Un fils de théâtre

Toujours cette méfiance initiale pour les pièces à succès. Ridicule, comme si le succès était nécessairement démagogique…

Après le Tartuffe d’Arditi  et Weber, au théâtre de la Porte Saint-Martin (lire La Scala et Tartuffe), j’ai finalement vu une pièce de Florian Zeller, qui enchaîne les succès sur les planches.

J’avais deux bonnes raisons de voir la reprise du Fils, une histoire de père, de mère, et d’enfant. Histoire de culpabilité qui lamine ; histoire d’écritures aussi… Que Florian Zeller s’attaque au Fils, et on a l’impression que la boucle est bouclée, ou plutôt une trilogie familiale patraque et disloquée. En 2010, il créait la Mère, personnage ultra dépressif magistralement interprété par Catherine Hiegel. En 2012, vint un Père possédé par Alzheimer qu’incarnait superbement Robert Hirsch. Voilà qu’apparaît aujourd’hui ce fils adolescent en proie au naufrage intérieur — Nicolas —, que le metteur en scène Ladislas Chollat, habitué des univers tortueux de Zeller, a confié au jeune et très électrique acteur de cinéma Rod Paradot (Télérama).

Rod Paradot, 22 ans, Molière de la révélation théâtrale pour ce rôle qui lui colle à l’âme et à la peau, qu’on avait découvert comme beaucoup dans La Tête haute d’Emmanuelle Bercot (2016) qui lui avait valu un César du meilleur espoir masculin.

Ma deuxième raison, c’était Florence Darel, l’amie, l’épouse de Pascal Dusapin, l’actrice de cinéma (Rohmer, Biette, Rivette…) encore jamais vue – à ma grande honte – sur une scène de théâtre.

img_1696(Ici chez Chaumette, en janvier 2015, avec, de gauche à droite, Pascal Dusapin, Florence Darel, Daniel Harding et Barbara Hannigan)

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Comment qualifier ce qu’on a vu à la Comédie des Champs-Elysées ? On a craint au départ, avouons-le, d’assister à une sorte de télé-réalité, une suite de séquences assez convenue – un divorce, un ado mal dans sa peau, des personnages de parents un peu caricaturaux -, et puis on s’est laissé prendre comme le critique de Télérama :

« Le drame de Zeller bouleverse parce qu’il raconte — pour une fois sobrement — tout ce que la douleur d’un enfant qui se tait, qui ne peut plus parler, peut avoir de tragiquement énigmatique. Rendant l’entourage impuissant et même l’amour inutile. Les scènes s’enchaînent ; sèches et cliniques. Le père et sa jeune épouse tentent de remettre Nicolas dans les rails ; sa mère le couve désespérément de loin. « Le mal vient de plus loin », dirait la Phèdre de Racine. D’où ? C’est l’horreur sans fond des indicibles peines et invincibles chagrins, de ces abîmes de l’être dont nul n’est responsable ni coupable que Florian Zeller donne à pressentir ici avec une lumineuse et terrible délicatesse. Dans des décors presque abstraits, comme pour parer à la difficulté d’exister, Ladislas Chollat a dirigé avec rigueur ses acteurs. Et tous sont d’une magnifique et émouvante justesse. Qui concernera bien des pères, bien des mères. Bien des adolescents peut-être. » 

Les larmes affleurent plus d’une fois. Tous les acteurs sont justes, vraisemblables, pudiques. Une pièce à voir assurément, au risque d’une émotion persistante.

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La Scala et Tartuffe

Non, la Scala de Milan ne s’est pas mise à concurrencer la Comédie-Française. Il se trouve que j’ai enchaîné samedi dernier deux spectacles, deux temps forts, qui se donnaient à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre.

D’abord le week-end inaugural d’un nouveau lieu de création à Paris, un ancien café-concert fondé en 1874, devenu un cinéma, spécialisé dans le porno à partir de 1970, au 13 boulevard de Strasbourg, en face des théâtres Comoedia et Antoine : La Scala

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Formidable pari de Mélanie et Frédéric Biessy (lire leur interview dans Le Monde : Les amoureux de La Scala), un lieu d’emblée sympathique, un environnement sonore exceptionnellement réussi, signé Philippe ManouryEt même si ce n’est pas l’essentiel, un bar et un petit restaurant très agréables – félicitations à la jeune équipe et au chef, ex-patron du restaurant strasbourgeois Zimmer, père de Mélanie Biessy, pour une belle carte de beaux produits frais, légumes et fruits, à prix très modéré, et un service parfait, rapide et souriant !.

