Les raretés du confinement (XIII) : Karajan, Diepenbrock, Stravinsky, Cencic, l’été à venir

Toute la métropole est maintenant soumise au confinement qui ne dit pas son nom. Mais il y a maintes raisons d’espérer.

28 mars : Prokofiev et Karajan

Herbert von Karajan (1908-1989) a beaucoup enregistré. Dans son abondante discographie, on repère des enregistrements uniques, hors de son coeur de répertoire, comme cette Cinquième symphonie de Prokofiev… qui est, pour moi, en tête de toute la discographie de cette oeuvre. Tout y est, l’esprit de Prokofiev, la rythmique implacable, une réalisation orchestrale fabuleuse.

29 mars : l’enfant a grandi

Quelques rares chefs ont fait appel à une voix de jeune garçon pour le 4ème mouvement de la 4ème symphonie de Mahler (notamment Bernstein). Ce fut aussi le choix du chef slovène, Anton Nanut, disparu en 2017 (lire : Milan et Anton). Reconnaîtrez-vous l’enfant qui chante « Das himmlische Leben »?

30 mars : Les roses du Sud

L’une des plus belles valses de Johann Strauss, Rosen aus dem Süden/ Roses du Sud, date de 1880. Elle reprend des thèmes d’une opérette complètement oubliée aujourd’hui, Le mouchoir de dentelle de la Reine / Das Spitzentuch der Königin.Elle commence par un thème majestueux (de ceux que Brahms enviait à Johann Strauss), elle a trouvé en Karl Böhm (1894-1981) son interprète de référence. Personne mieux que lui n’a fait rugir cors et cordes des Wiener Philharmoniker, enregistrés en 1972 dans l’acoustique exceptionnelle de la Sofiensaal aujourd’hui détruite. Il n’est que d’écouter l’articulation serrée, la tenue corsetée, aristocratique, en même temps qu’un inimitable parfum viennois, de cette interprétation.

Johann Strauss : Rosen aus dem Süden Wiener Philharmoniker dir. Karl Böhm

31 mars : par ici la sortie ?

Je me suis fait la promesse – qui n’engage que moi ! – de ne plus évoquer, sur aucun réseau dit « social », le COVID-19. Je fais une exception très momentanée, pour dire – promis je ne le referai pas ! –

  • que j’en ai ras-le-bol- de cette crise qui dure
  • de la multitude des Yaka et Faucon qui ont envahi, submergé le débat public sur la crise sanitaire
  • de ces vieux réflexes pourris consistant à accabler Macron et le gouvernement pour tout ce qu’ils disent/ne disent pas, tout ce qu’ils font/ne font pas
  • de ces irresponsables qui se foutent des mesures barrière, qui se contaminent joyeusement entre eux et qui vont grossir les rangs des réanimations
  • de ces artistes – ouh là je ne me vais pas me gagner des amis ! – qui se plaignent de leur sort, se lamentent sur la fermeture des lieux de spectacle, comme s’ils vivaient hors sol, alors que, comme tous les secteurs de la société, ils bénéficient d’une aide publique sans équivalent dans le monde
  • Oui marre de ces gens qui passent leur temps à se plaindre, à gémir, à imputer la responsabilité de ce qui nous arrive à ces salauds qui nous gouvernent.
  • Je dis juste ceci, parce que je le pense, et que je me pose chaque jour la question : qu’aurais-je fait à la place du président, du gouvernement, si j’avais été confronté à pareille crise ?
  • Oui bien sûr je râle parce que les promesses de vaccination massive ne soient pas suivies d’effets, de faits, oui bien sûr je râle parce que les restaurants, les cafés, les salles de spectacle soient fermés, oui bien sûr je râle parce qu’on a – tous gouvernements confondus depuis vingt ans – laissé la technocratie s’emparer de la gestion de la santé publique. Mais, en ce moment, aujourd’hui, râler ne sert à rien.Bientôt j’annoncerai l’édition 2021 de mon festival. Je fais fi de toutes les prudences, de tous les conseils qui me susurrent que je devrais attendre d’être certain qu’on soit sûr de…Je suis encore un homme libre, et j’ai encore la liberté de provoquer le destin. Vive l’été qui vient !
J’ai pris cette photo de la statue de Jean Jaurès, bien seule depuis des mois, sur une place de Montpellier, d’ordinaire noire de monde et de terrasses de cafés et restaurants. Je la reprendrai bientôt, dès que possible !

1er avril : Gaîté parisienne

Grâce aux recherches de Jean-Christophe Keck on sait maintenant qu’Offenbach – dont le vrai nom était Têtedeboeuf – a puisé l’essentiel des thèmes de ses opérettes dans les cantates de… Bach !

