La France en joie

En 1998, le soir de la finale de la Coupe du monde de football, j’assistais à une représentation de l’un des ouvrages les plus intimistes de Britten, Curlew River, dans la cour de l’hôtel Maynier d’Oppède à Aix-en-Provence

On peut difficilement imaginer plus grand contraste entre l’atmosphère de cette pièce et l’exubérance qui commençait à monter dans tous les foyers de France. Les dernières notes de Britten étaient à peine achevées, qu’une immense clameur envahit les rues d’ordinaire bien calmes du centre d’Aix. La France était championne du monde, et même les plus rétifs des spectateurs aixois à cette fête du football ne tardèrent pas à rejoindre le Cours Mirabeau où la foule se rassemblait, heureuse, joyeuse et bon enfant.

Vingt ans plus tard, les hasards de la programmation, à moins qu’il ne s’agisse – soyons immodeste pour l’occasion ! – d’un sens certain de l’anticipation, ont fait que le Festival Radio France avait prévu, mardi dernier, un concert de l’Harmonie de la Garde Républicaine, le soir de la demi-finale (voir Douce Franceet hier soir, quelques heures après une finale de folie, le grand spectacle de chanson française imaginé autour d’Isabelle Georges, Frederik Steenbrink, Roland Romanelli, Jeff Cohen, Fayçal Karoui et l’excellent orchestre de Pau Pays de Béarn, un spectacle placé sous l’égide du thème de ce Festival 2018, l’éternelle chanson de Charles TrenetDouce France.

Une soirée vraiment formidable, à la hauteur de l’événement qui a fait vibrer tout un peuple…

Erreur
Cette vidéo n’existe pas
Erreur
Cette vidéo n’existe pas

Intense émotion quand Roland Romanelli entonne Ma plus belle histoire d’amour c’est vous

4512bf60-612b-40a7-8d1e-891d26b1b22a

Et quand la foule rassemblée à l’amphithéâtre du Domaine d’O reprend la chanson fétiche du #FestivalRF18…

Erreur
Cette vidéo n’existe pas

Monsieur le Comte est (bien) servi

Je n’avais pas gardé un grand souvenir de l’ouvrage lorsqu’il avait été représenté au Festival d’Aix-en-Provence en juillet 1995, je n’étais pas le seul : Le Comte Ory, une sage mécaniqueLes stars de l’époque, Sumi Jo, William Matteuzzi, n’étaient pas en forme, sans parler de leur diction du français…

IMG_3488

Comme on n’a jamais été déçu par la programmation de l’Opéra Comique (lire Fantastique Fantasio), et qu’on n’a que de grands souvenirs des dernières présences de Louis Langrée dans la Salle Favart, on arrivait hier soir à la première du Comte Ory dans les meilleures dispositions.

IMG_3489(Le foyer de l’Opéra Comique, rouvert il y a six mois : Donner sa voix)

Autant le dire sans ambages, on a adoré ce spectacle, la mise en scène de Denis Podalydès collant parfaitement au propos de Rossini (décors, lumières, costumes à l’unisson), une distribution qui réunit la crème du jeune chant français – impensable il y a encore vingt ans ! – Julie Fuchs en ComtessePhilippe Talbot en Comte Ory, Gaelle Arquez en Isolier, Eve-Maud Hubeaux en Dame Ragonde, Patrick Bolleire en Gouverneur, Jean-Sébastien Bou en Raimbaud, Jodie Devos en Alice, l’excellent choeur Les Eléments préparé par Joël Suhubiette, et dans la fosse les timbres fruités de l’Orchestre des Champs-Elysées, et la direction alerte, précise, mozartienne presque, de Louis Langrée, qui, comme toujours, révèle les trésors d’une partition éblouissante à laquelle je n’avais, à vrai dire, jamais porté grande attention.

Le public de cette première a fait un long triomphe à cette belle équipe.

IMG_3490

Avis aux amis belges, l’Opéra royal de Wallonie, dont le directeur était présent hier soir, est co-producteur de ce Comte Ory ! Et pour tout le monde, en direct sur CultureBox le 29 décembre 2017 et en différé sur France Musique le 21 janvier 2018.

Le combat perdu de Dmitri H.