Tout le week-end était intitulé Aux Armes, Contemporains, sept concerts destinés à tester les capacités et qualités de cette salle de 550 places, à mesurer l’accueil que les publics lui réserveraient. J’avais choisi l’un d’eux, samedi après-midi, qui semblait un résumé, un « best-of » des esthétiques musicales développées depuis vingt ans : Aperghis, Boulez, Romitelli, Harvey, Mantovani, etc.

42399305_10156653781008194_2578771817049096192_nQuatre chanteuses de l’ensemble Les Cris de Paris dans une démonstration un peu longuette de l’éventail des possibles pour un quatuor vocal prêt à toutes les expériences.

42366808_10156653780823194_3585373891939270656_nLe clarinettiste Jérôme Comte, membre de l’Ensemble InterContemporain, époustouflant dans Bug, une pièce de jeunesse de Bruno Mantovani

42303206_10156653781728194_5482831859958153216_nGaspard Dehaene donnait Une page d’éphéméride, une des toutes dernières oeuvres de Pierre Boulez

C’est à l’excellent Rodolphe Bruneau-Boulmier (bien connu des auditeurs de France Musique) qu’a été confiée la programmation musicale contemporaine du nouveau lieu, et c’est lui qui présentait les concerts de ce week-end- d’ouverture.

Longue vie à ce nouveau lieu, qui n’a pas d’équivalent dans Paris, moins intimidant que la Philharmonie, l’IRCAM ou les studios de Radio France, idéalement situé au coeur de Paris, et qui surtout propose un très beau mélange de théâtre, danse, cirque, musique, poésie.

J’ai ensuite fait faux bond à La Scala pour me rendre au théâtre de la Porte Saint-Martin où se donne une nouvelle production du Tartuffe de Molière. L’an dernier, le duo Michel Bouquet – Michel Fau tenait la vedette, je n’avais pas assisté à ce spectacle et les échos que j’en avais eus étaient pour le moins contrastés, comme devait l’être d’ailleurs le jeu des deux acteurs, aussi dissemblables que possible.

La nouvelle mise en scène est due à Peter Steinl’un des maîtres du théâtre allemand, et la distribution est nettement plus classique que la précédente. Une pièce qu’on connaît par coeur, dont on attend les répliques culte, le risque d’être déçu par des interprètes qui jouent les vedettes. Ou, au contraire, ce qui arriva, la chance d’être conquis par une troupe qui restitue avec gourmandise un texte qui n’a rien perdu de sa force, autant tous les citer : Pierre Arditi, Jacques Weber, Isabelle Gelinas, Manon Combes, Catherine Ferran, Bernard Gabay, Félicien Juttner, Jean-Baptiste Malartre, Marion Malenfant, Loïc Mobihan, Luc Tremblais.

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Théâtre

Mardi soir au Théâtre de Paris, l’affiche était alléchante.

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Une pièce à succès d’Edouard Bourdet, Fric Frac, le film éponyme (1939) de Maurice Lehmann gravé dans toutes les mémoires de cinéphiles.

IMG_9116Il faut un certain culot et un courage certain à Michel Fau le metteur en scène, et au quatuor de rôles principaux constitué par … Michel Fau, Julie Depardieu, Régis Laspalès et Emeline Bayart, pour relever le défi de ne pas décevoir un public de 2018, auquel le thème même – le Paris popu des années 30 – et les caractères de cette pièce ne sont plus du tout familiers. Les dimanches à la campagne,  les loulous de Ménilmuche, les petites femmes de Pigalle, l’argot parigot, difficile de réitérer l’exploit d’Arletty, Fernandel, Michel Simon et Hélène Robert, pour ne citer que les principaux rôles…

Résultat mitigé : Michel Fau fait du Michel Fau – on ne déteste pas ! – et Laspalès finalement ne convainc qu’en retrouvant ses réflexes du duo qu’il formait avec Philippe Chevallier. En revanche, Julie Depardieu se sort plutôt bien d’un rôle casse-gueule, on finit par croire à son personnage sans qu’elle cherche à singer son illustre modèle, et la révélation de la soirée est l’impayable Emeline Bayart qui semble emprunter les délires et la vis comica d’une Valérie Lemercier à ses débuts,  et que je n’avais encore jamais vue ni sur scène ni au cinéma (où elle incarnait la récente Bécassine de Denis Podalydès.