Cette filiation Bach-Offenbach est encore plus évidente dans cette Gaîté Parisienne qui a fait la gloire (et la fortune) de Manuel Rosenthal (lire : Petits et grands arrangements : les Français)

Eblouissante version de Heribert Ritter von Karajan à la tête du Philharmonia Orchestra

2 avril : Beethoven à Amsterdam

Au milieu d’une fabuleuse intégrale « live » des symphonies de Beethoven, où se retrouvent Blomstedt, Bernstein, Kleiber, Norrington, Harnoncourt… (lire : Beethoven : Les géants d’Amsterdam/) une Neuvième symphonie survoltée, dirigée en 1985 par Antal Dorati :

Beethoven, Symphonie #9, finale

Roberta Alexander, soprano

Jard Van Nes, mezzo soprano

Horst Laubenthal, ténor

Leonard Mroz, basse

Concertgebouworkest dir. Antal Dorati

3 avril : Le premier Messie

En 1966, Colin Davis (1927-2013) enregistrait une version du Messie de Haendel qui marquait une révolution dans l’interprétation de ce célèbre oratorio.

A l’opposé de l’emphase victorienne qui caractérisait les versions de ses illustres aînés (Boult, Beecham), effectifs allégés, tempi alertes, même sans le recours à un instrumentarium d’époque.

Une version qui n’a rien perdu de sa pertinence !

Haendel : Messiah

Heather Harper, Helen Watts, John Wakefield, John Shirley-Quirk

London Symphony Orchestra dir. Colin Davis

4 avril : La grande pâque russe

Rimski-Korsakov écrit en 1887/1888 « La grande pâque russe« , une « ouverture sur des thèmes de l’église russe pour grand orchestre ».

Un chef-d’oeuvre souvent enregistré. Peu de versions restituent la dimension mystique autant que la flamboyance orchestrale de l’oeuvre.

Lire : La grande pâque russe

C’est le cas de Lovro von Matačić (1899-1985) qui dirige le Philharmonia en 1959.

5 avril : Le Hollandais oublié

Le compositeur Alphons Diepenbrock est né à Amsterdam en 1862 et mort dans la même ville il y a cent ans exactement le 5 avril 1921.

Admirateur et ami de Mahler, Richard Strauss, Debussy, DIepenbrock a dédié l’essentiel de son oeuvre à la voix. Un compositeur à découvrir absolument : Le Hollandais oublié

Die Nacht (1911) est un somptueux poème symphonique avec voix soliste. Ici dans l’interprétation de Janet Baker et de Bernard Haitink dirigeant le Concertgebouworkest

6 avril : Stravinsky et Karajan

Stravinsky est mort il y a 50 ans le 6 avril 1971.

Herbert von Karajan (né lui le.. 5 avril 1908) a relativement peu dirigé le compositeur, à l’exception du Sacre du printemps (2 versions studio et plusieurs « live » exceptionnels), et d’une poignée d’oeuvres.

Karajan ne pouvait que succomber au charme néo-classique du Concerto en ré Majeur pour cordes, que Paul Sacher commanda à Stravinsky à la fin de la Seconde guerre mondiale, et qu’il créa avec l’Orchestre de chambre de Bâle en 1947.

La douce nostalgie du 2ème mouvement de ce Concerto en ré devrait rappeler quelques souvenirs de radio (lire : Jean-Michel Damian: une voix de radio) aux plus fidèles auditeurs de France Musique.

7 avril : L’invitation au voyage

L’invitation au voyage de Baudelaire, c’est l’une des plus belles mélodies de Duparc. Et d’inoubliables interprètes.

Le même poème a été mis en musique par le compositeur néerlandais Alphons Diepenbrock, mort il y a cent ans, le 5 avril 1921 (lire :Le Hollandais oublié) et cela donne une mélodie très différente, mais très intéressante, surtout quand elle est interprétée par l’immense Aafje Heynis (1924-2015)

Et ce jeudi c’est l’annonce d’un été de fête !

La nuit américaine

L’incertitude

J’écris ce billet, au lendemain de l’élection présidentielle américaine, à une heure où les candidats eux-mêmes, les commentateurs, les « experts » se perdent en conjectures quant au résultat, au milieu de la nuit pour les Américains. Un journaliste, sur France 2, faisait remarquer ce matin que le résultat définitif de l’élection de 2000 avait été proclamé… le 14 décembre, six semaines après le vote !

Je ne vais pas me lancer à mon tour dans une analyse même sommaire, sauf à faire remarquer – comme je l’ai déjà fait pour d’autres élections (Quand les sondages ont tort) – qu’en matière électorale il vaut mieux éviter de prendre ses désirs pour des réalités. Il est entendu depuis longtemps, pour 98% des commentateurs européens, que Trump étant une nullité avérée, il ne peut, il ne doit pas être réélu. Ce sont les mêmes d’ailleurs qui affirmaient, en 2016, qu’un milliardaire menteur, vulgaire, méprisant, ne pouvait accéder à la fonction suprême.