C’est par ces quelques lignes sur sa page Facebook qu’on apprend ce matin son décès :

On behalf on the Hvorostovsky family, it is with heavy hearts that we announce the passing of Dmitri Hvorostovsky – beloved operatic baritone, husband, father, son and friend – at age 55. After a two-and-half year battle with brain cancer, he died peacefully this morning, November 22, surrounded by family near his home in London. May the warmth of his voice and his spirit always be with us.

new-slider-copy

Il avait un nom imprononçable pour un non-russophone, mais une voix de bronze et de lumière qui illuminait toutes ses prestations à l’opéra, en récital ou au disque. J’avais entendu Dmitri Hvorostosky une seule fois en récital à Aix-en-ProvenceEt peut-être une fois sur scène, mais ma mémoire me fait défaut.

Mais dès qu’on avait entendu ce timbre unique, plus clair que nombre de ses confrères russes, on ne pouvait qu’être séduit par ce chanteur qui avait tout pour lui et qui a affronté, avec un courage et une lucidité remarquables, une maladie malheureusement très, trop, fréquente chez les chanteurs. Aujourd’hui, dans la force de l’âge, il vient tragiquement s’ajouter à la liste beaucoup trop longue de ses victimes récentes.

Ici dans sa dernière apparition publique – et surprise – lors d’un gala au Met au printemps dernier.

Ou encore dans ce « show » télévisé à Moscou en octobre 2015

https://www.youtube.com/watch?v=Yro3ZSUkoPs

Bouleversant dans les grands rôles verdiens, incomparable dans Eugène Onéguine

https://www.youtube.com/watch?v=i8mJsowhByo

La discographie du baryton russe n’est pas considérable. Il faut évidemment le repérer dans les opéras auxquels il a participé. Ses premiers enregistrements pour Philips témoignent d’un art qui n’a rien perdu de son aura avec la maturité. Hvorostovsky avait réenregistré quasiment tout son répertoire ces dernières années pour Delos. Tout est à prendre et à entendre, sans réserve…

81rp1OZOg0L._SL1500_

Cпасибо Dmitri, reposez en paix…

Le Suisse d’honneur

Il faut bien qu’au moins une fois par an le calendrier me rappelle que je suis aussi citoyen helvète. C’est en effet le 1er août qu’est célébrée la Fête nationale de la Confédération helvétique, ce tout petit pays qu’est la Suisse, qui résulte d’une construction démocratique exemplaire. Salut à mes nombreux cousins, cousines, membres de ma famille maternelle, avec qui le lien est maintenu grâce à ce blog !

Hasard ou choix ? C’est en tout cas à la veille de cette fête nationale qu’a été annoncée la grande nouvelle de la nomination à Vienne du plus célèbre chef suisse du moment, Philippe Jordan

XVMc75cc3d6-4487-11e7-8dae-0f9b3513599d

Philippe Jordan dirigera l’Opéra de Vienne

Extrait de l’article du Figaro : 

« Pianiste de formation, Philippe Jordan fait ses armes en tant que répétiteur à l’opéra de la petite ville d’Ulm, en Allemagne. Dans l’ombre, le jeune musicien apprend à diriger. En 1998, le chef d’orchestre de nationalités argentine et israélienne, Daniel Barenboïm, cherche un assistant à Berlin et lui confie la direction de son spectacle.

Le jeune apprenti devient un maître. S’offrent à lui des postes de prestige. De 2001 à 2004, il est directeur musical de l’Opéra de Graz et de l’orchestre Philharmonique de Graz, puis de 2006 à 2010, il est le principal chef invité à la Staatsoper Unter den Linden Berlin. Entre-temps, la consécration: en 2009, Philippe Jordan prend en charge la direction musicale de l’Opéra national de Paris. Cinq ans plus tard, il est nommé chef de l’Orchestre symphonique de Vienne en 2014. À nouveau, l’Autriche lui tend les bras.

Le musicien tient la baguette dans les plus grands opéras et festivals du monde. Pour ne nommer que les plus prestigieux: le Metropolitan Opera de New York, la Scala de Milan, le Royal Opera House de Londres, le Festival de Salzbourg, celui d’Aix-en-Provence. »

Heureusement, Philippe reste à l’Opéra de Paris jusqu’à la fin de son contrat en 2021.

Je ne suis pas objectif, évoquant le fils d’Armin Jordan (Emmanuel Pahud me rappelait, l’autre soir, que c’est à Liège, en mai 2006, qu’il avait joué pour la dernière fois avec le grand chef suisse quelques semaines avant sa disparition).

