Les sans-grade (VII) : les Belges oubliés

Une discothèque n’est pas un lieu ni un objet immobile, où l’on vient empiler disques, et coffrets. La mienne est en perpétuelle évolution, pas tant parce que j’achèterais beaucoup de disques, mais surtout parce que de nouvelles acquisitions – en général des coffrets récapitulatifs – viennent remplacer des CD isolés ou des éditions incomplètes.

Il est vrai aussi qu’il m’arrive de ranger des disques sans les avoir complètement écoutés, en les réservant pour plus tard – c’est surtout vrai pour de gros coffrets comme il en sort beaucoup ces derniers mois. Comme celui qui a été consacré au chef belge André Cluytens (voir Franco-belge)

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Au gré de mes rangements, je redécouvre ainsi des versions, des interprètes, comme ces deux chefs d’orchestre dont on trouve encore les noms sur pas mal de pochettes, qui ont en commun d’être nés Belges comme Cluytens , d’avoir été contemporains, d’être morts jeunes et d’être complètement oubliés en dehors de leur pays natal : Edouard van Remoortel (1926-1977) et André Vandernoot (1927-1991).

 prend ses premières leçons auprès d’un ami de Pierre Fournier, le violoncelliste et  pédagogue belge Jean Charlier qui le prépare idéalement au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles et aux cours de l’illustre Gaspar Cassadó. Mais c’est la direction d’orchestre qui l’emporte sur l’instrument, après que le jeune musicien a suivi les cours d’Antonio Guarnieri, Alceo Galliera et Josef Krips.

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Van Remoortel va diriger entre autres l’Orchestre National de Belgique et l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg dès 1951, l’Orchestre Symphonique de Saint-Louis de 1958 à 1962, l’Orchestre National de l’Opéra de Monte-Carlo de 1964 à 1970, puis comme chef invité l’ à partir de 1974.

Je connaissais son nom grâce aux disques qu’il avait signés comme accompagnateur des violonistes Henryk Szeryng et Ivry Gitlis.

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La discographie d’Edouard van Remoortel est malheureusement à l’image de sa brève carrière et surtout disponible en téléchargement.

Son confrère André Vandernoot n’a guère laissé plus de traces discographiques, et comme Van Remoortel, si son nom apparaît encore sur certains disques, c’est comme accompagnateur. Lire le beau portrait que Le Soir consacra au chef belge au lendemain de sa mort prématurée en novembre 1991 : Il racontait la musique aux enfants.

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Pendant mes années liégeoises, j’avais entendu parler de Vandernoot, de son fichu caractère, et surtout de son combat – perdu – pour sauvegarder l’orchestre symphonique de la RTBF.

Ferras, Cziffra Gilels ont eu la chance d’être servis par le jeune Vandernoot, dans Mozart, Beethoven, Tchaikovski, Liszt…

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On arrive à trouver chez les disquaires d’occasion des témoignages symphoniques :

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Mais surtout – c’est un double CD que j’ai vraiment redécouvert dans ma discothèque – une compilation Manuel de Fallaoù l’on retrouve deux versions exceptionnelles, mais jamais citées comme des références, d’une part de L’amour sorcier – avec André Vandernoot justement, Oralia Dominguez et le Philharmonia des grandes années, d’autre part Le Tricorne dirigé par Artur Rodzinski avec le Royal Philharmonic, dans une superbe stéréo.

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Pour les deux chefs, l’offre de téléchargement est heureusement plus importante : on signale en particulier une très belle captation de Vandernoot avec l’orchestre de la RTBF, de La nuit transfigurée et de Pelléas et Mélisande de Schoenberg.

 

 

Régine et Françoise

Le hasard des publications a fait que j’ai acheté en même temps deux coffrets qui, l’un de manière avouée, l’autre dans une discrétion regrettable, honorent deux grandes chanteuses françaises.

Voyant annoncé le coffret Warner « Régine Crespin, a Tribute », on se disait qu’on aurait peut-être enfin rassemblée une discographie très dispersée, hors intégrales d’opéras, de la cantatrice française disparue il y a dix ans, Régine Crespindont je n’ai jamais été un admirateur inconditionnel. Raté !

