Le chancelier musicien

Il était déjà un monument historique avant de mourir. Sa disparition hier, quarante cinq ans après celle du général de Gaulle, m’a touché.

Helmut Schmidt, né quelques jours après la fin de la Première Guerre mondiale – le 23 décembre 1918 – aura été l’une des plus hautes figures de l’Europe contemporaine, une Europe qu’il a ardemment, et jusqu’au bout, aimée, inlassablement construite.

Mais comme toujours c’est l’homme, la personnalité qui m’intéresse. Schmidt n’avait que faire des experts en communication, des prudences de langage, du politiquement correct. Désolé pour les non-germanophones, ils ne comprendront peut-être pas grand chose aux extraits vidéo qui suivent, mais simplement à le regarder et à l’entendre répondre à son intervieweuse, ils percevront à la fois la bonté qui se dégage des traits toujours vifs du vieil homme, la netteté et l’humour de ses réparties. On notera évidemment que l’ex-chancelier se moque comme d’une guigne de l’interdiction de fumer, et quand la journaliste lui propose une cigarette électronique, il la retoque gentiment, en rappelant toutefois qu’il a arrêté une seule fois de fumer après la guerre pour pouvoir acheter à manger (« la faim était plus forte »).

https://www.youtube.com/watch?v=_aq60QiLvVM

Tout ce long entretien, le dernier qu’il ait accordé, témoigne non seulement d’une acuité intellectuelle, d’une lucidité intactes, mais d’une envergure, d’une hauteur et d’une précision de vues qui embrasse tout le XXème siècle. L’Histoire comme déroulée sous nos yeux, par un témoin, un acteur essentiel. Passionnant, inspirant.

Autre témoignage émouvant, la série réalisée par la télévision allemande en plusieurs épisodes sur Helmut Schmidt, et ici particulièrement sur son rapport à la musique. Schmidt était non seulement mélomane averti, mais un très bon musicien à ses heures (« Bach disait que la musique est une récréation de l’âme, je partage absolument »).

https://www.youtube.com/watch?v=CA0crSDqWhw

Il a parfois participé à des concerts (dans le concerto pour 4 claviers de Bach, dans celui pour 3 pianos de Mozart), il a même, sous la pression de ses amis les pianistes Christoph Eschenbach et Justus Frantz, laissé un témoignage discographique de cette prestation

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https://www.youtube.com/watch?v=itdEksckjQ4

Wiener Walter

Je me risque à l’hommage anthume, puisqu’à l’heure où j’écris ce billet, je n’ai pas de confirmation « de source sûre » de la mort du chef d’orchestre Walter Weller, annoncée hier par quelqu’un qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de nécrologie prématurée !

Mais l’information ayant été relayée par des amis qui ont travaillé avec et pour ce musicien, je leur accorde mon crédit. Et quoi qu’il en soit, mort ou pas, Walter Weller mérite qu’on s’arrête sur sa carrière et sa discographie.

Un souvenir personnel d’abord : au début des années 90, en charge de certains concerts de l’Orchestre de la Suisse Romande, j’ai eu à gérer la défection d’un grand chef déjà malade, Ernest Bour (1913-2001) qui avait prévu un magnifique programme : le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg et une seconde partie tout Debussy. Pour remplacer Bour, Walter Weller est miraculeusement disponible, mais nous fait savoir qu’il n’est pas prêt à diriger Debussy, il faut donc changer la deuxième partie.

Quelques années plus tôt, j’avais acheté au marché aux puces de St Ouen un coffret de 3 33 tours des Symphonies de Rachmaninov et j’avais été fasciné par la 1ere symphonie (plus, à l’époque, que par les 2e ou 3emes) et par la beauté de la version de….Walter Weller et de l’Orchestre de la Suisse Romande, une captation Decca réalisée en 1971 au Victoria Hall de Genève.

Je me dis que jamais plus je n’aurais l’opportunité d’entendre « en vrai » l’oeuvre et les interprètes de ce disque, si je ne demandais pas à Walter Weller de reprendre cette 1ere symphonie de Rachmaninov vingt ans après cet enregistrement. Il fut d’abord très surpris de ma demande – peut-être n’avait il jamais plus redonné l’oeuvre en concert depuis l’enregistrement ?!, moi-même j’ai dû attendre 2007 et l’enthousiasme de Patrick Davin pour la reprogrammer à Liège ! –

Inutile de dire que ce concert genevois de Walter Weller m’est resté en mémoire (d’autant plus que le Berg donné en première partie avait pour soliste un Pierre Amoyal au sommet de ses moyens).