Tant de souvenirs personnels et musicaux me rattachent à Philippe Jordan. La première fois que je l’ai vu, c’était encore un à peine adolescent, au Victoria Hall à Genève, où il assistait à un concert de son père. Pourtant, les activités du père laissaient peu de place à la vie de famille, et Philippe a fait seul son chemin de musicien, sans renier l’influence, mais sans rester dans l’ombre paternelle. Je tiens d’Armin ce souvenir : Quelques semaines avant de rejoindre Aix, où il dirigeait pratiquement chaque année (comme je l’ai raconté après la disparition de Jeffrey Tate), il s’enquiert auprès de Philippe, qui vient de fêter ses 19 ans, de ce qu’il a prévu pour l’été à venir… Philippe lui répond : Je serai aussi à Aix-en-Provence, j’ai été engagé comme assistant de Jeffrey Tate » !

Depuis lors, le parcours du jeune homme n’a cessé d’être exemplaire. Un parcours « à l’ancienne », comme ses illustres aînés, comme son père, il a fait ses classes, sans brûler les étapes. Souvenir des pelouses de Glyndebourne en 2002, où je m’étais rendu pour un Don Giovanni décapant dirigé par Louis Langréed’un pic-nic partagé avec le chef suisse qui, lui, dirigeait sa première Carmen.

L’année suivante, Philippe Jordan vient diriger à Liège et à St Vith un programme original, une sérénade pour vents de Mozart (la K.388), la sérénade pour cor et ténor de Britten avec le ténor Patrick Raftery et le cor solo de l’OPRL Nico de Marchi, et la 3ème symphonie « Rhénane » de Schumann. Je n’aurai plus d’autre occasion de le réinviter à Liège, tant l’agenda du nouveau directeur de l’opéra de Graz se remplit, et les engagements internationaux du jeune chef explosent.

En 2009, à 35 ans, il est nommé directeur musical de l’Opéra de Paris. On sait ce qu’il est advenu de cette aventure artistique à haut risque, une relation d’une intensité, d’une exigence et d’une confiance exemplaires entre un chef qui sait ce qu’il veut et où il va et un orchestre composé de brillantes individualités qui n’était pas toujours réputé pour sa discipline.

Lorsque Philippe Jordan achèvera son mandat, en 2021, à la tête de l’opéra de Paris, on pourra sans risque inscrire son « règne » en lettres d’or dans l’histoire du vaisseau amiral de l’art lyrique français. Et lui dire notre infinie gratitude. Pour tant de soirées d’exception (comme ces Gurre-Lieder de Schoenberg à la Philharmonie), d’ouvrages lyriques où il nous a fait redécouvrir un orchestre débarrassé de l’empois d’une certaine tradition (que n’a-t-on lu sous la plume de certains spécialistes auto-proclamés : Philippe Jordan « manquait ditalianita » dans Verdi ou Puccini, ou « dirigeait Wagner comme du Debussy » et inversement !).

https://www.youtube.com/watch?v=weiE4fCh_XI

71peiVrW4OL._SL1200_

Les arbitres des (in)élégances

Je me rappelle l’admiration que j’éprouvais jadis pour des critiques musicaux qui me semblaient exprimer idéalement ce qu’ils avaient entendu, ressenti, observé au concert ou à l’opéra. Jacques Lonchampt était l’un d’eux, pilier du journal Le Monde de 1961 à 1990.

71+J5jqBLhL

D’un autre, à Genève, j’étais plus proche – je l’ai revu récemment, tel que l’âge ne l’a pas changé ! – j’avais coutume de lui dire : « Quand j’ai assisté au même concert que toi, je lis dans ton papier tout ce que j’ai ressenti – évidemment mieux écrit que je n’aurais su le faire – quand je n’y ai pas assisté, il me suffit de te lire pour savoir ce que j’ai manqué (ou pas !) ».

Pourquoi ce préambule, avant de parler du Cosi fan tutte que j’ai vu hier soir à Aix-en-Provence ? Parce  que je n’ai jamais lu, sous la plume de ces critiques, de formules à l’emporte-pièce, de jugements péremptoires, de facilités dans l’air du temps. Aujourd’hui n’importe qui, sur les réseaux sociaux, sur son blog (!), sur des sites dédiés, peut se déclarer critique musical, émettre avis et jugements, sans craindre l’autorité d’un rédacteur en chef ni suivre une ligne éditoriale. Il y a heureusement le bon grain et l’ivraie, et quelques vrais talents.