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Pourquoi les  concepteurs de ce coffret qui y ont intelligemment placé des récitals parus sous étiquette Decca (comme les incontournables Shéhérazade et Nuits d’été avec Ansermet), se sont-ils arrêtés en chemin, privant l’acheteur d’autres enregistrements Decca, airs d’opérettes avec Lombard et Sebastian – de très loin le meilleur disque de Crespin ! – extraits de Werther de Massenet, d’Ascanio de Saint-Saëns ?

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En remplissant mieux les galettes, un ou deux CD de plus auraient fait l’affaire, et on aurait eu un portrait complet d’une artiste, dont la discographie reste finalement modeste.

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Je n’ai jamais osé dire ni écrire, n’étant pas un spécialiste de la chose lyrique, que la voix de Régine Crespin m’a plus souvent irrité que comblé, même si je lui ai toujours reconnu une supériorité incontestable dans l’art de dire, de chanter le français. J’ai un peu moins de complexes à l’avouer depuis que j’ai lu le texte d’André Tubeuf dans le nouveau coffret : « en ce début d’années 60 qui étaient celles de sa splendide jeune trentaine… la voix encore dans sa première splendeur soyeuse et lumineuse, capable de liquidités » et, plus loin « jusqu’au moment où ce surmenage lié au fait de n’être chez soi nulle part… altéra sensiblement la beauté purement physique de sa voix, et son aigu, lui, irrémédiablement. »

La vraie révélation vient d’un autre coffret de 10 CD qui pourrait passer inaperçu à cause de la banalité et de l’ambiguïté de son titre : Jacques Mercier conducts French Masterworks.

Jacques Mercier, pour nos amis belges, c’est une sorte de Bernard Pivot, la star du Jeu des dictionnaires de la RTBF. C’est l’un de ses homonymes, le chef d’orchestre français Jacques Mercierqui est ici à l’oeuvre, et ce n’est pas lui faire injure que de constater qu’il n’a pas la notoriété de plus illustres confrères, français ou étrangers. Ensuite le concept de « French masterworks » ? Inadapté pour le moins, s’agissant d’oeuvres rares, trop rares, dont ce sont, pour la plupart, les seuls enregistrements. On va y revenir, pour recommander très chaleureusement l’achat de ce coffret à tout petit prix.

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Mais, quand j’évoquais dans mon incipit une « discrétion regrettable », c’est de celle qui est l’héroïne de cinq des dix CD de ce coffret, qu’on a souvent présentée comme l’héritière, à défaut d’en être l’élève ou la disciple, de Régine Crespin, la soprano française Françoise Pollet.

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Pas plus que de Régine Crespin, je n’ai jamais été un inconditionnel de Françoise Pollet, mais elle ne mérite en rien l’oubli d’une carrière, d’une personnalité, d’une voix singulières, même si elle partage sans doute avec son aînée des traits de caractère qui ne l’ont pas toujours servie. Il faut lire ce bel entretien en toute liberté donné à Camille de Rijck sur ForumoperaJ’ai souvent dit tout haut ce que les autres pensaient tout bas

J’ai quant à moi un souvenir très fort de l’ouverture du trop bref mandat de Louis Langrée à l’Opéra national de Lyon, en octobre 1998, Ariane et Barbe-Bleue de Dukas : Françoise Pollet y était impériale dans le rôle-titre.

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Ce coffret Sony redonne ainsi à entendre la cantatrice  dans un récital d’airs sacrés très original (CD 1, 1996), le Requiem et le Psaume XVIII de Saint-Saëns (CD 2, 1989), le Requiem d’Alfred Bruneau (CD 7, 1994), La Lyre et la harpe,  Le Déluge, La Nuit de Saint-Saëns (où elle partage l’affiche avec une toute jeune Natalie Dessay – CD 8 & 9, 1993).

Mais, outre l’intérêt de retrouver Françoise Pollet dans ce répertoire français qu’elle a magnifiquement servi, il faut re…mercier (!) Jacques Mercier d’avoir défriché des répertoires oubliés, même d’un Michel Plasson qui a tant fait (et tant enregistré !) pour la musique française. C’est une aubaine de voir reparaître des enregistrements depuis longtemps disparus, dans des versions sans concurrence, où se déploient la fine fleur du chant français des années 90 et un Orchestre national d’Ile-de-France qui a fait oeuvre de pionnier sous la direction de son infatigable animateur durant vingt ans, de 1982 à 2002.

Est-ce ainsi qu’on aime la musique ?