D’Edouard Bourdet, je ne connaissais jusque là qu’une autre pièce, Le Sexe Faible, jadis vue à la télévision dans la célèbre série Au théâtre ce soir, avec une distribution éblouissante, d’où ma mémoire avait retenu l’extravagante Comtesse jouée par une Denise Gence hallucinante et Antoine, le maître d’hôtel/confident incarné à la perfection par l’immense Jacques Charon, et cette réplique de Gence à Charon prononcée avec un inimitable accent moldo-valaque : Morne soirée Antoine !

Revenant du théâtre mardi soir, j’ai retrouvé sur Youtube une autre version de la pièce, enregistrée à la Comédie Française en 1962, avec tous les grands noms du théâtre français de l’époque, Denise Gence bien sûr, Charon, Hirsch, Descrières, tant et tant d’autres, et le beau et fringant Jean Piat.

Jean Piat, dont on allait apprendre la disparition quelques heures plus tard. Et à propos duquel tous les médias ont fait assaut de platitudes pour saluer une carrière exceptionnellement longue et variée. Il paraît que « les Français » n’ont retenu de lui que sa participation aux Rois maudits, une série (et une oeuvre littéraire) à laquelle je n’ai jamais accroché. Moi je me rappelle un autre Jean Piat – en dehors de celui que j’ai souvent vu sur scène – son incarnation inoubliable de Lagardère dans le feuilleton en six épisodes de Marcel Jullian, diffusé fin 1967.

Hommage à un grand artiste !

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Huis clos sans fausse note

C’est une histoire de fou : un fan s’introduit dans la loge d’un célèbre musicien, il le prend en otage et ne quittera l’endroit qu’une fois parvenu à ses fins (qu’on ne dévoilera pas ici). Le théâtre raffole des duos de comédiens qui bataillent à coups de mots dans des pièces si tendues qu’elles pourraient se jouer sur des rings de boxe. Il ne manque qu’un arbitre pour compter les coups. En l’occurrence, cet arbitre est le public, témoin du face-à-face entre les deux héros, dont l’un (Christophe Malavoy) traque la vérité quand le second (Tom Novembre) fait tout pour l’esquiver. Les masques tombent, et ce qu’ils dissimulent sent mauvais. De grands thèmes sont brassés : la faute, le pardon, la culpabilité. La pièce est ambitieuse mais cousue à traits si épais qu’il faut aux acteurs une finesse de jeu singulière pour échapper à la caricature. (Télérama)

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Ce n’est pas la première fois que le théâtre explore l’histoire compliquée des liens entre musiciens et politique. On a pu voir à Paris deux pièces à succès  de Ronald Harwood,

La première À torts et à raisons (Taking sides) confrontait Furtwängler à l’officier américain chargé de l’enquête en vue du procès en dénazification du chef allemand, la seconde Collaboration mettait en scène, sous les traits éblouissants de Michel Aumont et Didier Sandrele compositeur Richard Strauss et l’écrivain Stefan Zweig.

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Le propos de Didier Caronl’auteur de cette Fausse note puise à la même inspiration, comme l’expliquent les deux interprètes :

https://www.youtube.com/watch?v=qfpgh8FQjj4

https://www.youtube.com/watch?v=0t1tccLzS1Y

Je n’ai pas vu ni entendu les longueurs ni les « traits épais » que certains ont critiqués, le face-à-face est dense, l’histoire est prévisible certes, le contexte historique et artistique crédible – ce qui est loin d’être toujours le cas dans ce type d’ouvrages -. Et les deux acteurs sont parfaits. Assis au premier rang, je ne pouvais rien manquer de leur belle performance. Chapeau bas Messieurs !

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Madame de

L’hommage est unanime. L’âge d’abord, elle a atteint son centenaire dans la forme de jeune fille qui nous l’a fait tant aimer. Une carrière comme on n’en fait plus : Un destin et une longévité hors du commun

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Danielle Darrieux, disparue ce 17 octobre, ne nous laisse pas tristes. Puisqu’elle nous lègue tant de beaux rôles au cinéma, tant de jolies chansons aussi, et cette forme d’émerveillement, de bonne humeur, qui nous faisait du bien chaque fois que nous la voyions..

On va revoir ses films, en découvrir certains, Madame de, Marie Octobre, 8 femmes, et bien d’autres et se rappeler sa très jolie voix.

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La cité antique

Venant du nord (De Syldavie en Bordurieon a d’abord fait halte dans une petite ville tout à fait singulière Veliko Tarnovo (voir les photos ici).