Je me suis toujours senti incapable, sauf dans des domaines ou des répertoires que je pense à peu près connaître, de porter un jugement définitif sur ce que j’ai vu ou entendu, notamment à l’opéra. Réaction primaire sans doute, j’aime ou j’aime pas, j’ai été porté, transporté par ce que j’ai vu, ou je me suis ennuyé ferme.

Tenez, par exemple, ce Cosi aixois dirigé par Louis Langrée, mis en scène par le cinéaste Christophe Honoré. J’ai à peu près tout lu, et sans nuance, sur cette mise en scène. On est prié de détester, de rejeter ou d’accepter en bloc, selon les censeurs patentés. Moi je n’ai pas été gêné par les partis-pris d’Honoré, il privilégie la violence des rapports humains, la veulerie des sentiments et des attirances, et en tout cas ne déforme pas l’ouvrage de Mozart et da Ponte. J’avais été beaucoup plus réservé sur la mise en scène du même Cosi  à Aix par Patrice Chéreau en 2005, l’intéressé avait lui-même reconnu son échec.

Je ne sais pas si le spectacle a été « sauvé » (de quoi?) par Louis Langrée.  Le chef français n’a plus à prouver qu’il est chez lui dans Mozart – je me rappelle ma toute première visite à Glyndebourne à l’été 2000, un Cosi fan tutte dirigé par lui révélant à chaque instant les complexités et les grandeurs d’un opéra jadis découvert dans l’austère version Böhm/Schwarzkopf/Ludwig (EMI). Même si la distribution d’Aix 2016 n’est pas d’un niveau exceptionnel, les ensembles , si nombreux dans cet ouvrage, fonctionnent admirablement grâce à l’alchimie créée par Louis Langrée avec l’aide ô combien précieuse du Freiburger Barockorchester. Oserai-je avouer, quitte à encourir les foudres de ceux qui savent, que ça me va très bien quand la fosse et le plateau me contentent et que la scène n’obstrue pas la musique ?

On peut revoir ici ce Cosi fan tutte Aix 2016. Et se faire sa propre opinion sur tous les éléments de cette production. Lire aussi le papier de Raphael de Gubernatis dans L’Obs

COSI FAN TUTTE (Christophe HONORE) 2016
COSI FAN TUTTE, Wolfgang Amadeus Mozart, Direction musicale Louis Langree, Mise en scene Christophe Honore, Decors Alban Ho Van, Costumes Thibault Vancraenenbroeck, Lumiere Dominique Bruguiere, ChÏur Cape Town Opera Chorus, Orchestre Freiburger Barockorchester du 30 juin au 19 juillet 2016 au Theatre de l’archeveche. Avec : Lenneke Ruiten (Fiordiligi), Kate Lindsey (Dorabella), Sandrine Piau (Despina), Joel Prieto (Ferrando), Nahuel di Pierro (Guglielmo), Rod Gilfry (Don Alfonso) (photo by Pascal Victor/ArtComArt)

 

 

 

 

 

 

La cavalcade d’Edmonde

Une de plus au tableau mortuaire de janvier, oui mais pas n’importe qui !

Ce n’est pas tous les jours que, pour une fois, les médias sont unanimes dans le registre de l’admiration et de l’hommage… plutôt que dans les larmes de crocodile ou les louanges convenues.

Sacrée bonne femme, cette Edmonde Charles-Roux !

Extraits choisis de l’interview que Christophe Ono-Dit-Biot avait recueillie pour Le Point il y a dix ans (http://www.lepoint.fr/culture/deces-d-edmonde-charles-roux-la-femme-est-l-egale-de-l-homme-pour-ne-pas-dire-l-avenir-21-01-2016-2011615_3.php)

La vie est une cavalcade, jeune homme, le tout, c’est de ne pas perdre les étriers !

J’ai mené une vie qui laisse à penser que je considère que la femme est l’égale de l’homme, pour ne pas dire l’avenir !

Je n’aime pas trop l’idée de choisir une femme parce qu’elle est une femme. Moi, je me suis débrouillée sans, mais peut-être que j’ai eu la chance de tomber sur des hommes exceptionnels et, on peut le dire, féministes.