J’ai essayé, mais je n’ai pas tenu plus d’une demi-heure. Et depuis vendredi soir, je lis, sur Facebook, à peu près autant de commentaires passionnés, violents, assassins même sur l’émission que sur Mélenchon, c’est dire ! C’était Prodiges sur France 2…

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Mon ami Marc Coppey écrit : Quelle foutaise! Et qu’on ne vienne pas dire que c’est cet abaissement qui amène le public à la musique et les jeunes à la pratique ! En contrepoint d’un extrait vidéo de l’émission de vendredi soir qui proclame : Quelle merveille !
Camille Berthollet en duo avec Gautier Capuçon jouent « Palladio » de Jenkins. A revoir sans modération…! S’en suivent, à l’heure où j’écris ces lignes, une bonne centaine de « commentaires » très contrastés.

Je ne vais pas reprendre ici ce que j’ai maintes fois exposé, ici même, et dans le cadre de mes responsabilités professionnelles : la musique classique est à tout le monde et pour tout le monde, et une grande émission de télévision – comme jadis Le Grand Echiquier – peut puissamment contribuer à « amener le public à la musique et les jeunes à la pratique », comme le dit Marc Coppey.

Ce qui est en cause ici, c’est le formatage – aucune séquence ne doit dépasser le temps d’une chanson, 3 minutes ! – et, sous prétexte de bienveillance envers tous ces jeunes si gentils musiciens, la présentation caricaturale de l’expression d’un talent, du travail d’un artiste.

J’avoue, j’ai zappé après ces deux séquences de début de soirée.

Qui a eu l’idée folle de laisser cette jeune fille sombrer, en direct, dans ce qui était présenté comme « Le concerto de Tchaikovski » ?

Et cette autre – jolie voix certes – se ridiculiser dans Nessum (sic) dorma ?

Je ne parlerai pas de la suite, puisque je ne l’ai pas vue, et j’ai sans doute eu tort, puisque plusieurs de mes proches m’ont dit avoir regardé la soirée avec plaisir.
J’aurais aimé dire bravo à l’excellente initiative (la seule ?) qui a consisté à faire chanter des milliers d’enfants, à rassembler toutes ces voix pour le bonheur de faire choeur. Depuis longtemps je crois (et j’écris : L’absente) que tous les enfants, à l’école primaire, devraient bénéficier d’une heure de chant choral par semaine. La mesure simple et égalitaire par excellence, une formation à l’écoute mutuelle, au respect, à la discipline, une école du bonheur.
Pour en revenir à Prodiges, je reste convaincu (indécrottable optimiste que je suis !), qu’on peut servir, présenter, la musique classique à une heure de grande écoute, sans la dénaturer ni la caricaturer, en respectant les compositeurs comme les interprètes, surtout s’ils sont jeunes et encore maladroits. Même sous forme de compétition amicale. Et puis les programmateurs pensent-ils que le « grand public » auquel ils pensent s’adresser est à ce point obtus, ignare, qu’on doive lui servir toujours les mêmes « tubes », plus ou moins massacrés et/ou arrangés ? Comme si la musique classique se résumait à une playlist d’une trentaine de titres…
Pendant que les téléspectateurs français regardaient France 2, les Belges se passionnaient pour la finale du Concours Reine ElisabethUn concours qui s’ouvrait pour la première fois au violoncelle, et qui a couronné l’un des plus brillants représentants d’une exceptionnelle génération de jeunes talents français : Victor Julien-Laferrière

https://www.youtube.com/watch?v=TydSsi-8JoI

Mais, toujours sur Facebook, chacun y est allé de son avis sur le palmarès, beaucoup ont regretté que Bruno Philippe n’ait pas même été classé dans les six premiers.

Je ne retire pas un mot de l’article que j’avais écrit il y a trois ans : De l’utilité des concoursMais je pourrais comprendre… qu’on ne partage pas mon avis !

Le devoir et le plaisir

Je tenais à honorer ma promesse, je devais être à Liège ce 17 octobre.

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Pour la Fondation Ihsane Jarfi, qui n’a malheureusement rien perdu de son actualité, pour Hassan J., pour Pascal C. et pour tous les amis de Liège dont je continue à partager les combats et l’action, même à distance.