Je n’ai pas le début d’une esquisse de sympathie pour le président américain sortant, je n’en ai pas beaucoup plus pour son concurrent qui n’a pas toujours manifesté dans le passé des positions aussi ouvertes sur bien des sujets de société que celles qu’il a timidement esquissées durant sa campagne. Et je crois moins encore que le résultat de cette élection changera profondément le comportement des Etats-Unis sur la scène mondiale. Rappelons-nous le non-interventionnisme de Barack Obama (qui certes succédait au désastreux va-t-en guerre George W. Bush), tendance que Trump n’a fait qu’accentuer.

Patriotisme musical

En revanche, ce qui peut nous frapper, nous Européens, c’est le patriotisme musical dont ont fait et font encore preuve compositeurs et interprètes. En dehors du concert du 14 juillet sous la Tour Eiffel, et des cérémonies officielles, on entend plutôt rarement La Marseillaise entonnée par des musiciens classiques ou de jazz.

Aux Etats-Unis toutes les occasions sont bonnes pour célébrer et chanter l’Amérique.

Ce matin sur France Musique, Max Dozolme racontait l’histoire rocambolesque qui était arrivée à Stravinsky lorsque celui-ci avait « arrangé » l’hymne américain :

Et en faisant un simple petit tour dans ma discothèque, j’ai retrouvé un joli bouquet de ces témoignages festifs d’attachement à la Beautiful America

Ce gala de la Richard Tucker Music Fondation en 1991 n’avait pas fait les choses à moitié

Ici Marilyn Horne chante lors d’un gala qui célèbre, en 1988, le centenaire de la naissance d’Irving Berlin (mort à 101 ans en 1989 !), auteur de ce God bless America.

Un autre compositeur américain plus connu pour ses musiques de film ou ses oeuvres « légères », Morton Gould, écrit au coeur de la Seconde Guerre mondiale cet American salute (1942)

En 2013 pour son concert inaugural de directeur musical de l’orchestre de Cincinnati, Louis Langrée invitait Maya Angelou à être la narratrice d’une oeuvre emblématique d’Aaron Copland, A Lincoln Portrait, créée en 1942 par cette phalange.

Leonard Bernstein, qui avait ses entrées à la Maison Blanche, a connu avec sa dernière comédie musicale 1600 Pennsylvania Avenue (1976) – c’est l’adresse de la Maison Blanche à Washington – le pire bide de sa carrière. Il en avait tiré une White House Cantata qui a été publiée à titre posthume en 1997.

Evidemment, de Bernstein, tout le monde a en tête cet hymne à l’Amérique de West Side Story

Moins connu que Copland ou Bernstein, William Schuman (avec un seul n) – 1910-1992 n’est pas en reste de patriotisme

Les hommages à l’Amérique sont multiples – un seul article de blog n’y suffirait pas – et parfois très inattendus. Il faudra que je demande à Jean-Christophe Keck*, le grand spécialiste d’Offenbach, à quelle occasion l’auteur de La Belle Hélène a composé cette American Eagle Waltz

Si tout le monde connaît la 9ème symphonie dite du « Nouveau monde » de Dvorak, qui fut le premier directeur du Conservatoire de New York (de 1892 à 1895), il y a fort à parier que cette cantate The American flag n’est pas resté dans les mémoires.

*Offenbach en Amérique

Jean-Christophe Keck a bien voulu apporter ces précisions sur l’origine de cette American Eagle Waltz : « En 1876 ruiné par la faillite du Theatre de la Gaité, Offenbach accepte une tournée de concerts aux États Unis lors de l’Exposition universelle. Il en reviendra épuisé mais y aura écrit plusieurs pièces pour grand orchestre dont cette valse qu’il rebaptise commercialement Offenbach valse. Et surtout il y écrit un essai qui mérite d’être lu : Notes d’un musicien en voyage. L’an passé j’ai acquis le bâton avec lequel il a dirigé tous ses concerts américains. Les villes y sont notées dessus à l’encre de sa propre main. Un précieux souvenir sauvé in extremis qui faillit être mis aux ordures par les descendants du maître croyant qu’il s’agissait d’un simple bâton de cerceau, avant de découvrir fortuitement les inscriptions autographes qui y figuraient dessus...

Jean-Christophe Keck ajoute sur sa page Facebook : Page titre de l’American Eagle Waltz [pour grand orchestre] d’Offenbach, finalement rebaptisée par le compositeur Offenbach Waltz, puis Offenbach-valse (ou aussi Le Fleuve d’or) pour la commercialisation française dans sa version piano par l’éditeur Choudens. Manuscrit autographe dont je suis l’heureux propriétaire… pour le moment

Offenbach méritait mieux

On a assez loué ici les qualités de deux coffrets majeurs, sortis ces derniers mois, publiés par Warner, pour honorer Debussy (De la belle ouvrage) puis Berlioz  (Le père Berlioz)

pour ne pas avouer une vraie déception à propos d’un coffret qu’on attendait, qu’on espérait (Et Offenbach ?)