Pour moi, avoir une vraie politique féministe, c’est réfléchir à ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas faire quand on est une femme. Et surtout être féministe tout en restant une femme, en sachant s’affranchir du regard de l’homme.

La lutte contre les injustices est une idée immortelle, même si la révolution russe a été assassinée par Staline. 

Sur Marseille : Tout ce que j’ai fait, c’était militer pour la culture dans une optique de gauche en favorisant la création du Festival d’Aix, de l’École de danse de Marseille, et en faisant venir énormément d’intellectuels pour élever le niveau culturel de la ville et satisfaire pleinement la curiosité des Marseillais.

2749722lpw-2753625-article-jpg_3330871_660x281

Je n’ai pas connu personnellement Edmonde Charles-Roux, mais je peux témoigner que le Festival d’Aix-en-Provence c’était son affaire. Elle a dû agacer plus d’un directeur, manier plus d’une fois les armes de l’ironie contre tel(le) élu(e) local(e), mais elle a couvé son festival jusqu’au bout. J’ai souvent croisé sa silhouette sévère en tailleur Chanel et chignon haut, jusqu’à cet été 2013 où je l’ai à peine reconnue, toute recroquevillée, le chignon en déroute, les lunettes de traviole. Un pincement, comme on en éprouve quand on pressent la fin, la déchéance d’une personne qu’on a admirée. Mais elle avait sans doute tenu à ne pas rater la première de l’un des plus beaux spectacles de toute l’histoire du Festival, l’Elektra testamentaire de Patrice Chéreau, magnifiée par l’incandescence de la direction d‘Esa-Pekka Salonen. 

81-rWQrP-2L._SL1500_

Hommage Madame !

 

Darius et les négresses

Ce n’est pas toujours par ses plus grandes oeuvres qu’on découvre un créateur. Pour moi c’est un souvenir très précis, un ami chanteur qui avait placé ces « Trois chansons de négresse » dans son premier récital :

La vérité est que je connaissais déjà Le boeuf sur le toit et Scaramouche. Des rythmes et des couleurs latino-américains si éloignés de l’image – un peu austère – que dégageaient les photos du compositeur, au prénom d’empereur persan : Darius Mlhaud.

Regardez ces deux-là comme ils s’amusent dans le 3e mouvement de Scaramouche :

https://www.youtube.com/watch?v=WFdwvamsh50

Chemin faisant dans ma découverte du répertoire, j’ai beaucoup lu que le compositeur français, né à Marseille en 1892 d’une famille juive installée depuis longtemps dans la région, mort à Genève en 1974 – il y a donc 40 ans -, avait été beaucoup trop prolifique pour retenir vraiment l’attention. Pas assez révolutionnaire pour les uns, trop profus pour les autres. Bref, pas là où il faut !

On n’en est que plus heureux de saluer la parution d’un coffret de 10 CD, à petit prix, qui porte le titre que Darius Milhaud avait donné lui-même à son autobiographie : Une Vie heureuse. On doit reconnaître, puisqu’on l’avait déploré en son temps, que la fusion Warner/Erato/EMI a, en l’espèce, produit une des meilleures compilations qui se puisse imaginer, piochant avec beaucoup de pertinence dans les catalogues EMI et Erato, et permettant à l’amateur de vraiment rencontrer l’homme à facettes multiples qu’était ce cher Darius. Je ne sais qui est à l’initiative et à la réalisation de ce coffret, mais je le félicite chaleureusement.

Image

On retrouve certes du bien connu comme cet inimitable et inimité Boeuf sur le Toit dirigé par Bernstein avec un Orchestre National en transe

https://www.youtube.com/watch?v=O-mR0guH4n8

mais surtout un panorama passionnant de la musique d’orchestre (les 4e et 8e symphonies dirigées par Milhaud lui-même), des quatuors, de la musique pour piano, des mélodies, de la musique de chambre (notamment pour les vents, une extraordinaire sonate pour flûte, clarinette, hautbois et piano réunissant Emmanuel Pahud, Paul et François Meyer et Eric Le Sage), plusieurs enregistrements « historiques » avec Milhaud lui-même aux côtés de Jane Bathori, Janine Micheau ou Marcelle Meyer….

Assurément le coffret le plus intelligent et le plus utile de ce printemps !

Détails à lire sur : http://bestofclassic.skynetblogs.be/archive/2014/04/24/darius-le-prolifique-8170945.html