14724566_10154034858017602_4174733076785391538_n(L’Opéra royal de Wallonie)

C’était de surcroît un ouvrage, Nabucco de Verdi, qui me touche, sans doute parce qu’à chaque fois que je l’ai vu c’était dans des circonstances extraordinaires. La première fois, c’était rien moins que pour l’ouverture de la saison de la Scala en 1987, sous la direction de Riccardo Muti, avec une Abigaille très impressionnante, l’Américaine Linda Roark-Strummer – que je reverrais quelques années plus tard en terrifiante Turandot.

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Mon deuxième très grand souvenir de Nabucco – il y en eut d’autres, à Orange notamment – c’est la production inaugurale du mandat d’Hugues Gall à la direction de l’Opéra de Paris, en 1995, avec l’inoubliable Julia Varady.

A Liège, c’est aussi sur l’Abigaille grand format de Tatiana Melnychenko que repose l’ouvrage.

Hier soir, retrouvailles avec la Salle Philharmonique et les amis de l’Orchestre philharmonique royal de LiègePour la première d’une nouvelle initiative née de la volonté de quelques solistes de l’Orchestre, une Happy Hour, qui avait attiré un nombreux et jeune public.

Bruce Richards (cor), Jean-Luc Votano (clarinette) , Joanie Carlier (basson), Sébastien Guedj (hautbois), Geoffrey Baptiste (piano) avaient convié ma très chère Sophie Karthäuser pour un programme original, Richard Strauss, Schubert (Le pâtre sur le rocher) et surtout un cycle de mélodies, très brittenien de ton et d’inspiration, du compositeur australien Paul Stanhope, Songs of the Shadowland.

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Revu évidemment beaucoup de têtes familières, qui m’ont parlé d’une émission récente de Musiq’3, une Table d’écoute consacrée à Rhapsody in Blue de Gershwin. Que j’avais enregistrée à l’invitation de Camille de Rijck au tout début septembre. Je vais réécouter l’émission (vous aussi ?) pleine de surprises, et de versions inattendues.

Suites et conséquences

Privilège de l’âge ou d’une expérience professionnelle  qui commence à devenir conséquente, je suis souvent interrogé – un directeur de festival doit faire le service « avant-vente » ! – sur mon parcours personnel, mes fonctions passées, toutes questions qui n’ont pas grand intérêt de mon point de vue. Mais si le passé éclaire l’avenir, alors, en effet, ce qu’on a essayé, raté ou réussi, peut aider à comprendre les raisons d’un choix, d’une orientation, d’une conviction.

Je disais encore tout récemment au micro d’une radio associative de Montpellier que ma seule passion, mon seul moteur, c’est de faire, d’entreprendre, de changer ce qui ne marche pas, de dépasser les blocages, d’avancer, sûrement pas d’imprimer une marque, mon nom, ma petite personne. Et si j’ai contribué, parfois de manière décisive, à la réussite de certains projets, de certaines réformes, à la réalisation de certaines idées, c’est pour moi une satisfaction intense, une reconnaissance suffisante, de voir que les choses ont suivi leur cours, les structures ont perduré, les idées ont fait leur chemin, bien après que j’ai quitté telle fonction ou responsabilité. Je me dis aussi que j’ai bien fait d’être tenace, constant, persévérant, malgré les obstacles immédiats, les réactions, les grèves parfois.

Voici deux ans que j’ai quitté la direction de l’orchestre philharmonique royal de Liège. Comment ne me réjouirais-je pas de voir coup sur coup sortir plusieurs disques initiés il y a quelques années déjà, et aboutir une initiative que nous avons mis beaucoup, beaucoup d’énergie et de force de conviction à faire émerger, cette nouvelle émission de télévision Sensations

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C’est, en quelque sorte, adaptée à la télévision la formule Music Factory que j’avais lancée avec Fayçal Karoui en 2013.

Bonheur de lire les excellentes critiques parues sur le coffret des oeuvres concertantes de Lalo qui résulte d’une initiative lancée dès 2009 avec la Chapelle Musicale Reine Elizabeth et qui nous avait déjà valu l’intégrale des concertos pour violon de Vieuxtemps, puis les oeuvres pour violon et violoncelle de Saint-Saëns.

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Bonheur de voir se poursuivre l’exploration du répertoire concertant d’Eugène Ysaye, encore très largement méconnu, grâce au projet initié avec l’association Musique en Wallonie

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Nouveauté avec les deux violons solo de l’Orchestre philharmonique de Radio France, les excellents Svetlin Roussev et Amaury Coeytaux :

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Voici un an je quittais la direction de la Musique de Radio France. Non sans avoir lancé plusieurs chantiers ni essayé et parfois réussi à résoudre des difficultés inhérentes à toute structure lourde et complexe.