Je pense n’avoir plus revu et entendu en concert Walter Weller avant ses dernières apparitions (quelle traduction détestable de l’anglais !) à la tête de l’Orchestre national de Belgique. La rondeur aimable, cette Gemütlichkeit dans l’art de faire de la musique, de diriger l’orchestre, ne pouvaient être que d’un pur Viennois.

Le reste est légende : entré à 17 ans dans les rangs des prestigieux Wiener Philhamoniker, WW en devient le concertmeister à 22 ans – l’autre s’appelant Willi Boskovsky ! – (https://en.wikipedia.org/wiki/Walter_Weller) et comme tout violoniste viennois qui se respecte, il fonde un quatuor qui laissera un héritage discographique de première importance.

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Dès 1966, il se met à la direction d’orchestre. Decca lui demande d’enregistrer un répertoire qui n’a rien de viennois – Rachmaninov, Prokofiev, Dukas – des disques magnifiques qui font encore référence aujourd’hui, et que le label Eloquence a peu à peu réédités.

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Nombre d’enregistrements de Weller chef d’orchestre ne sont plus disponibles – ou difficilement – Sa disparition donnera, on l’espère, l’idée à ses éditeurs Decca et Chandos de les remettre en circulation.

Heureusement, le label belge Fuga Libera a eu l’excellente idée de profiter de la présence de Walter Weller à la tête de l’Orchestre national de Belgique pour lui faire graver trois enregistrements marquants, et très originaux pour ce qui est de Martinu et Suk :

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Martinu qui était familier à Weller, qui avait donné de la 4e symphonie une version admirable, récemment rééditée :

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Un regret : que la musique viennoise, la musique « natale » de Walter Weller occupe si peu de place dans sa discographie. Avait-il décidé de laisser son alter ego Willi Boskovsky d’occuper seul le terrain ?

L’homme qui aimait les autres

J’avais à peine terminé mon billet hier (https://jeanpierrerousseaublog.com/2015/01/24/la-culture-joyeuse/) qu’on apprenait une nouvelle disparition, celle de José Artur. Même sentiment que Guy Bedos interrogé sur France Inter : ces dernières semaines ressemblent à une hécatombe. Les amis de sa génération tombent les uns après les autres, Chancel, Wolinski, Cabu, maintenant José Artur (« sans h » se plaisait-il à rappeler).

Et pourtant, il y a deux mois, pour l’ouverture de la Maison de la radio, José était en direct au micro de Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek, l’humeur et la voix toujours aussi alertes : http://www.franceinter.fr/emission-si-tu-ecoutes-jannule-tout-jose-artur-en-direct-de-lagora)

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C’est peut-être Armelle Héliot dans Le Figaro qui dit le mieux la personnalité du José Artur que nous avons connu, écouté, aimé : http://www.lefigaro.fr/culture/2015/01/24/03004-20150124ARTFIG00140-jose-artur-l-homme-qui-aimait-les-autres.php)

J’ai parfois croisé José à Radio France il y a une vingtaine d’années, il m’avait invité un soir pour évoquer, je crois, une grille de rentrée de France Musique. Son émission ne se déroulait plus, depuis longtemps, à la Maison de la radio, mais dans un salon du 1er étage du Fouquet’s. On m’avait prévenu que l’interview serait courte, vu le nombre d’invités et le rythme de l’émission. Je ne me rappelle plus la durée de la séquence, mais sa densité et sa pertinence. Il y a des sujets plus « fun » qu’une grille de programmes qu’il faut promouvoir, mais José avait non seulement intégré le dossier qu’on lui avait remis, mais il avait touché juste, en posant les bonnes questions, avec ce qu’il faut d’irrévérence, de curiosité, et il savait de quoi il parlait…

José Artur, comme Jacques Chancel, avait la culture joyeuse. Pourquoi sont-ils partis?*

*https://jeanpierrerousseaublog.com/2014/12/23/il-est-parti/

Il est parti

Je savais en écrivant ce billet le 5 décembre dernier https://jeanpierrerousseaublog.com/2014/12/05/les-vivants-et-les-morts/ que Jacques Chancel n’allait pas bien. Il ne s’en cachait pas dans son dernier ouvrage, que je viens de  refermer. Le voilà parti cette nuit rejoindre tous ceux qui ont fait la légende de la radio et de la télévision…

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Merci Jacques pour tout ce que tu as offert à l’adolescent que j’étais, ne ratant aucun Grand Echiquier, découvrant grâce à toi un univers, celui des authentiques musiciens, qui est le mien aujourd’hui, regardant fasciné Karajan et son Philharmonique de Berlin, le tout jeune Tedi Papavrami à peine débarqué de son Albanie natale, les duos improbables de Menuhin avec Ravi Shankar ou Stéphane Grapelli, et tant et tant d’autres…

Merci Jacques pour ces quelques conversations pendant ma période France Musique. à l’époque où tu fondais Mezzo.

