 janvier 2021 : la valse de Nelson et Martha

Je ne me lasse jamais d’entendre Martha Argerich (lire La reine dans ses oeuvres), de surprendre comme ici sa fabuleuse complicité avec son ami de toujours Nelson Freire. La Valse de Ravel a-t-elle jamais été plus sensuelle ?

17 janvier 2021 : un violon sur le toit

Comme promis hier, je tire de ma discothèque un disque devenu rare, enregistré en 1980 pour Philips, où Riccardo Chailly (27 ans à l’époque) accompagne Gidon Kremer (32 ans) dans un programme aussi rare d’oeuvres pour violon et orchestre, dont la version du Boeuf sur le Toit (1920) de Darius Milhaud, pour violon et orchestre.Ici une vidéo contemporaine de l’enregistrement, une captation en public avec le chef russe Woldemar Nelsson (1938-2006) passé à l’Ouest en 1976.

16 janvier 2021 : le Boeuf sur le toit

La neige, le couvre-feu à l’heure où le soleil d’hiver se couche me donnent une furieuse envie d’Amérique du Sud, celle que Darius Milhaud (1892-1974) a rapportée dans sa musique après son séjour au Brésil comme secrétaire de Paul Claudel, ambassadeur de France à Rio de Janeiro.Il compose plusieurs versions de son célèbre Boeuf sur le toit (1920), une version pour violon et orchestre (Cinéma-fantaisie) que je diffuserai demain, et puis la version purement orchestrale, la plus connue. Comment résister au swing de Leonard Bernstein dirigeant, en 1976, l’ Orchestre national de France ?

15 janvier 2021 : le cadeau du père

En 1957, Dmitri Chostakovitch écrit son 2ème concerto pour piano pour le 19ème anniversaire de son fils Maxim, qui le crée pour ses examens au Conservatoire de Moscou. Le mouvement lent est romantique en diable. Ici Leonard Bernstein dirige du piano l’Orchestre philharmonique de New York (1962)

14 janvier 2021 : les flots du Danube

Quand le tube du concert viennois de Nouvel an – Le beau Danube bleu – est confié au piano, à l’orgue ou à l’accordéon (lire Le Danube en blanc et noir/) ça donne quelques merveilles, comme cette captation en concert de l’époustouflant Mikhail Pletnev

13 janvier 2021 : la Nuit transfigurée

Zubin Mehta a tellement enregistré que, dans le flot des reparutions (lire: Felix et Zubin), on néglige de s’attarder à ce qui ne paraît pas a priori comme son coeur de répertoire. Et on a tort ! La preuve cet unique enregistrement de studio de la Nuit transfigurée (Verklärte Nacht) de Schoenberg, réalisé avec le Los Angeles Philharmonic en 1976.

12 janvier 2021 : loin de la Veuve joyeuse

Le 9 janvier, j’évoquais l’un des tubes de l’auteur comblé de La Veuve joyeuse, Franz Lehar (1870-1948), la valse L’Or et l’argent, et son interprète d’élection, Rudolf Kempe (lire L’Or et l’Argent ). Ce nouveau disque de mon cher Ed Gardner met en lumière un aspect beaucoup moins connu de l’oeuvre de Lehar, un cycle de mélodies avec orchestre écrit durant la Première Guerre mondiale, dont le titre est explicite : Aus eiserner Zeit. La cinquième de ces mélodies est intitulée Fieber (Fièvre) et écrite pour ténor. On est loin des viennoiseries légères, beaucoup plus près de Schoenberg, Korngold ou Zemlinsky. Un disque à paraître début février.

11 janvier 2021 : Hollywood en 12 CD

En 12 CD, un fabuleux voyage dans les studios de Hollywood grâce aux musiques de Korngold, Newman, Herrmann, Steiner, Waxman, Tiomkin, sous la houlette d’un exceptionnel producteur, et chef d’orchestre, Charles Gerhardt. A découvrir ici : Monsieur Cinéma

10 janvier 2021 : Liszt, Brel, Cziffra

J’ai eu la chance de voir une fois dans ma vie, à Poitiers, Cziffra en récital. Je n’ai jamais compris comment il parvenait à cette pyrotechnie digitale qui était autant musique que démonstration de virtuosité. Singulièrement dans le piano de Liszt.Ici dans la 6ème Rhapsodie hongroise de Liszt. Le thème qu’on entend à 2’12 a été emprunté par Jacques Brel dans sa célèbre chanson « Ne me quitte pas » (… » je t’offrirai des perles de pluie »…)

Monsieur Cinéma

C’est un nom souvent aperçu sur d’admirables disques, de qualité « audiophile », du début des années 60, parus sous des étiquettes variables (RCA, Reader’s Digest, Chesky…) comme une fabuleuse Quatrième symphonie de Brahms, enregistrée par Fritz Reiner à Londres avec le Royal Philharmonic.

