Incollable ?

L’actualité mortuaire nous laissant un peu de répit, retour à une de mes marottes, la langue française, comme on la parle, comme on la vit.

Alain Rey, activement secondé par Stéphane de Groodt, publie un nouvel opus, appelé à devenir un bestseller. Voir ci-dessous.

Je me suis amusé, à partir de cet ouvrage, à pondre ce texte, évidemment bourré de fautes. Saurez-vous les repérer, les corriger ? J’attends vos pointages et commentaires…

Par acquis de conscience, je veux placer ce texte sous les meilleures auspices et ne pas risquer l’amande que pourrait m’affliger l’Académie française. Pour ceux qui tirent tous azimuths, ce conseil de prudence : pensez à l’arrière-banc du ban de touche, à ceux qui sont pendus à vos Basques, évitez de leur monter le bourichon, faites plaisir aux boutentrains, invitez-les plutôt à faire bonne chair avec vous autour d’une bonne table.

Vous êtes dans le coltard, vous avez mal dormi ? Qu’à cela ne tienne, pour ne pas rater le coach, inutile de réclamer votre petit déjeuner à corps et à cris, surtout si vous avez oublié de payer votre écho quand vous étiez frais et moulu, ça ne risque pas d’amuser la gallerie. On sonne à la porte ? C’est la femme de ménage ? On espère que ce n’est pas une sainte N’y-touche, parce qu’à vous voir dans votre plus simple appareil, après une nuit de Noubbah, elle en tomberait des nus en poussant des cris d’or frais. Maintenant qu’elle est là, vous avez intérêt à vous manier le train en cinq sept. Autant pour vous, vous avez l’excuse de mener une vie de patte à Chong, et même de bâton de chaise , toujours par Mons et par Vaux (oui je sais que vous êtes Belge !)… (Copyright Jean Pierre Rousseau@2016)

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Les pièges du français

A1E+zevt7VLJe vérifiais l’autre jour que les ouvrages, dictionnaires, jeux sur le français, la langue française, l’usage du français, n’ont jamais été aussi nombreux à être proposés comme cadeaux pour les fêtes.

C’est le paradoxe de notre époque : plus on abîme notre langue au quotidien, plus on la révère comme objet de musée.

Faisant partie de ceux qui ont l’orthographe « naturelle » – j’avais toujours zéro faute aux dictées à l’école ! – et qui aiment profondément la langue française, je pense depuis longtemps que nos règles sont beaucoup trop complexes et inutiles, qu’il faudrait donc les simplifier précisément pour aider les millions de francophones à mieux la parler.

Les exemples sont légion :

  • le participe passé : on accorde quand le complément d’objet direct est placé avant le verbe, on n’accorde pas quand il est après. Règle inutile, non signifiante ! Qu’on m’explique la différence de sens (et donc la nécessité d’une orthographe différenciée) entre : Madame la boulangère, je vous ai acheté d’excellentes chouquettes l’autre jour / merci pour les excellentes chouquettes que je vous ai achetées l’autre jour !
  • même inutilité dans ce cas de figure : « elle s’est dit en elle-même qu’elle s’était trompée » 
  • espérer/souhaiter : on nous a expliqué dans les précis de grammaire de notre enfance qu’espérer gouverne l’indicatif, parce que l’espérance est une  certitude (c’est même l’un des fondements de la foi chrétienne), et que souhaiter gouverne le subjonctif, puisque le souhait exprime une forme d’incertitude subjective. Cela donne donc : J’espère que vous pourrez venir à mon anniversaire, mais je souhaite que vous puissiez y venir ! Résultat de cette règle idiote : tout le monde écrit maintenant : « en espérant que vous puissiez venir » (mais je n’ai pas encore lu ni entendu : j’espère que vous puissiez venir). Bref encore une complication pour rien !
  • après que doit logiquement être suivi de l’indicatif (puisqu’il s’agit de faits avérés), à l’inverse de avant que qui entraîne le subjonctif de l’incertitude. On devrait donc dire : Après que vous m’avez rendu visite, j’ai pris mes informations avant que j’aille à mon rendez-vous. Cette règle est depuis longtemps obsolète, on lit et on entend couramment « après que vous m’ayez rendu visite« .

On l’a compris, il faut simplifier, sans aucunement dénaturer notre belle langue.

En revanche, il n’y aucune raison de se soumettre à certaines modes, à des mots ou des expressions de pur jargon, qui non seulement n’améliorent pas la compréhension des notions qu’ils désignent, mais appauvrissent notre vocabulaire au lieu d’en exalter les richesses.

Trois exemples courants :

 » La France a un vrai problème avec le chômage de masse » devient, en langue techno-politique : « Le chômage, c’est un sujet« .  – Monsieur le Ministre, que pensez-vous de la baisse des prix du pétrole ?- C’est un sujet en effet…

 » Maintenant un reportage qui vous montre comment les attentats du 13 novembre ont impacté la vie des Français. » Je veux bien répondre éventuellement à une question sur l‘impact que ces événements ont eu sur mon quotidien, en quoi ils m’ont touché, atteint…

En réunion, on présente aux interlocuteurs un projet « à date« . Avec un petit effort, on comprend que c’est la dernière version, la plus actuelle, celle du jour, même si cela va de soi (à quoi bon se réunir pour parler d’un projet obsolète ou dépassé ?).

Bref ce n’est pas demain la veille qu’on réduira les chausse-trapes (eh oui, il ne faut pas écrire chausse-trappes !) de notre bien vivante langue française. En attendant, on peut profiter des fêtes de famille pour s’en amuser…

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