Et puis merci pour les milliers de Radioscopie, les grandes heures de la télévision…

Comme tu l’aimais bien, et qu’elle aussi je l’avais découverte dans un Grand Echiquier, Anne-Sophie Mutter pour te dire au revoir :

https://www.youtube.com/watch?v=K67o86CS5uo

Sir Christopher

La sanglante actualité de ces dernières heures a complètement éclipsé la disparition d’un grand musicien, Christopher Hogwood, qui venait de fêter son 73ème anniversaire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Christopher_Hogwood).

De la génération des William Christie ou John Eliot Gardiner, celle d’après Harnoncourt ou Norrington, Christopher Hogwood est très représentatif de cette génération de musiciens britanniques, qui ont considérablement enrichi notre connaissance de la musique ancienne et classique, puis se sont tournés sans complexe vers les répertoires plus contemporains, sans jamais renier leurs premières amours. Christopher Hogwood avait régulièrement dirigé l’Orchestre philharmonique de Radio France.

Il reste heureusement une abondante discographie, qui n’a pas toujours été considérée par la critique à sa juste valeur. J’avoue avoir découvert assez récemment ses symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven, flamboyantes, magnifiquement enregistrées avec l’Academy of Ancient Music qu’il avait fondée en 1973. Mais aussi des Haendel et des Vivaldi tout aussi passionnants. Et plus récemment des programmes originaux avec l’Orchestre de chambre de Bâle.

https://www.youtube.com/watch?v=C4UYUp8gHEU

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Un Américain de Paris

On le redoutait, le sachant malade depuis plusieurs mois : Lorin Maazel vient de mourir à 84 ans. Lui qui avait composé un unique opéra intitulé 1984 ! C’est à Paris, à Neuilly plus précisément, que naît le petit Lorin le 6 mars 1930, c’est à Paris qu’il viendra réaliser, à 27 ans, ses tout premiers enregistrements pour Deutsche Grammophon avec l’Orchestre National (à l’époque « de la RTF » puis « de France ») dont il sera l’un des prestigieux directeurs musicaux de 1977 à 1991.

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Le seul examen des fonctions qu’il a occupées durant une carrière exceptionnellement longue (le petit Maazel avait commencé à diriger à 11 ans!) donne le tournis : Londres, Munich, Vienne, Berlin, Paris, New York, Cleveland, Pittsburgh, plus récemment Valence, tous les grands orchestres, toutes les grandes scènes d’opéra. La discographie de Lorin Maazel est à l’image de sa carrière, surabondante, trop peut-être, mais avec des réussites exemplaires, parfois insurpassées.

À mes oreilles, le plus grand Maazel se trouve dans ses gravures des années 60 et 70. Plus tard l’effet l’emportera souvent sur l’inspiration, l’emphase sur le style.

Sous réserve d’inventaire, une première sélection, celle du coeur :

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Le titre de ce coffret est partiellement incorrect, puisque c’est avec le National qu’un Lorin Maazel de 28 ans gravait la 1ere et la 41eme symphonies de Mozart, toutes en énergie à défaut de subtilité. Fabuleuses 5eme et 6eme symphonies de Beethoven, juvéniles symphonies de Schubert.

C’est à la même époque, toujours avec le National, que Lorin Maazel grave deux versions jamais dépassées de L’Enfant et les Sortilèges et de l’Heure espagnole de Ravel

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Suivront pour Decca, au mitan des années 60, des intégrales des symphonies de Sibelius et de Tchaikovski, qui sont demeurées des références – même en regard des remakes ultérieurs du même chef – et sont regroupées dans un coffret qui vient de sortir :

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Du temps de son mandat de directeur musical de l’Orchestre National de France, Lorin Maazel a réalisé nombre d’enregistrements de musique française, aujourd’hui difficilement trouvables. C’est par exemple lui qui a créé et enregistré avec son dédicataire, Isaac Stern, le concerto pour violon « L’arbre des songes » de Dutilleux

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C’est au cours de la décennie 70 que Maazel réalise à Londres une somme exemplaire des opéras de Puccini, où sa direction à la fois précise et sensuelle fait merveille, avec des équipes idéales dans ce répertoire (Brilliant Classics avait naguère publié un coffret très bon marché de ces enregistrements, réédités séparément par Sony)

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Pour le fidèle du Concert de Nouvel An de Vienne que je suis, je ne peux oublier que Lorin Maazel en a été l’invité privilégié dès la « retraite » de Willy Boskovsky, de 1980 à 2005, sans toujours laisser une trace impérissable.