Poursuivant vers le sud, on accède à Shipka, où trône l’église du Souvenir (1902)

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Puis, au sud de Shipka, on aperçoit quelques tumulus, tombeaux des rois thracescomme celui de Seuthes III. On est frappé par le fait que la découverte de ces tombes est toute récente (2004)…

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Plovdiv est la plus ancienne cité d’Europe encore peuplée, la deuxième ville de Bulgarie, et accessoirement le lieu de naissance de Boris Christoff… et Sonya Yoncheva !

IMG_0318(Avec Sonya Yoncheva le 22 juillet dernier à Montpellier)

Les traces de cette histoire millénaire sont très présentes dans toute la cité, même si leur exploration et leur exploitation archéologiques sont encore loin d’être achevées… La perspective pour la ville d’être Capitale culturelle européenne en 2019 va peut-être accélérer et améliorer le processus ?

IMG_0640(Le stade romain en contrebas de la Mosquée Djumaya)

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(Le forum romain jouxtant le bâtiment de la poste)

IMG_0614(L’oppidum surplombant la ville, fait toujours l’objet de fouilles archélogiques)

Le théâtre antique rappelle celui de Taormina…sans l’arrière-plan

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On reviendra à Plovdiv et sa vieille ville pavée si riche en témoignages d’un passé glorieux et métissé.

 

Le classique c’est jeune(s)

Non je ne relance pas le débat – qui n’en est pas un d’ailleurs ! – sur le public de la musique classique, l’aspect supposément élitaire du concert classique, etc.. Je me suis souvent exprimé sur ce blog, et pense avoir démontré l’inanité de ces clichés dans mes responsabilités passées et actuelles. Pour faire simple, ceux qui véhiculent ces clichés – et malheureusement ils sont encore nombreux – sont ceux qu’on ne voit jamais au concert !

Je viens d’assister coup sur coup à deux concerts, très (trop ?) classiques dans leurs programmes, dont les interprètes témoignaient, s’il en était besoin, que la valeur n’attend définitivement pas le nombre des années.

Jérémie Rhorer dirigeait jeudi soir, au Théâtre des Champs-Elysées, le Requiem de Verdi. À la tête de l’Orchestre National de France et du Choeur de Radio France. Avec un quatuor de solistes où le baryton-basse Ildebrando d’Arcangelo faisait figure de grand aîné du haut de ses 46 ans ! J’en entendais autour de moi douter qu’une aussi jeune équipe soit de taille à affronter le chef-d’oeuvre de Verdi, j’ai même lu des critiques dans le même sens. Toujours les clichés… Moi j’ai entendu des voix ardentes, musiciennes, qui ne faisaient pas un numéro de bête de scène. Et je suis sorti heureux de cette soirée*

Vendredi soir, à l’Auditorium de la Maison de la radio, l’attraction c’était un musicien de 27 ans, le pianiste et chef israélien Lahav Shani.

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Le microcosme musical ne parle que de lui depuis deux ou trois ans. Surtout depuis qu’il a remplacé, au pied levé, Philippe Jordan dans une tournée de l’Orchestre symphonique de Vienne il y a quelques mois, ou Franz Welser-Moest avec l’autre phalange viennoise, les Wiener Philharmoniker ! Un surdoué à l’évidence. Avec l’Orchestre philharmonique de Radio France, il avait choisi un programme à la fois populaire et original : les danses symphoniques de West Side Story de Bernstein, le second concerto pour piano – qu’on ne donne jamais en concert ! – et la 9ème symphonie de Chostakovitch. 

Un concert à réécouter absolument sur  France Musique*

En ce dimanche d’automne, une musique qui accompagne idéalement les couleurs de la saison, le deuxième mouvement du second concerto de Chostakovitch que Lahav Shani jouait et dirigeait du clavier.

https://www.youtube.com/watch?v=OjPFSCW21j0

14670825_10154047344087602_6121464812218372206_n*J’ai pris le parti de ne pas faire de critique des concerts auxquels j’assiste. Ce n’est pas mon rôle. Mais je ne peux m’interdire d’exprimer mon enthousiasme. Et ces deux soirées m’ont enthousiasmé !

Le sens du monde

Lundi soir j’espérais que toute la semaine serait marquée du sceau du bonheur éprouvé à l’écoute des deux voix mêlées de Sonya Yoncheva et Karine Deshayes.

13516558_10154610974329796_3279155323797290830_n(Photo J.Ph.Raibaud/TCE)

Celle qui va ouvrir le 11 juillet le Festival de Radio France Montpellier LRMP (lefestival.eu) – Karine Deshayes – retrouvait celle qui va clore en beauté le même Festival le 26 juillet avec Iris de Mascagni – Sonya Yoncheva. Pour un Stabat Mater de Pergolese (La jeunesse interrompue) très attendu par un théâtre des Champs-Elysées archi-comble, capté « live » par Sony qui devrait le publier à l’automne.