C’est ainsi qu’un magnifique projet de concerts et d’enregistrements fin 2014 autour de Peter Eötvös (https://fr.wikipedia.org/wiki/Péter_Eötvös), avait  failli capoter, parce que la mise en place des répétitions et des concerts dans les deux toutes nouvelles salles de concert de la Maison de la radio (Studio 104 et Auditorium) s’avérait très compliquée du fait des effectifs requis. Il n’y avait pas de maison de disques partenaire à l’horizon.  A force de conviction, de persévérance, et de beaucoup de bonne volonté de la part de toutes les personnes impliquées, on a pu organiser les répétitions, les concerts, puis la collaboration entre Radio France et le label Alpha, membre du groupe Outhere (le même éditeur que le coffret Lalo des Liégeois !). Le disque vient de sortir, où ma préférence va, je l’avoue, à la prestation pyrotechnique de Martin Grubinger !

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No-stalgie

Je n’ai pas d’inclination pour la nostalgie, le regret du temps passé. Pourtant tout ce week-end m’y poussait.

Vendredi, une promesse faite depuis longtemps au talentueux Camille de Rijck de participer à une Table d’écoute, l’émission de critique de disques de Musiq3. La chaleur (!!) de l’accueil à l’entrée de la RTBF, l’odeur des couloirs si caractéristique de toutes les radios du monde, un bref passage par la cantine où l’on aperçoit quelques figures connues, puis deux heures de très bonne humeur partagées avec le piquant animateur et ses habituels comparses Martine Dumont Mergeay et Yoann Tardivel.

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Le tout à écouter sur Musiq3 (ou à podcaster) le 27 décembre. Le sujet ? trois valses de Johann et Josef Strauss, et Die Libelle de Josef Strauss. Ringarde la famille Strauss ? Il se pourrait bien que, loin des clichés du concert viennois de Nouvel An, les auditeurs de cette Table d’écoute changent d’avis…

Le même soir, on ralliait Liège pour retrouver beaucoup d’amis. Une soirée klezmer à la Salle Philharmonique, en terrain de connaissance(s). Ma chère Isabelle Georges, le généreux Sirba Octet, des musiciens et un chef en symbiose. Les grandes soirées d’avant Noël comme il y en eut tant à Liège. Et l’incontournable Sotto piano où l’on se retrouve accueilli comme si c’était hier.

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Samedi c’était circuit habituel, Maastricht – la période des soldes commence toujours avant Noël aux Pays Bas ! -, la petite boutique des excellents chocolats Galler, les rues du centre de Liège sous bonne garde, des militaires et des policiers armés partout ! Et le soir un dîner surprise avec les amis de toujours, le plaisir de retrouver Les Folies gourmandes, l’une des tables les plus chaleureuses de la Cité ardente.

Ce dimanche, il ne fallait pas traîner pour être à l’heure à la « matinée » de l’orchestre du Gürzenich, à la Philharmonie de Cologne, dirigé par Louis Langrée. Et partager avec des « fans » liégeois un programme typiquement français (Ravel Ma mère l’oye, concerto en sol et la Symphonie Fantastique de Berlioz). Un répertoire peu familier pour l’orchestre, qui reste corseté tout au long du concert, un pianiste oubliable, mais on n’est pas objectif s’agissant de l’ancien directeur musical de Liège et du Music director du Cincinnati Symphony !934081_614968305301991_2951005884953696317_n

On ne peut pas refermer ce week-end en omettant les deux disparitions survenues dans le monde musical. L’une est passée inaperçue, pourtant le timbre et la beauté de la voix de contralto d’Aafje Heynis (1923-2015) n’ont pas fini de nous émouvoir, l’autre a été saluée comme toujours avec force adjectifs hyperboliques – c’est une manie dans les médias, quelqu’un de connu disparaît, surtout âgé, et c’est automatiquement « l’un des plus grands » ! – la mort du chef d’orchestre Kurt Masur (1927-2015). J’y reviendrai bien sûr, mais sans verser dans l’excès ni de critiques ni de louanges. France Musique lui consacre son lundi, l’occasion peut-être de réévaluer la carrière du vieux chef.