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La collection Decca Eloquence australienne a réédité ces derniers mois nombre d’enregistrements réalisés à Cleveland, notamment de musique française. Lorin Maazel à son meilleur !

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Impossible de parcourir une aussi riche discographie d’une traite. Il faudra y revenir, pour rendre hommage à l’un des chefs les plus incroyablement doués de sa génération, qui a parfois donné le sentiment de se laisser aller à la routine ou à la facilité, alors qu’il pouvait instantanément retrouver la fougue et l’élan de sa jeunesse.

Je garde le souvenir, il y a plus d’une vingtaine d’années, au Victoria Hall de Genève, d’un concert de tournée du Pittsburgh Symphony, dont Maazel était alors le chef. Figurait au programme la 3e symphonie « Héroïque » de Beethoven. Avec les amis de la Radio Suisse romande qui m’accompagnaient, nous craignions une lecture luxueuse mais banale, nous eûmes droit à l’une des plus magistrales et fulgurantes Eroica jamais entendues en concert…

 

L’héritage Abbado

Le 26 juin 2013, Claudio Abbado, décédé ce lundi 20 janvier, fêtait ses 80 ans. J’avais écrit tout un billet sur sa riche discographie (Claudio Abbado 80)

« Le grand chef italien Claudio Abbado fête aujourd’hui ses 80 ans. C’est en soi un exploit, puisque nul ne peut ignorer qu’il est gravement malade depuis plus de dix ans, et que peu lui prédisaient une telle longévité. Qui ne ne souvient des images d’Abbado dirigeant le Requiem de Verdi le visage ravagé, diaphane, au sortir d’une première opération ?

On est d’autant plus heureux de souhaiter à ce musicien qui a longtemps conservé (ou entretenu) une allure juvénile et séduisante, le meilleur des anniversaires !

Pour la circonstance, son éditeur de longue date a plutôt bien fait les choses, avec un beau coffret de rééditions de l’imposant corpus symphonique que Claudio Abbado a enregistré en quarante ans de collaboration avec le label jaune.

Ce n’est pas le lieu ni le moment de se livrer à une critique détaillée de ce coffret. Disons, pour faire bref, qu’on n’est pas très convaincu par les Mozart (tout récents, ceux qu’Abbado a gravés en Italie avec “son” orchestre Mozart), ou les Haydn (les 12 symphonies londoniennes) enregistrés “live” avec l’Orchestre de chambre d’Europe. Les Symphonies de Beethoven sont aussi les plus récentes – avec Berlin et en “live” – tout comme les Brahms, l’intégrale des symphonies de Mahler, souvent sous-estimée, me paraît le lot le plus abouti de ce coffret symphonique, avec les phalanges prestigieuses de Chicago et Vienne. De belles symphonies de Bruckner aussi avec les Viennois. Les symphonies de Mendelssohn avec le Symphonique de Londres ont toujours figuré en tête de la discographie de ces 5 bijoux du romantisme. Les symphonies de Schubert aussi avec l’orchestre de chambre d’Europe – à la réécoute je les trouve vraiment trop sages et impersonnelles.

Mais pourquoi a-t-on omis 4 magnifiques symphonies deTchaikovski, la 2eme enregistrée à Boston en 1967, les 4, 5, 6 avec un Philharmonique de Vienne somptueux ?

Autre réédition bienvenue, les quelques disques qu’Abbado avait faits pour Decca dans ses jeunes années, déjà avec Vienne ou Londres (une étonnante 1ere symphonie de Bruckner, déjà les 3e et 4e symphonies de Mendelssohn, les 7e et 8e de Beethoven, Prokofiev, Hindemith, et plus inattendu un récital d’airs de Verdi par Nicolai Ghiaurov.

En pleine année VerdiDeutsche Grammophon a aussi eu la bonne idée de ressortir les opéras qu’Abbado avait gravés notamment pendant la période où il dirigeait la Scala de Milan. Je préfère souvent la fougue, l’élan de Muti dans les mêmes ouvrages, mais Abbado creuse les partitions et les caractères comme personne.

Je reste fasciné par le Claudio Abbado dernière période, et ses magnifiques concerts de Lucerne, avec l’orchestre d’amis qu’il a rassemblés autour de lui. L’homme n’a plus rien à prouver, l’artiste s’est dépouillé de tous les artifices, l’émotion naît de la musique, simplement offerte, donnée, à son acmé.