Ce mardi Radio Clapas diffusait une interview réalisée il y a quelques jours, dans laquelle j’évoque l’Orient fascinant, inspirant, qui trace le fil rouge de l’édition 2016 du Festival, en souhaitant qu’on oublie, le temps de quelques concerts, cet Orient guerrier, menaçant, mortifère !  A écouter ici : https://soundcloud.com/radio-clapas/interview-festival-radio-france-montpellier.

Le soir même j’étais sévèrement démenti, une fois encore la terreur aveugle frappait à Istanbul...

Et puis j’ai trouvé ceci sur Facebook, un discours pas comme les autres, qui vient à point pour redonner foi dans notre pauvre humanité, et du sens à notre présence dans ce monde.

 

 

Le père d’Amadeus

On a appris hier la mort, quelques jours après son 90ème anniversaire, du dramaturge anglais Peter Shaffer.

Dans la mémoire collective, il restera l’homme de deux pièces, adaptées pour le grand écran, Equus et Amadeus.

Equus a connu divers avatars, un film de Sidney Lumet d’abord, avec une distribution dominée par Richard Burton

Puis une adaptation en 2007 sur une scène du West End, avec le gentil héros de Harry Potter devenu grand, Daniel Radcliffe. Pas de commentaire sur le clip ci-dessous…

https://www.youtube.com/watch?v=eKNqW3UKA-Q

Mais pour des générations d’apprentis mélomanes, c’est Amadeus, la pièce – qui n’a jamais quitté l’affiche – et surtout le film de Milos Forman, qui resteront associés au nom de Peter Shaffer. La critique n’a pas toujours été tendre ni avec la pièce ni avec le film. Il n’en demeure pas moins que l’un et l’autre ont plus fait pour Mozart et l’amour de sa musique que des dizaines de campagnes de publicité ou de cours magistraux. Comme, en d’autres occasions, Tous les matins du monde pour la viole de gambe ou Le Roi danse pour la musique du Grand Siècle.

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Ce que dit Peter Shaffer dit de la fin du film, de Mozart, de sa musique, est d’une belle pertinence.

 

 

Nathalie et ses guides

Ce vendredi l’actualité c’était Paris sous l’eau et ses photos spectaculaires.

C’était aussi cette délicieuse soirée dans ce lieu si improbable et si chaleureux qu’est le Théâtre des Bouffes du Nord, autour de Gilbert Bécaud et de ses auteurs.

IMG_3402C’est l’homme de tous les talents, pianiste, chef, compositeur, arrangeur, Bruno Fontaine, qui en a eu l’idée avec le concours de la SACEM.

IMG_3403C’est d’abord cette actrice magnifique, qu’on ne peut qu’aimer profondément, inconditionnellement, Sandrine Bonnaire, silhouette légère dans une légère robe rouge, qui dit sans fard ni artifice des textes de Bécaud ou de ses célèbres paroliers Pierre Delanoë, Louis Amade, Aznavour.., c’est Bruno Fontaine qui connaît tout son piano classique qui parsème ses interventions, ses arrangements, de discrètes allusions à Chopin, Bach, Debussy et tant d’autres, ce sont des chanteurs qu’on n’attendait pas forcément dans Bécaud.

J’avais complètement perdu de vue Jean Guidoni, la silhouette s’est appesantie, la voix s’est arrondie, on pense parfois à Nougaro, et on est heureux de le retrouver. Arthur H nous émeut plus qu’on ne l’aurait imaginé avec Nathalie

Je découvre un beau personnage, Ben Mazué, qui se coule à merveille dans Les marchés de Provence et Quand tu danses.

J’apprécie l’énergie de Clarika, mais moins ses poses et une voix souvent fâchée avec la justesse. Bruno Fontaine, Christophe Willemme à la basse et Daniel Ciampolini à la batterie nous offrent un plein de nostalgie avec un Dimanche à Orly instrumental.

Et puis, une fois encore sans aucune objectivité, on cède à la voix, à la lumineuse présence d’Isabelle Georges – qui a eu une permission de sortie d’un soir du Théâtre La Bruyère (Parlez moi d’amour) -. Elle chante Je t’attends, L’absent et conclut la ronde avec l’une des plus belles chansons de son propre spectacle (Amour Amor) C’est merveilleux l’amour.

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