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Déception quant au contenu et à la présentation pour le moins approximative qui est faite du compositeur, de son oeuvre, et du contexte musical et historique de son activité parisienne.

Certes il était inenvisageable d’imaginer une intégrale, puisque tant d’ouvrages restent à découvrir, à enregistrer. Mais, comme Warner l’avait fait pour Berlioz par exemple, il eût suffi de rassembler des versions parues chez d’autres éditeurs d’oeuvres dont il n’existe souvent qu’un unique enregistrement (je pense aux Fées du Rhincaptées en 2003 à Montpellier dans le cadre du Festival Radio France).

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La composition de ce coffret ne laisse pas d’intriguer. À qui cette édition est-elle destinée ? au public français, à l’auditoire allemand ?

Orphée aux Enfers, La belle Hélène, La Vie parisienne, Les Contes d’Hoffmann, bénéficient de versions en français et en allemand. Quant à La Grande Duchesse de Gérolstein, elle n’a droit qu’à des extraits en français (alors qu’il y a au moins deux versions qui font autorité, celle de Michel Plasson avec Régine Crespin – mais chez Sony – et celle de Marc Minkowski avec l’irrésistible Felicity Lott…. chez Warner !

Certes, cette Grande Duchesse, comme d’irrésistibles Orphée aux enfers et Belle Hélène ont fait l’objet d’un coffret de référene, mais pourquoi avoir écarté ces réussites récentes ?

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Les versions germaniques ne sont pas dénuées d’intérêt, et il est vrai qu’Offenbach est régulièrement joué, en allemand, dans les théâtres outre-Rhin. Pas sûr, cependant, que l’adéquation stylistique soit toujours au rendez-vous avec des chanteurs plus habitués à l’opérette viennoise, comme Anneliese Rothenberger, Adolf Dallapozza ou même Dietrich Fischer-Dieskau

Quant au choix des versions retenues, dans un catalogue très fourni, les fonds EMI ou Erato, on n’est pas surpris que Michel Plasson se taille, justement, la part du lion (avec les équipes brillantes qu’Alain Lanceron rassemblait à Toulouse, Jessye Norman, Teresa Berganza, Mady Mesplé, etc…On l’est plus du choix d’une version des Contes d’Hoffmann, celle de Sylvain Cambreling qui n’a, dans les principaux rôles, que des interprètes non francophones (Neil Schicoff, Ann Murray, Rosalind Plowright, etc..), alors que le même éditeur a une version, autrement plus convaincante, et tout aussi brillante, celle qui rassemble Roberto Alagna, Natalie Dessay, José Van Dam...

Rien de l’Offenbach violoncelliste, alors que Warner vient de publier une magnifique version d’Edgar Moreau !

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Maigres « compléments » un disque « d’airs célèbres » avec Jane Rhodes et Roberto Benzi et la version archi-connue de Gaîté parisienne (dont on précise qu’il s’agit de la « version orchestrale », comme s’il en existait une autre ??) de Manuel Rosenthal, avec un orchestre de Monte-Carlo en très petite forme et mal enregistré. Pourquoi ne pas avoir retenu le chic, le charme et le fini orchestral de Karajan avec le Philharmonia (en 1958) ?

L’affaire se corse avec le livret qui accompagne ce coffret. Je ne suis, de loin, pas un spécialiste d’Offenbach, et je fais confiance à ceux que j’ai déjà cités (voir Et Offenbach ?pour nous éclairer sur le personnage et son oeuvre.

Entre approximations, généralités, vulgarité, et fautes de syntaxe, on est gâté : à propos des Contes d’Hoffmann « on dispose de trop de matériau, dont on ne sait pas ce qu’il en aurait fait », Saint-Saêns est traité au passage de « vieux cochon », La belle Hélène est qualifiée de « persiflage gréco-latin bourré d’anachronismes délirants« . On sera heureux d’apprendre qu’un ouvrage comme Le Pont des soupirs dont il n’existe, à ma connaissance, aucune version en CD, fait partie des « tubes immortels » d’Offenbach, et on pourra se dispenser de lire d’invraisemblables développements sur les « diverses appellations des oeuvres lyriques d’Offenbach : opérette, opéra-bouffe, opéra-comique, opérette-bouffe, opéra-bouffon, opéra-féerie.. des termes qui se marchent quelque peu sur les pieds (sic) !

Déception donc ! Offenbach méritait vraiment mieux.

On se console avec Felicity Lott :

et avec ce double album de l’impayable Régine Crespin.

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