Charles Gerhardt (1927-1999) est une figure emblématique de la vie musicale du XXème siècle : producteur, chef d’orchestre, arrangeur. Il grandit à Little Rock (Arkansas), étudie la musique, le piano. Entre 1951 et 1955, il travaille comme technicien pour RCA Victor. Dans un premier temps, son rôle consiste à transférer sur bande des 78 tours d’Enrico Caruso et Artur Schnabel, y compris la suppression du bruit de surface préparatoire à la réédition en 33 tours. Il participe à des séances d’enregistrement de Kirsten Flagstad, Vladimir Horowitz, William Kapell, Wanda Landowska et Zinka Milanov. En 1954, il collabore avec Leopold Stokowski et le NBC Symphony Orchestra pour des enregistrements stéréophoniques expérimentaux des suites du ballet Sebastian de Gian Carlo Menotti, ainsi que Roméo et Juliette de Prokofiev, qui ne sortiront qu’en 1978 !

Il devient également l’agent « traitant » de RCA avec Arturo Toscanini, dans les dernières années du chef d’orchestre. C’est Toscanini qui l’encourage à étudier la direction d’orchestre.

Puis Gerhardt travaille durant cinq ans pour Westminster Records à New York. Westminster étant en difficulté (la société dépose le bilan en décembre 1959), il se tourne vers l’enregistrement de chanteurs pop, dont Eddie Fisher. C’est alors que George R. Marek, le chef du département Red Sceal de RCA Victor, lui offre l’opportunité de produire des enregistrements pour Reader’s Digest en Angleterre.

A partir de 1960, il produit des disques pour RCA Victor et Reader’s Digest avec pour partenaire le légendaire ingénieur du son Kenneth Wilkinson de Decca Records (alors filiale de RCA en Europe). S’ensuivront 4 000 sessions d’enregistrement! Leur premier projet majeur est un ensemble de 12 disques pour Reader’s Digest : A Festival of Light Classical Music, publié en versions mono et stéréophoniques, se vendra à plus de deux millions d’exemplaires. En 1961, il produit pour Reader’s Digest l’intégrale des symphonies de Beethoven avec le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par René Leibowitz.

L’une des productions préférées de Gerhardt est la série parue en 1964 Treasury of Great Music un autre jeu de 12 disques pour Reader’s Digest. À la tête du Royal Philharmonic de Londres, il convie John Barbirolli, Malcolm Sargent, Antal Doráti, Jascha Horenstein, Rudolf Kempe, Josef Krips, Charles Munch, Georges Prêtre et Fritz Reiner, à graver les chefs-d’oeuvre du répertoire symphonique. Tous ces disques (la plupart republiés par Chesky Records) sont restés des références.

Dès 1966, Charles Gerhardt manifeste son goût pour les répertoires non classiques : en témoigne une série d’albums All-Time Broadway Hit Parade, qui comprend 120 chansons de diverses productions musicales telles que Carousel, The Music Man, Guys and Dolls, My Fair Lady, Pal Joey, South Pacific et bien d’autres.

Les projets Reader’s Digest créent une telle activité d’enregistrement qu’il devient nécessaire d’avoir un orchestre et chef d’orchestre dédiés à cette entreprise. Avec le violoniste et entrepreneur Sidney Sax, Gerhardt forme en 1964 un orchestre à partir des meilleurs orchestres londoniens et de musiciens indépendants. L’orchestre prend le nom de National Philharmonic Orchestra en 1970 et Gerhardt lui-même le dirige. Leopold Stokowski réalise certains de ses derniers enregistrements avec orchestre.

Charles Gerhardt réalise de 1972 à 1978 avec le National Philharmonic 14 disques vinyles pour la série Classic Film Scores pour RCA, publiée de 1972 à 1978. Première publication en 1972 The Sea Hawk: The Classic Film Scores of Erich Wolfgang Korngold (lire Les Musiques de l’exil). Toute la série se distingue surtout par une préparation extrêmement soignée des partitions par Gerhardt lui-même.. Les enregistrements sont réalisés au Kingsway Hall à l’acoustique exceptionnelle et conçus par Kenneth Wilkinson. Le producteur de ce premier disque est George Korngold, le fils du compositeur.

La série se poursuit avec des albums consacrés à Max Steiner, Miklós Rózsa, Franz Waxman, Alfred Newman, Dimitri Tiomkin, Bernard Herrmann et John Williams ainsi que des albums consacrés à la musique dans les films de Bette Davis, Humphrey Bogart et Errol Flynn. C’est cet ensemble miraculeux que Sony a réédité il y a quelques semaines dans un coffret indispensable.

On peut suivre le conseil de Tom Deacon, un autre producteur « légendaire », collègue de Charles Gerhardt :

Le regretté Charles Gerhardt était un passionné de musique de film. Pour RCA Victor, il a enregistré des musiques de films extraordinaires des années 1930, 1940 et 1950 par Korngold, Steiner, Waxman, Newman, Rozsa, Herrmann, Tiomkin et d’autres. Ceux-ci ont d’abord été publiés sur Lp puis sur CD sur RCA Victor. Désormais, les 12 CD sont tous contenus dans un coffret Sony. C’est à ne pas manquer. Gerhardt n’était pas seulement un chef d’orchestre doué, mais aussi un fabuleux producteur de disques.  Ce sont des classiques audiophiles. Comme de tels coffrets risquent de disparaître sans préavis, ce n’est pas le moment d’hésiter. Achetez-le!